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• • Articles et blablas - Page 117

  • Anti fiction

    Avec La Famille Martin (éd. Gallimard), son dernier livre sorti à ce jour, David Foenkinos abandonnait la noirceur de ces précédents romans (Charlotte, Vers la beauté, Deux sœur) pour une comédie littéraire sous forme de fausse autofiction, mais moins comique et plus tendre que cet autre roman, Qui se souvient de David Foenkinos ?

    Pour La Famille Martin, il s’agit encore d’une histoire d’inspiration et de création littéraire dans laquelle la matière vivante et le quotidien sont appelés à la rescousse pour produire un nouveau livre. Sauf que le quotidien en question n’est pas celui de l’auteur et narrateur mais celui des autres, des inconnus, des voisins et des anonymes qui ont plus à raconter que ce que l'on veut bien dire :  "Je ne voulais surtout pas me laisser embarquer dans l'écriture d'un roman qui servirait d'arrosoir pour les fleurs d'une tombe. Je préférais me consacrer aux vivants", écrit-il.

    Pour le narrateur, ce nouveau travail littéraire commence donc dans la rue, et précisément en bas de son immeuble. Presque par jeu, David Foenkinos (du moins, sans doute le double de l’écrivain) s’adresse à la première personne qu’il croise : ce sera elle l’héroïne de son futur roman ! Il s’agit en l’occurrence d’une vieille dame tout à fait ordinaire. Une certaine Madeleine Tricot (un nom de famille des plus ordinaires, lui aussi). Ce faisant, cette dernière va lui ouvrir les portes de sa famille, les Martin.

    On aurait tort de prendre La Famille Martin comme une de ces autofictions dans lesquelles l’auteur a le beau rôle. En réalité, David Foenkinos fait du hasard une arme romanesque pour rendre hommage à ses contemporains que rien, a priori ne distingue des autres. Grave erreur : car en s’invitant dans cette famille, l’écrivain en manque d’inspiration es persuadé qu’il peut y trouver matière à un roman. Après tout, dit-il, non sans malice, "la narration vient en narrant". 

    Héroïsme quotidien

    Outre Madeleine, il y a, dans cette famille Martin, Valérie, une femme lassée par son quotidien et par un mari, Patrick, terne employé sur le point d’être convoqué par un directeur pervers narcissique avant, croit-il, un licenciement. À cela s’ajoutent les deux enfants, Lola et Jérémie, respectivement 17 et 15 ans. Toute cette petite famille va servir de matière vivante à ce futur livre.

    Dans ce voyage dans une famille française, David Foenkinos se met lui aussi en scène et se trouve également obligé de se confier sur sa propre vie. Juste retour d’ascenseur pour celui qui se fait enquêteur jusqu’à traquer des secrets de famille ou des amours restés cachés.

    Un trouble saisit le lecteur au sujet de l’odeur de vérité de ce roman, tout comme l’auteur peut en être embarrassé : "Le vrai paraît souvent improbable. J’avais peur de m’emparer du réel, et qu’on l’estime moins crédible que la fiction.  Je redoutais qu’on puisse ne pas croire, qu’on se dise que toute cette histoire était inventée." Ainsi, "soumis à la vie de [ses] personnages", David Foenkinos se met en scène, dans une série de mises en abîme, en train d’écrire sur ses personnages, de prendre des notes, de les mettre en perspective, de douter sur leur "intérêt" aussi. Non sans humour, l’écrivain s’imagine en Pasolini et dans la peau du visiteur de Théorème, "la perversion et les rapports sexuels en moins", précise-t-il quand même.

    On pourrait presque en oublier David Foenkinos, obsédé qu'il est par son envie de saisir le romanesque de ces personnages de la vraie vie, les Martin. Sauf qu'il finit par devenir à la fois spectateur de la vie de cette famille et lui-même protagoniste de sa propre histoire, qu’il choisit de ne pas enjoliver. En se mettant en retrait et en s’effaçant comme il le fait lors du voyage de Madeleine en Californie, l’auteur finit par rendre à ces Martin toute leur folie et même leur héroïsme quotidien.

