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  • Yōkai, le monde des esprits

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Yōkai, le monde des esprits. Il sera visible les jeudi 27, dimanche 30 et lundi 31 mars. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 1er avril à 20H30.

    Claire, une célèbre chanteuse, s’envole au Japon pour un dernier concert à guichet fermé. Lorsque le concert prend fin, sa vie sur terre s’arrête aussi. Une nouvelle vie inattendue s’offre alors à elle : un au-delà dans lequel Yuzo, l’un de ses plus grands fans, l’attend.

    Yōkai, le monde des esprits, drame japonais de Eric Khoo
    avec Catherine Deneuve, Yutaka Takenouchi, Masaaki Sakai, 2025, 94 mn

    Titre original : Spirit World
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1538

    Voir aussi : "Black Dog"

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  • Torelli sorti de l’oubli

    Giuseppe Torelli fait partie de ces compositeurs baroques tombés quasi dans l'oubli et que cet enregistrement du Manuscrit de Sonates en Trio par La Chapelle Saint-Marc entend à faire découvrir. Et quel enregistrement ! Cet album est un des événements classiques de ce début d’année. Mérité car ces pièces sont pour la plupart inédites. Une vraie belle découverte par un ensemble passionné.  

    Contemporain de Vivaldi, Giuseppe Torelli (1658-1709) a vécu non pas à Venise comme son brillant contemporain mais dans dans l'actuelle Province de Pesaro et Urbino, non loin de Saint Marin et de Rimini. Comme il est expliqué par Vincent Bernhardt dans le livret de l’album, traditionnellement la musique imprimée – comme celle du Manuscrit de Sonates en Trio – était destiné à un public de mélomanes, tout en devant restant accessible à un public de lecteurs venus de tous horizons. 

    Nous retrouvons avec plaisir la violoniste Sue-Ying Koang, auteure d’un passionnant opus consacré au "Mozart suédois", Johan Helmich Roman. Elle accompagne l’autre violoniste Jasmine Eudeline, le violoncelliste Jean Halsdorf et Parsival Castro à la théorbe et à la guitare. Vincent Bernhardt, au clavier et à la direction vient compléter l’aréopage de La Chapelle Saint-Marc.

    L’audace, la modernité et la fièvre sont les mots qui caractérisent le mieux ces pièces mises en lumière en ce début d’année. Que l’on pense au premier et bref mouvement Presto fougueux – et très rock ! – du trio en ré mineur qui ouvre l’opus. Aussi court, le mouvement Grave, bouleversant, précède un Allegro baroque, coloré et enjoué.

    Techniques et virtuoses, les Duos A.3.2.1, A.3.2.2 et A.3.2.3 choisissent la concision dans des compositions à la fois ramassées et virtuoses. 

    Audace, modernité et fièvre

    Plus longue, la majestueuse Sinfonia en ré majeur a ce quelque chose de versaillais. Il semble que le compositeur italien se soit transporté de l’autre côté des Alpes, sans pour autant abandonner ses élans baroques que Vivaldi n’aurait pas reniés.

    C’est à l’orgue que Vincent Bernhardt interprète la Sonate en ré dorienne de Giovanni Paolo Colonna (1637-1695). On ne dira jamais assez les qualités d’un instrument trop vite relégué à une fonction liturgique mais qui donne pourtant des couleurs chatoyantes à cette courte sonate de Torelli. C’est encore l’orgue à l’œuvre dans une pièce d’un autre contemporain, Giulio Cesare Arresti et voisin  de Torelli (ils étaient de Bologne, comme Colonna). L’ensemble La Chapelle Saint-Marc ont choisi de ne pas mettre de côté cette Elevazione sopra il Pange Lingua, présente dans le fameux manuscrit des sonates en trio. On retrouve ces deux compositeurs plus loin dans l’album : la sobre et noble Sonate chromatique d’Arresti d’une part et la lumineuse Sonate en sol Myxolydian de Colonna, toujours à l’orgue.

    Retour à Torelli avec son Concertino en la mineur alliant le sérieux et la mélancolie (Grave, Adagio) à la joie de vivre (les deux mouvements Presto). Le Trio a bien évidemment les honneurs avec celui en Ré majeur A.3.3.11 : un Adagio qui vient nous murmurer aux oreilles une jolie déclaration, un somptueux Largo – sans doute un des plus beaux moments de l’album –, un mouvement Grave mélancolique et un final Allegro aussi bref qu’efficace.

    Terminons par la Sinfonia de Torelli en la majeur A.5 et son Allegro au souffle vivifiant, son Largo à la fois pudique et aux audaces musicales incroyables et un Allegretto vif et dansant.

