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Place au rock, plus précisément au blues rock, avec le groupe Circle of Mud, de retour avec leur deuxième album Inside the circle.
Dès le premier morceau, nommé le plus simplement du monde The Circle, les guitares font le show dans une ronde à la fois inquiétante et séduisante. Voilà qui nous met tout de suite dans l’ambiance d’un style intemporel, les pieds bien ancrés dans le sol poussiéreux du sud américain.
Ce qui nous mène au deuxième morceau, Six Feet Under Ground, à la forte odeur de diesel et aux sons poussés bien hauts, comme si le groupe de Flo Bauer nous entraînait avec lui dans son vieux pick-up sur les routes entre la Louisiane et le Mississippi.
Qu’on ne s’y trompe cependant pas. Le groupe Circle of Mud, tout entier tourné vers les racines du blues-rock américain, est bien français. Son jeune et charismatique leader, Flo Bauer, peut se targuer d’une participation à The Voice 3 et d’un Prix révélation Blues sur Seine. On peut saluer à la fois l’audace de ce nouvel opus confirmant tout le bien que l’on pense de Circle of Mud.
Labourer les terres du blues
Inside The Circle mord s’agrippe furieusement aux oreilles, à l’instar de Snake, l’un des meilleurs morceau de l’opus. L’auditeur sera pareillement séduit par le son pop-rock de Since You’re Gone, preuve que les quatre musiciens de Circle of Mud – Flo Bauer, Gino Monachello, Franck Bedez et Matthieu Zirn – ne se contentent pas de labourer les terres du blues, même s’il n’est jamais mis de côté par la bande à Flo Bauer (Perfect Kinf Of Guy).
À l’écoute de cet album, impossible de ne pas avoir en tête l’influence de leurs brillants aînés ZZ Top. Les guitares accrochent, ronflent et "riffent" avec enthousiasme (Wrong, Deep Inside Of Me), portées par la voix de l’ex candidat de The Voice. Le blues se trouve au passage modernisé par des sons pop (Stop Praying, You’re Planning Me), permettant à un large public de se retrouver et de découvrir les attraits et la puissance du blues. Fédérateur : tel est l’objectif des quatre artistes, bien décidés à sortir le blues de sa zone de confort. Séduisant, comme le titre qui conclut l’album, Where We Belong.
Digne d’une véritable BO pour film à grand spectacle, Mt. Mundame, le dernier opus du compositeur néerlandais Stephen Emmer s’écoute les yeux fermés. On prend sa respiration et on se laisse entraîner par ce voyage épique autant qu’intérieur (que l’on pense au second mouvement In search for meaning).
L’opus a été écrit pour grand orchestre, défiant l’habitude de faire du contemporain minimaliste er vite ténébreux. Ici, tout est plus vaste (Belvedere’s exotic garden), comme si l’on se trouvait face à un panorama à couper le souffle, voire à un voyage intergalactique dans une bulle apaisante, bercée par un majestueux piano (Don’t force the path). Tout cela donne des morceaux d’une belle puissance expressive (Everyman’s journey). Il faut préciser que Stephe Emmer s’est entouré de beau monde pour sa création, que ce soit Anthony Weeden (Le Seigneur des anneaux : Les anneaux de pouvoir) ou Andrew Dudman (la trilogie du Seigneur des anneaux).
Véritable BO pour film à grand spectacle
Voyage musical et intime, écrivions-nous. En effet, Stephen Emmer a beau faire le choix de l’harmonie et de constructions mélodiques, il sait aussi se faire méditatif (The here and the now).
Avec de tels moyens symphoniques (30 musiciens pour un album enregistré dans les prestigieux studios Abbey Road) Sphen Emmer aurait pu choisir la démesure. Il n’en est rien. La priorité est laissée à des morceaux brefs et denses (Expedition of the self), voire néoromantiques (Scotch Rose). L’auditeur trouvera dans cet opus ambitieux matière à se réconcilier avec une musique contemporaine aux fortes qualités sonores… et visuelles, que ce soit l’exotique et vibrant Personal Shangri-la, l’étrange Monsieur Chroche, l’inquiétant Imaginary Climbing ou le sombre Mirror of distraction.