    David Foenikinos, La Famille Martin, éd. Gallimard, 2020, 226 p.  
    https://www.facebook.com/david.foenkinos
    http://www.gallimard.fr
    @DavidFoenkinos

    Voir aussi : "David Foenkinos, son œuvre"
    "À la recherche de l’idée perdue"

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  • Sauvage !

    Une chanson française revigorée grâce au passage par le hip hop et la pop : telle était l’ambition d’Aloïse Sauvage pour son premier album Dévorantes, sorti il y a un an et demi. Pari réussi pour cet opus servi par des textes précis, âpres et riches. Grâce à lui, Aloïse Sauvage a obtenu une reconnaissance des professionnels et du public ainsi qu'une nomination aux Victoires 2020 dans la catégorie Révélation Scène.

    Dévorantes, qui se déguste avec plaisir et aussi surprise, est un album que l’on imagine personnel : la chanteuse y déverse ses cris et ses combats intérieurs, à commencer par le morceau qui ouvre l’opus, "Et cette tristesse / Qui traîne, espèce / De petite peste / Laisse-moi espérer / Que ça va aller"). L’aspect autobiographique est revendiquée par l’artiste qui a fait de Dévorantes une œuvre autant personnelle qu’engagée : "Quel étrange besoin de prendre le mégaphone / Pour exposer au monde ce qui me rend méga down", chante-t-elle avec une joie communicative ("Méga Down").

    Les messages d’Aloïse Sauvage sont celles de l’acceptation des autres et de soi-même. En un  mot : assumer : "Et Jimy va bien / Car Jimy sait que désormais / Elle ira loin aux côtés de celle qu'elle a choisie" ("Jimy"). C’est aussi le thème du titre qui donne son nom à l’album, une vraie confession, entre hip hop et slam : " Moi, j'ai envie de toi, t'as envie de moi / J'ai pas compris que, toi, tu voulais bien" (Dévorantes).

    À l’instar d’"Omowi", grâce à des textes d’une force poétique incroyable ("Offrez sa tête au roi, / Faites en ce que vous voulez, / Vous n’la connaissez pas, / La reine veut la dévorer"), Aloïse Sauvage se fait la chantre des sexualités assumées, et non sans un humour ravageur : "Tu veux nous orienter ? / C’est gentil de proposer, / Sans vouloir t’offenser, / Va te faire enculer". Son cri de combattante est aussi un cri d’amour : "Les PD sont beaux, j’ai osé rêver / Que tout le monde le voyait… / OMOWI / L’arc-en-ciel brandi, / T’es superbe vas-y".  

    "OMOWI / L’arc-en-ciel brandi, / T’es superbe vas-y"

    En parlant d’amour, c’est une superbe déclaration enflammée autant que sensuelle que propose "À l’horizontale", sans doute le meilleur morceau de l’album, à écouter et réécouter : "Avec toi j'ai tout mon temps / Les bras m'en tombent / Mais tantôt je ne dis rien car ça me va bien / D'être envoûtée par tes tentacules / J'ai pas de fascicule / Pour savoir comment m'adonner à cette sainte donation/ De nos corps entremêlés faudrait-il faire attention".

    Dévorantes est un album libératoire à plus d’un titre où la soif de liberté et le besoin de s’assumer est inscrit dans chaque note et chaque morceau, ce qui ne n’empêche par l’artiste de cacher les blessures et les risques de ces combats : "Et si je lâche, que reste-t-il? / Je dois choisir pour ne pas chuter / Mais tellement difficile pour moi / De me restreindre pour mieux tout vivre" ("Feux verts"). Finalement, la récompense de tout cela est tout simplement l'amour ("Si on s’aime") qu’elle chante avec une très grande justesse : "Est-ce qu'on s'aimera encore / Toute la vie ? / Même quand on ne s'aimera plus / Dis-le-moi, oui".

