Musique ••• Classique ••• J.S. Bach, The English Suites, Zhu Xiao-Mei
Simple et basique
Un seul mouvement pour cette œuvre de Jürg Frey, I Listened to the Wind Again, d’un peu plus de 43 minutes, mais ne nous y trompons pas : derrière cette apparente simplicité, jusque dans l’orchestration ramassée (une voix, un violon, un alto, un violoncelle et des percussions), se cache en réalité une création d’une grande densité et aux multiples variations.
Il y a quelque chose d’organique dans cet opus écrit en 2017 et proposé aujourd’hui en enregistrement par la Louth Contemporary Music Society. Le compositeur suisse Jürg Frey fait le choix d’une ligne musicale épurée et infiniment lente, au service d’une plainte qui n’en finit pas de mourir. Là, il semble que la musique concrète rejoigne des sons primitifs, comme s’il était autant question de temps lointains que de futur. Une voix féminine vient se superposer à cette première ligne, dans une incantation éthérée et presque religieuse. La soprano Hélène Fauchère vient apporter cette humanité et cette féminité dans une œuvre qui se nomme, rappelons-le : I Listened to the Wind Again.
Au terme d’austérité, il faut sans doute préférer le terme de minimalisme dans ce chant méditatif et d’introspection qui semble se dérouler dans un paysage désolé, reflet d’une âme en peine et de ces disparus.
Pour ses textes, le compositeur s’est appuyé sur des œuvres des poètes suisses Gustave Roud et Pierre Chappuis, du poète de la dynastie Tang Bai Juyi (VIII-IX siècle ap. JC) et de la poétesse américano-libanaise Etel Adnan.
Au terme d’austérité, il faut sans doute préférer le terme de minimalisme
La musique du compositeur suisse, essentielle dans tous les sens du terme, propose des jeux de nuances les plus infimes. L’immobilité est toute relative durant les 43 minutes, grâce à ces respirations, à la voix bouleversante d’Hélène Fauchère et aux subtiles ruptures de rythme, à l’instar de ces percussions cristallines ponctuant le chant douloureux ou encore à la domination des cordes à partir de la seconde moitié du morceau.
Si l’on veut parler de références et d’inspirations, impossible de ne pas citer, notamment pour le dernier quart de l’opus, la Troisième symphonie d’Henryk Górecki, dans sa version historique de Dawn Upshaw (1991).
Il faut bien entendu saluer les performances des interprètes, particulièrement pour des œuvres contemporaines exigeantes comme celle-ci : l’altiste Garth Knox, la violoniste Nathalie Chabot, la violoncelliste Agnès Vestermann, le percussionniste Sylvain Lemêtre et la clarinettiste Carol Robinson.
Pour Bla Bla Blog, I Listened to the Wind Again est une découverte passionnante que les amateurs de musique contemporaines ne devront pas manquer.
Jürg Frey, I Listened to the Wind Again, Louth Contemporary Music CGL, 2021, 44 mn
Avec Hélène Fauchère, Garth Knox, Agnès Vestermann, Sylvain Lemêtre, Carol Robinson et Nathalie Chabot
https://www.louthcms.org
https://www.juergfrey.com
Voir aussi : "Camille Pépin, sans coup férir"
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