Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : jazz

  • Fatbabs, avec tout son amour

    Au fil des années et des rencontres, Fatbabs a multiplié les collaborations et produit des instrumentales pour entre autres Vanzo (Jamaïque), MC Kaur (Inde), Volodia (France), ou encore Balik (France). Le beatmaker ne se distingue pas que dans le reggae, et c’est bien là sa force. Il remporte en 2017 le contest de remix organisé par Wax Tailor grâce auquel il figure sur l’album By Any Remix Necessary. Fatbabs revient en ce moment avec son nouvel EP, Daily Jam – Aimer.

    "On A Daily" bouscule d’emblée l’auditeur avec son instrumental intense, suave et coloré, mélange de funk, de soul, de sons hip-hop et d’électro.  "Daddy’s Home" lorgne, lui, du côté de la Jamaïque dans un morceau rempli de nostalgie, en featuring avec Cellz. 

    Culotté et généreux

    Reggae encore avec "Where Do We Go", pour lequel Fatbabs s’est adjoint la collaboration de Naâman pour un morceau tout en harmonie et en tension, avec d’élégantes trouvailles sonores.

    Les amoureux du rap américain se régaleront de leur côté avec "Out Deh". Le flow de Tripl3 y est irrésistible, tout comme les apports des rythmiques et de l’électro.  

    Culotté et généreux, Fatbabs l’est assurément, ne serait-ce que dans sa manière d’inventer une nouvelle manière de faire de l’urbain et de rester sur une corde raide, entre hip hop, trip hop, reggae et électronique.

    L’EP se termine avec "Aimer" qui donne le sous-titre à l’opus. Le délicat morceau s’écoute comme une déclaration d’amour à écouter les yeux fermés. L’apport de cuivre donne au titre une texture chaleureuse, tout cela avec un son et une rythmique mêlant trip hop, reggae et jazz.  

    Tout simplement ébouriffant, généreux et chaleureux.

    Fatbabs, Daily Jam – Aimer, Big Scoop Records, EP, 2022
    https://www.facebook.com/fatbabsbigscooprecord
    https://www.instagram.com/fatbabs_beatz

    Voir aussi : "Fatbabs, Demi-Portion, Miscellaneous et compagnie"
    "Un bock party de Radio Kaizman"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Jordane Tumarinson en terre inconnue

    L’écoute de Terra Incognita, le troisième album de Jordane Tumarinson frappe d’emblée : mais d’où vient cet opus et de quel univers ? Classique, jaz, pop ou contemporain ? Sans doute tout à la fois pour ce compositeur français aussi bien nourri par Chopin que par Pink Floyd. Que Jordane Tumarinson sorte des sentiers battus est un euphémisme, et c’est même ce qui fait son côté singulier. Pianiste de formation classique nourri au rock psychédélique, Jordane Tumarinson propose, avec son nouvel opus sorti sur toutes les plateformes il y a quelques jours, un voyage dépaysant à travers douze titres sonnant comme des invitations : Explore, Découvre, Savoure, Patiente, Songe, Traverse, Partage ou Aime.

    Son premier album, Capricorne (2018), a remporté un concours de composition ce qui lui a permis d’être labellisé par Blue Spiral Records pour un deuxième album, L’Envol (janvier 2019).

    Un artiste déjà très actif donc, proposant avec Terra incognita un album porté uniquement par un piano aux infinies variations, voyageant dans des contrées musicales classiques, pop et contemporaines.

    Une véritable bande originale dont il ne manquerait plus que les images

    Une grande cohésion unit les douze plages de ce qui pourrait s'apparenter à une véritable bande originale dont il ne manquerait plus que les images, à l’instar de Récolte ou d’Ose. Compositeur néoclassique et revendiquant son goût pour la musique de film, Jordane Tumarinson peut aussi se situer dans la continuité des répétitifs américains, marchant autant sur les pas de Steve Reich que d’Eric Satie. Les notes savent se détacher, tour à tour harassées, légères ou virevoltantes (Explore).

