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Bla Bla Blog - Page 2

  • Bounty et le goût du paradis

    Dans la bibliographie de Jules Verne, Les Révoltés de la Bounty fait partie des œuvres rares. Il est vrai que cette histoire, tirée d’un fait divers datant de 1787, est une nouvelle de moins de 20 pages. Elle mérite pourtant d’être redécouverte, autant parce que la mutinerie de la Bounty est devenue légendaire – on lui doit d’ailleurs un film à grand succès en 1984, avec Mel Gibson et Anthony Hopkins dans les rôles titres – que parce que ce récit appartient à la légende de l’écrivain français.

    Aventure, île sauvage, héroïsme : voilà qui ne pouvait qu’intriguer Jules Verne. Il propose ici de coller au plus près de l’histoire, en se concentrant surtout sur le capitaine Bligh, victime de la mutinerie du Capitaine Fletcher, avant de suivre la vie des mutins et naufragés, dans une nouvelle au style moderne, presque journalistique. 

    Deux nouvelles écrites des deux côtés de la Manche

    Rien à voir avec Une Île de Lord Byron, écrit en 1832, soit près de cinq ans avant l’auteur du Tour du monde en 80 jours. Nous sommes en plein romantisme et l’idée de liberté et du "bon sauvage" prend tout son sens. Lord Byron propose une nouvelle en forme de chants poétiques. Le récit autour de Fletcher et Bligh fait bientôt place à un couple héroïque, la Tahitienne Neuha et le marin anglais naufragé Torquil.

    La langue est précieuse, parfois maniéré, mais le récit devient, à partir du Chant III un authentique récit d’aventure et d’action, avec par dessus le marché une histoire d’amour.

    Voilà deux nouvelles écrites des deux côtés de la Manche se complétant complètement dans cette édition de Librio et donnant envie de voir ou revoir le film de Roger Donaldson.    

    Jules Verne, Les Révoltés de la Bounty, suivi d'Une île de Lord Byron,
    éd. Flammarion, coll. Librio, 2013, 80 p.

    https://editions.flammarion.com/les-revoltes-de-la-bounty/9782290058480

    Voir aussi : "Pauvre homme"
    "Un classique des classiques"

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  • Liszt amoureux

    Si Beethoven a été le père fondateur du Romantisme et Schubert le jeune disciple surdoué, Liszt en a été le maître virtuose tout autant que le gardien du temple. 

    Titien Collard s’est lancé pour son premier album solo dans un programme exigeant, ambitieux mais aussi passionnant autour du compositeur hongrois. C'est le troisième mouvement des Harmonies poétiques et religieuses qui ouvre l’opus. Le romantisme européen n’a jamais aussi bien porté son nom que pour ces pièces composées en Ukraine au milieu du XIXe siècle et inspirées de poèmes de Lamartine. À l’époque, Franz Liszt file le parfait amour avec  la princesse Carolyne de Sayn-Wittgenstein qui fut sa compagne de 1847 à 1861.

    Titien Collard a choisi de jouer la deuxième pièce, Bénédiction de Dieu dans la solitude. Il s’en empare avec maîtrise et ce souffle romantique oscillant entre retenue, exaltation et religiosité. Liszt s’est inspiré de ces vers de Lamartine : "D’où me vient, ô mon Dieu, cette paix qui m’inonde ? / D’où me vient cette foi dont mon cœur surabonde ? / À moi qui tout à l’heure, incertain, agité, / Et sur les flots du doute à tout vent ballotté, / Cherchais le bien, le vrai, dans les rêves des sages, / Et la paix dans des cœurs retentissant d’orages ?", Solitude). On peut saluer l’audace de Titien Collard d’avoir choisi un programme romantique des plus exigeant et de s’en proposer une interprétation fluide, lumineuse et non sans puissance (Allegro energico).

    Pianiste expressivo, virtuoso e colorato

    L’enregistrement inclut la Sonate pour piano en si mineur S. 178. D’une très grande complexité – nous pourrions même employer le terme de "modernité" – cette sonate bouleverse les règles. Si Titien Collard la présente sous la forme classique de trois mouvements (Lento assai - Allegro energico, Andante sostenuto et Allegro energico), en réalité Liszt l’a imaginée d'un seul tenant. Cette pièce fait figure d’œuvre majeure dans la carrière du musicien hongrois comme dans le répertoire romantique. Tour à tour austère, exacerbée, sombre et méditative, la Sonate en si mineur s’écoute comme une construction architectonique et musicale ambitieuse à laquelle Titien Collard se frotte avec aplomb et justesse. "Œuvre gigantesque d’une seule cellule", selon les mots de Richard Strauss, cette pièce importante illustrant une période heureuse dans la vie amoureuse de Liszt invite à la méditation et au voyage intérieur (la partie Andante sostenuto).  

