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stanley kubrick

  • À pleines dents

    Question : quel film de Steven Speilberg, classé comme l’un des 100 meilleurs films de l’histoire du cinéma par l’American Film Institute, le réalisateur américain tenta-t-il de faire retirer, au motif qu’il ne le sentait pas digne d’y figurer ? E.T. l'extra-terrestre ? La Couleur pourpre ? La Liste de Schindler ? Vous n’y êtes pas. Le long-métrage mythique et adulé que Spielberg considère comme une œuvre traumatisante est Jaws, sorti en France sous le titre des Dents de la Mer au cœur de l’été 1975.

    François Grelet signe dans le magazine Première Classics un article solide et bien documenté ("Le jeune homme et la mer") sur ce film qui marqué l’histoire du cinéma, en même temps qu’il a inventé le concept du blockbuster. C’est peu de dire que l’auteur de la saga Indiana Jones n’assume toujours pas un film qui a définitivement lancé le jeune réalisateur sur une voie royale, après Duel (1971) puis le flop de Sugarland Express (1974) : "L’ex wonder-boy a continué malgré tout d’entretenir un rapport quasi traumatique à son premier succès comme s’il avait voulu le rayer de sa mémoire."

    Il est vrai que le tournage des Dents de la Mer a été en soi une aventure infernale, commencée dans les couloirs d’une maison de production, la Zanuck/Brown Company, tout juste auréolée du succès de L’Arnaque (avec Robert Redford et Paul Newman) et qui mise en 1974 sur un certain Steven Spielberg, mais dont la sortie de Sugerland Express n’a pas eu le succès escompté, loin s'en faut. Or, voilà qu’un roman atterrit dans les bureaux des producteurs : Jaws (Mâchoires) de Peter Benchley. Les droits ont été achetés mais le film s’avère "infaisable" (nous sommes à des lieues des effets spéciaux d’aujourd’hui).

    Pour Speilberg, ce challenge est excitant et bientôt le roman donne naissance à un premier scénario. La réécriture sera intensive, nous apprend François Grelet, avec plusieurs plumes s’acharnant à donner vie au requin tueur, malgré un roman qualifié de "sombre merde mal écrite" d’après Robert Shaw en personne, celui-là même qui endossera finalement le rôle de Quint, le chasseur de requins. Quelques noms étaient pressentis pour tenir le rôle du shérif Brody – Charlton Heston et Robert Duvall – mais c’est finalement Roy Scheider qui sera choisi.

    "Sombre merde mal écrite"

    Impossible de parler du tournage de Jaws sans s’arrêter sur le requin, qui sera l’un des personnages principaux de l’histoire. Comment montrer de la manière la plus réaliste la bête, alors que les effets numériques n’existent pas à l’époque ? Ramener un authentique squale de sept mètres dans les eaux américaines ? Filmer un animal depuis une cage minuscule avec un cascadeur de moins d’un mètre cinquante ? (sic) Spielberg choisit finalement les effets spéciaux et la construction d’un requin mécanique construit Bob Mattey, le concepteur du Nautilus pour le 20 000 Lieues sous les Mers de Richard Fleischer (1954). Un engin qui coûtera 600 000 dollars et qui ne fonctionnera qu’épisodiquement.

    François Grelet décrit un tournage cauchemardesque sur l’île de Martha’s Vineyard, au sud de Boston : entre les régates estivales qui gênent les prises de vue, les critiques de Richard Dreyfuss pour un réalisateur encore novice de 25 ans, un budget qui a triplé, un tournage interminable et surtout les dysfonctionnements à répétition de "Bruce", le surnom du capricieux requin.

    Jaws ne sera un film catastrophe que s’il ne rapporte pas d’argent, se lamente Spielberg au moment de la sortie du film. Sauf que les idées géniales du réalisateur, les astuces scénaristiques du film mais aussi la musique du film, avec  les deux notes de musique les plus terrifiantes de l'histoire du cinéma, vont faire des Dents de la Mer un triomphe hors du commun : 250 millions de dollars aux Etats-Unis et 450 millions dans le monde. Du jamais vu. Ce pur film de divertissement parviendra jusqu’aux Oscars, mais sans décrocher toutefois la récompense du meilleur film (attribué cette année-là à 1976 : Vol au-dessus d'un nid de coucou de Miloš Forman). Spielberg concourt la même année que Stanley Kubrick et son Barry Lyndon.

    Après avoir lu ce focus sur Jaws, il ne reste plus qu’à voir et revoir l’histoire de l’animal le plus célèbre de l’histoire du cinéma, mis en image par Spielberg et en musique par John Williams. Ta ta… Ta ta... Ta ta ta ta ta ta ta...