    Le musicien célèbre à sa manière la lenteur et la grâce d’un bonheur et d’un plaisir que l’on sait évanescent à l’instar de Savour ou de Patiente. Ce morceau est bien entendu une invitation à la lenteur. Mais il n’est pas non plus absurde de lire derrière Patiente une réminiscence du passé de Jordane Tumarinson puisque l’homme exerce aussi dans le milieu médical, dans l’ostéopathie et l’acupuncture, entre cabinets médicaux et salles d’attentes.

    Pour Songe, le musicien se fait lisztien, revendiquant par là-même ses influences classiques. Ce titre est contrebalancé par Traverse renvoyant aussi bien courant répétitif américain qu’au jazz.

    Jordane Tumarinson, libre de toute ornière musicale, propose une œuvre déjà singulière que les amateurs et professionnels de musique, comme les réalisateurs en mal de BO, feraient bien de découvrir de toute urgence.

    Jordane Tumarinson, Terra Incognita, 2019, sur toutes les plateformes
    https://www.tumarinson-composer.com

    Voir aussi : "Cinquante nuances de spleen"

    Soutenez Bla Bla Blog et tenez-vous informés des derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Chloé Lacan et son ménage à trois

    background-photos1.jpgUn soir de concert à l'Olympia des Eagles of Death Metal et de match de Champion's League, j'avais rendez-vous à Bobino avec Chloé Lacan. La chanteuse se produisait dans son spectacle Ménage à Trois, créé en 2014 avec ses deux complices Nicolas Cloche et Brice Perda.

    C'est dans un joyeux bazar sur scène que l'artiste, en tournée nationale jusqu'au 30 juillet 2016, nous emmène dans son univers, savant mélange de musique, de théâtre, de poésie et de scénettes de la vie quotidienne.

    Dans un show tonitruant, au cours duquel Chloé Lacan et ses deux camarades se donnent sans compter, la chanteuse offre au public un répertoire balançant entre air swing (Byzance), ballade sombre (Noces Funèbres), jazz manouche (La Pêche au Bonheur), valse musette, air de cabaret (La Tremblouille), rythme latino américain (Va) ou chanson mélancolique (Nouveau Départ), sans oublier un hommage à Nina Simone et un morceau italien adapté en créole par Nelson-Rafaell Madel. Tout cela est enveloppé dans de l'humour omniprésent où le public est invité à réagir et participer – y compris à la clôture du spectacle lorsqu'il est prié de quitter la salle en musique !

    Il n'est pas anodin de dire que cette richesse musicale est servie sur un plateau par trois artistes sur scène, jonglant avec des instruments aussi divers que l'accordéon, le piano, les percussions, l’ukulélé, le saxhorn ou le glokenspiel. Chloé Lacan s'amuse et joue avec ses complices Nicolas Cloche et Brice Perda qui s'avèrent bien plus que de simples accompagnateurs : ce sont de vrais chanteurs, comédiens et showmen. Et puis, il y a la voix de Chloé Lacan, un timbre de velours, caressant et fragile. Il y a sans nul doute du Barbara lorsqu'elle interprète, hiératique et poignante, Noces Funèbres, un chant d'amour baudelairien (ou gainsbourien, si l'on pense à La Noyée) pour un amant disparu : "Et au lit de la rivière / Tu dois m'emmener / Mon bel amant funèbre / Et on s'y couchera / En ne laissant qu'un soupir / Près de la cheminée / Où le feu s'éteindra."