    Pour terminer cet album Liszt, Titien Collard a fait le choix de proposer les Consolations S. 172, également appelées Six pensées poétiques. Le court, gracieux et "tube" qu’est l’Andante con moto introduit les six pièces tout aussi romantiques (Un poco più mosso). L’auditeur retrouvera avec plaisir cet autre grand classique qu’est le mélodique et méditatif Lento, quasi recitativo que Titien Collard interprète avec une retenue bienvenue. La noirceur n’est pas absente dans ces Consolations que certains disent inspirés, de nouveau, d’un poème éponyme de Lamartine (Quasi Adagio). L’auditeur se laissera autant séduire par le délicat et subtile Andantino que par la simplicité de l’Allegretto sempre cantabile qui vient clore l’album d’un compositeur majeur du répertoire romantique. le tout interprété par un jeune pianiste expressivo, virtuoso e colorato

    Titien Collard (piano), Franz Liszt, Indésens Calliope, 2024
    https://indesenscalliope.com 
    https://www.facebook.com/people/Titien-Collard-Pianiste/100083719893138/

    Voir aussi : "Bowie, Paganini, Scarlatti et compagnie"

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  • Beurk ! Smack !

    Un film français inattendu pourrait bien décrocher un Oscar lors de la prochaine cérémonie de ce lundi 3 mars. Il s’agit de Beurk !, un court-métrage soutenu par la Région Centre-Val de Loire et Ciclic.

    Dans un camping, en pleine saison estivale, 5 enfants surprennent des adultes en train de s’embrasser. "Beurk !", "Dégoûtant !", "Dégueu !", "Ça devrait être interdit !" Sauf que le bisou reste aussi un mystère diablement attirant, même si ces gamins s’en défendent. Et il va arriver ce qui devait arriver…

    Sur une idée simple et a priori banale, Loïc Espuche propose un dessin animé adorable sur l’éveil de la sensualité et des émois chez les enfants. Le spectateur fond littéralement devant ce film d’un peu, plus de 12 minutes, avec quelques trouvailles, effets visuels et sonores bien vues. Et une mention spéciale pour les voix des doubleurs et doubleuses.

    Beurk ! est disponible sur la plateforme de France Télévision.
    Le court métrage est nommé en 2025 au César du Meilleur film de court métrage d'animation. 

    Beurk !, court-métrage français de Loïc Espuche,
    avec Noé Chabbat, Katell Varvat, Enzo Desmedt, Camille Bouisson,
    Hugo Chauvel, Roman Freud, Mattias Marcussy, Mokhtar Camara,
    Ikki Films / Iliade and Films, 2024, 12 mn

    https://www.france.tv/films/courts-metrages/6086735-beurk.html#about-section
    https://ciclic.fr/actualites/beurk

    Voir aussi : "42 heures pour un court : la 10e"

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  • La vengeance aux deux visages

    En 2016, Karine Giebel sortait De force, publié chez Belfond et aujourd’hui disponible chez Pocket.

    Ce thriller psychologique se déploie lentement. L’auteure a construit patiemment son intrigue comme une araignée tisse sa toile. La violence est là mais elle est latente, faite de menaces et d’angoisses, jusqu’aux cinquante dernières pages qui viennent tout exploser.

    Un soir, à Nice, Maud Reynier se fait agresser par un homme. La jeune femme est sauvée in extremis par un promeneur, Luc Garnier. Maud est la fille unique et choyée d’Armand Reynier, un chirurgien riche et respectée de la Côte d’Azur. En s’en prenant à la jeune femme, il apparaît bien vite qu’en réalité c’est le chirurgien au-dessus de tout soupçon qui est la cible véritable. Un courrier anonyme menace d’ailleurs Armand Reynier qui reprend contact avec Luc, el sauveur de sa fille chérie. Cela tombe bien, l'opportun bienfaiteur est garde du corps, en plus d'être séduisant. Il est recruté par le médecin pour protéger Maud. Bientôt, le jeune homme s’installe dans la demeure luxueuse des Reynier.

