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  • La Terre du Milieu à la croisée des chemins

    On a presque oublié que Les Anneaux de Pouvoir étaient au départ une déclinaison – nous n’oserons pas dire commerciale – du Seigneur des Anneaux et de la saga du Hobbit. L’univers foisonnant de Tolkien était propre à susciter l’intérêt de millions de fans. Fans qui ont été enthousiastes lorsque Amazon Prime a sorti il y a deux ans la première saison des Anneaux de Pouvoir.

    Pour raconter le préquel du Seigneur des Anneaux, la création des anneaux magiques par les elfes et la montée en puissance de Sauron, les créateurs pouvaient, pour des raisons de droits, ne compter que sur les annexes du livre, non sans se référer, on en est certains, au Silmarillion - avec tous les problèmes de droits d'auteur que cela impliquait (mais ceci est une autre histoire).

    La saison 1 s’était terminée par de sombres présages et la révélation sur l’identité de Sauron. Dans le même temps, celle de l’homme sauvage tombé du ciel restait des plus obscure, ce dernier balançant un moment entre le bien et le mal avant de choisir son camp. 

    Les choses s’éclaircissent, l’action prend le dessus et l’intrigue devient vraiment intéressante

    La saison 2 commence par une belle trouvaille scénaristique en forme de long flash-back, jusqu’au naufrage réunissant Galadriel et Halbrand. La situation chez les nains – car Les Anneaux de Pouvoir alternent entre les mondes des elfes, des hommes et des nains – n’est pas des plus florissantes, avec le roi Durin III et son fils du même nom s’affrontant sur fond de conflit familial, d’héritage royal et de considérations sur les elfes. Les elfes, justement, voient l’image de Galadriel ternie et s’interrogent également sur l’utilisation des trois anneaux fondus par Celebrimbor. Quant aux Piévelus, ils sont dignement représentés par Nori et Poppy, sans doute les personnages les plus courageuses et paradoxalement humaines de la série, bien décidées à secourir l’étrange homme venu du ciel.

    La saison 1 avait ou décevoir par ses longueurs, ses dialogues littéraires volontairement datés et ses nombreuses portes ouvertes. Avec la fin de la saison 1 et surtout le début de la saison 2, les choses s’éclaircissent, l’action prend le dessus et l’intrigue devient vraiment intéressante. On aura même plaisir à faire un tour du côté de l’incroyable prélude du Seigneur des Anneaux. Les personnages sont à l’avenant. Galadriel pouvait agacer dans la saison 1 ? Cette fois, elle émeut grâce à ses doutes et ses faiblesses. L’elfe Elrond devient héroïque. Sauron déstabilise autant qu’il terrifie. Quant à la cité de Númenor, elle devient plus qu’humaine, avec ses luttes de pouvoir, ses secrets mais aussi ses références à l’Antiquité moyen-orientale.

    Voilà qui fait définitivement des Anneaux de Pouvoir un must et un incontournable du mpment.      

    Les Anneaux de pouvoir, saison 2, série américaine de J. D Payne et Patrick McKay,
    avec Morfydd Clark, Robert Aramayo, Owain Arthur, Megan Richards, Charles Edwards,
    Amazon Prime, 2024

    https://www.primevideo.com
    https://www.tolkiendil.com
    https://www.tolkienestate.com/fr

    Voir aussi : "Avant Frodon, Bilbo et Gandalf"
    "Retour sur Tolkien et sur la Terre du Milieu"

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  • Mon nom est Personne

    Nautilus est une des jolies surprises télé de cet été. Cette série anglo-américaine est pourtant une miraculée. Prévue au d’abord pour Disney+, la firme aux grandes oreilles a finalement abandonné le projet pour le proposer à AMC. Elle est depuis diffusée et disponible en France sur France Télévisions. Voilà pour l’aspect production et diffusion.

