Musique ••• Contemporain ••• Caroline Leisegang, Comes The Night, A reintroduction of Caroline Leisegang
Une certaine PR2B
Il y a ces albums, comme ça, dont l’écoute des trois premiers titres augurent de manière certaine que vous êtes en passe de vous laisser submerger et conquérir totalement par une œuvre incroyable et bouleversante. C’est simple : Rayons gamma, le premier album de PR2B sorti l’an dernier, est un opus incontournable, faisant de cette chanteuse une figure qui va devenir essentielle pour la scène française.
Rayons gamma promet de rester parmi les albums de chanson à absolument avoir avec soi, ou du moins à découvrir, tant le talent de Pauline Rambeau de Baralon (son vrai nom) explose en pleine figure.
"La chanson du bal" vous emballe avec cette chanson électro pop dans lequel la fête, l’insouciance, la drague et la séduction se mêlent au spleen et à la mélancolie : "J'avais ma robe couleur de spleen / Et verre de gin / Il ne fallait rien pour me parler / Ni pour m'aimer".
De mélancolie, il en est justement question dans cet autre bijou, assurément un futur classique. Dans la grande tradition de la chanson française, PR2B donne à voir un sentiment diffus et obsédant : " Tu reviendras toutes les nuits / Même si je ne t'appelle pas / Je te rêve l'après-midi / Je te cherche dans les draps / On t'appelle Mélancolie" ("Mélancolie").
Le morceau qui donne son nom à l’album est celui qui a fait découvrir l’artiste originaire de Bourges. PR2B montre une fois de plus son caractère autant que sa sensibilité à fleur de peau. Le son électro-pop sert magnifiquement cette déclaration d’amour aussi magique et fantastique que le titre : "Alors c'est comme ça / On faisait comment déjà / Sans les rayons gamma ?"
Amour encore avec ce magnétique "Ma meilleure vie", qui se transforme en confession et en introspection mais aussi en chant sur les rêves, parfois déçus, et, finalement, l’espoir.
Le moins que l’on puisse dire est que Pauline Rambeau de Baralon clôt en beauté son album
Le bouleversant "Lettre à P." est le premier volet que PR2B consacre à sa famille. Cette lettre à un père trop disparu ("Oh si tu étais là pour voir / Ce qu'ils sont sages / Ce qu'ils font page / Papa tu es mort au bon âge"), ou cette tendre confession pour sa mère en forme de demande d’amour et de consolations ("Si je viens dans tes bras / Peut-être que j’oublierai", "Mama") par une jeune femme qui parle de liens indéfectibles ("Pourquoi je te ressemble traits pour traits / Aurais-tu manqué d’inspiration ?"). De ressemblance physique, il n’en est pas question lorsqu’elle parle de son frère : "Tu n’as pas le même sang que moi". Dans une facture rappelant quelques-uns des chefs d’œuvres de Barbara, PR2B parle de l’enfance, de l’adolescence, des liens entre frère et sœur et des différences qui rapprochent : "On peut compter sur les doigts / Les fois où l’on s’est quittés / Je t’ai vu prier tu m’as vu chanter / On peut compter sur les doigts / Les fois où l’on s’est détestés" ("Mon frère").
Dans une électro-pop urbaine et tout aussi inspirée, la musicienne berrichonne parle, dans "Qui sont les coupables", d’une "petite fille de province d'une ville de diagonale". Dans cet univers triste et étriqué, dans une attente de fin du monde, PR2B pose cette question : "Pourquoi il n'y a que les prisonniers qui s'évadent ?"
L’auditeur sera sans doute autant frappé par la fausse insouciance de "La piscine", un morceau plus cruel qu’il n’y paraît si on tend bien l’oreille : "Combien de larmes pour remplir la piscine / Avant que les amis ne me prennent de court / Et qu’ils baisent et qu’ils rient au fond de la piscine / Quand je finis les verres là au fond de la cour". Tout aussi sombre est le titre au rythme rap "Plus rien de bien", confession qui dit le malaise d’une jeune femme en colère : " Les femmes se font fumer bien mieux dans la vie qu’à la télé".
Pour "Punta cana", l’écriture précise et incisive disent les interrogations d’une jeune femme, lucide sur notre monde contemporain : "J’aimerais qu’on raconte sa vie comme au ciné / Tout est faux mais en vrai / Mes mensonges vérités". Quelle est notre place ? Pourquoi et "pour qui on travaille à la chaîne" ? PR2B se portraitise avec sévérité, tout en cherchant la bienveillance chez ses proches – sa mère, de nouveau: "Ma mère regarde le beau en moi / Sans voir le pire de ma raison". La musicienne lance encore ce constat : "Chienne de vie, amour diluvienne".
Cette "chienne de vie" est l’objet du titre éponyme qui clôt Rayons gamma. Le moins que l’on puisse dire est que Pauline Rambeau de Baralon clôt en beauté son album. Sans nul doute, l’auditeur gardera longtemps en mémoire la mélodie et les paroles de cette ballade à la mélancolie bouleversante : "Les chiens sont toujours fidèles / Quand ils ont la bouche pleine / Les étoiles les oublient / Quand ils sont dans leur nid / Je regarde le golden que la nuit je promène / Je me demande qui de nous deux a les rênes".
PR2B, Rayons gamma, Naïve / Believe, 2021
https://www.pr2b.fr
https://www.facebook.com/pauline.r2b
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