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  • Sage et libre comme un poisson rouge

    chine,cailliau,lao-tseu,confuciusC’est à l’occidental que nous sommes que s’adresse Hesna Cailliau dans son court essai Le Paradoxe du Poisson rouge. L’auteure précise en début d’ouvrage que cet animal ne désigne pas le poisson que nous avons l’habitude de voir tourner dans un bocal mais la carpe koï, populaire en Chine, omniprésente dans les bassins et les rivières et d’autant plus respectée qu’elle a l’apparence d’un dragon, animal sacré.

    Mais quelles vertus a donc ce poisson rouge qui pourrait nous rapprocher d’une forme de sagesse ? Animal élevé et consommé, symbole de prospérité (poisson se dit chin-yu, littéralement "or" et "prospérité"), la carpe évoque également huit vertus menant à la réussite. À cela s’ajoute la couleur rouge, sensée éloigner les démons et symbole de vie et de force créatrice. Ce poisson rouge personnifie à merveille pour Hesna Cailliau la manière dont le Chinois pense et vit : "comme un poisson dans l’eau", il se meut sans difficulté même dans les mers les plus agitées. Il ondule entre les rochers et peut profiter des vagues porteuses.

    En huit chapitres (un chiffre symbolique, sensé porter chance dans la tradition chinoise, comme il est rappelé), Hesna Cailliau développe ce que sont ces huit vertus de la carpe koï, des vertus qui permettent de comprendre la culture et le mode de pensée chinois : ne se fixer aucun port (le refus de l’attachement à tel ou tel modèle) ; ne viser aucun but et s’adapter ("La carpe koï montre au Chinois que le chemin ne doit jamais être tracé d’avance") ; vivre dans l’instant présent ("Le futur est aléatoire, le passé est dépassé, la seule réalité est ici et maintenant" selon un principe énoncé par Bouddha) ; ignorer la ligne droite, adopter l’art de l’esquive, éviter l’affrontement et préférer la ligne de conduite du compromis (une très belle citation vient illustrer le chapitre qui est consacré à cette vertu : "L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finira en planches") ; se mouvoir avec aisance dans l’incertitude, ligne de conduite pour tracer soi-même son chemin ("Celui qui sait ce qui est bon pour les autres est un être dangereux") ; vivre en réseau à l’exemple des Chinois préférant la conscience collective à l’individu, un mode de vie qui va loin dans la transformation sociale et politique ("Le souverain est comparable à un bateau, le peuple à l’eau. C’est l’eau qui porte le bateau ou le fait chavirer") ; rester calme et serein ("Le plus beau jour de ma vie est lorsque mon âme n’est pas encombrée de pensées parasites" selon Lao-tseu) ; remonter à la source est la huitième de ces vertus, une vertu à la fois pédagogique et métaphysique ("L’homme n’est pas seulement fils de la Terre, mais aussi fils du Ciel" pour Confucius).

    Avec justesse et clarté , l’auteure nous fait entrer dans le cœur du mode de pensée d’une culture que nous connaissons bien mal, lorsque nous n’en pervertissons pas le sens. Le Paradoxe du Poisson rouge est à voir finalement moins comme un livre de développement personnel que comme un ouvrage servant de passerelle entre deux univers : le monde occidental d'une part, modelé par la Raison, l’individu et une philosophie de combat et la culture chinois d'autre part, multimillénaire invitant à l’adaptation permanente dans un monde agité, l’échange, le refus de l’attachement à une vérité immuable mais aussi la sérénité et l’altruisme.

    En illustrant ses propos de citations venues d’Asie mais aussi de textes religieux chrétiens et de philosophes occidentaux (Nietzsche, Edgar Morin ou Descartes), Hesna Cailliau invite le lecteur français non à renier sa culture mais regarder du côté d’une civilisation plus ancienne que la nôtre pour trouver des solutions aux crises qui secouent le monde et nos existences : se donner la possibilité d’observer et de changer loin d’un modèle pré-établi afin de pouvoir évoluer librement et se mouvoir.

    Pour citer l'auteure, il est sans doute utile de réveiller le Chinois qui sommeille en nous.

    Hesna Cailliau, Le Paradoxe du Poisson rouge (Une voie chinoise pour réussir),
    éd. Saint-Simon, 2015, 140 p.
    "Confucius, l'anti-Hegel"

  • Alice contre le temps

    Six ans avant Alice de l'autre Côté du Miroir, il avait été reproché à Tim Burton sa liberté avec l’œuvre de Lewis Caroll lorsque le cinéaste américain avait réalisé – mais aussi réécrit – Alice au Pays des Merveilles (2010) : actrice trop âgée pour le rôle, place trop importante laissée au Chapelier ou scénario puisant indifféremment dans Alice au Pays des Merveilles et… De l’autre Côté du Miroir.