Mt. Mundame est présenté par son compositeur comme le fruit du dépassement d’une crise personnelle. La gravité est là, tout le long de l’opus, que ce soit dans les cordes et les percussions de Seven Storys, la ronde envoûtante de Travels of a young man ou le formidable dernier morceau, Reaching the peak, mélange de retenue et de majesté qui vient conclure en beauté ce formidable opus.
Un premier opus est souvent un autoportrait. Celui d’Axel Zimmermann, Exister, ne déroge pas à la règle. Dès les premières mesures, dans un morceau qui donne son titre à l’album, l’artiste s’y dévoile avec sincérité et dans un son pop-rock : "J’voudrais sentir ce que ça fait d’avoir le frisson de l’excès / D’avoir une vie, une vraie", Exister). L’impression d’étouffer dans une existence morne et grise trouve sa réponse dans l’extrait suivant, Justine, dans lequel Axel Zimmermann, sur un rythme envolé, se félicite d’être sous l’emprise d’une drogue planante et bien vivante : "Je suis comme sous morphine, / Je suis sûr, je suis sous Justine").
Comment vivre vraiment sa vie ? C’est la question centrale de cet album. Axel Zimmermann interroge son propre art tout autant que la vanité de nos existences et le temps qui passe (Rien n’a changé). Le titre plus léger, l’estival et dansant Summer Santana, cache mal un album sobre et sombre, imaginé par l’ancien guitariste métalleux du groupe BlackRain. Le titre Buy n’Obey, l’un des meilleurs sans doute de l’opus, fait d’ailleurs la part belle aux riffs de gratte dans un morceau où le chanteur ne cache, là encore, ni son mal-être ni son amertume face aux faux-semblants, y compris dans les relations humaines et amoureuses ("Il faut se faire adopter pour avoir ton numéro / La seule chose qu’on te donne, c’est du mauvais porno").
Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles
L’auditeur sera sans doute attendri pas cette singulière page de tendresse qu’est La reine du Queen. Il y fait le portrait d’une artiste de la nuit, avec sincérité, sensibilité et sans cacher la noirceur de ces existences festives et nocturnes : "Elle n’est plus si fraîche, quant au petit matin / Elle retrouve un lit vide, personne pour lui tenir la main / Elle veut se persuader qu’elle s’est bien amusée / Elle finira quand même par pleurer dans son oreiller".
"N’abandonne jamais tes rêves d’enfant", chante-t-il encore dans le très joli titre Mon père m’a dit qui est aussi un remerciement et un hommage à son paternel ("Je peux lui dire merci").
Artiste sans fard et brut, Axel Zimmerman sait se dévoiler avec grâce, à l’instar du formidable Une fleur en hiver, une déclaration touchante à une femme partie mais que le chanteur ne veut pas oublier : "Mais moi, j’y croyais, à tes yeux clairs / Mais toi, tu te fanais, comme une fleur en hiver". Il y a aussi cet autre portrait tout autant attachant, celui de son enfant (Petit rubis).
Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles, comme si la vanité du début de l’opus laissait place à l’essentiel : les proches, la famille et les êtres que l’on aime. Rien ne s’éternise, le dernier titre est d’ailleurs un autre portrait, celui d’un homme simple et ordinaire, le propre grand-père de l’artiste. Un dernier hommage en forme d’apaisement.
Partons à la découverte d’Yves-Marie Bellot. Après Grand Plongeoir, il nous revient avec son nouvel album, Corps silex. On entre dans son univers en douceur. Sa chanson française se déploie avec une belle élégance et grâce à une facture acoustique de bon aloi.
Yves-Marie Bellot, troubadour de notre temps, entend nous ouvrir les yeux sur notre époque et notre mal-être. Il y a un "problème" comme il le chante dans le premier titre de l’opus : "Ce n’est pas ta lenteur le problème mais tes incohérences". Il met en garde contre les pièges de notre société et à ses illusions ("Encore une dose, encore une dose, encore une dose…" (Le problème).