    François Grelet, "Le jeune homme et la mer", in Première Classics, juillet-septembre 2018
    Steven Spielbert, Les Dents de la Mer, avec Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Lorraine Gary et Murray Hamilton, Universal Pictures France, 1975, 2004, DVD, 120 mn

    Voir aussi : "Les deux notes de musique les plus terrifiantes de l'histoire, au Grand Rex"

  • 2001 a 50 ans

    2018 marque les 50 ans de mai 68. Mais cette année, le cinéma fête le cinquantenaire d’une autre révolution, cinématographique celle-là. C’est en effet le 2 avril 1968 qu’est sorti aux États-Unis 2001 : L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. Rappelons que Bla Bla Blog avait consacré par le passé un hors-série sur ce cinéaste exceptionnel. Cette fois, nous ferons un focus sur ce film de science-fiction majeur à travers le passionnant essai de Roberto Lasagna (2001 : L’Odyssée de l’Espace, éd. Gremese), complet et richement illustré.

    Il y a cinquante ans tout pile, donc, sortait ce fameux 2001, film de SF spectaculaire autant que fable métaphysique sur la destinée humaine. Réflexion géniale, travail cinématographique à la perfection rarement égalée, coup de poing visuel et véritable révolution artistique, c’est peu de dire que Stanley Kubrick a réussi là un coup de maître qui fait que 2001 n’a jamais vieilli. Le réalisateur disait de ce film qu’il le considérait comme son plus réussi : "J’ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l’entendement et ses constructions verbales, pour pénétrer directement l’inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique. J’ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, comme la musique."

    Roberto Lasagna spécialiste et critique cinématographique italien consacre tout un essai à 2001 : L’Odyssée de l’Espace. Il en explique la genèse, la fabrication, l’histoire et en fait une exégèse qui ravira les cinéphiles et spécialement les amoureux de Kubrick. L’auteur rappelle à quel point le huitième film du réalisateur américain a marqué à plus d’un titre. Pour la première fois, en effet, Stanley Kubrick entend, après le succès de Docteur Folamour, ne plus être dépendant des studios hollywoodiens. Il vit désormais en Angleterre et choisit les studios londoniens de la Metro-Goldwyn-Mayer qu’il transforme en véritable laboratoire pour créer un film de science-fiction qu’il veut d’un réalisme absolu.

    La plus ahurissante ellipse du cinéma

    Mais à ce réalisme du décor et des vaisseaux spatiaux vient répondre un discours scientifique pointu et pensé avec Arthur C. Clark (sa nouvelle écrite pour l’occasion, La Sentinelle). 2001 est aussi un manifeste au langage cinématographique époustouflant de créativité, cette "sémantique des images" dont parle Roberto Lasagna : le fameux monolithe noir, l’os devenu arme préhistorique se transformant en navette spatiale dans la plus ahurissante ellipse du cinéma, le personnage et supercalculateur HAL ou la dernière séquence psychédélique jusqu’à l’apparition du fœtus astral.

    Roberto Lasagna revient de manière très pertinente sur le contexte de la SF en 1968 : à ce titre, 2001 sera le premier véritable film de space-opera doté d’effets spéciaux réalistes : "Grâce à une rigueur scientifique nouvelle pour l’époque, Kubrick souhaitait prendre ses distances des space operas des années cinquante dont la crédibilité était proche de zéro. Afin d’éviter que les planètes et les vaisseaux spatiaux ne ressemblent à des maquettes à petite échelle, il fit fabriquer de grands modèles avec une précision méticuleuse, puis les filma avec une caméra Panavision 65mm qui permettait une très haute définition."

    Délaissant le langage des dialogues au profit de l’écriture visuelle ("46 minutes de dialogues sur les 139 de la durée totale du film"), Kubrick ne fait cependant pas de son 8e film une simple œuvre spectaculaire. L’émotion et l’éblouissement sont bien au cœur de son film. Mais ce qui le caractérise 2001 est une ambition philosophique et métaphysique : "La machine narrative – en réalité presque une non narration – n’est pas seulement belle à contempler : c’est une machine significative, où l’observateur, comme l’astronaute Bowman, sont invités à se poser des questions. Après tout, le cadrage de l’os qui se transforme en vaisseau spatial – le raccord le plus célèbre du film et peut-être de toute l’histoire du cinéma – exige un effort d’interprétation spécifique."

    Un trip sans LSD

    Arthur C. Clark et Stanley Kubrick interrogent l’intelligence humaine et artificielle, la persistance des instincts, le culte de la technologie, le destin de l’espèce humaine ou le concept de vérité et de révélation, comme le conceptualise brillamment Roberto Lasagna.

