Musique ••• Chanson ••• Eva Marchal, 88
Comment expliquer le fantastique désordre des saisons de Westeros ?
"À quel point des enfants de Jon et de Daenerys seraient-ils consanguins ?", "De quel mal souffre Hodor ?", "Le mur de Westeros pourrait-il être édifié dans la réalité ?" Ce sont quelques unes des questions que pose le très sérieux Sciences et Vie dans un hors-série consacré à Game of Thrones.
Histoire de patienter encore un peu avant de découvrir la dernière saison de GOT, ce numéro s’est penché sur les problèmes scientifiques et techniques que posent la série inventée par GRR Martin. Une étrange démarche pour cette saga de fantasy où l’imaginaire, la magie et l’improbable ne sont pas absents ? Pourquoi s’interroger sur la crédibilité technique du Mur ? Quelle est l’utilité de savoir que la puissance de feu du dragon Visérion s’établit à plus de 9000 milliards de joules ? Et le mode de transmission de la maladie dite "la grisécaille" n’est sans doute pas capital. Toutefois, ce que Sciences & Vie entend montrer c’est que derrière Game of Thrones se cachent aussi de vraies interrogations, souvent actuelles, que son auteur a certes romancées.
Prenez par exemple l’environnement, un sujet traité quotidiennement par l’actualité. Dans la lutte pour le pouvoir et pour l’accès au Trône de fer, un fait déterminant guide l’intrigue de cette histoire de sang, de rage et d’acier : le dérèglement climatique. Les spectateurs sont prévenus : "Winter is coming." Et cet hiver qui arrive est représenté par les redoutables Marcheurs blancs qui devraient être au centre de l’ultime saison. Sorti au milieu des années 90, l’œuvre écrite de GRR Martin parlait déjà de catastrophes climatiques autant que d’intrigues humaines pour le pouvoir. "Les « lanceurs d’alertes » avaient raison : l’hiver est bien là, et les morts l’accompagnent. La technologie humaine, représentée par le Mur, n’a pu empêcher la catastrophe, tout juste a-t-elle pu la freiner."
La première section du Sciences et Vie est consacrée aux saisons dans le pays imaginaire de Westeros et pose quelques bonnes questions sur leur étonnant désordre. Le capricieux auteur de GOT a imaginé des contrées aux climats antinomiques entre le froid perpétuellement polaire au nord et des températures toujours clémentes, voire estivales, au sud. Un chercheur a d’ailleurs proposé une explication géographique sur la planète qui régie le monde imaginaire de Game of Thrones.
L’intelligence artificielle révèle la fin de Game of Thrones
Sciences & Vie s’intéresse également aux espèces se côtoyant avec plus ou moins de bonheur dans la série : dothrakis, valyriens, enfants de la forêts, sauvageons, ou géants parlent sûrement moins d’une civilisation imaginaire s’entre-déchirant que de nous-mêmes : "En filigrane des sauvageons, géants et autres andals, c’est l’aventure de la famille homo qui se devine." La revue pose quelques questions plutôt bien vues : "Comment réagirait l’être humain si l’hiver durait des années ?", "La cohabitation des espèces, un fantasme de la série ?" ou "La saga décrit-elle un monde ethniquement crédible ?"
D’autres questions sont posées dans ce hors-série : sur les créatures imaginaires, notamment ces "dragons (…) de retour comme ces espèces éteintes que la science tente de ressusciter", sur les langues imaginaires inventées pour les besoins de Game of Thrones, sur les sources historiques et sur l’importance de la mort dans une série qui fait abondamment couler le sang (sur 330 protagonistes, 186 sont décédés durant les sept premières saisons !).
Une autre section est consacrée à ces familles se déchirant pour le trône de fer. GRR Martin se fait l’héritier de Machiavel lorsqu’il parle des Lannister, des Stark, des Targaryen ou des Greyjoy. Le lecteur et le spectateur de la saga y trouvera de multiples références à notre histoire humaine. Le contexte médiéval – y compris dans la manière dont la consanguinité, les mariages de raison et les unions illégitimes entrent dans les enjeux de pouvoir – n’empêche pas Game of Thrones d’être dans une très grande modernité.
Alors que la huitième saison de GOT est sur le point d’être diffusée, les fans curieux se pencheront sans doute avec excitation sur l’article de Thomas Cavaillé-Fol : "L’intelligence artificielle révèle la fin." Faux spoil ou vrai info, le journaliste s’intéresse à ces chercheurs qui ont déployé leur ingéniosité comme l’utilisation des algorithmes pour déterminer qui avait le plus de chance de monter sur le trône de fer et qui avait le plus de risques de mourir à la fin. La revue présente une modélisation scientifique des liens entre Jon Snow, Tyrion Lannister, Daenerys Targaryen ou les derniers survivants des Stark pour identifier les gagnants et les perdants de cette ultime saison.
Force reste à la science ? Pas si simple, répond, bon joueur, le magazine : "Si la série fait mentir les algorithmes, cela ne signifiera pas qu’ils se sont trompés, mais que les scénaristes ont décidé finalement de ne pas suivre la logique qu’ils avaient eux-même posée."
"Game of Thrones & la science", in Sciences & Vie
hors-série spécial Game of Thrones, avril 2019
Voir aussi : "GOT in Pop"
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