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white rabbit prod

  • Terribles filles rêveuses

    Il y a de quoi être décontenancé par l’art de Kazuhiro Hori, à l’univers fantasmagorique pouvant égratigner notre sensibilité, grâce à un  esthétisme aussi brillant que volontiers provocateur.

    Les éditions White Rabbit Prod ont eu la bonne idée de sortir The Art of Kazuhiro Hori la première monographie en français de cet artiste japonais né en 1969. Nicolas Le Bault propose une préface en français, en anglais et en japonais pour conduire le lecteur à décrypter une iconographie faussement académique mêlant adolescentes allongées, peluches a priori rassurantes, sucreries et personnages inquiétants.

    "Ses images peintes à l’acrylique, d’une technique hors du commun, (…) témoignent d’une formation picturale académique très avancée mise au service d’une pensée profondément originale et d’un univers personnel authentique", commente Nicolas Le Bault en préface. 

    Dans une facture classique, Kazuhiro Hori met en scène des jeunes adolescentes en tenue de collégienne ou de lycéennes, souvent allongées. Ce sont des figures symboliques de l’innocence et de l’enfance que veut représenter l’artiste japonais. Innocence car ces filles à peine pubères vivent au milieu d’un décor peuplé d’ours en peluche de jouets, de confiseries, de fleurs, avec l’omniprésence du rose.

    Scènes de cauchemars

    Ce sont des scènes de cauchemars que donne à voir Kazuhiro Hori, avec des apparitions où la mort omniprésente avance masquée. Le spectateur sera autant frappé par ces peluches agressives ou ces squelettes en rose que par un jouet en forme de pistolet qu’une jeune fille dirige contre sa tempe.  

    La violence est omniprésente dans ces saynètes surréalistes, mais c’est une violence onirique ressemblant à un mauvais rêve : un ourson dégoulinant de sang, un serpent en peluche s’enroulant autour des jambes d’une gamine ou des sucettes utilisées comme armes.

    L’humour de Kazuhiro Hori est grinçant. Mais l’artiste entend aussi transmettre un message altruiste : "Je travaille dans une école d’art fréquentée par des filles de 18 à 20 ans. Donc, de mon point de vue en tant qu’homme, il semble que ces filles vivent dans un  monde coloré et insouciant de jeunesse et de plaisir… Mais la vérité est qu’elle qu’elles éprouvent beaucoup d’inquiétude et d’anxiété. Un vague sentiment de malaise face à l’avenir les attend. Et malheureusement, leur monde de rêve va être remplacé par la cruauté de la société réelle".  

    The Art of Kazuhiro Hori, préface de Nicolas Le Bault,
    éd. White Rabbit Prod, 2022, 62 p.

    https://www.facebook.com/chardinchardin
    https://www.instagram.com/chardinchardin
    @chardin07596751
    https://www.whiterabbitprod.com/product/the-art-of-kazuhiro-hori

    Voir aussi : "Rêves violents

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  • Conte cruel

    The White Rabbit Prod se présente comme une vraie aventure éditoriale et artistique, imaginée et conduite par Nicolas Le Bault. C’est seul qu’il a conçu ce nouveau livre, le premier volet d’une bande dessinée, La Dimension perdue.

    On retrouve la patte de Nicolas Le Bault : dessins naïfs, vignettes colorées, visages expressifs, symboles sexuels omniprésents. Une grande importance est laissée au texte et aux mots de la narratrice, Karine, vivant seule avec son père, un inquiétant homme seul depuis le départ de sa femme. Un autre personnage fait son apparition, Aurélia, la sœur de Karine, une adolescente qui a quitté la maison familiale que le père s’apprête d’ailleurs à vendre.

    Nicolas Le Bault construit œuvre après œuvre un univers unique, comme il le faisait dans le superbe et non moins inquiétant La Fille-Miroir. L’innocence perdue, l’enfance salie, l’inceste, la violence et les traumatismes constituent dès ce premier volet le cœur du récit sombre de Nicolas Le Bault. Le cycle qui commence promet de devenir une œuvre marquante.

    Il faut enfin signaler que les éditions White Rabbit Prod proposent une monographie consacrée au plasticien Eric Pougeau (Actes). Ce catalogue de synthèse est constitué de photographies, de travaux d’écriture, de collages et de dessins. Un  vrai "Théâtre de la Cruauté".

    Nicolas Le Bault, La Dimension perdue, #1, White Rabbit Prod, 2022, 32 p.
    https://whiterabbitprod.bigcartel.com
    http://www.nicolaslebault.com

    Voir aussi : "Visages de la peur"
    "Au-delà du miroir"

    © Nicolas Le Bault

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  • Conte de la folie ordinaire

    Quelques minutes suffisent pour lire cette Histoire du Rapt, bande dessinée que Nicolas Le Bault a conçu de A à Z. Nicolas Le Bault : cet artiste underground nous avait tapé dans l’œil avec son roman graphique inclassable La Fille-Miroir. Nous l’avions ensuite suivi dans le projet White Rabbit Dream, production collective mêlant dessins, photos et textes.

    Cette fois, c’est seul que Nicolas Le Bault a écrit et dessiné cette Histoire du Rapt, creusant un peu plus l’univers d’un artiste tourmentant ses personnages, avec une force cathartique qui n’appartient qu’à lui.

    Cette BD au format nouvelle s’apparente à un conte horrifique dans lequel l’enfance est la première victime. Il y a du David Lynch, du Sade, du Bukowski, du Tim Burton, mais aussi un peu de La Nuit du Chasseur dans cette histoire contant un secret d’adultes – bien qu’il ne soit que partiellement dévoilé – découvert par un garçon qui sera confronté à l’interdit mais aussi à la mort.

    Nicolas Le Bault a particulièrement soigné cette nouvelle dessinée, que ce soit dans le texte et dans le dessin. Sa patte est reconnaissable : personnages naïfs dessinés comme les poupées de notre enfance, visages expressionnistes bien trop joyeux pour être honnêtes, couleurs appuyées. L’univers enfantin n’est qu’un décor factice derrière lequel se cache l’odieux, la folie et l’inceste.

    Petit à petit, l’œuvre graphique de Nicolas Le Bault construit un univers terrible, poétique et passionnant à découvrir.

    Nicolas Le Bault, Histoire du Rapt, Pool of Years, White Rabbit Prod, 2019, 16 p.
    https://www.whiterabbitprod.com

    Voir aussi : "White Rabbit Dream, transgressif et sensible"

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