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L’intérêt de ce recueil se mesure d’abord à son histoire éditoriale. Comme le rappelle Bernard Lortholary, le traducteur de ces courts textes, ceux-ci constituent l’essentiel de la publication du vivant de Franz Kafka (à l’exception de La Métamorphose).
Même si l’écrivain tchèque a émis des réserves sur telle ou telle publication, ce recueil permet de juger avec une relative justesse l’écrivain. Plus que n’importe quel recueil, celui-ci est hétéroclite.
À côté de textes majeurs, comme La Colonie pénitentiaire, récit terrible sur une exécution mécanique, on peut être comme moi moins sensibles à des récits plus courts, lapidaires pour certains (Considération par exemple). La nouvelle Le Verdict (et d’autres récits comme Un rêve ou Devant la Loi) n’est pas sans rappeler Le Procès, le plus célèbre roman de Kafka, publié après sa mort - et en dépit des dernières volontés de son auteur. Finalement, tout Kafka est là, condensé : auteur moderne, atypique et non dénué de causticité.
Pas de doute : avec Hana, la romancière tchèque Alena Mornštajnová a marqué les esprits. Dans son pays, son ouvrage est devenu un best-seller vendu à plus de 200 000 exemplaires. Traduit dans plus de 14 langues, il arrive en France et est proposé par les éditions Bleu et Jaune.
Cette histoire commence par la bêtise d’une gamine de 9 ans, Mira. Durant l’hiver 1954, dans la petite ville tchèque de Meziříčí, la fillette, volontiers frondeuse, fait le pari avec des amis de monter sur un bloc de glace descendant la rivière. Mira en sort trempée et, évidemment punie par ses parents. Sa mère Rosa la prive de dessert. Cela va avoir des conséquences inattendues dans une famille soudée mais marquée par la présence régulière de la tante Hana, une femme murée dans un silence mystérieux et dont on ne sait presque rien. Quelques semaines plus tard, Mira et Hana vont finir par se côtoyer et briser le mur qui les sépare. Mira égéenne les années qui la construit en tant que jeune femme dans cette Tchécoslovaquie communiste où les études, le travail et les relations à deux ne vont pas de soi. Avec une Hana devenue très proche d'elle, et dont les secrets finissent par se dévoiler.
Livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire
Le roman Hana est partagé en trois parties : la première, écrit à la première personne, suit les jeunes années de Mira, avec sa bêtise originelles aux puissantes répercussions. Suit, à la troisième personne – un récit écrit par Mira –, l’histoire familiale de sa grand-mère, de sa mère et de sa tante Hana, dans une Tchécoslovaquie regardant d’un œil inquiet les menaces allemandes, avant de subir les méfaits de l’occupation et les persécutions contre les Juifs. Le roman devient histoire familial puis récit sur la plus importante tragédie humaine de notre histoire. Mira s'interroge sur cette mémoire tue : "Mais si j'avais alors fait un peu plus attention et si j'avais posé quelques questions sur les destinées que recouvraient les noms gravés en lettres dorées sur les pierres tombales, il me serait beaucoup plus facile, à présent, de recomposer à l'aide de milliers de souvenirs fragmentaires les événements ayant précédé ma naissance".
La troisième partie relate le parcours d’Hana, le personnage qui est au cœur du roman d’ Alena Mornštajnová, qui nous entraîne dans les camps de Therensienstadt puis d’Auschwitz.
Ce livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire, est une des belles surprises de cette rentrée littéraire. Et l’on n’est pas surpris qu’outre une adaptation théâtrale, une version cinéma devrait sortir prochainement sur grand écran.