    Or, ces critiques valent pour la suite de l’Alice de Burton, à ceci près que les auteurs (James Bobin à la réalisation et Linda Woolverton au scénario) n’ont pas cherché à piocher ici ou là les scènes adaptables chez Lewis Caroll mais ont imaginé une histoire originale pouvant se fondre dans l’univers de l’écrivain anglais.

    Dans Alice de l’autre Côté du Miroir, Les spectateurs retrouveront ainsi quelques personnages familiers, devenus légendaires : le chat de Cheschire, le lapin blanc, la reine rouge, Bonnet blanc et Blanc Bonnet et bien entendu Alice.

    Mia Wasikowska incarne de nouveau l’héroïne, devenue après la mort de son père la capitaine d’un vaisseau nommé fort opportunément Wonderland. La première scène du film – qui pourrait se lire comme un clin d’œil à la Chasse au Snark, une autre œuvre phare de Lewis Caroll – montre Alice en impétueuse navigatrice se sortant d’un mauvais pas en pleine mer. A son retour sur la terre ferme, elle doit affronter une épreuve bien plus redoutable : elle apprend que sa mère ruinée a vendu les parts financières de son mari et que le Wonderland devra être cédé. C’est une Alice désemparée qui est guidée vers un miroir merveilleux. En passant de l’autre côté du miroir, elle retrouve de vieilles connaissances, dont le Chapelier. Cloîtré chez lui, ce dernier est persuadé que toute sa famille, que l’on croyait disparue à jamais, est vivante. Est-ce possible ? Alice part à sa recherche et va devoir se battre contre le Temps pour dénouer le vrai du faux.

    Dans cet Alice, que Tim Burton a produit mais pas réalisé, le spectateur retrouve un pays merveilleux et familier. L’onirique et le fantastique sont omniprésents. À côté des personnages traditionnels joués par des actrices et acteurs qui respectent à la lettre le contrat (impeccable Helena Bonham Carter et Johnny Depp dans son rôle le plus emblématique), le bloggeur citera quelques jolies inventions : la mère d’Alice, le père du Chapelier mais surtout l’inoubliable Temps joué par Sacha Baron Cohen, prouvant l’immense talent de cet acteur rendu célèbre par Borat.

    Les admirateurs de Lewis Caroll pourront regretter que des aspects de son œuvre aient été occultées (le rêve, l’inversion, le travail sur le langage ou le nonsense). Il reste que la mission de cet Alice 2 est rempli : un grand film d’aventure, poétique et spectaculaire, avec un message féministe par dessus le marché.

    Alice de l'autre Côté du Miroir (Alice Through the Looking Glass),
    de James Bobin, avec Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter,
    Sacha Baron Cohen et Anne Hathaway, USA, 2016, 113 mn

  • Impressionnantes couleurs

    batho,monet,boudin,ardi-photographies,caen,kandinskiEt soudain, la couleur fut. En présentant, dans le cadre de Normandie Impressionniste, une rétrospective consacrée à John Batho, le Musée de Normandie et l’ARDI-Photographies rappellent que jusqu’aux années 60, la couleur est considérée comme n’avoir pas sa place dans la photographie d’art. À l’époque, la photographie couleur est dévolue à la sphère commerciale et réservée à la mode et à la publicité.

    Après 1968, plusieurs précurseurs de la photographie d’art en couleur entendent prouver que la couleur n’est pas "corruptrice" ni "vulgaire" (des accusations du photographe américain Walker Evans en 1969). John Batho fait partie des pionniers : il fait le choix de la couleur dans ses œuvres dès 1963 grâce à des prises de vues réalisées en Kodachrome : "La présence physique de la couleur, la joie qu’elle me procure est au cœur de mes préoccupations. La couleur participe de ce que je vois, j’ai donc photographié en tenant compte de sa présence dans l’épaisseur matérielle des choses." Il expose ses premiers travaux en 1977.

    Le festival Normandie Impressionniste propose de découvrir ou redécouvrir cet artiste généreux, à travers plusieurs séries, dont certaines inédites.

    batho,monet,boudin,ardi-photographies,caen,kandinskiSes premiers séries, "Normandie intime" (1962-1978), se situent aux antipodes de ses confrères américains. Là où Helen Levitt, Joel Meyerowitz ou William Eggleston (Memphis, 1969-1970) immortalisaient des scènes urbaines théâtrales, John Batho choisit, à l’instar des Impressionnistes du XIXe siècle, des sujets de la vie quotidienne et des moments ordinaires qui font, par là, la force documentaire de ses premiers travaux. Cette première série offre de touchants clichés intimes : le regard interrogateur de la fillette au papillon, l’étonnement du jeune enfant au pull-over rouge devant son reflet ou cet autre enfant fleuri et joyeux dans un paysage verdoyant de Normandie.