    Voilà d'ailleurs ce qui est la trame de Ménage à Trois : des histoires, tour à tour drôles, mélancoliques, poétiques, sombres, engagées ou cruelles. Il est question, dans ce spectacle enlevé, de la vie à deux "après l'amour" (Ménage à Trois), de la recherche du bonheur (La Pêche au Bonheur), du temps qui passe, du quotidien cruel... ou des passes sur les parkings des supermarchés (Byzance). Parmi les joyaux de ce spectacle figure Nouveau Départ contant le voyage bouleversant d'une mère célibataire avec son fils, à la recherche d'un monde meilleur : "Je le connais ce regard -là / Tu fais le même à chaque fois / Que maman s'en va de travers / Et que les ennuis lui tournent autour / Mais on va jouer, moineau / Et s'inventer des tours".

    Ménage à Trois est un authentique rendez-vous vital, dans un show collectif envoûtant, enlevé et séduisant. Follement séduisant.

    Chloé Lacan, Ménage à Trois,
    en tournée dans toute la France jusqu'au 30 juillet 2016

    http://www.chloelacan.fr
    Page Facebook de Chloé Lacan

  • Valentina, Martina, Sara, Maria, Eva et les autres

    robin bouchet,roman,romeL’amour est une aventure et une énigme. C’est ainsi que pourrait se résumer en quelques mots la démarche de Robin Bouchet pour son premier roman, Valentina (et autres prénoms en -a), paru chez Hugues Facorat éditions.

    Pierre Noret, le narrateur, un jeune homme désargenté et surtout paumé, choisit de changer d’air à Rome, autant pour fuir quelques jours la vie parisienne à pas cher (il est logé par une bonne copine qui a accepté de l’héberger) que pour vérifier la "théorie selon laquelle les Italiennes étaient des femmes magnifiques." Voilà donc notre Français déambulant parfois dans les lieux touristiques de la capitale italienne et traînant surtout dans des bars romains. Un soir, il croise une jeune femme "stupéfiante et envoûtante, l’idéal féminin." Il hésite à l’aborder ("J’étais paralysé de terreur devant tant de beauté") et est à deux doigts de l’inviter à prendre un verre. Il la recroise le lendemain dans le même bar, puis la perd de vue. Il parvient cependant à trouver son prénom – Valentina – et à transmettre son numéro de téléphone à des amies. Mais Pierre est mû par une obsession qui constituera le cœur de son périple italien. Il doit revoir Valentina : "Je devais la retrouver pour pouvoir être certain de ce que je ressentais… J’avais l’impression d’être pris au piège." La recherche de ce grand amour conduit le narrateur jusqu’à Naples et à Pompéi, à la recherche de cette femme et lui permettant aussi d'en rencontrer d'autres.

    Polar américain à la Raymond Chandler

    Sur une intrigue aussi tenue, Robin Bouchet, malin et trempé d’un solide humour, a choisi de raconter cette histoire à la manière d’un polar américain à la Raymond Chandler. Rien ne manque : un narrateur désabusé et caustique, des jolies poupées, de l’alcool, du tabac, des lieux interlopes, et sans oublier une machine à écrire Remington, utilisée par l’auteur pour écrire son récit dans une jolie mise en abîme. Par contre, ce n’est pas le jazz qui est choisi en guise de BO mais du rock : AC/DC (Hell Ain't a Bad Place to Be), Led Zeppelin (Over The Hills And Far Away), Queens of the Stone Age (You Think I Ain't Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire), The Doors (Break On Through To the Other Side), Warren Zevon (Life'll Kill Ya) ou Pink Floyd (GoodBye Blue Sky et Coming Back to Life).

    Ce roman grinçant, mélancolique et traversé par des éclairs lumineux, se termine par une fin singulière : l’insaisissable Valentina se révélera sous des traits inattendus, après un voyage italien en forme de un fiasco sentimental. Peut-être l’auteur a-t-il d'ailleurs eu cette citation de Charles Bukowski en écrivant son roman : "J’ai regardé le garçon. Il avait les larmes aux yeux. Tremblait de tous ses membres. Il était amoureux, le pauvre diable."

    Robin Bouchet, Valentina (et autres prénoms en -a),
    éd. Hugues Facorat, 2018, 128 p.

