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Bla Bla Blog

  • Dans la ronde du blues-rock

    Place au rock, plus précisément au blues rock, avec le groupe Circle of Mud, de retour avec leur deuxième album Inside the circle.

    Dès le premier morceau, nommé le plus simplement du monde The Circle, les guitares font le show dans une ronde à la fois inquiétante et séduisante. Voilà qui nous met tout de suite dans l’ambiance d’un style intemporel, les pieds bien ancrés dans le sol poussiéreux du sud américain.

    Ce qui nous mène au deuxième morceau, Six Feet Under Ground, à la forte odeur de diesel et aux sons poussés bien hauts, comme si le groupe de Flo Bauer nous entraînait avec lui dans son vieux pick-up sur les routes entre la Louisiane et le Mississippi.

    Qu’on ne s’y trompe cependant pas. Le groupe Circle of Mud, tout entier tourné vers les racines du blues-rock américain, est bien français. Son jeune et charismatique leader, Flo Bauer, peut se targuer d’une participation à The Voice 3 et d’un Prix révélation Blues sur Seine. On peut saluer à la fois l’audace de ce nouvel opus confirmant tout le bien que l’on pense de Circle of Mud.

    Labourer les terres du blues

    Inside The Circle mord s’agrippe furieusement aux oreilles, à l’instar de Snake, l’un des meilleurs morceau de l’opus.
    L’auditeur sera pareillement séduit par le son pop-rock de Since You’re Gone, preuve que les quatre musiciens de Circle of Mud – Flo Bauer, Gino Monachello, Franck Bedez et Matthieu Zirn – ne se contentent pas de labourer les terres du blues, même s’il n’est jamais mis de côté par la bande à Flo Bauer (Perfect Kinf Of Guy).

    À l’écoute de cet album, impossible de ne pas avoir en tête l’influence de leurs brillants aînés ZZ Top. Les guitares accrochent, ronflent et "riffent" avec enthousiasme (Wrong, Deep Inside Of Me), portées par la voix de l’ex candidat de The Voice. Le blues se trouve au passage modernisé par des sons pop (Stop Praying, You’re Planning Me), permettant à un large public de se retrouver et de découvrir les attraits et la puissance du blues. Fédérateur : tel est l’objectif des quatre artistes, bien décidés à sortir le blues de sa zone de confort. Séduisant, comme le titre qui conclut l’album, Where We Belong.    

    Circle Of Mud, Inside The Circle, Dixiefrog, 2024
    https://www.circleofmud.fr
    https://www.facebook.com/CircleOfMud
    https://www.instagram.com/circleofmudmusic

    Voir aussi : "La Norvège, l’autre pays du blues"
    "Vivre malgré tout"

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  • Chanson pour Lya et autres voyages spatiaux

    Oubliez tout de suite Le Trône de Fer. Si George R.R. Martin est de retour sur Bla Bla Blog, c’est en raison d’une publication déjà ancienne d’ActuSF (2000), renfermant des nouvelles de SF – et non de Fantasy – encore plus anciennes (elles s’étalent de 1972 à 1978).

    Nightflyers, qui débute le recueil éponyme, commence par cet incipit d’une sacrée audace stylistique : "Dans les temps reculés, où l'on mettait en croix Jésus de Nazareth, le Volcryn se trouvait dans la Voie Lactée, à moins d'une année-lumière de la Terre. Mais quand, sur Terre, se déclenchèrent les nouvelles Guerres du Feu, le Volcryn faisait déjà route vers Poséidon et ses mers mortes". Cette première histoire intergalactique nous entraîne à la chasse d’êtres extra-terrestres aussi mystérieux qu’anciens. Un équipage de scientifiques est embarqué dans un vaisseau conduit par un capitaine bien mystérieux. Bientôt, un drame frappe une première fois. Pourquoi ? Cette nouvelle a fait l’objet d’une adaptation télé il y a déjà dix ans. 