    Au-delà de la première séquence, "À l’aube de l’humanité," celle sur la lune ou celle de l’affrontement entre HAL et ses collègues astronautes humains, le spectateur qui découvre 2001 restera sans doute d’abord marqué par le dernier voyage de David Bowman vers Jupiter, "un trip sans LSD" comme le remarque malicieusement l’auteur et aussi, cinématographiquement parlant, "une union impensable entre cinéma expérimental et cinéma grand public…"

    C'est dans cette dernière partie du film, sans doute, que divergent le plus les interprétations : voyage dans le passé ou le futur ? Macrocosme ou microcosme ? Visions de Bowman ou de son double ? Réflexion phénoménologique sur la perception ? On peut saluer dans l’essai de Roberto Lasagna les références artistiques éclairant les intentions de Kubrick : Ivan le Terrible de Eisenstein, le Christ du Jugement dernier de Michel-Ange ou Ulysse de James Joyce : "Comme chaque chapitre du plus grand roman du XXe siècle est écrit dans un style particulier, le film de Kubrick semble être un voyage dans l’histoire du cinéma, qui commence par le muet (la partie préhistorique africaine), se poursuit par la comédie musicale (les vaisseaux dansant la valse de Strauss), et arrive au parlant (la partie faite de dialogues qui a pour protagoniste le scientifique Floyd), il revisite divers genres à la façon de la science fiction (le duel David/Hal n’est-il pas le passage biblique du défi David/Goliath ?) et se termine par un morceau lysergique de pur cinéma underground."

    Un argument supplémentaire pour voir et revoir 2001 : L’Odyssée de l’Espace, et le redécouvrir grâce au regard affûté et passionné de Roberto Lasagna.

    Roberto Lasagna, 2001 : L’Odyssée de l’Espace, éd. Gremese,
    coll. Les meilleurs films de notre vie, 96 p. avril 2018

    2001, L'Odyssée de l'Espace (2001 : A Space Odyssey) de Stanley Kubrick, avec Keir Dullea, Gary Lockwood et William Sylvester, Etats-Unis, 1968, 139 mn

    "Hors-série Kubrick"

  • "Eyes Wide Shut" : Les yeux grands ouverts

    Douze années séparent Full Metal Jacket d’Eyes Wide Shut. Durant cette période, Stanley Kubrick travaille sur plusieurs projets de films : Une Education polonaise, un film sur la Shoah que Kubrick interrompt lorsqu’il apprend que Spielberg tourne La Liste de Schindler et IA Intelligence artificielle qui sera finalement réalisé par… Spielberg.

    Au milieu des années 1990, Kubrick reprend la caméra pour tourner un "petit film intimiste", l’adaptation contemporaine d’une nouvelle de l’auteur autrichien Arthur Schnitzler, Traumnovelle (La Nouvelle rêvée), sujet qu’il comptait déjà réaliser en 1968. Le scénario d’Eyes Wide Shut est co-écrit avec le scénariste français Frédéric Raphael. Les deux hommes travaillent sur une histoire mêlant crise conjugale, fantasmes, rêves érotiques, aventures amoureuses réelles et occasions manquées.

    Comme à son habitude, Kubrick opte pour des personnages contemplatifs, des mouvements de caméras fluides, l’utilisation de couleurs primaires, donnant à son film une atmosphère onirique. Le tournage du film débute fin 1996 dans le plus grand secret et non sans difficultés. Il dure 19 mois. Stanley Kubrick doit s’adapter aux acteurs qu’il dirige. Le couple Tom Cruise et Nicole Kidman est à l’époque l’un des plus en vue. La perspective de les voir ensemble à l’écran sous la direction de Stanley Kubrick suscite la curiosité du public. Le cinéaste doit aussi remplacer au pied levé Harvey Keitel qui quitte le tournage au bout de six mois. Il est remplacé par Sydney Pollack. De même, Kubrick décide également de retourner une scène entre Tom Cruise et Jennifer Jason Leigh, qui avait été engagée pour tenir le rôle de Marion. Malheureusement, à l’époque cette dernière est déjà sur le tournage d’eXistenZ de David Cronenberg. La scène est donc retournée mais avec l’actrice suédoise Marie Richardson.

    La fin du tournage a lieu en juin 2008. Le film est présenté quelques mois plus tard à la Warner. Lors de la projection le 6 mars 1999, Kubrick confie qu’Eyes Wide Shut est son meilleur film. Il décède d’une crise cardiaque le lendemain.

    Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick, avec Tom Cruise, Nicole Kidman et Sidney Polack, Etats-Unis, 1999, 159 mn

    La suite, ici avec les films laissés à l'état de projet par le réalisateur

  • 2001 en 1968

    En 1964, L’année de la sortie de Docteur Folamour, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke. Ils décident de collaborer à un film de science-fiction. Clarke propose comme point de départ sa nouvelle La Sentinelle, écrite en 1948. Le sujet de cette histoire est la découverte par des astronautes d’un tétraèdre extraterrestre sur la lune.