    Outre le père et la fille, vivent Charlotte, la seconde épouse d’ Armand Reynier, Amanda, la gouvernante et un jardinier. Le garde du corps découvre que de lourds secrets pèsent sur cette famille mais aussi une lourde menace. Pour ne rien arranger, le bodyguard ne laisse aucune des femmes de la maison indifférentes. 

    Secrets

    Un chirurgien riche et imbu de lui-même. Sa fille, une jeune femme paumée et accro. La deuxième femme du médecin prise au piège d’un mariage. Une gouvernante séduisante. Sans oublier un garde du corps ténébreux, sémillant et aux blessures certaines. Voilà les éléments de départ de ce pavé passionnant. Vous ajoutez à cela un sinistre maître chanteur et des disparu⸱e⸱s bien encombrantes.

    Karine Giebel se concentre sur les dialogues, nombreux et rendant vivants ce thriller. Les descriptions des lieux comme des personnages sont réduits à leur plus simple expression. Les lecteurs et lectrices – et elles sont nombreuses – regretteront sans doute les personnages bruts de décoffrage et parfois caricaturaux – le médecin bourgeois hautain, la pauvre fille riche et droguée, la bimbo séductrice et le beau gosse protecteur qui ne peut pas laisser insensible les trois femmes de la propriété niçoise.

    Le polar se termine en plein Vercors, dans un lieu sauvage où tous les secrets sont dévoilés, pour ne pas dire crachés. Un très bon polar. 

    Karine Giebel, De force, éd. Belfond, 2016, 528 p., éd. Pocket, 2017, 576 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/de-force/9782714459633
    https://www.karinegiebel.fr
    https://www.facebook.com/Karine.Giebel
    https://www.instagram.com/karinegiebel

    Voir aussi : "Sors de ma vie avant que je tue"
    "Karine Giebel, son œuvre"

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  • La Mer au loin

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film La Mer au loin. Il sera visible du 26 février au 4 mars 2025. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 4 mars à 20H30.

    Nour, 27 ans, a émigré clandestinement à Marseille. Avec ses amis, il vit de petits trafics et mène une vie marginale et festive… Mais sa rencontre avec Serge, un flic charismatique et imprévisible, et sa femme Noémie, va bouleverser son existence. De 1990 à 2000, Nour aime, vieillit et se raccroche à ses rêves.

    Prix spécial du jury à la Mostra de Venise 2024.

    La Mer au loin, drame français de Film français (février 2025, 01h57) de Saïd Hamich
    avec Ayoub Gretaa, avec Anna Mouglalis, Grégoire Colin, 2025, 117 mn

    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1523

    Voir aussi : "April"

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  • Électroband

    Tiens, cela faisait un bail que Bla Bla Blog ne s’était pas piqué de musique électronique. Opening, le dernier opus de LGMX nous en offre l’occasion. C’est de l’électro souriante pour ne pas dire joyeuse qui inaugure leur deuxième album (Time Traveller).

    LGMX c’est d’abord un groupe de fanfare électro bien décidé à marier deux styles musicaux opposés. Musique du monde et électros se disputent la vedette dans un joyeux foutraque (Gopnik Mazurka, Hexadecimal Night Fever).

    Jamais instruments traditionnels et machines n’ont fait aussi bon ménage

    On imagine les raves à la mode LGMX, à la fois dépaysantes et planantes (Trancelation, sic). Jamais instruments traditionnels et machines n’ont fait aussi bon ménage. Cela permet d’avoir des sons et des rythmes singuliers que la puissance des cuivres décuple.    

    Le collectif rhodanien ne démérite pas dans sa créativité et dans son refus de la facilité (le formidable et sérieux Earthquake), sans jamais abandonner ses rythmes irrésistibles. Cela donne des morceaux d’une grande efficacité (Ratio ou Kyushu).

    Cet album franchement emballant se termine avec Spiritual Healing, véritable à hymne à l’intelligence (humaine), à la culture et à la spiritualité. Bref, à la vie. 

