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Parlons maintenant du film en lui-même, d’autant moins anodin que son actrice principale, Camille Cottin, a été nominée pour le César du meilleur espoir féminin.
Connasse Princesse des Cœurs suit Camilla, une trentenaire aussi belle qu’insupportable. Prétentieuse, glandeuse et bien décidée à vivre dans le bling-bling, parce qu’elle le vaut bien. A défaut d'héritage ou de rente, la jolie désargentée n’a qu’une option : se marier avec le meilleur parti qui soit. Elle décide de jeter son dévolu sur le Prince Harry. La belle a un atout maître pour y parvenir : l’obstination, jusqu’à l’aveuglement. Elle file à Londres obtenir l’assentiment de son futur jules. Mais encore faudrait-il le rencontrer.
Avouons-le : le synopsis de cette comédie virevoltante et drôle est moins intéressant que le jeu de Camille Cottin (remarquée par l’Académie des Césars) et surtout par le dispositif mis en œuvre par les réalisatrices Éloïse Lang et Noémie Saglio. Ces dernières étaient aux manettes pour la version télé de Connasse, déjà interprétée par Camille Cottin. Ce programme court, diffusé sur Canal + en 2013, a été déclinée et développée pour le cinéma, ce que certains ont regretté.
Techniquement, Connasse Princesse des Cœurs est une prouesse : à partir d’un scénario cousu-main – et un rôle en or pour une comédienne – Éloïse Lang et Noémie Saglio ont installé une série de dispositifs de caméras cachés, prenant au piège figurants et personnages secondaires (dont Stéphane Bern) face à une vraie comédienne jouant son rôle de connasse française à la perfection. Camille Cottin se met perpétuellement en danger et brouille, à l’instar du remarquable La Bataille de Solferino (de Justine Triet, 1913), la distinction fiction/réalité, au point d’avoir été arrêtée par les forces de l’ordre en plein tournage pour atteinte à l’ordre public.
Le débat sur la pertinence du procédé de caméra-café pour un long-métrage a fait bondir des critiques. Pour autant, cette comédie a une saveur et une fraîcheur tout à fait nouvelle, grâce à la performance de celle qui tient le film sur ces épaules. Et ça, ce n’est pas rien.
Connasse Princesse des Cœurs de Eloïse Lang et Noémie Saglio avec Camille Cottin, 2015, 1h22
Au 38, rue de Montpensier, dans une de ces vieilles ruelles du 1er arrondissement de Paris jouxtant le jardin du Palais Royal, le musée du Louvre et la Comédie française, avait lieu un Duel.
Il se déroulait dans une des plus anciennes salles de la Capitale, sous les ors et les dorures du Théâtre du Palais Royal. Les protagonistes ? Laurent Cirade et Paul Staïcu, de retour pour Duel 2, leur nouveau spectacle créé après une première tournée triomphale dans 36 pays. Les deux musiciens s’affrontent sur scène pendant pendant près d’une heure vingt à coup de violoncelle, piano, violon, mélodica, percussions et autres instruments parfois les plus insolites – scie, didgeridoo ou fil de pêche... L’objet de ce duel ? Faire rire. Mission réussie.
Dans un show efficace et millimétré, les deux compères, complices et adversaires le temps d’une représentation, détournent les codes du concert classique - costumes et nœuds de papillon inclus - pour en faire un spectacle comique, insolite et virtuose. Laurent Cirade le violoncelliste, a sévi dans le célèbre groupe comique multi-primé Le Quatuor, après plusieurs années à l’Orchestre National de France. Il est vrai que l’influence de cette formation burlesque est évidente dans Duel 2. L'autre duelliste est Paul Staïcu, compositeur et instrumentiste confirmé, avec à son actif plusieurs "Premiers Prix" en composition et jazz. C’est d’ailleurs dans le jazz que Paul Staïcu a notamment brillé en jouant aux côtés de Michel Portal, Steve Coleman, Winston Marsalis ou François Jeanneau. Excusez du peu.