    Plusieurs œuvres de Batho déclinent des scènes intimes chères aux Impressionnistes : la jeune fille devant sa bande dessinée ne renvoie-elle pas aux scènes de lecture chez Renoir ? La lavandière observée en arrière plan par une fillette ne fait-elle pas penser à ces personnages de Degas ou de Manet ? Les natures mortes ou les paysages normands photographiés par Batho ne renvoient-ils pas à ces tableaux champêtres bretons de Boudin ?

    La série "Honfleur, couleur locale" (1967-1972) nous parle, bien plus que la précédente, d’une époque disparue. L’artiste immortalise des scènes de la vie quotidienne à Honfleur, à l’instar d’Eugène Boudin : bateaux de pêcheurs, vues du port normand et habitants saisis dans des moments ordinaires. Le spectateur revit un passé disparu à travers des détails plein de nostalgie, mais aussi d’humour : un enfant en culotte courte, une jeune femme et son enfant au landau, un troquet d’un autre âge que l’on croirait sorti d’un roman de Georges Simenon ou une charrette à cheval croisant un voyageur à la valise. Peintre de la couleur, John Batho magnifie les paysages gris, ternes et brumeux de ces scènes en mettant en valeur quelques touches de couleurs : les voiles orangées des bateaux, le garçon au pull-over framboise penché au-dessus de l’eau, la jupe vichy de la jeune maman, la fillette rouge assise au pas de la porte ou la surveillante à la robe tâchée face à "ses" trois balayeuses.

    batho,monet,boudin,ardi-photographies,caen,kandinski"Giverny" (1980-1984) place John Batho dans la continuité de Claude Monet. En 1980, le photographe est invité pour les besoins d’un documentaire télévisé sur les frères Lumière à revisiter le jardin de Claude Monet à Giverny, qui ont été restaurés en 1977. Batho cherche "l’instant juste", au point de s’interroger "si l’impression qu’on a reçue a été la vraie." Tout Claude Monet est là, dans ces clichés de Giverny : fragiles nénuphars, floraisons délicates, couleurs explosives ou au contraire délicatement déposées au milieu de plate-bandes luxuriantes, pont japonais surgissant timidement de la brume matinale, reflets d’étangs saisis à la verticale. Batho saisit les détails d’un jardin emblématique, attentif aux métamorphoses de la lumière, comme avant lui Claude Monet. Ses prises de vue font dialoguer ciel et eau, verticalité et horizontalité : les nénuphars semblent embrasser les nuages et les saules pleureurs font corps avec le bleu du ciel et des eaux.

    batho,monet,boudin,ardi-photographies,caen,kandinskiLa suite "Déchiré" (1986) frappe par le surgissement brut et abstrait de la couleur dans des prises de vue paysagères – et "aléatoires". La déchirure béante d’un papier rouge vif laisse apparaître un paysage verdoyant, permettant en même temps un jeu avec les couleurs complémentaires rouge et vert.

    Le travail sur l’angle de prise de vues dans les clichés de "Giverny" et celui sur les couleurs dans "Déchiré" sont mis à profit dans la série des "Nageuses" (1990). "L’eau et le ciel ne font qu’un" explique John Batho. De jeunes nageuses flottent dans une piscine de Trouville. Les couleurs – jaune, magenta, cyan, rose – claquent dans un élément liquide sans profondeur. Les corps ondulent avec grâce ou semblent s’immobiliser dans une composition parfaite et proche de l’abstraction.

    La série des "Parasols" (1977-2011) a contribué à la réputation de John Batho. Le photographe reprend à son compte une citation de Cézanne : "Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude". Les parasols de Deauville déclinent une forme moderne dans un paysage cher à Eugène Boudin. Aux teintes grises ou d’un bleu léger du ciel, répondent les couleurs primaires (et parfois secondaires) des parasols, seuls ou en groupes. Ces objets deviennent des êtres vivants, autonomes et familiers.