    LGMX, Opening, Mediatone, 2024
    https://www.lgmx.fr 
    https://www.facebook.com/LGMXtechnofanfare
    https://www.instagram.com/_lgmx_

    Voir aussi : "3 est un chiffre impair"

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  • La Philosophie dans le boudoir

    sade,sexe,roman,pornographieLa Philosophie dans le boudoir se présente comme une suite de sept tableaux théâtraux mettant en scène l'éducation libertine d'une jeune fille, Eugénie. Madame de Saint-Ange, son frère le chevalier et monsieur Dolmancé se font les instructeurs  immoraux de l'adolescente dans une graduation sadienne de la perversion, jusqu'au supplice de Madame de Mistival, la propre mère d'Eugénie.

    Cette œuvre pornographique de Sade inclut également une réflexion philosophique sur la démocratie, la nature et le crime, à travers le texte Français, encore un effort, inséré à la fin du cinquième dialogue - de manière assez artificielle. Un texte dérangeant et scabreux à ne pas mettre entre toutes les mains.    

    Marquis de Sade, La Philosophie dans le boudoir, éd. Gallimard Folio, 272 p.
    https://confrerie2010.canalblog.com/archives/2013/04/01/26797163.html
    https://www.folio-lesite.fr/catalogue/la-philosophie-dans-le-boudoir/9782073013330

    Voir aussi : "3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories philosophiques"

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  • Quelques tangos avec Patricia Bonner

    Patricia Bonner est de retour avec Chronicles of Time, un nouvel album qui lui tient à cœur. La chanteuse a en effet choisi un projet musical qui allie jazz et tango. Pas la peine de dire que cet opus s’avère irrésistible. Saluons aussi le choix de Patricia Bonner de ne pas se contenter de reprises de standards. Elle a en effet choisi de retravailler avec Jean-Michel Proust pour des titre inédits.

    Dis te souviens-tu ? chante la jazzwoman dans un morceau au parfum doux-amer de nostalgie. On est dans l’esprit du tango, sans doute la plus belle danse qui soit, alliant sensualité, amour et tristesse, le tout enveloppé dans la grâce et je ne sais quoi d’effronterie. On aime cette manière dont Patricia Bonner, avec le soutien de Jean-Michel Proust, se fond avec bonheur dans une ce répertoire renouvelé. Il y a cette déclaration d’un amour presque insolent ("No sientes que soy infeliz ?", Palabras). Elle se fait poétique et romantique, toujours en espagnol, dans Soy et Verano.  

    Retour à la chanson française avec Je m’aime. Cette fois, c’est Gilberto Gil qui semble s’être penché au-dessus de l’épaule de Bonner et Proust. Certains parlerons de jazz easy-listening. Préférons plutôt parler d’un titre à la facture sixty, souriant et invitant à l’amour dans la plus romantique des villes. Au jeu des références, on s’amusera à retrouver Michel Legrand dans le virevoltant et romantique La chanson des troubadours ("Dans l’tourbillon de la vie, de l’amour / Y’a celui qui aimera pour toujours / Qui fera de ses nuits, de ses jours / Son soleil à lui, ses plus beaux jours") et même dans le titre anglais, sixties et sexy, Foolish Dream.

    Sixties et sexy

    Patricia Bonner sait tout faire : crooneuse en anglais (Memories, le formidable et jazzy Anita), jazzwoman semblant évoluer avec légèreté dans un caveau de Saint-Germain-des-Prés (Da Capo) ou avec le même plaisir dans un club new-yorkais (It’s A Good Day, No Rush), sachant être plus grave et engagée (Stay On Line, sur un rythme militaire).

    Le tango n’est jamais très loin. Dans It’s A Spring, la chanteuse le marie avec l’anglais, ce qui lui donne une légèreté singulière et un air de comédie musicale.

    Smooth à souhait, Cette larme à l’instant entend bien laisser une place au choix à la chanson jazz. La tristesse se fait paradoxalement séduisante car elle invite à vivre et à retenir ses larmes ("Est-ce la rosée du matin / Sur ma joue qui fait que d’un coup / Je me sens bien"). La liberté, "les yeux d’un enfant", les voyages, les rêves et un "baisé volé sur la joue" : Patricia Bonner préfère chanter la vie, l’amour et "le retour du printemps".

    Album jazz coloré et souriant, ces "chroniques d’un temps" entendent faire du jazz la meilleure musique feel-good qui soit.

    Patricia Bonner, Chronicles of Time : Tango, Jazz & Beyond, Teranga Production, 2024
    https://www.patriciabonner.com
    https://www.facebook.com/ILikePatriciaBonner

    Voir aussi : "Pas de réserve pour Paris Orly"
    "Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary"
    "Chaud, fort et bon"

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