    Page Facebook de Robin Bouchet

    Voir aussi : "Ivre de vers et d’alcool"

    "On s’était dit rendez-vous dans vingt ans"

    "Dans les archives de Philippe Manœuvre"

    © Julia Tasca

  • La Sacem fête la musique tout de même

    Triste année pour la culture en général et la musique en particulier.

    Alors que la crise frappe de plein fouet le secteur de la musique, le Conseil d’administration de la Sacem a fait le choix, dès le mois de mai dernier, d’annuler sa traditionnelle cérémonie des Grands Prix Sacem, afin d’attribuer ce budget à son fonds de secours pour les auteurs, compositeurs et éditeurs. Il a néanmoins tenu à maintenir symboliquement un palmarès pour honorer le talent de toutes celles et ceux qui font vivre la création.

    Ce sont 18 lauréats qui sont récompensés cette année. Privés de scène, ils ont accepté cette récompense de la part de leurs pairs et portent, à cette occasion, la voix des auteurs, des compositeurs, des éditeurs, des auteurs réalisateurs et auteurs de l’humour, dans les cinq épisodes d’une web-série réalisée pour l’occasion. Leurs témoignages au cœur d’une crise sans précédent révèlent à la fois leurs inquiétudes et leurs espoirs pour la musique et la création.

    La Sacem a dévoilé aujourd’hui ses lauréats pour cette année si particulière. Les voici :

    Grand Prix du jazz : Thomas Enhco
    Grand Prix des musiques du monde : Oumou Sangare
    Grand Prix des musiques urbaines : Suprême NTM – JoeyStarr et Kool Shen
    Grand Prix des musiques électroniques : Rone
    Grand Prix de la musique pour l’image : Jorge Arriagada
    Grand Prix de l’auteur-réalisateur de l’audiovisuel : Marion Sarrault
    Grand Prix de la musique classique contemporaine (jeune compositeur) : Olivier Calmel
    Grand Prix de la musique classique contemporaine (carrière) : Régis Campo
    Grand Prix du répertoire jeune public : Tartine Reverdy
    Grand Prix de l’humour : Alain Bernard
    Grand Prix de l’édition musicale : Budde Music France – Cécile Bernier
    Grand Prix du répertoire Sacem à l’export : Aya Nakamura
    Prix Rolf Marbot de la chanson de l’année : "À nos héros du quotidien" de Soprano et Florian Rossi (éditeurs : Aquila Publishing, Big5 Publishing, Warner Chappel Music France)
    Prix Francis Lemarque de la révélation : Pomme
    Grand Prix de la chanson française (créateur-interprète) : Philippe Katerine
    Grand Prix de la chanson française (créateur) : Jérôme Attal
    Prix Spécial de la Sacem : Maxime Le Forestier
    Prix de l’œuvre internationale de l’année : "Bad Guy" de Billie Eilish, (auteurs/compositeurs : Finneas Baird O’Connell et Billie  Eilish, éditeurs : Universal Music Publishing/ Kobalt Music Publishing)
    Grand Prix de la SDRM : "Djadja" d’Aya Nakamura (Alois Zandry, Machynist et Some1ne, éditeurs : Universal Music Publishing, Perspective Production et Warner Chappell Music France).

    Le palmarès des Grands Prix Sacem entend afficher son soutien à la #SceneFrancaise, à l’arrêt depuis près de 9 mois.

    https://www.sacem.fr

    Voir aussi : "Ma Pomme"
    "Billie Eilish est-elle une bad girl ?"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

    Suivez aussi Arsène K. sur Twitter et Facebook

  • Chaud, fort et bon

    Et si Haylen était la future grande voix de la soul ? Cette question très sérieuse mérite d’être posée après l’écoute de son premier EP, Out Of Line, sorti il y a un an et que je ne découvre qu’aujourd’hui. Mais mieux vaut tard que jamais, pas vrai ?