Dans Joli songe, l’artiste s’interroge sur une rencontre et un amour inexplicable : "Serais-tu mon amour ou pas ? Je ne connais ni ton nom ni le son de ta voix". Là encore, c’est l’ultra-moderne solitude qui est coupable : l’incommunicabilité et l’écran tactile qui est pour beaucoup devenu l’unique moyen de rencontre ("Tes doigts glissent, soli songe, sur ton écran tactile, absorbée parce fil qui défile quand moi je t’envoie des signes", Joli songe).
Loin des artifices modernes, Yves-Marie Bellot entend revenir vers le cœur de l’humain : la rencontre, la tendresse, les souvenirs, la nostalgie et finalement l’amour (Nos plus beaux souvenirs).
Le silex, cette matière peu noble mais néanmoins essentielle dans l’histoire de l’humanité, devient un symbole fort : les corps vivants, l’authenticité et finalement l’amour ("Laisser place au feu de nos deux corps silex").
Filles "cabossées"
Yves-Marie Bellot croit en l’aventure de l’amour, même pour ces filles "cabossées" et "légèrement abîmées" (le souriant titre Julie). Le risque sentimental, il faut le prendre et ne pas le regretter, comme il le chante dans la belle déclaration Collée contre moi : "C’est toi que je veux maintenant collée contre moi".
C’est sur du rock blues que le chanteur doute d’un amour et parle d’une relation biaisée, pleine de non-dits douloureux. L’amant n’en est pas dupe : "Tout se sait, tout se sait, tout se sait, un jour ou l’autre. Je le sais, je le sais, je le sais, qu’il y en a un autre" (Tout se sait). Ses yeux sont ouverts sur une relation bientôt amenée à se dissoudre.
Yves-Marie Bellot se fait sage et philosophe dans cet autre morceau, Sans peine pas de victoire. Oui, réussir est difficile malgré beaucoup d’efforts. À quoi bon ? Pour autant, pas de quoi désespérer, dit-il à son interlocuteur, "petit homme plein de courage" : "Attends encore. Laisse le temps changer le plombe en or".
Du temps, il en fait aussi pour une histoire d’amour, la faire durer, y croire, continuer à se plaire. C’est le sujet du très joli titre Des nœuds. Il le répète en guise de conclusion : "Faire de notre mieux ce n’est pas assez si pour nous deux c’est pas s’parler et faire des nœuds qu’on ne dénouera jamais".
Et si cela ne marche pas ? Dans Les étincelles éternelles, lucide, Yves-Marie Bellot fait le constat de la cruauté de "la fin d’un amour". L’artiste n’est pas dupe qu’il ne sert à rien d’écrire des poèmes, de beaux discours et mettre "les formes". Quand c’est mort, c’est mort.
Une fois parti, est-il possible de positiver ? Non, chante Yves-Marie Bellot, on a beau dire que "ça va aller", en réalité "je vois ce que je perds et seulement ce que je perds". Cruel et inconsolable.
Comment passer l’orage après tout ça ? Dans le duo Après l’orage, Yves-Marie Bellot parle aussi bien des tourments de l’existence, des erreurs, de la solitude dans ces moments de défaite, mais aussi aux futures victoires et à la vie sans "nuages" après l’orage. Une jolie éclaircie pour terminer l’opus, en somme.
Figure capitale du XVIIIe siècle, Joseph Haydn (1732-1809) aurait pu être écrasé par ses géniaux contemporains que furent Mozart (qu’il rencontra et avec qui il se lia tant amicalement qu’artistiquement) que Beethoven qui fut son élève. Et ne parlons ni de Jean-Sébastien Bach ni de Haendel. Alors oui, Haydn n’est certes pas le premier compositeur que l’on cite lorsque l’on parle de classicisme musical mais il en fut certainement une figure essentielle. Ce qui explique pourquoi ses œuvres sont encore jouées et admirées.