    Kubrick et Clarke travaillent simultanément sur ce projet : le scénario pour Kubrick et un roman pour Clarke. Le parti pris est de construire une vaste saga de l’humanité depuis la naissance de l’intelligence humaine plusieurs milliers d’années avant notre ère jusqu’à la rencontre avec de nouvelles intelligences (artificielle puis extraterrestre) dans le futur.

    2001 : L’Odyssée de l’Espace (A Space Odyssey), film de science-fiction autant que fable philosophique et poétique, est d’une puissance et d’une ambition sans égale. Cette œuvre mythique a marqué le cinéma comme jamais. Kubrick, cinéaste confirmé en pleine maîtrise de sa technique, use de moyens jamais vus pour ce tournage. Il s’entoure de techniciens renommés et s’appuie sur des outils révolutionnaires de la NASA pour élaborer un film aussi impressionnant que magnifique.

    Cette œuvre audacieuse et complexe est en outre indissociable de sa bande-son : l’ouverture d’Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss (les trois plus célèbres notes de musique de l’histoire du cinéma !), le Kyrie de Ligeti et bien sûr Le Beau Danube Bleu achèvent de donner à ce film une couleur majestueuse.

    Il y a eu sans nul doute un avant et un après 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Signe des temps, le film est sorti en 1968, année révolutionnaire s’il en est !

    2001, L'Odyssée de l'Espace ( A Space Odyssey), de Stanley Kubrick, avec Keir Dullea, Gary Lockwood et William Sylvester, Etats-Unis, 1968, 139 mn

    La suite de ce dossier ici, avec un focus sur Shining...

  • Stanley Kubrick [3] : Dernières années, derniers chefs d'œuvres

    Après l'échec commercial de Barry Lyndon, Kubrick a besoin d’un succès commercial pour la suite de sa carrière. Il choisit de tourner un film d’épouvante, un genre très à la mode à la fin des années 1970. Il achète les droits d’un roman de Stephen King, The Shining. Dans cette histoire de maison hantée (ou plutôt d’hôtel hanté), Jack Torrance, le personnage principal joué par Jack Nicholson, est recruté comme gardien d’un somptueux et mystérieux hôtel. Ce travail doit lui permettre de retrouver son inspiration d’écrivain. Sa femme et son jeune enfant, doté d’un pouvoir extralucide, le "shining", l’accompagnent. Dans cet établissement, le spectateur apprend qu’un précédent gardien a assassiné quelques dizaines d’années plus tôt sa femme et ses filles jumelles. Peu à peu, l’hôtel hanté – mais aussi les frustrations de Jack Torrance devant son incapacité à créer – font basculer le trio familial dans l’horreur.

    La sortie en 1980 de Shining suscite une réaction négative des critiques (bien qu’avec le recul il n’est pas injuste de dire qu’il reste la meilleure adaptation d’un roman de Stephen King). Au contraire des autres films de Kubrick dont le succès est venu grâce au bouche à oreille, cette fois la Warner a lancé une campagne de communication importante qui attire un public curieux. Lors du premier week-end d’exploitation aux États-Unis, Shining rapporte un million de dollars, un succès encore plus important que L’Exorciste (1973) et Superman (1978). Malgré tout, le réalisateur reconnaît n’être pas entièrement satisfait du résultat ; il reproche même au jeu de Jack Nicholson de n’être pas suffisamment... réaliste!

    Malgré tout, fort du succès de Shining, Kubrick peut poursuivre sa collaboration avec la Warner. En 1980, il s’intéresse à la guerre du Vietnam grâce à sa rencontre avec Michael Herr, l’auteur d’un livre reportage sur ce sujet mais aussi suite à la lecture du Merdier, un roman percutant et provocateur de Gustav Hasford sur ce sujet. En 1987, sort Full Metal Jacket, succès public autant que critique ("Le plus grand film de guerre de tous les temps", annonce l’affiche promotionnelle), et ce malgré la sortie simultanée de Platoon, d’Oliver Stone, autre film de guerre sur le Vietnam. La renommée de Full Metal Jacket tient pour beaucoup à la composition magistrale du sergent instructeur Hartman, qu’aucun spectateur ne peut oublier.

    Au début des années 1990, Kubrick souhaite tourner un film "intimiste", en attendant de s’attaquer à une œuvre plus ambitieuse. Il s’intéresse à la nouvelle autrichienne d’Arthur Schnitzler, Traumnovelle (La Nouvelle rêvée) et intitule son projet : Eyes Wide Shut.

    Kubrick transpose à New York cette histoire d’un couple en pleine interrogation sur ses désirs, ses pulsions et ses fantasmes. Mais, une fois de plus, il transcende cette histoire intimiste. Sous l’œil du Maître, Eyes Wide Shut devient une œuvre grandiose à l’esthétique somptueuse. Il atteint dans ce film le sommet de son art.