Ces deux musiciens, qui ne sont donc pas venus de nulle part, construisent dans Duel 2 une série de numéros enlevés où la musique devient autant une arme (le spectateur apprendra d’ailleurs comment tuer avec un violoncelle !) qu’un jouet que deux grands gosses – surdoués – convoitent jusqu’à s’entre-déchirer - pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Dans cet affrontement (presque) muet des deux musiciens, les scénettes s’enchaînent sans temps mort. Le non-sens et le burlesque sont la règle et nous renvoient au célèbre duo de Charlie Chaplin et Buster Keaton dans Limelight (Les Feux de la Rampe, 1952).
L’imagination de Laurent Cirade et Paul Staïcu, sans oublier celle de la metteuse en scène Agnès Bourry, décline à l’infini le détournement des instruments et des répertoires de musique. La surprise peut surgir à tout moment : jouer du piano dans un transat, cuisiner puis déguster un violoncelle ou élever au biberon un violon. Le pouvoir de sex-appeal du violoncelle (que l’on connaissait depuis les célèbres clichés de Kiki de Montparnasse par Man Ray) est aussi raconté avec succès, jusqu’à la "naissance" d’un violon bien encombrant.
Les moments de poésie ne sont pas oubliés : une variation sur le thème de Carmen, au piano, violoncelle et didgeridoo, fait partie de ces moments de grâce, tout comme l’interprétation tendue et inspirée de Walk on the Wild Side de Lou Reed.
Laurent Cirade et Paul Staïcu multiplient les références au classique, au jazz, à la pop, au rock, au reggae, au contemporain, au RnB, au disco et à la soul pour détourner quelques grands compositeurs et musiciens - et tout cela au service du rire. L’auditeur attentif pourra reconnaître, entre autres, Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, les Beatles, Luigi Boccherini, Ludwig van Beethoven, Georges Bizet, Carlos Santana, Ennio Morricone (dans une scène loufoque inspirée des westerns spaghetti), Charlie Chaplin, les Village People, Johann Strauss, Charles Gounod, les Bee Gees, Sergueï Prokofiev, Vladimir Cosma, Johannes Brahms, Lou Reed ou Barry White.
Nos duellistes font non seulement un magnifique hommage au patrimoine musical mais contribuent aussi à le désacraliser. Tout cela n’est pas sérieux, semblent nous dire les deux artistes sur scène. Mais la musique l’est-elle réellement ?
La musique du film, écrite et composée par Ludovic Bource, capitale dans un film muet, a été saluée elle aussi, cumulant un Oscar, un Bafta, un Golden Globe, un César, le Prix du Cinéma Européen ou le Critics’ Choice Movie Award de la meilleure Bande Originale de film.
The Artist est de retour en 2016 et 2017 pour une série de ciné-concerts live en France, en Suisse et en Belgique. Une vingtaine de dates sont déjà programmées. La tournée s’ouvre à la Philharmonie de Paris les 19 et 20 mars 2016 et se poursuivra tout au long de la saison 2016/2017, à Lille, Bordeaux, Lyon, Nice, puis Lucerne et Bruxelles.
"Je suis un insoumis et qui a redonné La Marseillaise son sens initial ! Et je vous demanderai de la chanter avec moi !"
La scène se passe le 4 janvier 1980 à Strasbourg, dans le cadre d’un concert de Serge Gainsbourg, concert qui, du reste, n’aura jamais lieu. L’essai de Laurent Balandras, La Marseillaise de Serge Gainsbourg, Anatomie d’un Scandale (éd. Textuel) s’ouvre sur ce moment phare de l’histoire de la chanson française, coup de tonnerre médiatique autant que virage artistique dans la carrière de l’homme à tête de chou.