Parmi ces œuvres, il faut absolument citer ses Symphonies (on le surnomme d’ailleurs "le père de la symphonie"). Haydn a tant labouré ce genre qu’il en a sorti pas moins de 106 symphonies. Dans le dernier album de la Tafelmusik, c’est la 43e Mercure et la 49e La Passione qui sont proposées, avec la violoniste Rachel Podger – "La gloire britannique inégalée du violon baroque" selon le prestigieux Times – au premier violon et à la direction de l’orchestre canadien Tafelmusik.
L’ensemble ontorien joue sur des instruments anciens ces deux symphonies écrites entre 1768 et 1771. À l’époque, le prestigieux compositeur viennois suit la cour impérial en Hongrie au Palais d’Esterházy dans la ville de Fertöd. Le livret précise que cet éloignement de la luxuriante et exaltante capitale austro-hongroise pour un lieu plus calme permit à Haydn de se concentrer sur ses créations sans distraction excessive. Le livret de l’album nous apprend qu’entre 1770 et 1774, dans ce lieu de villégiature hongrois, le compositeur autrichien écrivit pas moins de 17 symphonies, 12 quatuors à cordes, une demi-douzaine de sonates pour piano, 2 messes, un Salve regina et 4 opéras… Un vrai stakhanoviste !
Lignes mélodiques architectoniques
La Symphonie 43 Mercure frappe d’emblée par sa vivacité et son classicisme que Mozart a certainement dû apprécier. Il y a, pour commencer, un Allegro lumineux et dense que les riches instruments d’époque viennent d’autant plus embellir. Avec Rachel Podger au premier violon, inutile de dire que les cordes ont le beau rôle. L’incroyable Adagio, à la fois quiète et mélancolique, est vraiment caractéristique du XVIIIe siècle classique, tout en retenues et en lignes mélodiques élégantes. Haydn n’exprimait-il pas ici sa mélancolie de Vienne ?
Arrêtons-nous sur le court Menuetto & Trio, un troisième mouvement lui aussi représentatif du style et des rythmes de l’époque. L’orchestre s’en empare sans complexe, avec une solide assurance. Autrichien dans l’âme, il est possible, dit le livret, que ce mouvement ait pu plonger la reine Marie-Antoinette dans une profonde nostalgie de son pays. La dernière partie de la 43e, avec son Final enlevé et dynamique, a donné à l’œuvre le surnom de Mercure, le dieu messager et celui des voyages. L’Allegro termine ce périple dans un bel enthousiasme, avec un orchestre mené tambour battant par Rachel Podger.
La seconde œuvre présent dans l’album est la Symphonie 49, dite La Passione. Écrite en 1768, elle s’inspire de la Passion chrétienne, d’où son titre. Elle aurait d’ailleurs été composée à l’occasion d’un Vendredi Saint. Il est vrai que cette symphonie est beaucoup plus grave et solennelle que la 43e, avec son long Adagio qui n’est pas sans majesté. À la plainte de ce premier mouvement succède un Allegro di molto vigoureux, à la fois grave et étincelant. Haydn fait preuve d’une audace certaine. Tout le classicisme du XVIIIe siècle est dans cette densité, ces rythmes envolés et ces lignes mélodiques architectoniques.
Restons dans ce XVIIIe siècle prérévolutionnaire avec le 3e mouvement sous forme de menuet (Menuetto & Trio). Rachel Podger s’y meut avec une belle aisance. Les instruments anciens ne sont pas pour rien dans cette impression d’être face à un Haydn comme ressuscité, sachant se faire délicat dans les cuivres mais aussi plus nostalgique que pieux. Ne serait-ce pas un Haydn qui, depuis la Hongrie, se languit de son Autriche de cœur ? Le Finale Presto termine en beauté une symphonie passionnée – dans tous les sens du terme.
Violoniste renommée, Rachel Podger a très bien fait de se mettre en danger pour la direction de ces deux symphonies. Elle prouve que le le XVIIIe siècle ne se limite ni à Bach ni à Mozart. Haydnissimo !