    Ce succès tient aussi à la performance de Tom Cruise et de Nicole Kidman, deux stars hollywoodiennes en couple à la ville à l’époque du tournage (il est patent de signaler qu’ils divorceront peu de temps après la sortie du film). Sidney Pollack remplace au pied levé, et avec bonheur, Harvey Keitel, après six mois de tournage.

    Lors de la présentation du film à la Warner le 8 mars 1999, Kubrick déclare qu’il s’agit de sa meilleure œuvre. Il décède le lendemain à l’âge de 70 ans et ne peut assister au succès critique et public de ce film hors norme.

    Filmographie complète de Stanley KubrickDay of the fight (1951), documentaire, court-métrage, NB, 16 mn, avec Walter Cartier. Flying Padre (1951), documentaire, court-métrage, NB, 8 mn, avec : Fred Stadmueller. Fear and Desire (1953), film de guerre, NB, 68 mn, avec Franck Silvera, Paul Mazursky, Kenneth Harp, Steve Coit, Virginia Leith. The Seafarers (1953), documentaire, court-métrage, couleurs, 30 mn. Le Baiser du Tueur (Killer’s Kiss , 1955), polar, NB, 67 mn, avec Franck Silvera, Jamie Smith, Irene Kane et Jerry Jarret. L’Ultime Razzia (The Killing , 1956), polar, NB, 85 mn, avec Sterling Hayden, Coleen Gray, Vince Edwards, Jay C. Flippen, Ted de Corsica, Mary Windsor, Elisha Cook Jr, Joe Sawyer, James Edwards. Les Sentiers de la Gloire (Paths of Glory , 1957), film de guerre, NB, 86 mn, avec Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou, George Macready, Christiane Susanne Harlan. Spartacus (1960), péplum, couleurs, 198 mn (version restaurée de 1991), avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons, Charles Laughton, Peter Ustinov, John Gavin, Nina Foch, John Ireland, Herbert Lom, John Dall, Charles McGraw, Woody Strode, Tony Curtis, Anthony Hopkins. Lolita (1962, comédie dramatique, NB, 152 mn, avec James Mason, Sue Lyon, Shelley Winters, Peter Sellers, Garry Cockrell, Jerry Stovin, Diana Decker, Lois Maxwell. Docteur Folamour (Dr Strangelove : or How I learned to Stop Worrying and Love the Bomb , 1964), comédie satirique, NB, 93 mn, avec Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden, Keenan Wynn, Slim Pickens, Peter Bull, James Earl Jones. 2001 : l’Odyssée de l’Espace (2001 : a Space Odyssey, 1968), avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Daniel Richter, Leonard Rossiter, Margaret Tyzack, Robert Beatty, Sean Sullivan, Dougals Rain. Orange mécanique (A Clockwork Orange, 1971), avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates et Warren Clarke. Barry Lyndon (1975), film d’époque, couleurs, 184 mn, avec Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee, Hardy Krüger, Steven Berkoff, Gay Hamilton, Marie Kean et Franck Middlemass. Shining (The Shining , 1980), épouvante, couleurs, 146 mn, avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd et Scatman Crothers. Full Metal Jacket (1987), film de guerre, couleurs, 116 mn, avec Matthew Modine, Adam Baldwin, Vincent D’Onofrio et R. Lee Ermey. Eyes Wide Shut (1999), drame intimiste, couleurs, 159 mn, avec Tom Cruise, Nicole Kidman, Sidney Pollack, Marie Richardson, Julienne Davies, Vinessa Shaw et Leelee Sobieski.

    Paul Dunca, Stanley Kubrick, Filmographie complète, éd. Taschen, 2003
    Michel Ciment, Stanley Kubrick, éd. Calmann-Levy, 2011
    Les Cramés de la Bobine

    Voir aussi les deux articles précédents :

    Stanley Kubrick [1] : Premiers pas d'un géant
    Stanley Kubrick [2] : Émancipation d'un génie

    Ici, la suite de ce Dossier Kubrick 

  • Stanley Kubrick [2] : Émancipation d'un génie

    Plus que Spartacus, c’est le film suivant, Lolita, qui va être déterminant dans la carrière de Kubrick.

