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• • Articles et blablas - Page 271

  • Julia Palombe : Au lit, Citoyens !

    Candidate à l'élection présidentielle, l'auteure, danseuse, chanteuse et actrice Julia Palombe s'est lancée dans la course vers l’Élysée, avec, chevillée au corps, son engagement pour "la liberté, l'égalité et les sexualités." En septembre 2016, son un livre manifeste Au lit citoyens !" (éd. Hugo Doc-Blanche) signe le départ de sa campagne aux Présidentielles, avec le parti du Jouir Ensemble. Tout un programme !

    Entre deux meetings et trois concerts, Julia Palombe a accepté de répondre au questionnaire "Présidentielles 2017" de Bla Bla Blog. Qu'aimez-vous et qui aimez-vous, Julia ? Les réponses, ici.

    En littérature, Julia Palombe cite deux auteurs aux antipodes de son image rock et libérée, avec Pablo Neruda comme auteur fétiche et La plus que Vive (1996) du poète et moraliste chrétien (sic) Christian Bobin comme livre de chevet.

    Nous serons moins surpris d'apprendre que la candidate et musicienne a été voir récemment – comme beaucoup – La La Land. Que Fellini fasse partie de ses cinéastes préférés n'étonnera guère chez cette artiste qui a fait de la sexualité un de ses chevaux de bataille. Marcello Mastroianni fait partie de ses acteurs favoris : là encore, qui pourrait l'en blâmer ? Nous restons en Italie pour la question au sujet des séries que Julia Palombe suit assidûment. Elle cite "la superbe" et audacieuse série Gomorra.

    Musicalement, pas de surprise : c'est le rock et les Rolling Stones vers lesquels vont les goûts de l'artiste et candidate de Jouir Ensemble.

    Deux questions de Bla Bla Blog concernaient les beaux-arts et les expositions. Julia Palombe cite parmi ses peintres favoris Salvador Dalí. La dernière exposition qu'elle a vue est "Strip Art" consacrée au peintre et dessinateur de BD érotiques Alex Varenne. Le dernier spectacle que Julia Palombe a vu est Françoise par Sagan au Théâtre du Marais, par Caroline Loeb, un monologue sensible et plus vrai que nature sur Françoise Sagan. Le texte a été composé à partir d'authentiques interviews de l'auteur de Bonjour Tristesse.

    À la question sur les journaux et magazines lus par Julia Palombe, cette dernière cite We Demain, élégant et riche "mook" (contraction de "magazine" et "book").

    Retrouvez ici l'intégralité des réponses de Julia Palombe, avec cette dernière question : "Quelle politique culturelle envisagez-vous de mener en cas de victoire aux Présidentielles ?"

    Le questionnaire complet de Bla Bla Blog, avec les réponses de Julia Palombe

    Quel est votre livre préféré ?

    Christian Bobin, La plus que vive. L'auteur décrit avec tant de justesse et d'émotion la perte de l'être aimé. J'avais été bouleversé par le portrait de cette femme, la description de "ses manières" de maman...

    Quel est votre auteur fétiche ?

    Pablo Neruda. J'avais crée une pièce chorégraphique autour de ses Poèmes d'amour. La passion et la fougue qui transparaissent dans ses vers sont irrésistibles pour moi. J'ai rêvé d'être Mathilde...

    Quel film avez‐vous récemment vu au cinéma ?

    La La LandUn chef petit bijou ! Et quel thème musical délicieux !

    Quel est votre acteur ou actrice favori ?

    Marcello Mastroianni. Je peux regarder en boucle des nuits durant les films 8 et 1/2 ou La Dolce Vita. Je suis une admiratrice inconditionnée de son allure, de son regard. Il est toujours juste ! Et il peut être très drôle aussi ! 

    Quel metteur en scène admirez‐vous ?

    Fellini forever. Une amie m'a offert le livre de ses rêves, et j'y replonge régulièrement, pour m'y perdre... ou m'y retrouver. Cet artiste était un génie de la réalisation, un visionnaire extrêmement talentueux. 

    Quelle série suivez‐vous assidûment en ce moment ?

    En ce moment aucune… La dernière que j’ai vu c’est la superbe Gomorra. Réalisation "sur le fil du rasoir" comme on dit ! Tendu, violent, mais magistral.

    Quel est votre style de musiques favori ?

    Rock : Hendrix, Led Zeppelin, Zappa, Presley... Le rock c'est la musique du plaisir, de la magie, du sexe ! 