    Que l’on ne s’y trompe pas. Nautilus n’est pas une nouvelle adaptation de Vingt Mille Lieues sous les Mers, le chef d’œuvre de Jules Verne mais un récit autour d’un de ses personnages emblématiques, le mystérieux Jules Verne. Mystérieux car, de Nemo, le romancier français a savamment entretenu le flou sur lui. D’ailleurs, le surnom Nemo vient du latin nemo qui veut dire "personne". Dans L’Île Mystérieuse, toutefois, on en sait plus sur le capitaine du Nautilus. Descendant d’une famille princière des Indes, occidentalisé et éduqué, il se passionne pour les sciences avant de s’engager dans une lutte contre le colonisateur anglais. Sa famille est décimée et lui prend le chemin de la clandestinité. Il prend la main sur un sous-marin, le Nautilus, qui devient à la fois son véhicule de fuite, son arme de guerre et un outil d’exploration jamais vu – nous sommes au milieu du XIXe siècle.

    Voilà brossé à gros traits la trame du personnage, au moment où la série Nautilus commence. Les scénaristes ont donc trouvé matière pour bâtir un récit d’aventures que Jules Verne n’aurait pas renié. 

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk. Toutefois, la série se veut à destination d’un public familial. Le sujet grave de la colonisation, même s’il est parfois édulcoré, n’est pas oublié. Colonisateurs anglais sans scrupules, capitalistes véreux, soldats brutaux, lords britanniques rongés par la suffisance et traîtres dévoués à la couronne britannique – ou pas – affrontent un héros au grand cœur – quoique parfois sombre et taciturne – bientôt rejoint par Humility, une milady farouche, courageuse et éprise de sciences.

    À bord du Nautilus, ce que Jules Verne avait d’ailleurs mis de côté dans Vingt Mille Lieues sous les Mers, l’équipage prend une place importante, avec notamment Thierry Frémont, que l’on est heureux de retrouver dans le rôle de Gustave Benoit, le brillant scientifique qui a travaillé sur le célèbre sous-marin.

    Dans cette histoire plein de rebondissements, il ne manque ni les attaques surprises des ennemis anglais partis en chasse contre les fuyards grâce à un sinistre et impressionnant navire de guerre, ni des îles mystérieuses, ni des découvertes extraordinaires au fond de la mer, ni des actes courageux qui font décidément passer un excellent moment.   

    Nautilus, série d’aventure anglo-américaine de James Dormer,
    avec Hazad Latif, Georgia Flood, Thierry Frémont, Pacharo Mzembe,
    Arlo Green, Tyrone Ngatai, Ling Cooper, Andrew Shaw, Ashan Kumar et Chum Ehelepola,
    2024, 10 épisodes, France Télévision

    https://www.france.tv/france-2/nautilus
    https://www.amcnetworks.com

    Voir aussi : "Des bâtards, des dragons et des reines"

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  • Mon nom est Personne

    Nautilus est une des jolies surprises télé de cet été. Cette série anglo-américaine est pourtant une miraculée. Prévue au d’abord pour Disney+, la firme aux grandes oreilles a finalement abandonné le projet pour le proposer à AMC. Elle est depuis diffusée et disponible en France sur France Télévisions. Voilà pour l’aspect production et diffusion.

    Que l’on ne s’y trompe pas. Nautilus n’est pas une nouvelle adaptation de Vingt Mille Lieues sous les Mers, le chef d’œuvre de Jules Verne mais un récit autour d’un de ses personnages emblématiques, le mystérieux Jules Verne. Mystérieux car, de Nemo, le romancier français a savamment entretenu le flou sur lui. D’ailleurs, le surnom Nemo vient du latin nemo qui veut dire "personne". Dans L’Île Mystérieuse, toutefois, on en sait plus sur le capitaine du Nautilus. Descendant d’une famille princière des Indes, occidentalisé et éduqué, il se passionne pour les sciences avant de s’engager dans une lutte contre le colonisateur anglais. Sa famille est décimée et lui prend le chemin de la clandestinité. Il prend la main sur un sous-marin, le Nautilus, qui devient à la fois son véhicule de fuite, son arme de guerre et un outil d’exploration jamais vu – nous sommes au milieu du XIXe siècle.

    Voilà brossé à gros traits la trame du personnage, au moment où la série Nautilus commence. Les scénaristes ont donc trouvé matière pour bâtir un récit d’aventures que Jules Verne n’aurait pas renié. 