    Alors que Kirk Douglas le contacte pour qu’il tourne ce péplum flamboyant, le cinéaste travaille déjà sur un autre projet : l’adaptation du roman de Vladimir Nabokov, Lolita. Sorti aux États-Unis en 1958, ce livre scandaleux a été un succès public et critique. Kubrick et son fidèle associé Harris, qui ont acheté les droits, négocient avec la United Artists pour faire ce film tout en gardant le contrôle absolu sur sa réalisation. Après avoir obtenu gain de cause, ils s’envolent en 1962 pour la Grande-Bretagne afin de bénéficier de clauses financières plus intéressantes. James Mason est engagé. La jeune Sue Lyon (14 ans à l’époque) est recrutée pour jouer le rôle de Lolita et Peter Sellers est choisi comme second rôle. Cette histoire d’amour entre une jeune adolescente et un homme mûr parvient à contourner la censure anglaise grâce à la grande diplomatie de Kubrick et à sa mise en scène tout en nuance. L’humour n’est pas absent de ce drame amoureux, pas plus que les attitudes ambiguës des personnages secondaires. Au final, ce film au budget moyen, tourné en quelques semaines, s’avère non seulement rentable commercialement mais en plus il installe Kubrick parmi les cinéastes les plus en vue. Après Lolita, ce dernier est conforté dans son désir de contrôler de A à Z ses créations, de la production jusqu’au montage et à la musique.

    De retour aux États-Unis, il s’attaque à un thème bien différent : la course à l’arme atomique. Après le choix de l’adaptation d’un roman sombre de Peter George (Red Alert), Kubrick confie au journaliste satirique Terry Southern le soin d’en faire un scénario loufoque. Le titre complet en anglais est lourd de sens : Dr Strangelove : or How I learned to Stop Worrying and Love the Bomb (que l’on pourrait traduire par : Dr Folamour : ou comment j’ai arrêté de m’en faire et que je suis tombé amoureux de la Bombe). Docteur Folamour raconte l’histoire d’un bombardier sommé par erreur de larguer des ogives nucléaires sur l’URSS, ce qui déclenche l’apocalypse nucléaire. Ce film très sarcastique et pessimiste (et aussi avec une forte connotation sexuelle !) permet à Kubrick de retrouver deux acteurs qu’il avait déjà mis en scène, Peter Sellers et Sterling Hayden. Après la fin du tournage en 1963, Kubrick passe au montage, qui dure huit mois et aboutit à un film proche de la perfection. C’est aussi un succès critique et commercial.

    L’année de la sortie de Docteur Folamour, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke. Ils décident de collaborer à un film de science-fiction. Clarke propose comme point de départ sa nouvelle La Sentinelle, écrite en 1948. Le sujet de cette histoire est la découverte par des astronautes d’un tétraèdre extraterrestre sur la lune. Kubrick et Clarke travaillent simultanément sur ce projet : le scénario du film pour Kubrick et un roman, 2001 : l’Odyssée de l’Espace pour Arthur C. Clarke. Ces deux œuvres seront des succès autant que de véritables classiques. Le parti pris du cinéaste est de construire une vaste saga de l’humanité depuis la naissance de l’intelligence humaine plusieurs milliers d’années avant notre ère jusqu’à la rencontre avec de nouvelles intelligences (artificielle puis extraterrestre) dans le futur.

    On ne soulignera pas assez à quel point 2001 : l’Odyssée de l’Espace, film de science-fiction autant que fable philosophique et poétique, est d’une puissance et d’une ambition sans égale. Cette œuvre mythique a marqué le cinéma comme jamais. Kubrick, cinéaste confirmé en pleine maîtrise de sa technique, use de moyens jamais vus pour ce tournage. Il s’entoure de techniciens renommés et s’appuie sur des outils révolutionnaires de la NASA pour élaborer un film aussi impressionnant que magnifique. Il y a eu sans nul doute un avant et un après 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Signe des temps, le film est sorti en 1968, année révolutionnaire s’il en est !

    Vers cette époque, la vie de Kubrick commence à fasciner la presse. Installé à Londres avec sa femme et ses trois filles, sa vie personnelle est surveillée par les médias. On le sait hyperactif, méticuleux jusqu’à l’obsession et capable de documentations phénoménales pour ses projets.

    En 1971, Kubrick s’attaque à l’adaptation du roman d’Anthony Burgess, Orange mécanique. Là encore, l’auteur de Lolita frappe fort mais pas là où on l’attendait. En suivant l’itinéraire criminel de jeunes adolescents puis l’histoire de la réintégration mouvementée d’Alex, le leader de ce gang dans la société, Kubrick déclenche la polémique. Certains auteurs de faits violents à l’époque l’accusent de les avoir inspirés. Les images chocs ont tout pour susciter l’indignation de la censure (scènes de viols, détachements des personnages principaux devant leurs méfaits, notions fluctuantes du bien et du mal). Aux Etats-Unis, le film est classé X. Pour stopper la vague d’indignation en Grande-Bretagne, Kubrick choisit d’arrêter de lui-même la diffusion de son film dans ce pays. Il n’y sera autorisé qu’en 2000, soit un an après la mort du cinéaste.