    Quel est votre compositeur, musicien et/ou chanteur favori ?

    Je ne me lasserai jamais des Rolling Stones ! Emotional rescue, Hot Stuff... Les riffs de Keith, le look et la voix de Jagger... Ce sont les maîtres en matière de rock'n'roll.

    Quel est votre peintre favori ?

    Le peintre surréaliste Dalì, pour sa vision très personnelle de la fuite du temps en particulier. Et puis vers la fin de sa vie, il a fait des déclarations brillantes que j'apprécie grandement, comme par exemple: "Je suis de moins en moins fou, et je suis tellement équilibré que au point de vue bonheur...J'ai souvent peur de crever d'excès de satisfaction."

    Quelle est la dernière exposition que vous ayez vue ?

    Varenne à Paris. J'étais invitée à faire une signature de mon manifeste lors du premier salon littéraire érotique qui s'est tenu pendant l'exposition. 

    Quelle est la dernière pièce de théâtre ou spectacle que vous ayez vue?

    Françoise par Sagan au Théâtre du Marais, par Caroline Loeb. Une merveilleuse actrice très bien entourée (lumières, mise en scène). Une partition que de nombreuses actrices rêveraient de jouer...

    Quel journal et/ou magazine lisez‐vous régulièrement ?

    We Demain. Le seul magazine qui soit positif tout en étant instructif. We Demain me donne envie de faire des choses, d'améliorer mon quotidien et celui de tous. Car je ne supporte plus les torchons dépressifs qui plongent le peule dans une léthargie...

    Pratiquez-vous vous‐même un art ?

    Je suis une artiste.

    Quelle politique culturelle envisagez vous de mener en cas de victoire aux Présidentielles ?

    La culture est essentielle dans la société, elle permet de lutter contre l’ignorance, la violence, la bêtise, la haine. Elle concerne 700 000 emplois en France et contribue 7 fois plus au PIB français que l’industrie automobile ! La culture doit être placé au centre de la vie des français, et au cœur de l’éducation.

    http://www.juliapalombe.com


  • Les aventures de l’art

    La série web est un genre en plein développement. La FRAC Aquitaine s’en est emparée pour proposer un programme court sur Internet consacré à l’art contemporain, La Conquête de l’Art.

    Trois épisodes de trois à quatre minutes, basés sur les collections de la vénérable institution régionale, répondent à ces questions : faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? Une œuvre d’art doit-elle être belle ? Faire de l’art demande-t-il du travail ?

    Le but affiché par la FRAC Aquitaine est de s’attaquer aux poncifs sur l’art contemporain et de parler des œuvres emblématiques de l’art moderne et classique.

    La FRAC Aquitaine se fait médiatrice culturelle et vise un large public. La websérie est destiné autant à être vue sur tous les écrans, seul ou en famille, dans les écoles, en fac, dans les structures médico-sociales, socio-culturelles et socio-éducatives, comme par les associations culturelles et sociales. Le support animé accompagnera des expositions nomades organisées par la FRAC Aquitaine en région.

    Historiens de l'art et auteurs (Camille de Singly et Sophie Poirier), graphistes (Cizo des Requins Marteaux Éditions) et développeurs web (Matthieu Felder / Poivre vert Productions) se sont alliés pour ce projet créé avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine (via le programme Aquitaine Cultures Connectées) et la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

    La Conquête de l’Art, réalisé par Stéphane Soulié, Frac Aquitaine

  • Et au milieu coule le Rhin

    sylvain tesson,le verger,rhin,nouvelleFleuve européen stratégique, frontière naturelle et inspirateur de contes et légendes, peu de cours d’eau se prêtent aussi bien à des histoires merveilleuses que le Rhin. Sylvain Tesson en fait le sujet de deux nouvelles dans le recueil Chronique des Bords du Rhin (éd. Le Verger).

    L’auteur du Prix Médicis 2011 Dans les Forêts de Sibérie et du plus récent Sur les chemins noirs (Gallimard), propose deux pérégrinations plus dépaysantes et aventureuses que ne le laisse à penser cette chronique (ou ces chroniques ?) sur un fleuve relativement mal connu dans notre pays.