Derrière le nom Passepartout Duo, se cachent la pianiste italienne Nicoletta Favari et le percussionniste américano-italien Christopher Salvito. Ensemble ils explorent les possibilités infinies de la musique pour créer un univers à part mais aussi des expériences sonores à mi-chemin entre l’électronique et les instruments acoustiques acoustiques, sinon traditionnels (piano, flûtes traditionnelles japonaises, quatuor à cordes, contrebasse). Leur quatrième album, Argot, a été conçu en grande partie comme un album studio lors d'une résidence à l'Electronic Music Studio de Stockholm. Argot a été enregistré sur le Serge System des années 1970.
La musique contemporaine ne se trouve aucune barrière pour avancer et nous interroger sur les sons, les rythmes et la composition. Pour autant, pour Argot, l’auditeur n’est ni déstabilisé ni en terrain tout à fait inconnu. Si dépaysement il y a, il est au service d’un vrai beau voyage méditatif (Get Along). Les instruments analogiques n’y sont pas pour rien. Le duo Passepartout fait se mêler recherches musicales, ponctuations électroniques et rythmiques et impressions presque naturalistes (le fascinant Much Of A Sunflower).
Nous sommes dans une belle réconciliation de l’ancien et du moderne. Voilà qui fait du bien. L’auditeur s’en convaincra avec le zen Colorful Quartz dans lequel flûtes japonaises et synthétiseur s’approchent, se goûtent, dialoguent et s’amusent.
Nous sommes dans une belle réconciliation de l’ancien et du moderne. Voilà qui fait du bien
Cela ne veut pas dire que le groupe abandonne la recherche pure, à l’instar de la pièce Imitates A Penguin, un titre singulier assumant son humour comme son excentricité, y compris dans la composition échevelée et faussement déconstruite.
Le duo ne s’interdit rien. Au mélancolique et suspendu Back In Time, avec ses nappes synthétiques comme venues d’un autre univers et son long silence final, vient se succéder le faussement foutraque Uncommon dans lequel les artistes s’inspirent du jazz pour bâtir un morceau à la fois étrange et cool.
Arrêtons-nous également sur la séduisante et passionnante pièce Kissing In The Park. Nous sommes dans un moment suspendu, plein de sérénité et de douceur. Nicoletta Favari et Christopher Salvito donnent aux instruments électroniques une âme humaine. Pour le titre It’s Just A Thought, c’est le jazz qui est revisitée grâce à l’électronique, de nouveau. L’auditeur se trouve en terrain familier grâce au rythme mais aussi au travail sur la mélodie et l’harmonie.
Argot se termine avec Viols And Violas. On redescend en douceur, mais aussi avec un gros coup de nostalgie. Un magnétique quatuor à cordes vient habiter le dernier mouvement, comme si la musique de chambre traditionnelle réapparaissait dans de nouveaux habits. Même pas morte. Fascinant.
Comme chaque année, Bla Bla Blog propose son top 10 des publications phares de cette année, celles qui ont fait le buzz et celles qui sont les plus populaires. Comme souvent, elles sont représentatives de Bla Bla Blog, le site des découvertes culturelles et artistiques. Qu’y trouve-t-on dans ce florilège ? Rimbaud et son actualité poétique autant que technologique (certes très critiquable !), de la musique avec du jazz (très bien représenté) mais aussi Gabriel Fauré dont nous fêtions en 2024 les 100 ans de sa mort. La chanson et la pop ne sont pas en reste, pas plus qu’une série télé que nous avons trouvé formidable ! Et pour épicer le tout, du sexe, avec un roman à ne pas mettre entre toutes les mains… Bref, il y a de tout pour faire un monde, et c’est très bien comme ça.
"Bobbie, c’est l’une des révélations du moment. Mais attention, pas n’importe quelle révélation ! La jeune chanteuse française a puisé dans l’Amérique profonde les sources de son album The Sacred In The Ordinary.
