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suédois

  • Peter Jablonski, très classique, très jazz

    Bla Bla Blog avait parlé il y a quelques semaines de l’album Air de Christian Schittenhelm. Cette grande bouffée d’air frais dans la musique d’aujourd’hui prend un nouveau relief avec son autre opus du moment, Back Home with the Moon.

    Pas d’orchestre symphonique cette fois mais un piano et un interprète d’exception, le Suédois Peter Jablonski. Ce grand interprète de Chopin, courant les scènes du monde entier, se penche cette fois sur un répertoire contemporain, à la facture néo-classique mais aussi des influences jazz.

    La simplicité, la nudité et la fluidité de Peter Jablonski se mettent au service de pièces intimes immédiatement attachantes. C’est la caressante "Berceuse mauve", tout en pastel, c’est la délicate "Valse naïve" dont on lira l’influence d’Erik Satie mais c’est aussi cet autre morceau, "Simply Yes", dont la retenue laisse place à un élan passionné. 
    La "Valse de rien" semble nous ramener quelques dizaines d’années plus tôt dans une salle de bal parisien après le départ des derniers invités, lorsqu’un couple se retrouve seul pour une dernière danse. Décidément, la valse est un style qu’affectionne Christian Schittenhelm ("The Algot Walz").

    Le titre qui donne son nom à l’opus semble faire le pont entre classicisme, contemporain et jazz. Il y a aussi un esprit pop dans ce "Back Home With The Moon" dont Peter Jablonski prend possession avec un plaisir évident.

    Simplicité, nudité, fluidité

    L’album de  Christian Schittenhelm et de son instrumentiste prestigieux est enrichi de pièces courtes à la belle densité et que le piano vient colorer. C’est le mélodique "Duo", le spectral "Stellar", l’étrange "Poème de l’inutile" ou la composition très contemporaine "Impression de lièvre" jouant sur le rythme et sur des notes semblant s’envoler en toute liberté.

    L’auditeur prendra plaisir à se faire prendre au piège dans cette choix de pièces se jouant de toutes les étiquettes. Comment en effet caractériser en effet "Roof Ans Sky", lente et mélancolique déambulation au piano, la ballade "Alone" à la tristesse éloquente ou encore ces titres à la facture jazz cool que sont "After Me The Storm" ou encore "A Bad E Could Be The Best", avec ses sonorités graves ?

    Le pianiste classique Peter Jablonski vient servir à merveille de sublimes morceaux, à telle enseigne que "Zebra Piano" paraît lui être destiné directement ? Le contemporain est aussi bien présent, particulièrement à la deuxième moitié du disque. C’est "Quadratures" mais aussi "Lévitation" dans lesquelles le piano se fait grave et par moment suspendu. 

    Christian Schittenhelm, Back Home With The Moon,
    Peter Jablonski (piano), Sfumato Records, 2024

    https://christianschittenhelm.fr
    https://sfumatorecords.com/records
    https://www.peterjablonski.com

    Voir aussi : "De l’air"

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  • Touché coulé

    Alors que le Festival de Cannes bat son plein, il est sans doute temps de s’arrêter sur le Président du Jury de cette édition 2023, Ruben Östlund. Le cinéaste suédois a quand même réussi l’exploit d’avoir décroché deux Palmes d’Or à Cannes avec… ses deux derniers films, The Square en 2017 et Sans filtre l'an dernier.

    Triangle of Sadness, le titre original de Sans Filtre, tire son nom de la première scène se déroulant au cours d’un casting de mannequins. Une scène mémorable, drôle et caustique, et qui annonce la couleur : faire un sort à notre société de l’apparence, de la consommation et du libéralisme.

    Le spectateur suit un jeune couple gâté par la vie : l'influenceuse Yaya et son petit ami Carl, dont la romance est pour le moins parasitée par l’argent, les apparences et les idées reçues. Les deux tourtereaux embarquent sur un yacht pour une croisière idyllique tout frais payée. Ils côtoient d’autres VIP – riches héritiers, hommes d’affaires, héritiers fortunés et autres femmes entretenues. Ils croisent aussi ces autres passagers issus de la classe prolétaire : personnel d’équipage, cuisiniers et serveuses à leur service pendant la durée du voyage, dans un décor de carte postale.

    Après qu’une tempête transforme un dîner somptuaire en cauchemar digne de La Grande Bouffe, des pirates font couler le bateau. Les quelques survivants se retrouvent seuls sur une île. Et, cette fois, les rôles sont inversés. 

    Charlbi Dean

    Les festivaliers de 2022 ont fait preuve d’un grand sens de l’humour en octroyant une Palme d’Or pour cette comédie scandinave s’attaquant aux nouvelles élites – dont Cannes n’est pas privée.    

    Dans Square, Ruben Östlund s’était pris à l’art contemporain. Ici, c’est le libéralisme dans son ensemble qui sert de cible. Le cinéaste a la bonne idée, au passage, de s’en prendre au monde des influenceurs et influenceuses, à travers les personnages tête-à-claque de Carl et Yaya. Avec une scène hilarante au cours de laquelle cette dernière "ose" dire bonjour à un simple membre d’équipage. La lutte des classes est au centre du propos de Ruben Östlund, mais c’est une lutte des classes en huis-clos, bardée de faux bons sentiments (la séquence de baignade accordée à la piétaille) et d’insultes à la décence (le couple de marchands d’armes).

    Le grand dîner se terminant en débandade digestive est sans doute ce qui a le plus marqué les festivaliers de Cannes. Et il est vrai que le metteur en scène a fait preuve à, la fois d’audace, de maestria et d’humour acerbe pour dépeindre la riche clientèle en déshérence.

    La dernière partie du film, au cœur de l’enjeu du film, n’est pas moins cruel. Cette fois, les rôles sont inversés : aux pauvres et aux femmes la domination sur l’île.

    Au moment de conclure cette chronique, il faut souligner que Charlbi Dean, l’actrice principale et mannequin sud-africaine, en photo sur l’affiche, est décédée accidentellement trois mois après la sortie à Cannes. Voilà qui rend le film encore si particulier. 

    Sans filtre, comédie satirique suédoise de Ruben Östlund, avec Harris Dickinson, Charlbi Dean,
    Dolly de Leon, Zlatko Burić et Woody Harrelson, 2022, 149 mn, Canal+

    http://www.new.bacfilms.com/distribution/fr/films/triangle-of-sadness
    https://www.canalplus.com/cinema/sans-filtre/h/20438760_40099

    Voir aussi : "Ennio Morricone, une vie filmée et en musique"

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