L’essai de Laurent Balandras est exemplaire à bien des égards. En retraçant le contexte de La Marseillaise version reggae de Gainsbourg (et intitulée Aux Armes et cætera), il ausculte les tenants et les aboutissants d’un scandale qui dépasse largement le simple contexte musical.
En janvier 1979, Serge Gainsbourg, toujours en quête de renouvellement musical, enregistre en quelques jours à la Jamaïque l'album Aux Armes et cætera. L’auteur d’Initials BB a, par le passé, puisé son inspiration dans le jazz, les percussions africaines, la pop anglaise ou le rock. Cette fois, c’est sur le reggae que Gainsbourg jette son dévolu, convaincu par son directeur artistique Philippe Lerichomme après l’écoute de la première version de Marilou Reggae dans l’album L’Homme à Tête de Chou (1976). Parmi les 12 titres enregistrés figure cette fameuse Marseillaise revisitée dans un style reggae, "un chant révolutionnaire sur une musique révolutionnaire" comme l’expliquera inlassablement le chanteur en pleine tourmente.
L’album Aux Armes et cætera sort le 13 mars 1979. Le scandale éclate moins de trois mois plus tard lorsque le futur académicien Michel Droit publie dans Le Figaro Magazine une violente tribune contre "l’outrage à l’hymne national" que constitue cette Marseillaise reggae : "un rythme et une maladie vaguement caraïbe… à l’arrière-plan, un chœur de nymphettes émettant des onomatopées totalement inintelligibles… et au ras du micro, d’une voix mourante, exhalant comme on ferait des bulles dans de l’eau sale, des paroles empruntées à celles de … La Marseillaise." L’ancien résistant va plus loin en s’attaquant à l’artiste : "œil chassieux, barbe de trois jours, lippe dégoulinante… débraillé… crado…" La charge de Michel Droit atteint des sommets lorsqu’il considère qu’en adaptant La Marseillaise à des fins mercantiles ("en tirer profit aux guichets de la Sacem"), l’initiative du chanteur porte "un mauvais coup dans le dos de ses coreligionnaires". Autrement dit, par son acte "provocateur" contre l’hymne national, Serge Gainsbourg est accusé de favoriser l’antisémitisme… en raison de ses origines juives. Cet article donne le départ d'un scandale si brutal que Gainsbourg en restera définitivement meurtri.
Relatant cette affaire, Laurent Balandras ne se contente pas de dresser l’historique de ce qui n’était au départ qu’une adaptation moderne - et exotique - de l’œuvre de Rouget de Lisle. Il retrace aussi en quelques pages l’enfance du petit Lucien Ginsburg, fils d’immigrés russes et de culture juive. Il rappelle que, né en 1926, le futur Serge Gainsbourg a été élevé dans l’amour de la culture française, dans une famille laïque, naturalisée et amoureuse de son pays d’adoption. Musicien très jeune, pianiste classique, il échappe de peu à la déportation comme d’ailleurs ses parents et ses sœurs. Un véritable traumatisme, comme le rappelle Laurent Balandras et qui resurgira en 1979 à la faveur d’un article haineux écrit par l'ancien résistant Michel Droit.
Cet essai sur La Marseillaise de Gainsbourg abandonne le chanteur le temps d’un chapitre pour s’intéresser à l’histoire de l’hymne national. Il se nommait à l’origine Le Chant de l’Armée du Rhin, et a été composé en avril 1792 à Strasbourg (et oui !) par Claude Joseph Rouget de Lisle, modeste officier et musicien amateur. Un chant révolutionnaire donc, comme le rappellera Serge Gainsbourg deux siècles plus tard. Laurent Balandras rappelle l’histoire tumultueuse de ce chant patriotique qui est devenu un hymne national après pas mal de déboires… et d’adaptations, jusqu'à la version de Gainsbourg, Aux Armes et cætera.