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk. Toutefois, la série se veut à destination d’un public familial. Le sujet grave de la colonisation, même s’il est parfois édulcoré, n’est pas oublié. Colonisateurs anglais sans scrupules, capitalistes véreux, soldats brutaux, lords britanniques rongés par la suffisance et traîtres dévoués à la couronne britannique – ou pas – affrontent un héros au grand cœur – quoique parfois sombre et taciturne – bientôt rejoint par Humility, une milady farouche, courageuse et éprise de sciences.

    À bord du Nautilus, ce que Jules Verne avait d’ailleurs mis de côté dans Vingt Mille Lieues sous les Mers, l’équipage prend une place importante, avec notamment Thierry Frémont, que l’on est heureux de retrouver dans le rôle de Gustave Benoit, le brillant scientifique qui a travaillé sur le célèbre sous-marin.

    Dans cette histoire plein de rebondissements, il ne manque ni les attaques surprises des ennemis anglais partis en chasse contre les fuyards grâce à un sinistre et impressionnant navire de guerre, ni des îles mystérieuses, ni des découvertes extraordinaires au fond de la mer, ni des actes courageux qui font décidément passer un excellent moment.   

    Nautilus, série d’aventure anglo-américaine de James Dormer,
    avec Hazad Latif, Georgia Flood, Thierry Frémont, Pacharo Mzembe,
    Arlo Green, Tyrone Ngatai, Ling Cooper, Andrew Shaw, Ashan Kumar et Chum Ehelepola,
    2024, 10 épisodes, France Télévision

    https://www.france.tv/france-2/nautilus
    https://www.amcnetworks.com

    Voir aussi : "Des bâtards, des dragons et des reines"

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  • Révolutions

    Le problème à trois Corps est d’abord un roman de Liu Cixin. Ou plutôt le nom du premier tome de sa saga de science-fiction qui a fait forte impression il y a huit ans à sa sortie et a été catapultée au rang d’œuvre culte de la hard SF. Autant dire que l’adaptation en série télévisée par Netflix était attendue de pied ferme. D’autant plus que ce sont les créateurs de Game of Thrones qui se sont attelés au scénario. Une sacrée gageure étant donné l’ambitieux récit raconté.

    L’histoire, donc, prend ses origines pendant la Révolution Culturelle en Chine. En 1967, la jeune et douée chercheuse en astrophysique, Ye Wenjie, voit son père, lui aussi scientifique réputé, mourir sous ses yeux, martyrisé par des communistes enragés. Persécutée elle aussi, la jeune femme est récupérée par l’armée qui a besoin de ses connaissances en astrophysique. Elle se retrouve dans un centre secret, la Côte Rouge, et doit, contre sa volonté, collaborer et travailler avec les autorités communistes.

    Mais un jour elle décrypte un message venu d’une planète lointaine. Elle découvre que des extra-terrestres s’apprêtent à fondre sur notre planète. Écœurée par ce qu’elle a vécu et désabusée par la condition humaine, elle répond au signal radio et encourage ces aliens à venir. Cinquante ans plus tard, à Londres, des scientifiques de renom se suicident de manière inexplicable. Un groupe d’amis est particulièrement touché par cet événement inexplicable. 

    Le cinquième épisode est en particulier un vrai tour de force

    Une adaptation est toujours une trahison, pour reprendre une expression bien connue. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Pour autant, on peut avoir lu et aimé les romans de Liu Cixin et goûter avec plaisir à cette série tout aussi ambitieuse.

    La première séquence est fidèle au premier tome. Les créateurs nous propulsent en 1967 dans la Chine communiste de Mao, au milieu du chaos de la sanglante révolution culturelle. Le grand coup de maître est d'avoir fait d’un événement traumatique et historique les origines d’un drame spatial à venir, puisque les "Santi", ces aliens vivant dans une planète invivable, ne doivent débarquer que d’ici quatre siècles. Voilà qui rend le projet lointain, mais qui devient problématique si tous les scientifiques de renom disparaissent.

    Série de hard-SF, réflexion sur l’amitié et les liens familiaux, Le Problème à trois Corps se base aussi sur la théorie newtonienne du même nom (en très grand résumé, cela parle de l’imprévisibilité de trois objets célestes gravitant les uns autour des autres), avec un message environnemental par dessus le marché.