    Aloïse Sauvage, engagée, hypersensible, combattante et musicienne à l’univers déjà bien installé, devient dans le touchant "Papa" cette fille tendant la main vers son père pour renouer un dialogue que l’on devine coupé en raison des choix personnels de l'artiste que lui n'a pas compris : "Je m'évertue à croire que tu vas oser / Revenir un jour enfin bien décidé / À balayer ce passé un peu sombre / À m'enlacer fièrement et sans attente."

    Musicalement, Aloïse Sauvage a composé un album où se mêlent chanson française, rythmes rap ("Et cette tristesse"), pop-rock ("À l’horizontale", "Papa", "Tumeur"), électro ("Toute la vie"), funk ("Si on s’aime") ou encore reggae (l’irrésistible "Méga Down" ou "Feux verts"). La magie vient, singulièrement, de la très grande cohérence de ce premier opus, passionnant de bout en bout et musicalement d’une très grande richesse. Avec des artistes comme Aloïse Sauvage, la chanson française a de beaux jours devant elle.

    Aloïse Sauvage, Dévorantes, Initial Artist Services, 2020
    https://aloisesauvage.store
    https://www.facebook.com/aloisesauvage
    @AloiseSauvage

    Voir aussi : "L’Yelle du Verseau"
    "Clou en plein cœur"

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  • L’automne sera chaud dans les tee-shirts, dans les maillots

    Parlons d’amour, avec le nouveau single de Lita Kira, "Dis-moi que tu m’aimes".

    La chanteuse nordiste réchauffe cet automne avec une chanson électro-pop acidulée et mâtinée de couleurs nippones. Le clip a été réalisé dans le Jardin japonais Pierre Baudis de Toulouse.

    Le titre pop de Lita Kira chante l’attente de l’amour, aussi vain et "impossible" qu’indispensable.

    Originaire du Nord, la chanteuse a d'abord foulé la scène lilloise, puis tourné sur Paris et Tours, ainsi qu'en Belgique et en Suisse. Après deux EP, Dans ma toile (2012) Marionnette (2014), son premier album long, Épineuse, sort début 2018.

    A l’automne 2021, Lita prend un virage pop rafraîchissant avec ce nouveau single, "Dis-moi que tu m’aimes", "des mots doux" qui nous caressent gentiment les oreilles. À suivre donc.

    Lita Kira, Dis-moi que tu m’aimes, 2021
    https://www.facebook.com/LitaKira.music
    https://www.instagram.com/litakira

    Voir aussi : "Juli le Taxi"

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  • #Hurlelavie en livre

    Après l'exposition #Hurlelavie à Aix-en-Provence cet été, un événement que nous avions présenté sur Bla Bla Blog, voilà maintenant le livre #Hurlelavie, 521 Cris à la Face du Confinement (éd. Belles Balades) que lui consacre son auteur, le photographe Christophe Keip.

    Le livre a été divisé en 4 chapitres principaux, comme pour l’exposition. Chacun de ces chapitres est construit autour d'une émotion primaire, et de ses déclinaisons : la Colère, accompagnée de ses sœurs l'Agression et l'Hostilité, la Peur, accompagnée de ses sœurs l'Alarme, la Crainte, l'Effroi, et la Soumission, La Tristesse, accompagnée de ses sœurs la Déceptions et les Remords et la Joie, accompagnée de ses sœurs l'Amour, le Courage et l'Optimisme.

    Les préfaces sont signées de Charles Berling et Stéphanie Brillant.

    Christophe Keip est un artiste photographe portraitiste qui depuis 30 ans voyage de par le monde pour ses projets artistiques ou sociétaux, dans son studio à Aix en Provence, mais aussi dans une mine d'argent en Bolivie, ou dans un atelier Haute Couture à New-York. Il traque l’Homme dans tous ses états, dans toutes ses intentions, dans toutes ses dimensions, comme le support essentiel de ses nouvelles esquisses. Voilà qui peut expliquer pourquoi il s’est lancé dans ce projet autour des émotions primaires, exprimés par des inconnus en plein confinement. 