    Cet album Torelli s’impose décidément comme un enregistrement à la fois plaisant et important, en remettant au goût du jour un important compositeur italien et baroque. La classe !

    Giuseppe Torelli, Manuscript Trio Sonatas, La Chapelle Saint-Marc, Indésens Calliope Records, 2024
    https://indesenscalliope.com
    https://chapellesaintmarc.com
    https://sueyingkoang.com

    Voir aussi : "Sue-Ying Koang à l’attaque du Mozart suédois"

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  • Anaëlle Tourret : "Il me tient toujours à cœur de proposer des horizons nouveaux"

    Dans la foulée de son deuxième album Perspectives concertantes, tout entier consacré à la harpe, Anaëlle Tourret a bien voulu répondre à nos questions. Découverte d’une artiste rare, passionnée et ambitieuse. 

    Bla Bla Blog – Bonjour Anaëlle. Vous sortez en ce moment votre deuxième album, Perspectives concertantes, consacré à des œuvres pour harpes, votre instrument fétiche. Pouvez-vous nous raconter le lien que vous avez avec cet instrument à la fois très ancien et souvent mal connu ?
    Anaëlle Tourret – La harpe est un instrument qui suscite toutes les curiosités : parmi les plus anciens instruments qui aient jamais existé, sa facture n'a eu de cesse d'évoluer au fil du temps, pour trouver son apogée au début du XXe siècle. Parallèlement, ses facettes sont multiples et d'une richesse insoupçonnée. On la retrouve au sein d'un orchestre, en partenaire chambriste, en récital soliste ou en concerto avec orchestre. Cette richesse des possibles est très certainement l'énergie qui m'anime le plus lorsque je songe à mon instrument. 

    BBB – Avec la harpe, on pouvait s’attendre à des compositeurs classiques. Or, c’est le XXe siècle qui a votre préférence. C’est une envie de dépoussiérer le répertoire pour cet instrument ?
    AT – Le XXe siècle a été le théâtre de toutes les plus grandes créations artistiques et musicales. L'instrument harpe en est également le miroir, suscitant par sa facture nouvelle l'intérêt de nombre de compositeurs qui, à la façon des musiciens les ayant précédés durant la période classique, ont su proposer des perspectives nouvelles sur le regard porté sur cet instrument et son répertoire.  Associée parfois à cette image de salon ou d'instrument féerique, celui des anges, il serait toutefois injuste de dénigrer ces symboles, partie intégrante de notre identité musicale.  Il me tient en revanche toujours à cœur de proposer des horizons nouveaux dans les lectures qui nous sont amenées, et à la façon de ces maîtres du XXème qui ont su s'affranchir des ordres établis pour accéder à un autre ordre de réalité, il m'est apparu comme une évidence de rendre hommage à ce siècle de découvertes et innovations. 

    BBB – Outre Debussy, vous avez choisi de vous intéresser à deux compositeurs du XXe siècle peu connus, Reinhold Glière et Ernst von Dohnányi. Pourquoi ceux-là ?
    AT – Claude Debussy a été le réel précurseur pour la harpe moderne telle que connue aujourd'hui, avec ses Danses sacrée et profane qui constituent à présent un jalon de notre répertoire. Tout comme le Concerto pour harpe de Reinhold Glière, œuvre phare du répertoire concertant injustement méconnu ; le catalogue musical de Glière dépasse l'entendement par sa profusion et sa qualité. C'est l'exactitude de son propos sur l'écriture pour harpe qui m'a particulièrement touchée, exactitude ressentie à mon sens dans toute son œuvre compositionnelle et surtout dans son désir de transmission qui ne l'a jamais quitté - professeur de composition à Kiev puis Moscou durant toute son existence, il a formé et accompagné les plus grands compositeurs de cette époque. Le Concertino d'Ernst Von Dohnányi est le fruit d'un partage autour d'une amitié, celle avec la cheffe d'orchestre Bar Avni. C'est elle qui me fit découvrir cette pièce, que nous avons donnée une première fois il y a plus d'un an, et que nous avons associée aux Danses de Debussy. La connexion musicale entre ces deux œuvres apparut alors comme une évidence, et tout prit sens de façon extrêmement naturelle : Dohnányi n'eut de cesse durant toute son existence de repousser les limites compositionnelles pour les instruments, et la harpe ne fit pas exception. C'est le rôle de l'instrument concertiste qui est ici revisité, et un théâtre se jouant en deux tableaux : une virtuosité technique exigée pour l’interprétation avec des rythmiques très novatrices, mais également le rôle de l'orchestre qui s'avère presque soliste par endroits, accompagné par la harpe qui se fait tapis pour soutenir. Cet alliage à travers les siècles de ces trois compositeurs qui, chacun à leur façon, ont rebattu les cartes de l'écriture pour harpe, est absolument fascinant. 