    Si le recueil mériterait d’être republié, on le doit d’abord à la nouvelle qui clôt le recueil, Une chanson pour Lya

    Le moins que l’on puisse dire est que dans ces œuvres de jeunesse, George R.R. Martin s’est amusé à voyager dans des univers diamétralement opposées. Si l’on reste dans la hard SF avec le moins convainquant Ni les feux multicolores d’un anneau stellaire, l’auteur du Trône de fer se fait dystopique et critique acerbe du mal humain dans le formidable Week-end en zone de guerre.

    Revisite du western à la mode SF, Pour une poignée de volutoines s'intéresse, quant à lui, aux thèmes du chercheur d’or autant que du mythe du zombie. Immanquable.

    On sera sans doute plus sévère sur la nouvelle Sept fois, sept fois l’homme, jamais !, bien que l’histoire commençait bien, avec une colonisation humaine impitoyable et une peuplade sauvage bien trop paisible.

    Si le recueil mériterait d’être republié, on le doit surtout à la nouvelle qui clôt le recueil, Une chanson pour Lya. Nous partons sur les traces de deux humains aux talents de télépathe chargés d’étudier une planète sur laquelle des humains ont adopté une religion inquiétante et meurtrière. Robb et sa compagne Lyanna (Lya) enquêtent auprès d’autochtones ayant choisi de sacrifier peur vie pour une utopie les dépassant tous les deux.

    Preuve de son importance littéraire, Une chanson pour Lya a fait l’objet d’une réédition en 2013, le recueil portant son nom. 

    George R.R. Martin Nightflyers, éd. ActuSF, 392 p. 
    https://editions-actusf.fr/a/george-r-r-martin/nightflyers

    Voir aussi : "George RR Martin sur un Trône"

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  • Vers l’apaisement

    Digne d’une véritable BO pour film à grand spectacle, Mt. Mundame, le dernier opus du compositeur néerlandais Stephen Emmer s’écoute les yeux fermés. On prend sa respiration et on se laisse entraîner par ce voyage épique autant qu’intérieur (que l’on pense au second mouvement In search for meaning).

    L’opus a été écrit pour grand orchestre, défiant l’habitude de faire du contemporain minimaliste er vite ténébreux. Ici, tout est plus vaste (Belvedere’s exotic garden), comme si l’on se trouvait face à un panorama à couper le souffle, voire à un voyage intergalactique dans une bulle apaisante, bercée par un majestueux piano (Don’t force the path). Tout cela donne des morceaux d’une belle puissance expressive (Everyman’s journey). Il faut préciser que Stephe Emmer s’est entouré de beau monde pour sa création, que ce soit Anthony Weeden (Le Seigneur des anneaux : Les anneaux de pouvoir) ou Andrew Dudman (la trilogie du Seigneur des anneaux).

    Véritable BO pour film à grand spectacle

    Voyage musical et intime, écrivions-nous. En effet, Stephen Emmer a beau faire le choix de l’harmonie et de constructions mélodiques, il sait aussi se faire méditatif (The here and the now).

    Avec de tels moyens symphoniques (30 musiciens pour un album enregistré dans les prestigieux studios Abbey Road) Sphen Emmer aurait pu choisir la démesure. Il n’en est rien. La priorité est laissée à des morceaux brefs et denses (Expedition of the self), voire néoromantiques (Scotch Rose). L’auditeur trouvera dans cet opus ambitieux matière à se réconcilier avec une musique contemporaine aux fortes qualités sonores… et visuelles, que ce soit l’exotique et vibrant Personal Shangri-la, l’étrange Monsieur Chroche, l’inquiétant Imaginary Climbing ou le sombre Mirror of distraction.

    Mt. Mundame est présenté par son compositeur comme le fruit du dépassement d’une crise personnelle. La gravité est là, tout le long de l’opus, que ce soit dans les cordes et les percussions de Seven Storys, la ronde envoûtante de Travels of a young man ou le formidable dernier morceau, Reaching the peak, mélange de retenue et de majesté qui vient conclure en beauté ce formidable opus. 