    Fort du soutien de la Warner, Stanley Kubrick peut se permettre un contrôle artistique absolu sur sa création artistique, tout en pouvant user de budgets conséquents. Son souci de perfection atteint des sommets avec Barry Lyndon, un film longtemps sous-estimé. Il s’agit d’une adaptation du roman anglais de William Makepeace Thackeray, Les Mémoires de Barry Lyndon, écrit en 1844 et racontant à la première personne la réussite sociale puis la chute d’un parvenu irlandais au XVIIIe siècle. Kubrick choisit cependant pour voix off celle d’un narrateur anonyme, donnant au personnage de Lyndon une distance froide et cynique.

    Le tournage de Barry Lyndon est devenu légendaire : tournages aux chandelles (grâce à un objectif mis au point par la NASA ! – 2001 : l’Odyssée de l’Espace n’est pas loin!), costumes historiques achetés par Kubrick lui-même et copiés méticuleusement, perruques réalisées avec les cheveux de jeunes Italiennes entrant au couvent, répétitions incessantes des acteurs, décors entièrement naturels, prises innombrables et épuisantes pour l’équipe de tournage. À sa sortie en 1975, et bien qu’il soit considéré comme un chef d’œuvre primé à de multiples reprises, le public boude cette fresque somptueuse.

    Stanley Kubrick doute : durant cette période, il se demande comment il pourra rebondir...

    La suite, ici...

  • Stanley Kubrick [1] : Premiers pas d'un géant

    Le bloggeur propose aujourd'hui une série d'articles sur Stanley Kubrick, réalisateur américain génial malgré sa filmographie peu développée (13 longs-métrages et 3 courts). Cinéaste éclectique (films historiques, péplum, science-fiction, drames, farce, etc.), un point commun au moins réunissait ses œuvres : l'exigence poussée à son paroxysme.

    Retour sur un auteur atypique et d'une modernité exceptionnelle, à travers une biographie, une filmographie, quelques critiques de films ainsi qu'un focus sur ses rapports avec la musique.    

    Stanley Kubrick naît le 26 juillet 1928 à New-York dans une famille de la petite bourgeoisie du Bronx. Élève moyen timide mais néanmoins d’une très grande curiosité, il se destine très jeune à la photographie, domaine où il exerce son premier métier à 17 ans dans la revue Look, luxueux magazine concurrent de Life. Cette première expérience sera décisive dans sa future carrière de cinéaste. Dès sa toute première création, un reportage photographique sur le boxeur Walter Cartier (Le Boxeur professionnel, 18 janvier 1949), le jeune Stanley Kubrick démontre déjà un grand sens du cadrage et de la lumière. 

    Le cinéma devient rapidement une vraie passion. Cinéphile, le jeune photographe, à la technique déjà assuré, s’intéresse avec le plus grand sérieux aux innombrables films qu’il visionne. Vers la même époque, il découvre la musique classique, qui restera l’autre grand intérêt de sa vie.

    En 1951, il scénarise, produit, réalise et monte son tout premier film, Day of the Fight, un court-métrage sur le même Walter Cartier qu’il avait suivi quelques années plus tôt. L’année suivante, il créé dans les mêmes conditions Flying Padre, un documentaire sur un prêtre aviateur, court-métrage dont il ne cachera jamais son mépris.

    Ces deux premières réalisations, pour frustrantes qu’elles lui apparaissent, sont pourtant des succès encourageants : elles sont toutes deux vendues à bon prix à la société de production RKO Pathé. Kubrick en tire même un petit bénéfice et démissionne du magazine Look pour se lancer à temps plein dans le cinéma.

    En 1953, Kubrick demande à un de ses amis, le poète Howard Sackler, de lui écrire un scénario qui devient sa première œuvre de fiction, Fear and Desire. Ce film de guerre raconte l’épopée de quatre soldats perdus derrière des lignes ennemies. Kubrick est déjà dans ce long-métrage non seulement un virtuose de l’image mais également un créateur soucieux de tout contrôler, au point parfois de malmener son équipe et ses acteurs (pour les besoins du tournage, il va jusqu’à faire pulvériser sur ses acteurs des litres d’insecticide depuis un avion, au risque de tuer l’ensemble de son équipe !).

    Après un documentaire sur un syndicat de marins américains (The Seafarers), il réalise et produit Le Baiser du Tueur (Killer’s Kiss), l’histoire d’un boxeur raté (de nouveau une histoire dans ce milieu sportif !) poursuivi avec sa petite amie, une taxi-girl, par des tueurs sans scrupule. Malgré le soin particulier que met Kubrick dans le cadrage, les plans et le montage, Le Baiser du Tueur pèche par un scénario léger et par un jeu des acteurs honnête, sans plus. Cette erreur, Kubrick ne la reproduira plus.