    Le premier de ces voyages, Journal d’une Fée du Rhin, s'inspire des légendes rhénanes. L’auteur donne la parole à une narratrice, une figure mythologique de ces contrées : "Je suis fille d’ici. Je suis née de la respiration du Rhin. Un feu follet qui caracolait sur la berge du vieux fleuve féconda un soir d’été une nuée blanche qui en ouatait la surface. J’ai jailli de cette noce célébrée par l’air et l’eau." La fée du Rhin parle du fleuve dont elle est l’une des gardiennes. Le lecteur est invité à laisser de côté sa raison et de retrouver son âme d’enfant crédule. Oui, les fées existent, semble nous dire Sylvain Tesson, qui use d’une langue onirique, chantante et fragile comme du cristal. Cette première nouvelle n’est pas simplement un morceau de prose poétique. Elle nous parle aussi de notre époque : des transformations du Rhin, de la modernité dévastatrice et de ses habitants intrusifs, voire criminels. Malgré cela, la fée veille sur les lieux et les hommes "en prêtresse heureuse de ce temple végétal."

    La deuxième nouvelle, Où est-elle ?, fait du Rhin le décor d’un conte tour à tour romantique, mystérieux, tragique puis grotesque. Le narrateur accepte à contrecœur d’accompagner sa petite amie en Alsace pour un périple en amoureux. Cette Lorelei fantasque, "aux yeux un peu violets", fille d’un montreur d’ours transdniestrien et d’une obscure chanteuse d’opéra tcherkesse, conduit son amant sur les rives du Rhin. Mais au cours de la promenade, la jeune femme s’évanouit. Son ami, incrédule, part à sa recherche. Bientôt, une battue est organisée : où est-elle ? Et surtout qui est-elle ? Sylvain Tesson se fait conteur féroce, dans une histoire sur la folie digne d’Edgar Allan Poe.

    La Chronique des Bords du Rhin se referme après un moment rare de dépaysement autour du Rhin que nous pensions - à tort - connaître.

    Sylvain Tesson, Chronique des Bords du Rhin, éd. Le Verger, coll. Sentinelles, 2017, 37 p.

  • Voir peut-il rendre fou ?

    Depuis 1987, Aurélie Dubois a entamé un parcours artistique où elle explore le dessin, la photographie, la vidéo et les installations.

    Dès le départ, son travail revêtit en toile de fond l’idée d’une garde, une garde artistique. Cette idée de l’artiste de garde, définie par le psychanalyste et écrivain Daniel Androvski en 2008, habite ses créations, en résistance à l’idée qu’une oeuvre d’art serait faite pour décorer plutôt que pour donner du sens ou révéler la nature des choses.

    "Nous pouvons considérer le corps comme une partition qui dès la naissance s’exprime par des cris ; Aurélie Dubois affirme par son oeuvre que ces cris s’écrivent même si ce qui se crie ne s’écrit pas. Au pire, ça se dessine, notamment sous la forme du sexe, de la tension, du râle et de certains hurlements" analyse Daniel Androvski.

    L’exposition présentée en mars prochain à Paris, est une rétrospective de ses œuvres passées et plus récentes. L’accent est mis sur le dessin, un étage entier de l’exposition lui est consacré. C’est aussi l’occasion de découvrir ses vidéos, telles que The Corridors, court métrage sélectionné pour le festival Coté Court en 2015, Traverse Vidéo en 2016 ainsi que son dernier court métrage expérimental Amour écrit en fer.

    Le commissariat de l’exposition est confié à Paul Ardenne, écrivain et curateur indépendant. "Aurélie Dubois est une artiste multidisciplinaire. Elle cherche, avec constance, à faire se rencontrer la création et la théorie dans ses oeuvres. Ses principales interrogations plastiques sont la sexualité et les rapports femme-homme, l’indétermination, la folie, la marginalité, l’étrange. Aurélie Dubois renouvelle l’image érotique pour éveiller notre imaginaire" explique Paul Ardenne.

    La rencontre entre ces différentes oeuvres permettra de prendre la pleine mesure de la philosophie d’Aurélie Dubois, son appel à la résistance et à la vigilance, face aux dérapages de notre société contemporaine et à ses tabous. "Rester en alerte, sur le qui-vive" !

    "Je considère être une Artiste de Garde. Je suis là, tout le temps. D’être en alerte me place dans la résistance aux idées reçues et aux convenances liées au corps et à ses sexualités. Je considère que mon travail de création est lié à la trahison de l’imaginaire sexué. Pourquoi résistante? Parce qu’il me semble nécessaire de démonter les systèmes conventionnels liés aux corps, l’érotisme bas de gamme, la pornographie liée au business. Par définition je suis en guerre. Ma démarche d’artiste vient donc trahir notre mensonge. Mais quel ce mensonge? Me direz-vous? C’est ce que nous faisons et que nous ne disons pas."