    Après un démarrage relativement lent sous forme de mise en situation, la première saison finit par prendre sa vitesse de croisière au milieu de la série. Le cinquième épisode est en particulier un vrai tour de force à la fois visuel et scénaristique (attention aux âmes sensibles toutefois !), avant une fin à la fois ahurissante et qui s’ouvre sur une saison 2 que l’on va attendre avec impatience.  

    Le Problème à trois Corps, série de science-fiction américaine de David Benioff, D. B. Weiss et Alexander Woo, avec Eiza González, Jess Hong, Benedict Wong et Liam Cunningham, Netflix, première saison, 8 épisodes, 2024
    Liu Cixin, Le problème à trois Corps, éd. Actes Sud, 2016, 432 p.
    Liu Cixin, La Forêt sombre, éd. Actes Sud, 2024, 656 p.
    Liu Cixin, La Mort immortelle, éd. Actes Sud, 2024, 816 p.
    https://www.actes-sud.fr/le-probleme-trois-corps
    https://www.netflix.com/fr/title/81024821

    Voir aussi : "Quand la science-fiction chinoise s’éveillera"

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  • La guerre en couleurs

    Pourquoi regarder 39-45, L’humanité en guerre, cette série documentaire anglaise sur Netflix ? Voilà un sujet qui a été abondamment traité, que ce soit en essais, en romans, en films, en séries ou en documentaires. 39-45, L’humanité en guerre est précisément une série documentaire en six épisodes de 45 minutes. Trop peu, sans doute, pour balayer un conflit s’étalant sur six années et se déroulant sur tous les continents du monde, au contraire de la Grande Guerre, concentrée principalement en Europe, mais au format "série" qui rend ce documentaire passionnant et que les collégiens et lycéens sont invités à regarder de toute urgence. 

    Le principal argument de la série Netflix est de proposer des archives colorisées, pour beaucoup rares et inédites. Rob Coldstream a pris le parti de parler du conflit au plus près des hommes, des femmes et des enfants qui ont vécu la guerre dans leur chair, soit en tant que soldats, soit en tant que civils victimes innocentes. Cela fait depuis longtemps que la colorisation de films à l’origine en noir et blanc n’est plus un réel sujet polémique. Pourquoi ne pas se priver de cette technique moderne afin de rendre les images plus actuelles, plus marquantes et susciter la compassion ? 

    Immersif

    Le créateur anglais entend faire de sa série quelque chose d’"immersif", prenant le parti pris de de montages rythmés dans lesquels témoignages oraux et images d’archives sont montés de manière habile, même si le plus souvent sons et extraits vidéos ne correspondent pas strico-sensu. Un véritable choix artistique qui fait le pari du rythme et de l’immersion, donc.

    Spectaculaire, la série l’est, assurément grâce sa voix off efficace (Diouc Koma, le doubleur de l'acteur John Boyega, alias Finn de la saga Star Wars). La série est également importante en ce qu’elle balaye toutes les zones géographiques touchées par le conflit entre Alliés et Axe : le Japon, la Chine, l’Océanie ou l’Afrique, en plus de l’Europe. Faute d’images d’actualité, la Shoah est surtout abordée dans le contexte de la libération des camps, avec des images peu colorisés, afin de ne pas faire de cette horreur quelque chose de spectaculaire.

    Bientôt je vous parlerai de nouveau de la seconde guerre mondiale, mais cette fois dans l’angle d’un essai aussi volumineux que capital.

    39-45, L’humanité en guerre, série documentaire anglais de Rob Coldstream, 2023
    https://www.netflix.com/fr/title/81303911
     
    Voir aussi : "Anne et Hannah"

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  • On n’a pas marché sur la lune

    Imaginez un moment que le premier humain a avoir marché sur la lune en 1969 n’était pas américain mais russe. Voilà le point de départ de la série de SF la plus incroyable de ces trois dernières années. Pour For All Mankind, les créateurs  Ronald D. Moore, Matt Wolpert et Ben Nedivi, les créateurs de Battlestar Galactica, Outlander et Fargo, revisitent la conquête spatiale à la mode uchronie. À ce sujet, il faut absolument regarder avec attention les premières minutes des saisons 2 et 3 pour suivre les bouleversements qu’auraient pu entraîner les premiers pas hors du berceau terrestre d’un Soviétique.