    Les cinq titres de son opus, d’une belle homogénéité et faisant se rencontrer pop, rock, jazz et soul, marquent sans doute la naissance d’une vraie crooneuse.

    Le sens du spectacle, la chanteuse et guitariste parisienne l’a, sans aucun doute : meneuse de revue au Crazy Horse, Haylen a également arpenté la scène de l’American Tours, nous apprend le magazine Rolling Stones dans son numéro de septembre 2019, sans compter un passage par The Voice en 2016.

    Mais revenons à ce premier EP, qui est à sa manière un hymne à la beauté et à l’amour. La voix veloutée de la chanteuse délivre une pop rock langoureuse et chaleureuse (Don’t Give Up). Dans ce mini album, en anglais pour l'essentiel, Haylen propose ausi un titre en français, Encore Une Nuit, délicat et mélancolique chant d’amour : "Encore une nuit / Qui ne t'invente pas / Encore une nuit / Seule Dans ce grand lit froid / Les larmes ont séchées sur mon visage / Depuis ce dernier baiser trop sage / Cette histoire dissimulé / Vaut le coup de doux moment comme captivé / Enivré dans la chaleur de tes bras / Ceux qui me seraient fort ce matin là."

    Le funk langoureux de Little Star est porté par une voix qui vient s’épanouir dans des volutes. Plus érotique encore, Out Of Line, qui donne le nom à l’EP d’Haylen, se déplie avec des accents de danse nuptiale, sur des sons débarrassés de tout artifice, comme si la musique se mettait à nu elle aussi : "All alone one more time / On my own with a broken heart / Tears sweaping the boulevard / Lord hear me I'm praying the stars / Everytime I walk out of line / Out of line."

    Si le slow pouvait revenir hanter les pistes de danse et rapprocher enfin les corps, c’est sans doute sur cet album d’Haylen que l’on jetterait son dévolu, et en particulier sur le dernier titre, Good Things. Chaud, fort et bon ! : "You can call me a dreamer / But no one can stop me tonight / in this world so strange / We all have to play the same game / And I can't imagine what it would be / A place without darkness and misery."

    Violon, guitare, saxo et voix puissante : rien de trop pour faire de la chanteuse anglaise une passionnante crooneuse à suivre avec passion.

    Haylen, Out Of Line, BackBeat Records, 2018
    https://haylenofficiel.bandcamp.com/releases
    https://www.facebook.com/haylenofficiel

    Voir aussi : "Comme un air de Motown"

    Soutenez Bla Bla Blog et tenez-vous informés des derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Comme un grand océan de rock

    MASSTØ, c’est trois garçons : Thomas Orlent au chant et à la guitare, Timothée Poncelet aux percussions et Matthias Colombel à la basse. Une formation resserrée donc pour un premier EP en forme d’appel d’air. À vrai dire il souffle sur leur premier opus, Āpi, un grand vent de large. Celui du rock précisément, que ce soit "Misery", "Black Snake" ou "I’m Not Your Man Anymore".

    Les trois musiciens français revendiquent leurs influences de l’autre côté de l’Atlantique : rock, blues et jazz. Prenez par exemple "Ocean". Ce titre pop et rock à la coolitude indéniable n’est pas sans renvoyer aux sons propres des années 80 que le Sting de Police n’aurait pas renié.

    Guitares, batterie et voix sont utilisées avec une belle sincérité, sans l’utilisation de machines, d’ordinateurs ou de boites à rythme. "Nous sommes au carrefour du blues, de la soul, du rock et de la folk, sans trop savoir à qui vendre notre âme…", ont-ils expliqué en interview.

    La voix de Thomas Orlent s’impose avec audace dans un EP aux couleurs yankees

    "Woman" a même cette facture plus blues que pop-rock, avec un accent de gospel prononcé. Le trio commente ainsi ce chant amoureux :  "Quand l'amour rend aveugle jusqu'au plus profond des entrailles. Quand le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. S'échapper reste une solution. Mais lorsque les pensées dansent avec les démons, l’âme reste cadenassée dans une prison".