    Aurélie Dubois, "Voir peut-il rendre fou ?"
    Exposition du 16 au 26 mars 2017 au 24Beaubourg
    24, rue Beaubourg 75003 Paris
    www.aurelie-dubois.com
    "Aurélie Dubois unmakes sex"

  • Marie Baraton en concert

    Bla Bla Blog avait parlé de Marie Baraton il y a quelques jours.

    La chanteuse sera en concert au Sunset Sunside (60 rue des lombards Paris 1er), le samedi 25 février à 19 heures, pour un nouveau tour et de nouvelles chansons, avec Michel Haumont, Pierre-André Athané, Jean-My Truong et Etienne Roumanet.

    Page Facebook de Marie Baraton

     

  • Qu’avez-vous réellement vu ce soir-là ?

    Vous connaissez sans doute cette scène finale de La Dame de Shanghai d’Orson Welles. Dans un épisode culte, l’acteur et metteur en scène se trouve avec Rita Hayworth dans une salle remplie de centaines de miroirs. Alors que les personnages se cherchent s’évitent, se toisent ou s'affrontent, les reflets se répondent à l’infini, rendant impossible la distinction de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas.

    Le roman d'E.O. Chirovici, Jeux de Miroirs (éd. Les Escales) est lui aussi une brillante parabole sur le thème de l’illusion, de la vérité et de la réalité, dans un thriller extrêmement brillant.

    Peter Katz, agent littéraire new-yorkais reçoit par courrier le manuscrit d’un certain Richard Flynn qui raconte son témoignage sur un fait divers survenu en 1987, 30 ans plus tôt, dans le campus de Princeton. Cette année-là, un soir de décembre, l’illustre professeur de psychologue Joseph Wieder est assassiné. Flynn, un des principaux témoins, avec son amie de l'époque Laura Baines, souhaite apporter la solution à ce crime resté sans solution. Mais le manuscrit est incomplet et s’achève avant la fin. Peter Katz, sentant le futur best-seller, essaie de contacter l’auteur, en vain car Richard Flynn vient de décéder un peu plus tôt. L’agent charge donc un journaliste, John Keller, d’enquêter sur ce crime et d’écrire la fin de l’histoire. Ce nouveau narrateur part à la recherche des témoins de cette époque et les interroge opiniâtrement, avant de laisser la main à un quatrième personnage, Roy Freeman, un policier à la retraite qui a travaillé sur ce dossier des années plus tôt.

    Le jeu de miroirs de ce polar américain, malin et qui se lit d’une traite, réside d’abord dans la manière dont les quatre narrateurs appréhendent un fait divers. La recherche de la vérité prend les allures d’un jeu de puzzle complexe. L’auteur place les dialogues, les témoignages et les interprétations au centre de ce roman policier, dans la veine des grands classiques d’Agatha Christie ou de Georges Simenon. Pas d’experts scientifiques chers à NCIS, pas de bains de sang, pas d’enquêteur blasé ou torturé, pas de courses au sensationnel : Chirovici fait dialoguer ses personnages, à la recherche de faits, d’indices discordants ou de phrases qui peuvent être lourdes de conséquences. Les témoins sont invités à se ressouvenir de ce qu’ils faisaient cette année 1987, à Princeton, et surtout ce qu’ils ont vu le soir du meurtre.

    Le bloggeur ne dévoilera évidemment pas la conclusion de cette enquête passionnante à quatre voix.

    Jeux de Miroirs est sans nul doute le grand thriller de ce début d’année et marque l’éclosion d’un auteur à suivre absolument.

    E.O. Chirovici, Jeux de Miroirs, éd. Les Escales, 315 p.

  • La la la ♫♪♫

    C’est le succès cinéma et musical du moment : le film La La Land déverse des étoiles plein les mirettes à des millions de spectateurs et d’auditeurs. Du jamais vu depuis des années : la comédie musicale, un genre complet, difficile et ingrat que l’on disait passer de mode, revit sur grand écran grâce au réalisateur américano-canadien Damien Chazelle et ses interprètes Emma Stone et Ryan Goslin. Les comédiens forment le couple le plus glamour que l'on ait vu depuis longtemps. Il faut dire qu'ils se connaissent bien : avant La La Land, ils avaient déjà joué ensemble dans Crazy, Stupid, Love (2011) puis dans dans Gangster Squad deux années plus tard.