    Tolérance et écoute

    Ses photographies sont entrées dans de nombreuses collections privées notamment en France,

    Dans la préface du catalogue, l’acteur, scénariste et réalisateur Charles Berling place justement le projet de Christophe Keip dans sa dimension sociologique et profondément humaniste et que le comédien exprime ainsi  : "Au sortir des deux confinements sanitaires d’un tout autre ordre, je pousse un cri qui appelle à la concorde, à la nuance du compromis. Cherchons et trouvons le dialogue. Ne cédons pas à la fragmentation, évitons l’appauvrissement du langage qui ne provoque que du binaire et de l’opposition. Tentons de nous comprendre, nous retrouver, de partager. Ensemble, entendons-nous."

    La tolérance et l’écoute de l’autre sont également exprimées par l’autre préfacière du livre, la journaliste, auteure réalisatrice, conférencière et entrepreneuse Stéphanie Brillant : "Hurler c’est n’avoir plus d’autre choix que de sortir de soi pour pouvoir revenir à soi. Quand le hurlement vient c’est qu’une limite a été atteinte. Pour hurler on a besoin d’une force contraire, d’un antagoniste contre lequel se rebeller".

    Le livre de Christophe Keip, #Hurlelavie, 521 Cris à la Face du Confinement est publié aux éditions Belles Balades.

    Christophe Keip, #Hurlelavie, 521 Cris à la Face du Confinement,
    Belles Balades Éditions, 2021, 224 p.

    https://www.hurlealavie.com/media
    https://www.ckeip.com
    https://www.bellesbalades.com/hors-collection

    Voir aussi : "Faire tomber le masque"

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  • Qui nous protégera du bonheur ?

    Sur cette histoire de couple, l’objet du roman En cas de Bonheur, David Foenkinos écrit ceci :"Personne ne savait que faire en cas de bonheur. On avait des assurances pour la mort, pour la voiture, et pour la mort en voiture. Mais qui nous protégera du bonheur ?" Ce bonheur était-il la "pire chose" qui puisse arriver ?

    Lorsque Jean-Jacques se pose cette question, il en est à un stade critique dans l’histoire du couple qu’il forme avec Claire. Disons-le autrement : il entame un adultère avec Sonia, une sémillante collègue de travail. Jean-Jacques travaille comme "conseiller en quelque chose, en rapport avec de l’argent". Claire, elle, est employée dans une boutique en cosmétique à l’aéroport de Roissy. Tous deux ont une petite fille de six ans, Louise.

    La vie à deux suit son cours, dans un quotidien morne, ponctué par des visites régulières chez les parents de Claire. Jean-Jacques, lui, trouve dans sa relation extraconjugale avec Sonia "sa raison de vivre". Il y trouve un certain équilibre : "[Avec claire], ils étaient unis. Il continuait à se répéter qu’il ne voulait pas d’une vie à la Édouard [son ami, célibataire et heureux a priori de l’être]". Mais Claire apprend l’infidélité de son mari grâce à une agence de détectives privés et elle annonce à son mari qu’elle le quitte. Désarçonné et incapable de s’engager avec sa maîtresse, Jean-Jacques entreprend de suivre sa future ex-femme. Il fait appel sans le vouloir à la même agence de détectives que sa femme.

    David Foenkinos déconstruit puis reconstruit la vie d’un couple ordinaire

    Fausse double enquête policière et vraie comédie sentimentale, En cas de Bonheur suit un homme et une femme dont le couple meurt, mais qui refusent, consciemment ou inconsciemment, l’idée de séparation. Les relations adultères ressemblent plus à des accidents qu’à de vraies possibilités, comme le montrent ces personnages secondaires gravitant autour de nos deux héros, que ce soit Sonia, Igor ou même Caroline, la jeune baby-sitter au "fessier" affolant. Le portrait de cette femme de 20 ans étonnera sans doute le lecteur et la lectrice de 2021. Il faut dire que le roman a été écrit en 2005, soit deux ans avant #Meetoo, si bien qu’En cas de Bonheur n’est pas exempt de considérations assez peu "female gaze", l’expression et le concept n’existant même pas à l’époque.