    batho,monet,boudin,ardi-photographies,caen,kandinskiC’est encore la plage qui est le centre du travail du photographe. "Sur le sable" (2004-2009) s’intéresse cette fois à ces contemporains, des plagistes de Cabourg immortalisés dans des moments hors du temps. Sur le sable des personnages, des groupes ou des objets témoins forment des compositions graphiques, colorées et poétiques, avec toujours l’omniprésence du sable – et l’absence de la mer : "La plage s’offre comme un espace familier et différent, où l’on regarde en soi, comme au loin, pour rêver, pour ne penser à rien".

    batho,monet,boudin,ardi-photographies,caen,kandinskiEn 2015, John Batho propose une série poussant plus loin sa réflexion sur la couleur, les éléments naturels et la création photographique. "Nuages-peintures" sont des œuvres mêlant peinture et photographie. Après avoir peint sur une grande feuille blanche de larges coulées de peinture noire, John Batho en fait des prises de vue. Ces traces picturales servent de "réserves" pour y inscrire des photographies de ciel nuageux : "Se trouvent alors associés le geste pictural et l’indice photographique, évitant ainsi la coupure des lignes droites et des angles… Ces fragments évoquent l’idée de peindre avec les nuages et leurs nuances, de les retenir ainsi dans l’instant, dans l’immobilité de la peinture et de la photographie."

    Artiste attachant, proche de nous et émerveillé par le pouvoir de la couleur ("D’un point de vue strictement physique, l’œil sent la couleur" affirmait à ce sujet Wassily Kandinski), John Batho s’affirme comme un expérimentateur de la photographie et un chercheur de lumières, de sensations et d’impressions.

    John Batho Histoire de couleurs 1962-2015, Musée de Normandie - Château de Caen,
    avec l’Ardi-Photographies, 16 avril-26 novembre 2016
    Catalogue d’exposition John Batho, Histoire de Couleurs, sous la direction de Céline Ernaelsteen et Alice Gandin, éditions Terrebleue, ARDI-Photographies, Musée de Normandie - Château de Caen, 2016
    musee-de-normandie.caen.fr
    normandie-impressionniste.fr
    ©John Batho

     
    LSF-Musée de Normandie : exposition "John Batho" par MuseedeNormandie

  • Les mots sont-ils des armes?

    sartre,café philo,montargis,engagement,loiretLe café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 24 juin 2016, à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée. Il s'agira du dernier débat de cette saison pour l'animation philosophique de la Chaussée. Après six années d'existence, le café philo de Montargis termine une année riche en changements, avec une équipe élargie, un renouvellement dans l'animation et de nouvelles perspectives.

    Le débat de cette 58ème séance aura pour sujet : "Les mots sont-ils des armes ?"

    Cette question renvoie à une citation de Jean-Paul Sartre qui affirmait que "les mots sont des pistolets chargés". Les participants du café philo seront invités à s'interroger sur ce qui fait la puissance du mot et de l’importance du langage. De quels types de mots parle-t-on ? D'oralité ou d'écrit ? De quel sorte de pouvoir parle-t-on lorsque l’on pense aux mots ? Le poids des mots a-t-il été supplanté aujourd’hui par le choc des images ? Il pourra également être question d'engagement. Quel est aujourd'hui la place de l'artiste et de l'intellectuel engagé ? Peut-on dire qu'ils tendent à s'effacer et que leurs mots sont plus inoffensifs qu'il y a quelques années ?

    Ce sont quelques-uns des points qui seront abordées le vendredi 24 juin à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

  • Après une catastrophe naturelle, place aux assurances

    Maintenant il faut avancer. Reconstruire et passer au-dessus des crues qui ont ravagé le Loiret et la Seine-et-Marne. Nous avions parlé de Montargis et des conséquences des inondations sur la ville. Une question triviale mais néanmoins indispensable se pose aux victimes : comment se faire indemniser lors d’une catastrophe naturelle ? Le site Comparer-les-assurances-auto.com fait le point sur les ressorts légaux et juridiques d’une catastrophe naturelle, un sujet qui a fait l'objet de plusieurs billets sur Bla Bla Blog.

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  • Et si tu faisais une BD sur l’Iran ?

    En 2014, l’auteur de Bons Baisers d’Iran entreprend avec sa compagne un voyage touristique en Iran. À l’époque, le pays commence à s’ouvrir au monde et les tours opérateurs organisent timidement les premiers tours dans un pays au patrimoine historique et artistique exceptionnel (un sujet que le bloggueur avait déjà traité dans cet article "Le globecroqueur en Iran"). C’est ce périple que nous raconte Lenaïc Vilain avec humour dans Bons Baisers d’Iran (éd. Vraoum).