    La voix de Thomas Orlent s’impose avec audace dans un EP aux couleurs yankees, à l’instar du blues "I’m Not Your Man Anymore". On trouve même du son et du rythme rockabilly dans "Misery". C’est ça, Āpi : de la belle mécanique, huilée et musclée à souhait, mais non sans noirceur, à l’instar du bien nommé "Black Snake".

    L’album propose pour conclure un live : le rock et soul "Baby’s Gone", sombre et déchiré, prouvant que nos trois amis sont aussi bons en studio qu’en public.      

    MASSTØ, Āpi, Take It Easy Agency, 2021
    https://www.facebook.com/MasstoProject
    https://www.instagram.com/officiel_massto
    https://massto.bandcamp.com/releases

    Voir aussi : "Pauline Croze a la solution"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Numéro un

    D’abord il y a cette voix, immédiatement envoûtante : puissante, rocailleuse et sensuelle. Julie Crouzillac, la chanteuse du duo Carré-Court, appartient déjà à la sphère des interprètes dont il ne reste plus grand-chose pour accéder au cercle restreint des grandes interprètes, à l’instar des Adele ou des Amy Winehouse. Car c’est bien ces deux artistes qui viennent à l’esprit dès la première écoute du premier EP de Carré-Court, N°1.

    Mais n’allons pas vite en besogne et arrêtons-nous sur ce premier mini-album, réédité ces derniers jours et qui donne l’occasion de découvrir un duo archidoué, créé en 2014, et qui s’est produit l’année suivante au Printemps de Bourges avant d’être remarqué par Les Inrocks.

    Dans un univers musical dominé par l’électro et le rap, celui de Carré-Court penche du côté de la soul, du blues, du jazz et du rock à la Elvis Presley. Grâce à ces influences, le duo d’artistes nous prend par la main pour un voyage entre Londres et New-York, période sixties.

    De prime abord il pourrait être question de nostalgie dans ce premier disque: voix chaude et jazzy, instruments acoustiques, style vintage revendiqué. Mais aucune reprise n’est à relever chez ce duo originaire du Limousin, si on omet toutefois la récente et convaincante adaptation Ace of Spaces... de Motörhead – un morceau absent toutefois absent de ce premier disque.

    Dans N°1, Émilien Gremeaux signe les quatre morceaux de cet EP qu’interprète la "so british" Julie Crouzillac, au look à la Bardot et comme sortie des caveaux enfumés de Chelsea, sous le regard de Nico, Twiggy ou Cliff Richard. Le style est là, assumé, jusqu’au bout des bottes : easy listening mais jamais nostalgique. Ce disque nous amène dans un univers à la fois rare et familier. La voix à la Amy Winehouse accroche l’oreille dès les premières notes du premier titre When Somebody Says. Plus pop, I Don’t Care s’appuie sur la richesse de timbre de la Julie Crouzillac pour un titre âpre et déchirant. Baby You Don’t Mind nous prend par la main, dans un rythme rock savoureux, interprété par une chanteuse à la puissance vocale rare. Mais Julie Crouzillac excelle surtout dans I Said, qui clôt ce premier disque de Carré-Court. Peu d’interprètes seraient capables de maintenir à ce niveau de densité un titre relevé, riche et épicé. Les chœurs, les arabesques mélodiques et les instruments acoustiques servent à merveille une chanteuse engagée dans ce rock 'n' roll passionné, sombre et envoûtant.

    N°1 sonne comme la naissance d'un duo et en particulier d'une chanteuse dont la carrière risque d'éclairer quelques années le monde musical. Ce premier EP est à découvrir et à réécouter : fascinant, électrisant mais aussi trop court.

    Carré-Court, N°1, Hoozlab, 2016
    http://carrecourt.com
    http://hoozlab.com/fr