    Dans le tourbillon de crises, de malentendus, de cachotteries, d’entourloupes et de quiproquos, David Foenkinos déconstruit puis reconstruit la vie d’un couple ordinaire. L’auteur le fait en ne s’interdisant pas louvoiements, tergiversations et atermoiements, à l’image de l’histoire de Renée, la mère de Claire. Mais au bout du compte, l’auteur tient le sujet de son roman : celle d’un couple agonisant mais aussi cette recherche du bonheur qui est au cœur de ce roman virevoltant et non-dénué d’humour : "Le bonheur n’avait jamais été à l’horizon. A l’horizontal sûrement, mais certainement pas à l’horizon."

    David Foenkinos, En cas de Bonheur, éd. J’ai lu, 2005, 191 p.
    https://www.facebook.com/david.foenkinos
    @DavidFoenkinos

    Voir aussi : "David Foenkinos, son œuvre"
    "À la recherche de l’idée perdue"

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  • Rouquine, Artists vainqueurs

    Le duo Rouquine, dont nous avions parlé sur Bla Bla Blog il y a quelques mois, vent de remporter l’émission The Artist sur France 2. Leur premier Ep était sorti en septembre. 

    Voilà, un coup de projecteur bienvenu sur de nouveaux noms pour la scène pop française.

    Rouquine c'est un scalp à deux têtes. L'une est celle de l'homme clavier/machines et chanteur Nino Vella, compositeur nourri aussi bien au jazz, au classique ou à la chanson française qu’au rock, au rap et à la pop. L’autre est Sébastien Rousselet, le chanteur et auteur, passionné de Kerouac, Bukowski, Radiohead ou Gainsbourg. Les deux artistes, originaires l’un de Cholet et l’autre d’Angers, ne pouvaient que se rencontrer dans leur Maine-et-Loire natal et bâtir patiemment une œuvre généreuse, intelligente et engagée. "Du sentiment mais pas de sentimentalisme", assènent-ils.

    L’amour, les mômes, la mort, le sexe : ça remue et ça fait marrer. Rouquine aime bien James Blake et Boris Vian, Alt-J et Orelsan. Jouant avec les codes urbains sur des thèmes actuels, non sans spleen ni un humour mordant, Rouquine dépoussière la chanson et prend son public à contre-pied.

    Il n’y a pas d'âge pour être de sales gosses, disent-ils encore. Leurs titres "Tombé", "Mortel" et "Première fois" sont déjà disponibles et mis à l'honneur par The Artist. Bravo à eux !

    Rouquine, Mortel, 2021
    https://casting.theartist.fr
    https://www.instagram.com/rouquineofficiel

    Voir aussi : "Rouquine n’a pas que ça à faire"

    Photo : Rouquine © Juliette Rozzonelli

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  • Stars cheap troopers d’Adrien Vinet

    Il faut toujours bien faire attention au nom des séries proposés par les artistes plasticiens. Elles donnent en effet la clé de leur travail qui peut étonner, sinon déstabiliser. Le sculpteur Adrien Vinet ne déroge pas à la règle, lui qui propose des créations regroupés sous les noms de "Retour à la terre" et "Fantasy d’intérieur". Voilà qui donne une idée de ses inspirations : l’environnement, le recyclage, mais aussi la fantasy et la SF.

    Sur son site, l’artiste a choisi de mettre en scène dans un environnement soit naturel ( "Retour à la terre") soit d’intérieur ("Retour à la terre") de drôles de bestioles venues de mondes soit imaginaires, soit futuristes.

    "Comment redonner vie à la matière usée, oubliée ? Comment rendre une âme aux objets que l'on jette ?" questionne aussi l’artiste. Les matériaux récupérés, qu’ils soient en métal ou en plastique, lui ont servi à créer de singuliers êtres que l’on croirait sorti du film d’un dessin animé de SF ou du film Starship Troopers de Paul Verhoeven : libellules argentées, personnages anthropomorphiques et romantiques, serpents métalliques inquiétants ou cyclopes venus d’une autre planète côtoient des robots se réchauffant à la lueur d’une ampoule incandescente ou des êtres à la chevelure impressionnante.  