    Vers cette époque, son premier mariage avec son amie d’enfance Toba Metz bat de l’aile. En 1954, il s’installe avec Ruth Sobtka, une ballerine avec qui il se marie en 1957, sitôt son divorce. 

    Entre temps, déjà soucieux d’assumer son indépendance, il fonde avec son ami James B. Harris leur maison de production la Harris-Kubrick Pictures Corporation.

    L’Ultime Razzia (The Killing) marque l’arrivée en 1956 de Kubrick à Hollywood. Le scénario est écrit par l’écrivain de polars Jim Thomson (auteur notamment de 1275 Âmes ou du Démon dans ma peau) d’après le roman Clean Break de Lionel White. La United Artists propose de le financer à condition de voir dans ce film un acteur renommé. Sterling Hayden est contacté et accepte moyennant un cachet confortable. Cette histoire de hold-up brillamment réussi dans le milieu des courses hippiques mais qui se termine par un règlement de comptes au sein de l’équipe de gangsters est la première réussite complète de Kubrick : un polar haletant, des personnages ambigus aux motivations troubles, des mouvements de caméra élaborés. De bonnes critiques saluent le film bien que les entrées soient décevantes. Signe que Kubrick a réussi son entrée à Hollywood, il est approché par la MGM pour un nouveau film, Les Sentiers de la Gloire, dont les droits du roman de Humphrey Cobb viennent d’être achetés par Kubrick et James B. Harris.

    Pour autant, la MGM reproche à Kubrick et Harris de se consacrer à d’autres films simultanément. Renvoyés pour cela, ces derniers continuent néanmoins de travailler sur Les Sentiers de la Gloire, dont le scénario est, comme pour le film précédent, travaillé en collaboration avec Jim Thomson. Le soutien financier et personnel vient de Kirk Douglas, la star hollywoodienne qui met tout son poids et son influence pour contraindre la United Artists à financer ce film. Sorti en 1957, Les Sentiers de la Gloire, film antimilitariste, raconte l’histoire de cinq soldats français fusillés en 1915 pour une mutinerie imaginaire. À sa sortie en 1957, ce long-métrage est un tel scandale qu’il est interdit en France jusqu’en 1974 et vertement critiqué dans de multiples pays. Les Sentiers de la Gloire est cependant considéré comme le premier chef-d’œuvre du cinéaste américain qui maîtrise à la perfection la caméra (travellings fluides qui feront sa renommée – et qui sont dédiés au cinéaste Max Ophüls décédé au cours du tournage en Europe). Le scénario haletant et bouleversant, le jeu inspiré de Kirk Douglas ou du second rôle Adolphe Menjou, les décors et le travail sur les lumières, achèvent de faire de cette œuvre une réussite totale même si la réussite commerciale n’est pas au rendez-vous.

    Les Sentiers de la Gloire marquent en plus un événement personnel dans la vie du cinéaste : sur le tournage de ce film, il rencontre l’actrice allemande Christiane Susanne Harlan qui interprète le rôle de la chanteuse de cabaret. Il divorce une seconde fois et se marie avec celle qui partagera dorénavant le reste de sa vie.

    Pour autant, il faut croire que Kirk Douglas ait été pleinement satisfait de sa collaboration avec Kubrick puisqu’il lui demande de tourner un nouveau film avec lui : Spartacus.

    Le tournage débute rapidement, en 1959. Il s’agit pour Kubrick d’un film atypique par l’ampleur (une superproduction hollywoodienne de 12 millions de dollars) et par son investissement artistique : Kubrick remplace en effet un autre grand de la réalisation, Anthony Mann, fiable, expérimenté mais trop indépendant aux goûts de Kirk Douglas ; or, avec Kubrick, la star hollywoodienne ignore qu’elle va travailler avec un artiste autrement plus libre et incontrôlable ! Spartacus, péplum ambitieux sur la révolte d’esclaves romains au Ier siècle avant JC. Cette fable sur la liberté est tournée en pleine Chasse aux Sorcières américaine (l’un des scénaristes est Donald Trumbo qui a été lui-même poursuivi pour des activités communistes). Kubrick démontre surtout qu’en plus d’être un artiste hors pair, il peut réaliser des films rentables. Cette expérience douloureuse d’un tournage conflictuel, notamment avec Kirk Douglas, le convainc également de mettre du champ entre lui et Hollywood.

    Le film suivant, Lolita, permet l'émancipation d'un artiste qui ne va avoir de cesse que contrôler toute son oeuvre...

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  • Bientôt, Kubrick mis en scène et en musique

    Dès la semaine prochaine, sur ce site, le bloggeur proposera une série d'articles sur Stanley Kubrick : il sera question de sa carrière cinématographique exceptionnelle, de critiques de quelques-uns de ses films mais aussi de ses rapports avec la musique.

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