    "Je me garderais de tout conseil car chaque chemin est beau car par essence unique"

    BBB – Face à un orchestre symphonique, est-il plus difficile à une harpe de "dialoguer" que pour un instrument aux sonorités plus puissantes, tels que le piano ou le violon ?
    AT – C'est ici je crois que toute la richesse de mon instrument intervient : car la harpe se fait au sein d'un orchestre l'interlocuteur idéal pour terminer la phrase d'une flûte, soutenir la voix d'un violon soliste ou adoucir des tessiture plus graves dans de grandes symphonies, elle se nourrit de toutes ces richesses pour irradier lorsqu'un concerto lui est dédié et fourmiller de tous les champs des possibles. 

    BBB – Comment s’est fait le choix de travailler avec Vasily Petrenko et le NDR Elbphilharmonie Orchestra ?
    AT – Lorsque le désir d'enregistrer ces œuvres se concrétisa, il m'est apparu extrêmement naturel d'envisager l'aventure en partie avec "mon" orchestre, phalange dont j'ai la joie d'être harpiste soliste depuis quelques années déjà. Le concerto de Glière s'avérait le choix idéal au sein de la programmation de la merveilleuse Elbphilharmonie, qui constitua en cela une première mondiale. Vasily Petrenko a répondu avec le plus grand des enthousiasmes à cette proposition de programme, et je n'aurais pu souhaiter meilleur partenaire artistique pour ce projet, tant son engagement et sa sensibilité pour ce répertoire furent sincères et exaltés.

    BBB – Que diriez-vous à un ou une enfant pour l’encourager à découvrir la harpe et, pourquoi pas, en faire son métier ?
    AT – Je me garderais de tout conseil car chaque chemin est beau car par essence unique. Plus largement, il s'agirait de toujours repousser plus loin et plus larges les horizons possibles, toujours permettre à de nouvelles perspectives de s'établir, et de mesurer le cadeau pour un enfant de nos jours que celui de pouvoir aller au théâtre, au concert, à l'opéra, au ballet, au musée ou dans un gymnase, pour toujours s'inspirer de grandes figures artistiques qui ont su vibrer de leur passion par leur exigence et leur lumière. 

    BBB – Quels sont vos projets pour 2025 et pour après ? Des concerts ? Des festivals ? Un autre album ?
    AT – L'année s'annonce à l'image de la richesse permise par mon instrument : multiple, plurielle et à la croisée de plusieurs chemins artistiques. Des récitals solistes et chambristes me réjouissent, auprès de partenaires musicaux qui me font la joie de partager leur lumière : au Konzerthaus de Berlin avec le violoniste Brieuc Vourch, en soliste au Château d'Azay-le-Rideau pour les Concerts de Poche, en musique de chambre cet été pour les Festivals de Salon de Provence avec Éric Le Sage, Paul Meyer, Emmanuel Pahud ou le Festival la Clef de Voûte, pour le Printemps de Heidelberg, à Lausanne, à l'Elbphilharmonie de Hamburg...  Joie également de donner des pages de répertoire concertant au Brésil à l'automne prochain (Rio de Janeiro, Belo Horizonte) ainsi qu'en Allemagne la saison prochaine. Année enfin riche en symphonies, à Hamburg tout comme auprès d'orchestres qui me font la joie de partenariats privilégiés,- je pense à Paavo Järvi en Estonie, Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris, Andris Nelsons...

    BBB – Pour Bla Bla Bog, pouvez-vous nous donner vos derniers coups de cœur, en musique classique ou contemporaine, bien entendu, mais aussi en cinéma, série, livre ou exposition ?
    AT – La lecture récente des Entretiens de Pierre Boulez avec Michel Archimbaud fut marquante, tout comme l'approfondissement de la découverte de l'œuvre de Romain Gary (sa dernière œuvre en particulier, Les Cerfs-volants). Une récente grande émotion artistique fut offerte par le corps de ballet de l'Opéra de Paris lors de leur production automnale du Lac des Cygnes de Tchaïkovski par Rudolf Noureev. 

    BBB – Merci, Anaëlle. 

    Anaëlle Tourret, Perspectives concertantes, Es-Dur, C2, 2024
    https://www.anaelletourret.com 
    https://www.instagram.com/anaelle_tourret/reel/DFXKDlgCWbK 
    https://www.c2hamburg.de/shop/de/ALL/Perspectives-Concertantes.html

    Voir aussi : "Perspectives de la harpe"

    © Harald Hoffmann

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