Les influences de Bobby s’appellent Joni Mitchell, Dolly Parton ou Bob Dylan. Un opus en anglais où la pop (Last Ride, Back Home) fait la part belle à la country, à l’instar du morceau Losing You qui ouvre ce délicieux album ou encore le formidable et enlevé The Sacred In The Ordinary qui lui donne son nom…"
"Hervé Sellin propose de nouvelles adaptations jazz dans son Jazz Impressions. Après Debussy, c’est Gabriel Fauré et Maurice Ravel qui ont les honneurs du pianiste français.
L’opus commence par un véritable tour de force. En l'occurrence, Gabriel Fauré et son Requiem en mode jazz, avec une "Introduction" et un "Kyrie", moins funèbre que sombre et mélancolique. On peinera à retrouver l’aspect liturgique de ces premières Impressions. L’"Agnus Dei" sonne comme un chant d’amour paisible, avec des improvisations au piano qui ont toute leur place. Le lyrisme du "Libera Me" originel est plus intimiste et personnel dans cette revisite. Plus paisible aussi. Une vraie libération, aurions-nous envie d’écrire. Les connaisseurs de Fauré et de son Requiem peineront sans doute à reconnaître l’œuvre originale, en particulier dans cet extrait, léger et rafraîchissant…"
"Peu d’instruments sont aussi à la fois élégants et humains que le violoncelle. Et si vous ajoutez à cela un répertoire de la classe de Gabriel Fauré, voilà qui devrait définitivement vous convaincre de découvrir l’album que Pauline Bartissol – au violoncelle, donc – et le pianiste Laurent Wagschal consacrent à l’auteur du fameux Requiem.
En cette année Fauré (le compositeur est mort en 1924), Laurent Wagschal consacre une intégrale de ses œuvres pour piano. Pauline Bartissol le rejoint dans ses enregistrements consacrés au violoncelle et au piano. Au programme, les deux Sonates op. 109 et 117 pour violoncelle et piano et des pièces de musiques de chambre devenues universelles, à savoir la Sérénade op. 98, la célèbre Élégie op. 24, la Romance op. 69, la naturaliste pièce intitulée Papillon op. 77 et la délicieuse Sicilienne op. 78…"
"Qui était vraiment Rimbaud ? Que reste-t-il de lui ? Quelques (vraies) photos, une correspondance et surtout une œuvre brève (Une saison en enfer et Les Illuminations, sans compter de nombreux poèmes en vrac). Pour autant, son importance et son influence sur la littérature est exceptionnelle. Précurseur de la poésie moderne, Arthur Rimbaud a produit une œuvre révolutionnaire avant ses 20 ans. Il abandonne définitivement la poésie en 1875, jusqu’à son décès en 1891 à l’âge de 37 ans.
C’est sur les années 1870-1875 que se concentre la biographie de Luc Loiseaux, Rimbaud est vivant (éd. Gallimard), c’est-à-dire de son premier séjour à Paris – qui se termine en prison – jusqu’au décès de Vitalie, la jeune sœur de Rimbaud. Ce deuil marque aussi la fin de sa carrière littéraire…"
"Une chose est sûre. Mattieu Lavagna et Michel Onfray ne passerons pas leurs vacances ensemble, comme aurait dit un journaliste sportif.
Depuis le temps que le philosophe Michel Onfray truste les plateaux télé et propose sa "bonne parole", il fallait bien que quelques voix discordantes vienne susciter la polémique. C’est le cas avec cette Libre réponse à Michel Onfray proposé par les éditions Artège.
Ce n’est pas un mais plusieurs ouvrages qui intéressent le philosophe et théologien Matthieu Lavagna : Traité d’Athéologie (2005), Décadence, Vie et Mort du Christianisme (2017) et Anima (2023). Le tort de Michel Onfray ? Affirmer que Jésus n’a jamais existé, ni plus ni moins, et que sa vie n’est jamais qu’un mythe. C’est la "thèse mythiste", très ancienne, pour ne pas dire datée. Dès la préface, Matthieu Lavagna cogne, et dur..."