    Stephen Emmer, Mt. Mundame, Electric Fairytale Recordings, 2024
    https://stephenemmer.com/audio/mt-mundane

    Voir aussi : "Caroline Leisegang ressort de l’ombre"

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  • Vivre malgré tout

    Un premier opus est souvent un autoportrait. Celui d’Axel Zimmermann, Exister, ne déroge pas à la règle. Dès les premières mesures, dans un morceau qui donne son titre à l’album, l’artiste s’y dévoile avec sincérité et dans un son pop-rock : "J’voudrais sentir ce que ça fait d’avoir le frisson de l’excès / D’avoir une vie, une vraie", Exister). L’impression d’étouffer dans une existence morne et grise trouve sa réponse dans l’extrait suivant, Justine, dans lequel Axel Zimmermann, sur un rythme envolé, se félicite d’être sous l’emprise d’une drogue planante et bien vivante : "Je suis comme sous morphine, / Je suis sûr, je suis sous Justine").

    Comment vivre vraiment sa vie ? C’est la question centrale de cet album. Axel Zimmermann interroge son propre art tout autant que la vanité de nos existences et le temps qui passe (Rien n’a changé). Le titre plus léger, l’estival et dansant Summer Santana, cache mal un album sobre et sombre, imaginé par l’ancien guitariste métalleux du groupe BlackRain. Le titre Buy n’Obey, l’un des meilleurs sans doute de l’opus, fait d’ailleurs la part belle aux riffs de gratte dans un morceau où le chanteur ne cache, là encore, ni son mal-être ni son amertume face aux faux-semblants, y compris dans les relations humaines et amoureuses ("Il faut se faire adopter pour avoir ton numéro / La seule chose qu’on te donne, c’est du mauvais porno").

    Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles

    L’auditeur sera sans doute attendri pas cette singulière page de tendresse qu’est La reine du Queen. Il y fait le portrait d’une artiste de la nuit, avec sincérité, sensibilité et sans cacher la noirceur de ces existences festives et nocturnes : "Elle n’est plus si fraîche, quant au petit matin / Elle retrouve un lit vide, personne pour lui tenir la main / Elle veut se persuader qu’elle s’est bien amusée / Elle finira quand même par pleurer dans son oreiller".

    "N’abandonne jamais tes rêves d’enfant", chante-t-il encore dans le très joli titre Mon père m’a dit qui est aussi un remerciement et un hommage à son paternel ("Je peux lui dire merci").

    Artiste sans fard et brut, Axel Zimmerman sait se dévoiler avec grâce, à l’instar du formidable Une fleur en hiver, une déclaration touchante à une femme partie mais que le chanteur ne veut pas oublier : "Mais moi, j’y croyais, à tes yeux clairs / Mais toi, tu te fanais, comme une fleur en hiver". Il y a aussi cet autre portrait tout autant attachant, celui de son enfant (Petit rubis).

    Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles, comme si la vanité du début de l’opus laissait place à l’essentiel : les proches, la famille et les êtres que l’on aime. Rien ne s’éternise, le dernier titre est d’ailleurs un autre portrait, celui d’un homme simple et ordinaire, le propre grand-père de l’artiste. Un dernier hommage en forme d’apaisement.  

    Axel Zimmerman, Exister, Single Bel, 2024
    https://www.facebook.com/AxelZimmermanMusic
    https://www.instagram.com/axelzimmermanmusic
    https://www.single-bel.com/axel-zimmerman
    https://push.fm/fl/u0kxzbme

    Voir aussi : "Vraies rencontres vraies"
    "Calmos !"

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  • Tout ira bien

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Tout ira bien. Il sera visible du 15 au 21 janvier 2025. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 21 janvier 2025 à 20H30.

    Angie et Pat vivent le parfait amour à Hong Kong depuis plus de 30 ans. Jamais l’une sans l’autre, leur duo est un pilier pour leurs parents et leurs amis.

    Au brusque décès de Pat, la place de Angie dans la famille se retrouve fortement remise en question...

    74ème Berlinale, Teddy Award section Panorama - 2024.

    Tout ira bien, drame chinois de chinois de Ray Yeung
    avec Patra Au, Maggie Li, Tai-Bo, 2024, 93 mn
    Titre original : All Shall Be Well
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1511
    https://www.nourfilms.com/cinema-independant/all-shall-be-well

    Voir aussi : "Ernest Cole photographe"

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  • Ernest Cole photographe

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Ernest Cole photographe. Il sera visible du 15 au 21 janvier 2025. Soirée débat à l’Alticiné le lundi 20 janvier 2025 à 20H30.