    Au pays des Mollahs, le dessinateur ne cache pas la réalité des obligations et des interdits religieux, à commencer par le port du voile que doit supporter son amie pour se plier aux us et coutumes du pays. L’auteur fait plusieurs apartés au sujet du régime islamique. Il remarque avec justesse que l’Iran a connu son Printemps arabe… en 1979. Mais ce qui intéresse d’abord Lenaïc Vilain ce sont les Iraniens et les Iraniennes : leur manière de vivre dans un pays corseté par la religion, leur manière de s’arranger (non sans hypocrisie) avec les interdits (le voile, l’alcool, la pratique de l’Islam) mais aussi leur vision de l’Iran et des Français ("No, no no ! French : white !" assène un taxi lorsqu’il est question de multiculturalisme en France).

    Au final, le lecteur, comme ces deux voyageurs européens, sort un peu plus éclairé par l’Iran contemporain qui ne se réduit pas à la politique internationale, au djihadisme chiite ou à l’affaire du nucléaire iranien. Revenu à Paris, Lenaïc doit répondre à ses proches à une somme de questions et réagir à une série de commentaires clichés ("Les gens doivent détester les occidentaux", "Vous avez dû être suivis par des espions du régime", "Ils sont sympas les Talibans ?" et cetera.). La réaction de la compagne tombe sous le sens : "Fais un livre".

    Ce livre, le voilà.

    Lenaïc Vilain, Bons Baisers d’Iran, éd. Vraoum, 149 p.
    www.tumblr.com/blog/lenaicvilain
    "Le Globecroqueur en Iran"

  • En pensant à Orlando, en parlant de Superfeat

    Orlando_superfeat.jpg

    Orlando ou le "Bataclan américain".

    L'attentat terroriste de DAESH contre une boîte de nuit gay est aussi une attaque monstrueuse contre la communauté homosexuelle.

    Superfeat a réalisé ce dessin en 2011.   

    "Super prouesses de Superfeat"

  • Amour et compassion

    Biopic réussi et audacieux, Love & Mercy est l'une des jolies surprises cinématographiques de l'année 2015. Le film vient de sortir en DVD : c'est l'occasion de découvrir ce film en même temps que de se plonger dans l'univers de Brian Wilson, l'un des génies musicaux de ces 50 dernières années.

    Love & Mercy fait le choix non de retracer la carrière du leader des Beach Boys mais de s'intéresser à deux moments cruciaux de sa vie et de sa carrière, traités par alternance.

    La première de ces étapes suit la phase de succès du groupe californien lorsque "Beach Boys" rimait avec succès interplanétaires (Surfin' USA, I Get Around, California Girls, Barbara Ann), rêve américain, plages et jolies filles en bikinis. Prodige du groupe et personnalité fragile et fantasque, tyrannisé par son père qui lui ôtera tout droit sur ses compositions, le jeune Brian Wilson, interprété avec talent par Paul Dano, a l'idée de sortir du chemin balisé du groupe et rêve de recherches musicales et de nouveaux sons à travers un concept album, Smile. Nous sommes en 1967 et ce projet ne suscite guère d'enthousiasme autour de lui.

    La deuxième époque s'ouvre vingt ans plus tard et Brian Wilson est une légende dont la carrière semble derrière lui. Le leader des Beach Boys (interprété pour cette période par John Cusack) n'est plus que l'ombre de lui-même : malade, schizophrène, atteint d'une dépression, il est en plus sous l'emprise d'un médecin, gourou et manipulateur, Eugene Landy (Paul Giamatti, étonnant et terrifiant). Melinda Ledbetter (Elizabeth Banks), une commerciale spécialisée en vente de voitures, croise par hasard Brian Wilson. Entre les deux, le courant passe. À l'admiration pour le chanteur en fin de carrière, succède une évidence : la jeune femme entend bien sortir Brian Wilson du piège chimique et mental où il est englué.

    Film à double facettes, Love & Mercy (littéralement "Amour et Compassion", un titre interprété par le "vrai" Brian Wilson dans le générique de fin) est le récit d'une touchante histoire d'amour autant que d'une d'une rédemption, avec en filigrane l'album emblématique Smile. Le bloggeur fera juste la fine bouche à ce sujet : autant la genèse de ce concept-album est abordé à travers les affres de la création de Wilson et des scènes d'enregistrements passionnantes, autant est mis sous silence la sortie de ce disque légendaire, Smile. Il est vrai qu'elle n'eut lieu que bien plus tard, en 2004 et a confirmé le retour sur le devant de la scène d'un authentique génie, ce que montre par ailleurs Love & Mercy.

    Love & Mercy, de Bill Pohlad, avec Paul Dano, John Cusack, Elizabeth Banks
    et Paul Giamatti, USA, 2015, 120 mn