    Comment rendre une âme aux objets que l'on jette ?

    Dans le travail d’Adrien Vinet, les influences sont à chercher, nous l'avons dit, du côté de la science-fiction, de la culture Fantasy, mais aussi de la mythologie, à l’exemple de ce centaure créé astucieusement et avec un économie de moyen avec des fils de fer ou de plastique. Rien ne se perd, semble nous dire l’artiste, qui profite de chaque boulon, chaque pointe et chaque rebus anodin de notre société de consommation pour créer ces petites stars mises en scène, et non sans humour.

    Le message d’Adrien Vinet est lisible derrière ces créations à la fois cheap et conçues avec intelligence : "Cet univers SF récup ou fantasy Récup nous conte un monde peuplé de vestiges métalliques, souvenirs d'une époque où l'organique était roi et enfantait un synthétique, qui enflait, sans limite… Ce sont des statues dans un dernier désir de vie, derniers stigmates parfois monstrueux d'une humanité qui s'est fourvoyé par excès d'orgueil."

    Adrien Vinet,  Récup Vortex RecupArt
    https://www.vortex-recupart.com
    https://www.facebook.com/VortexRecupArt
    https://www.instagram.com/vortex_recupart

    Voir aussi : "Dix ans d’âge métal"
    "De l’art de composer"

    Créations et photos : Adrien Vinet

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  • Chers yōkai, où êtes-vous?

    Nous avions parlé il y a quelques semaines du duo d’Atelier Sentô et de leur très bel album Rêves de Japon. Il paraissait indispensable de revenir sur le très bel album qui a fait connaître les plus nippons de nos auteurs français, Cécile Brun et Olivier Pichard. Si le terme de mangaka peut aller à merveille à des auteurs de BD, c’est bien eux. Avec Onibi, sorti en 2016 aux éditions Issekinicho.

    L’amour du Japon est à chaque page de cette bande dessinée racontant les pérégrinations de Cécile et Olivier – les deux auteur, donc – au Pays du Soleil Levant dans la région de Niigata. Les deux globe-trotteurs ont posé leur valise dans le village de Saruwada où se déroule un festival. Au cours de leur pérégrination, ils entrent dans une échoppe où un vieil homme leur vend un appareil photo sans âge. Il s’agit d’un bi-objectif très particulier puisqu’il a la faculté de pouvoir photographier des yōkai, ces esprits légendaires hantant le Japon. Muni de l’appareil, le voyage continue, avec un objectif supplémentaire pour les deux Français : capter ces fantômes. 

    Un joli conte sous forme de manga à la facture occidentale

    Faux-récit de voyage, Onibi (du nom d’une des nombreuses créatures artificielles) est un joli conte sous forme de manga à la facture occidentale. Cécile et Olivier partent autant à la recherche de yōkai, renards magiques et autres fantômes qu’à la rencontre des habitants des Japonais qui les côtoie. C’est souvent autour d’un bento, d’un bol de soupe ou d’une tasse de thé que se font les conversations : la rencontre d’une vieille femme avec un animal fabuleux lorsqu’elle était enfant, la découverte d’un "monde flottant", une montagne magique ou une ville construite entre deux mondes.

    L’appareil-photo est au cœur de ce voyage et les auteurs ont astucieusement choisi de ponctuer les chapitres par les clichés pris par l’héroïne, mais qu’elle ne verra finalement pas, au contraire du lecteur. Cela donne à l’album une impression supplémentaire de mystère, bien plus que si le duo de l’Atelier Sentô s’était contenté d’une BD classique. Onibi se termine avec un carnet de bord, qui n’est pas sans renvoyer à leur album plus récent, Rêves du Japon.

    Atelier Sentô, Onibi, Carnets du Japon invisible, éd. Issekinicho, 2016, 128 p.
    http://ateliersento.com
    https://www.facebook.com/AtSento
    https://www.issekinicho.fr

    Voir aussi : "Géants de papier et autres yōkai"

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