    Ernest Cole, photographe sud-africain, a été le premier à exposer au monde entier les horreurs de l’apartheid. Son livre House of Bondage, publié en 1967 alors qu’il n’avait que 27 ans, l’a conduit à s’exiler à New York et en Europe pour le reste de sa vie, sans jamais retrouver ses repères. Raoul Peck raconte ses errances, ses tourments d’artiste et sa colère au quotidien, face au silence ou la complicité du monde occidental devant les horreurs du régime de l’Apartheid. Il raconte aussi comment, en 2017, 60 000 négatifs de son travail sont découverts dans le coffre d’une banque suédoise.

    Œil d’or au festival de Cannes 2024.

    Ernest Cole photographe, documentaire américain de Raoul Peck, 2024, 106 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1510 
    https://www.condor-films.fr/film/ernest-cole-photographe

    Voir aussi : "No nos moverán"

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  • Vraies rencontres vraies

    Partons à la découverte d’Yves-Marie Bellot. Après Grand Plongeoir, il nous revient avec son nouvel album, Corps silex. On entre dans son univers en douceur. Sa chanson française se déploie avec une belle élégance et grâce à une facture acoustique de bon aloi.

    Yves-Marie Bellot, troubadour de notre temps, entend nous ouvrir les yeux sur notre époque et notre mal-être. Il y a un "problème" comme il le chante dans le premier titre de l’opus : "Ce n’est pas ta lenteur le problème mais tes incohérences". Il met en garde contre les pièges de notre société et à ses illusions ("Encore une dose, encore une dose, encore une dose…" (Le problème).

    Dans Joli songe, l’artiste s’interroge sur une rencontre et un amour inexplicable : "Serais-tu mon amour ou pas ? Je ne connais ni ton nom ni le son de ta voix". Là encore, c’est l’ultra-moderne solitude qui est coupable : l’incommunicabilité et l’écran tactile qui est pour beaucoup devenu l’unique moyen de rencontre ("Tes doigts glissent, soli songe, sur ton écran tactile, absorbée parce fil qui défile quand moi je t’envoie des signes", Joli songe).  

    Loin des artifices modernes, Yves-Marie Bellot entend revenir vers le cœur de l’humain : la rencontre, la tendresse, les souvenirs, la nostalgie et finalement l’amour (Nos plus beaux souvenirs).

    Le silex, cette matière peu noble mais néanmoins essentielle dans l’histoire de l’humanité, devient un symbole fort : les corps vivants, l’authenticité et finalement l’amour ("Laisser place au feu de nos deux corps silex").

    Filles "cabossées"

    Yves-Marie Bellot croit en l’aventure de l’amour, même pour ces filles "cabossées" et "légèrement abîmées" (le souriant titre Julie). Le risque sentimental, il faut le prendre et ne pas le regretter, comme il le chante dans la belle déclaration Collée contre moi : "C’est toi que je veux maintenant collée contre moi".

    C’est sur du rock blues que le chanteur doute d’un amour et parle d’une relation biaisée, pleine de non-dits douloureux. L’amant n’en est pas dupe : "Tout se sait, tout se sait, tout se sait, un jour ou l’autre. Je le sais, je le sais, je le sais, qu’il y en a un autre" (Tout se sait). Ses yeux sont ouverts sur une relation bientôt amenée à se dissoudre.

    Yves-Marie Bellot se fait sage et philosophe dans cet autre morceau, Sans peine pas de victoire. Oui, réussir est difficile malgré beaucoup d’efforts. À quoi bon ? Pour autant, pas de quoi désespérer, dit-il à son interlocuteur, "petit homme plein de courage" : "Attends encore. Laisse le temps changer le plombe en or".

    Du temps, il en fait aussi pour une histoire d’amour, la faire durer, y croire, continuer à se plaire. C’est le sujet du très joli titre Des nœuds. Il le répète en guise de conclusion : "Faire de notre mieux ce n’est pas assez si pour nous deux c’est pas s’parler et faire des nœuds qu’on ne dénouera jamais".