    Le premier épisode imagine des millions d’Américains subjugués par ce que leur montre la télévision : les premiers pas du cosmonaute Alexeï Leonov – qui a vraiment existé – sur l’astre lunaire. Les États-Unis ont perdu une bataille capitale de la course à l’espace, enjeu stratégique majeur dans la Guerre Froide. Et, bientôt, c’est une femme russe qui lui emboîte le pas. Humiliée, la NASA entend poursuivre son rêve d’espace, et bientôt c’est sur Mars que se dirigent les regards. 

    Conséquences incalculables : colonisation de la lune, progrès de la science, conquête de mars

    For All Mankind est de la science-fiction, de la vraie, tant l’uchronie incarne la fiction élevée au rang de réflexion puissante. La série d’Apple+ entend montrer que la victoire – imaginée – des Russes a permis à la course à l’espace de ne jamais s’arrêter. Et les conséquences sont incalculables : colonisation de la lune, progrès de la science (les premières voitures électriques se développent dans les années 70), conquête de Mars et astronautes devenus de véritables héros que le grand public suit avec intérêt.

    Les trois saisons suivent d’ailleurs les péripéties de ces hommes et femmes (car la conquête spatiale se féminise rapidement) devant gérer leurs projets spatiaux tout en s’occupant de leur famille. Ce n’est déjà pas facile lorsque l’on travaille sur terre ; alors, pensez, sur la lune…

    Les personnages imaginés se nomment Ed Baldwin et sa femme Karen (la formidable Shantel VanSanten), l’étonnant et passionnant Gordo Steven, Ellen Wilson dont le destin va la conduire très loin et l’étonnante Molly Cobb.

    On peut être agacé par des facilités dans le scénario et les dialogues mais, en tout cas, For All Mankind mérite de figurer parmi les séries de SF les plus passionnantes du moment. Et tout cela avec les moyens importants d’une superproduction.   

    For All Mankind, série américaine de Ronald D. Moore, Matt Wolpert et Ben Nedivi,
    avec Joel Kinnaman, Michael Dorman, Wrenn Schmidt, Sarah Jones,
    Shantel VanSanten, Jodi Balfour et Olivia Trujillo, 3 saisons depuis 2019

    https://tv.apple.com/fr/show/for-all-mankind

    Voir aussi : "Cantique du quantique"
    "Sans modération"

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  • Les quatre fantastiques

    En ce début d’année, et alors que nous sommes toujours nombreux à trouver une bonne série à se mettre sous les dents, pourquoi ne pas se tourner vers la télévision publique ? La série "Sambre" avait, à juste titre, suscité l’enthousiasme. L’une des meilleures de 2023, osons le dire. Bla Bla Blog en avait parlé. Voilà une autre qui mérite tout notre intérêt.

    Elle se nomme Les Invisibles et se présente comme une passionnante saga policière. Nous suivons un groupe de quatre enquêteurs du Nord, sous la direction du commandant Darius. Il est secondé par l’expérimentée et râleuse Marijo, la jeune lieutenant fraîchement recrutée surnommée Duchesse, sans oublier Ben, un autre lieutenant, père de famille exemplaire capable de jouer des poings en cas de besoin. Ces quatre-là ont une semaine pour identifier des morts anonymes, surnommés des "invisibles". Une chasse à l’identité qui devient vite une course à l’assassin. 

    Plusieurs fils rouges traversent la série

    En 2023, Les Invisibles en est est déjà à trois saisons, la dernière réservant une surprise de taille dans ses dernières secondes. Chaque épisode s’attache à une victime mystérieuse, sans nom et sans identité. Les quatre policiers ont fort à faire pour rendre à ces morts une histoire autant qu’une dignité, avant de leur rendre justice.

    Il y a cette jeune femme trouvée dans un cimetière, au fond d’une tombe ("Sycomore"). Il y a aussi ces morceaux de corps repêchés dans un canal ("Pachelbel") ou encore ce corps retrouvé dans la cheminée d’un château ("Garenne").

    Plusieurs fils rouges traversent la série. Il y a d’abord les relations pour le moins tumultueuses entre Duchesse et Ben (saison 1) ou l’histoire familiale de Darius qui vient percuter de plein fouet une enquête sur un  Invisibles (à partir de "Cassel", dans la saison 3).