"C’est par une œuvre collective que commence cet enregistrement d’œuvres de Robert Schumann pour violon et piano. La Sonate F.A.E. nous vient de deux figures majeures du romantisme – Brahms (pour le troisième mouvement Allegro (Scherzo) et Schumann pour les deuxième et quatrième mouvements, Intermezzo et Finale.
Le troisième est Albert Dietricht, compositeur du premier mouvement Allegro. Les trois amis écrivent en 1853 cette sonate au nom étrange mais plein de sens : F.A.E. pour Frei Aber Einsam ("libre mais solitaire"). Elle a été offerte cette année-là au violoniste Joseph Joachim. Ce dernier l’a d’ailleurs joué, tout comme Clara Schumann…"
"En ce début d’année, et alors que nous sommes toujours nombreux à trouver une bonne série à se mettre sous les dents, pourquoi ne pas se tourner vers la télévision publique ? La série Sambre avait, à juste titre, suscité l’enthousiasme. L’une des meilleures de 2023, osons le dire. Bla Bla Blog en avait parlé. Voilà une autre qui mérite tout notre intérêt.
Elle se nomme Les Invisibles et se présente comme une passionnante saga policière. Nous suivons un groupe de quatre enquêteurs du Nord, sous la direction du commandant Darius. Il est secondé par l’expérimentée et râleuse Marijo, la jeune lieutenant fraîchement recrutée surnommée Duchesse, sans oublier Ben, un autre lieutenant, père de famille exemplaire capable de jouer des poings en cas de besoin.
Ces quatre-là ont une semaine pour identifier des morts anonymes, surnommés des "invisibles". Une chasse à l’identité qui devient vite une course à l’assassin..."
"Attention, voici un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains. Plurielles, paru aux éditions Tabou, est un roman qui nous transporte vers un milieu peu courant, celui du BDSM.
Son autrice, Éva Delambre fait partie de ces noms fameux de la littérature érotique, jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle interroge des thèmes de la soumission et de la BDSM.
Plurielles nous propose une plongée plus vraie que nature dans un milieu vivant dans la discrétion.
Éva Delambre en profite pour le désacraliser et de le faire découvrir, parfois dans toute sa crudité…"
"Lorsque la chanson française se pare de jazz, ça donne A French Songbook, un album du Antoine Delaunay Quintette, un ensemble mené par Antoine Delaunay, avec la chanteuse Mélanie Dahan en vedette, Gilles Barikosky au sax ténor, Marc-Michel Le Bévillon à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie.
L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des Passantes le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".
On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette Jolie Môme, moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la Jolie Môme originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay…"
Pour terminer cette année 2024, quoi de mieux que de le faire avec Gabriel Fauré dont nous fêtons les 100 ans de sa mort. Une "Année Fauré", donc, et qui mérite ce Florilège proposé par Indésens. Les enregistrements proposés sur 2 CD s’étalent sur 50 ans, de 1974 à 2024.
La première partie de l’album est constituée du Quatuor pour piano et cordes n°2 op. 45 et de la première Sonate pour violon op. 13. Ces œuvres ont été enregistrées entre 2017 et 2024.
Gabriel Fauré, dont la musique est parfois considérée à tort comme mièvre et trop classique, surprend par sa franche énergie et son audace romantique dans le Quatuor op. 45. L’ensemble constitué par Lauriane Corneille (piano), Hugues Borsarello (violon), Arnaud Thorette (alto) et Raphaël Perraud (violoncelle) restituent de concert la densité de cette pièce de 1886, en particulier l’Allegro molto moderato. La jeunesse, la vivacité et l’audace de l’Allegro molto frappent aux oreilles. On peut aussi parler d’efficacité du langage comme du sens mélodique du compositeur français. Ringard et dépassé, Fauré ? Sûrement pas à l’écoute du troisième mouvement Adagio ma non troppo, mystérieux, raffiné, élégant mais aussi doué d’une singulière modernité avec son piano central dans le quatuor (le jeu inspiré de Lauriane Corneille fait particulièrement merveille). Le finale Allegro molto achève de nous convaincre de l’importance de cette pièce à la fois puissante et lyrique.