    Et si cela ne marche pas ? Dans Les étincelles éternelles, lucide, Yves-Marie Bellot fait le constat de la cruauté de "la fin d’un amour". L’artiste n’est pas dupe qu’il ne sert à rien d’écrire des poèmes, de beaux discours et mettre "les formes". Quand c’est mort, c’est mort.  

    Une fois parti, est-il possible de positiver ? Non, chante Yves-Marie Bellot, on a beau dire que "ça va aller", en réalité "je vois ce que je perds et seulement ce que je perds". Cruel et inconsolable.

    Comment passer l’orage après tout ça ? Dans le duo Après l’orage, Yves-Marie Bellot parle aussi bien des tourments de l’existence, des erreurs, de la solitude dans ces moments de défaite, mais aussi aux futures victoires et à la vie sans "nuages" après l’orage. Une jolie éclaircie pour terminer l’opus, en somme.     

    Yves-Marie Bellot, Corps silex, 2024
    https://yvesmariebellot.fr
    https://www.facebook.com/YvesmariebelloT.officiel
    https://www.instagram.com/yvesmariebellot

    Voir aussi : "Sucré, salé, amer"

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  • Sors de ma vie avant que je tue

    Notre hors-série consacrée à la romancière Karine Giebel débute avec un thriller sorti il y a cinq ans. Ce que tu as fait de moi est aujourd’hui disponible chez Pocket. Une belle occasion de découvrir une autrice aux récits rudes.

    Saluons pour commencer la facture de ce roman construit autour d’un double interrogatoire mené par la Police des Polices. Karine Giebel va à l’essentiel : les faits et rien que les faits, avec des dialogues, tour à tour du commandant de police Richard Ménainville et de la lieutenant Lætitia Graminsky.

    La jeune femme est arrivée peu de mois plus tôt dans le service des stupéfiants d’une ville dont nous ne connaissons qu'une initiale – L. Le lecteur ne sait que peu de choses lorsque le roman commence, sinon qu’il s’est passé un événement très grave que les deux protagonistes relatent avec précision, sans rien cacher. Les deux ne cachent pas que tout a débuté avec l’arrivée de la lieutenant Graminsky dans le service de Richard. Lors d’une opération, la policière commet une erreur qui met en danger son équipe. C’est le début d’un engrenage terrible et le point de départ d’une relation ambiguë avec son supérieur. 

    Engrenage terrible

    Efficace, Karine Giebel l’est indubitablement dans sa manière de trousser une histoire mêlant le crime, la passion, la manipulation et les faiblesses humaines. L’engrenage est mis en place dès les premières pages et l’arrivée de Lætitia dans un service qui décidera de ne rien lui laisser passer – si ce n’est un de ses collègues Damien qui, à un certain moment, servira de pion.  

    Hitchcockienne, Karine Giebel ne ménage pas ses personnages, réservant ses griffes les plus acérées à Richard, le commandant apprécié par ses subalternes, sûr de son pouvoir, père de famille et mari au-dessus de tout soupçon mais qui va bientôt perdre pied. Son N-1 et ami Olivier va lui servir à la fois de confident et complice, notamment dans l’une des scènes les plus déstabilisantes du roman.

    Un roman qui se déploie avec précision, ponctué par les questions des deux inspecteurs de la Police des Polices. Sorti en 2019, soit deux ans après le déclenchement de la révolution #Metoo, le livre de Karine Giebel trace le portrait d’une femme victime, prise dans un piège mêlant pouvoir masculin, séduction, passion amoureuse et emprise. Le résultat n’en sera que plus désastreux. 

    Karine Giebel, Ce que tu as fait de moi, éd. Belfond, 2019, 551 p., éd. Pocket, 2021, 648 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/ce-que-tu-as-fait-de-moi
    https://www.karinegiebel.fr
    https://www.facebook.com/Karine.Giebel
    https://www.instagram.com/karinegiebel

    Voir aussi : "Une disparue encombrante"
    "Début d’un hors-série Karine Giebel"

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