    La comédie musicale était réapparue épisodiquement ces dernières années, soit en reprenant des concepts qui avaient fait leur preuve (Chicago), soit en revisitant le genre, avec plus ou moins de réussite (Moulin Rouge). La La Land suit une autre voie : celui de la création originale comme de l’hommage aux grands classiques des années 30 à 50. Il y a cinq ans, c’était ainsi que Michel Hazanavicius avait écrit son chef d’œuvre The Artist, avec Ludovic Bource pour la musique.

    Pour La La Land, le compositeur Justin Hurwitz a bâti une bande originale sur mesure. Les auditeurs retrouveront l’ambiance du film, avec des morceaux déjà anthologiques, composés avec soin et interprétés avec amour par des acteurs et chanteurs inspirés.

    L’album s’ouvre par le majestueux Another Day of Sun, au souffle coloré inoubliable. Dans la grande tradition des comédies de Fred Astaire et de Gene Kelly, les chœurs deviennent des personnages et des interprètes à part entière, à l'image aussi de Someone in the Crowd. Malin et magicien, Justin Hurwitz n’imite pas, pas plus qu’il n’est dans l’hommage transit du répertoire chrooner des années 50 (A Lovely Night). Le musicien va naturellement piocher du côté du jazz (Mia & Sebastian’s Theme, Summer Montage / Madeline), du free jazz (Herman’s Habit), mais aussi du classique (Planetarium) et de la pop. Ainsi, ne peut-on pas voir dans City Of Stars un peu de Coldplay et leur tube A Sky Full Of Stars. John Legend, dans un second rôle notable, propose un titre pop-rock avec Start a Fire, une parenthèse plus contemporaine mais moins convaincante.

    La La Land est une pure merveille musicale et assurément déjà un classique, aux mélodies entêtantes (Engagement Party) et qui vous redonnent le smile : "Ba da da… I think about that day / I let him at a Greyhound Station / West of Santa Fé / We were seventeen, but he was sweet and it was true / Still I did what I had to do / Cause I just knew..." ♫♪♫ La la la...

    Justin Hurwitz, La La Land, Interscope Records, 2017

  • Décalée

    Voilà une bande dessinée de salubrité publique, qui cache derrière son tire a priori anodin, La Différence invisible (éd. Delcourt/Mirages), une affection médicale peu connue autant qu’un fait de société.

    Sous forme d’une autobiographie graphique, Mademoiselle Caroline entreprend de raconter à travers son double Marguerite, 27 ans, sa difficulté à mener une vie paisible, à vivre parmi les autres, à travailler ou à s’engager sentimentalement avec son petit ami.

    Sans cesse décalée, angoissée et incapable de maîtriser certains codes sociaux, la jeune femme s’aperçoit qu’elle est atteinte du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme qui la handicape. Cette nouvelle marque le début d’une découverte d’elle-même mais aussi d’une nouvelle vie sociale qui ne pas aller sans déconvenue. Ce processus passera par des rencontres, par un blog (www.mademoisellecaroline.com) mais aussi par cette BD, La Différence invisible.

    On peut être reconnaissant aux deux auteurs, Mademoiselle Caroline au scénario et Julie Dachez au dessin, d’avoir su intelligemment mettre sur le devant de la scène l’autisme. Affection peu connue et comme invisible – surtout chez les femmes –, le syndrome d’Asperger est mal traité en France faisant de notre pays un exemple à ne pas suivre (l’HAS a désavoué en 2012 la psychanalyse dans son approche de cette forme d’autisme). Ajoutons que deux spécialistes, Carole Tardif et Bruno Gepner, préfacent ce livre.

    Touchante, élégante et revigorante autofiction graphique, Mademoiselle Caroline et Julie Dachez apportent avec La Différence invisible une contribution précieuse pour parler des personnes victimes de ce syndrome : voilà une bande dessinée de salubrité publique que tous les politiques et autres décideurs publics devraient avoir dans leur bibliothèque.

    Mademoiselle Caroline et Julie Dachez, La Différence invisible,
    préface de Carole Tardif et Bruno Gepner, éd. Delcourt/Mirages, 200 p.

    www.mademoisellecaroline.com