Le premier CD est complété par la Sonate pour violon n°1 op. 13. Elle est jouée ici au violon par Tatiana Samouil, avec David Lively au piano. La gestation de l’œuvre a duré deux ans, de 1875 à 1877, avant de trouver sa forme définitive qui a immédiatement conquis le public. Fauré impose son style fait de recherches mélodiques, d’élégance mais aussi de virtuosité (Allegro molto). Il y a cette délicatesse et cette onctuosité propre à la musique française durant la Belle Époque (le léger et espiègle Andante). Fauré insuffle tout autant une fraîcheur bienvenue dans l’avant-dernier mouvement Allegro vivo avant un finale Allegro quasi presto, enlevé, joyeux et que le duo Tatiana Samouil-David Lively mène avec éclat.
De véritables tubes classiques
La seconde partie de ce double-album de Gabriel Fauré est consacré à des pièces brèves, et pour certaines archi-célèbres. Mettons de côté le Chant funéraire op. 117, tardif (il a été composé en 1921), seul opus religieux de l’album et dont la retenue méditative renvoie à son chef d’œuvre qu’est le Requiem. Le Chant funéraire est ici proposé dans une version de l’Orchestre d’harmonie des Gardiens de la paix, dirigé par Désiré Dondeyne. Mélodies et Romances dominent ce programme, dans des enregistrements s’étalant sur 50 ans. La harpiste Marie-Pierre Langlament et le violoncelliste Martin Löhr sont les interprètes majoritairement représentés.
Le terme angliciste de best-of n’est pas galvaudé pour ce qui est un choix de musique de chambre, à telle enseigne que les curieux et curieuses désirant mieux connaître Gabriel Fauré seront bien inspirés de se précipiter sur ce double album, et en particulier sur le second CD passionnant.
On image l’embarras pour ne pas dire le déchirement des programmateurs dans le choix des pièces. Remarquons cependant que la première Mélodie, op. 7 (Après un rêve), est proposée dans deux versions, l’une avec harpe et violoncelle (Marie-Pierre Langlament et Martin Löhr), l’autre, plus éclatante, avec trompette et piano (Eric Aubier et Pascal Gallet).
De véritables tubes classiques sont évidemment présents, que ce soit la troisième Romance sans paroles op. 17, avec Alexandre Gattet au hautbois et le pianiste Laurent Wagschal – que les fidèles de Bla Bla Blog connaissent bien maintenant. Autre pièce majeure, La Sicilienne op. 78, toujours avec Marie-Pierre Langlament à la harpe et Martin Löhr au violoncelle. Citons aussi le léger et gracieux Papillon op. 77. Cette pièce revient plus loin dans une étonnante version pour euphonium (Lilian Meurin) et piano (Victor Metral). N’oublions pas non plus la Fantaisie op. 79 aux allures de danse fantasmagorique, avec Vincent Luca à la flûte et Emmanuel Strosser au piano ou la Romance op. 69 – romantique et mélodieuse à souhait.
Des Huit pièces brèves op. 84, cinq ont été choisies. Laura Bennett Cameron au basson accompagnée de Roger Boutry au piano en proposent deux, le Caprocioso de la n°1 et l’Improvisation de la n°5, adaptés pour cet instrument à vent séduisant et de plus en plus en vogue. Absolument immanquable ! Marie-Pierre Langlament et Martin Löhr sont de retour pour la délicate Sérénade op. 98. L’Élégie op. 24 ne pouvait pas ne pas figurer sur l’album. Elle est proposée dans une version pour harpe et violon.
Marie-Pierre Langlament et Martin Löhr – encore eux – viennent conclure ce programme avec de nouveau les Romances sans paroles op. 17. Outre le retour de la 3e Romance, Andante moderato, figurent la 1ère Andante quasi allegretto et la 2e Allegro molto. Tout l’esprit de Fauré est là : lignes mélodiques irrésistibles et expressivité tout en retenue.
Voilà un double-album capital pour découvrir ou redécouvrir la musique de chambre d’un compositeur capital.