    Les personnages sont bien campés, les acteurs et actrices impeccables et les enquêtes sont bien fichues. Voilà qui rend la découverte de cette série obligatoire. En attendant une saison 4. Du moins, espérons. 

    Les invisibles, série policière française d’Olivier Norek, Patrick Tringale, Christian Mouchart, avec Guillaume Cramoisan, Déborah Krey, Nathalie Cerda, Quentin Faure, Cécile Rebboah et Jérémie Covillault, trois saisons depuis 2021, France 2
    https://www.france.tv/france-2/les-invisibles

    Voir aussi : "Voilà l’homme"

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  • Voilà l’homme

    On a souvent reproché aux séries françaises leur manque de sérieux, leurs facilités et leur manque d’ambition scénaristique. Tel n’est pas Sambre, la mini-série en six épisodes retraçant l’histoire d’un violeur en série qui a sévi dans le nord de la France et jusqu’en Belgique, de 1988 à 2018. Oui, il aura fallu trente ans avant que la police n’arrive à interpeller le coupable, un homme au-dessus de tout soupçon.

    La Sambre est une rivière, affluent de la Meuse, et coule au nord de la France et en Belgique. En novembre 1988, on loin de Maubeuge, dans une paisible commune, une jeune femme se réveille au petit matin inconsciente au bord du cours d’eau.

    Choquée, incapable d’expliquer ce qui s’est réellement passée, elle dépose une main courante à la police. Quelques jours plus tard, une jeune fille déclare une agression sexuelle. Pourtant, rien ne se passe. L’enquête est quasi inexistante, jusqu’à ce qu’une magistrate s’y intéresse quelques années plus tard.

    En vain. Les femmes et adolescentes victimes se multiplient et les années passent. En 2018, un commissaire se penche sur le dossier que tout le monde semble avoir oublié. 

    Par ce miroir tendu en direction des hommes, la série de France TV parvient à faire mouche

    La série passionnante proposée par France Télévision, disponible en replay, est inspirée du fait divers devenu emblématique des affaires judiciaires au long cours et des égarements de la justice et de la police. De ce point de vue, Sambre est édifiante : enquêteurs dépassés, procédures menées à la "va-comme-je-te-pousse", lorsqu’elles ne sont carrément pas "oubliées", victimes déconsidérées (la fameuse scène de l’adolescente auditionnée est de ce point de vue choquante) et hypothèses de profileurs sèchement démenties par la réalité.

    Si l’on parle de ce dernier point, comment ne pas parler de l’identité du criminel ? Dino Scala – devenu Enzo Salina pour les besoins de la fiction – n’est pas ce marginal tordu et solitaire comme le suppose une enquêtrice dans le quatrième épisode mais un "bon père de famille", père, grand-père, salarié dans la même entreprise et considéré comme un citoyen généreux dans la ville où il habite.

    Jean-Xavier de Lestrade a pris le parti-pris des victimes (excellente Alix Poisson !) et des femmes pour sa série, en mettant aussi en avant ces figures féminines combatives qui ont contribué à faire avancer l’enquête : une juge (Pauline Parigot), une maire (Noémie Lvovsky), une scientifique (Clémence Poésy). Ce sera finalement un commissaire taciturne et opiniâtre (l’excellent Olivier Gourmet) qui mettra la mains sur le violeur en série, jugé et condamné l’an dernier.  

    Fait divers sordide ayant compté plusieurs dizaines de victimes sur trente ans, Sambre est aussi une fiction sociale s’interrogeant sur les violences faites aux femmes et sur la violence masculine, qu’elle soit frontale – ces viols – ou sournoise – les conflits dans la sphère familiale. Avec souvent les regards des hommes mêlant dédains, mépris et même agacements. Par ce miroir tendu en direction des hommes, la série de France TV parvient à faire mouche.   

    Sambre, mini-série policière française de Jean-Xavier de Lestrade,
    avec Alix Poisson, Olivier Gourmet, Julien Frison, Jonathan Turnbull, Noémie Lvovsky, Pauline Parigot, et Clémence Poésy, France TV, 2023

    https://www.france.tv/france-2/sambre

    Voir aussi : "Wonder boy"

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