Au sujet de ce titre, le chanteur rappellera qu’il respecte un manuscrit original de Rouget de Lisle. Laurent Balandras nuance cependant ses propos : "Les paroles reproduites dans le Larousse contiennent cette indication afin de ne pas réécrire sempiternellement le refrain. C’est presque vrai à cette nuance que la mention exacte est Aux armes, citoyens… etc."
L’album reggae de Gainsbourg, vendu à plus d’un million d’exemplaire, est un succès inédit pour le musicien. À 50 ans, l’auteur de La Chanson de Prévert ou de L’Eau à la Bouche devient un artiste populaire, adoré par la jeunesse et considéré avec respect par la profession. Le jour de gloire est arrivé, donc. Cependant, "la fête est brutalement gâchée par l’article scandaleux de Michel Droit." Serge Gainsbourg conservera toute sa vie dans ses archives les pièces qui ont constitué ce scandale de La Marseillaise "jamaïcaine" : lettres d’injures ou de soutiens, coupures de presse, photographies, télégrammes. La reproduction de quelques-unes de ces pièces à conviction constitue l’une des grandes richesses de l’ouvrage de Laurent Balandras. Elles illustrent à elles seules le degré de violence contre l’artiste, empêché à plusieurs reprises de se produire sur scène, ce qui ne l’empêchera pas de partir à la rencontre de son public. Mais c’est un homme blessé qui sort de cette épreuve : "Si les attaques de Michel Droit ont meurtri Gainsbourg, l’affront de Strasbourg l’a anéanti… Certes, il se doutait bien qu’une Marseillaise en reggae allait défriser quelques implants mais de là à menacer physiquement des saltimbanques…"
À partir de 1980, Serge Gainsbourg endosse un nouveau costume et se mue en Gainsbarre, son "double monstrueux" et provocateur, désinhibé, dépressif et (faussement?) alcoolisé. Sa vie privée est chambardée. Il quitte sa muse Jane Birkin, fréquente un temps Catherine Deneuve, avant de rencontrer sa dernière compagne, Bambou : Ecce homo, comme le dit la chanson phare de son album suivant Mauvaises Nouvelles des Étoiles (1981).
Mais l’ultime pied de nez de ce scandale, sur fond de patriotisme antisémite, viendra le 13 décembre 1981. Ce jour-là, contre vents et marées, Serge Gainsbourg achète pour 135 000 francs un manuscrit autographe de La Marseillaise rédigée en 1833 par Rouget de Lisle. Il racontera ainsi son retour de la salle des ventes, avec cette pièce historique : "Le retour de Versailles fut grandiose. J’étais accompagné par Phify, garde du corps, videur au Palace, d’origine polonaise. Il y avait Bambou, ma petite amie, une Niak. Moi, je suis russe, juif et la voiture c’était une Chevrolet, une américaine ! Et sur la banquette arrière, y’avait le manuscrit original de La Marseillaise ! Étonnant !"
Laurent Balandras, La Marseillaise de Serge Gainsbourg, Anatomie d’un Scandale, éd. Textuel, 159 p.
4-1 : c’est le résultat de la victoire "à la PSG" d’une machine sur l’homme dans un des jeux les plus cérébraux qui soient : le go.
J’avais parlé sur ce blog de la victoire historique d’une machine contre Gary Kasparov en 1997. Vingt ans plus tard, en mars 2016, c’est encore une intelligence artificielle qu’un cerveau humain affrontait à Séoul, dans le cadre d’une partie hautement symbolique. Lors de la première manche, le champion du monde Lee Se-Dol avait déclaré forfait après une domination de la machine, avant de remporter une manche. Le grand maître se sera finalement incliné pour les trois manches suivantes.
La légendaire partie d’échec de 1997 mettait aux prises entre Gary Kasparov avec une machine d’IBM. Signe des temps, le programme informatique AlphaGo qu’affrontait le champion du monde du go, le Sud-Coréen Lee Sedol, est issu de la recherche de Google DeepMind, une entreprise britannique rachetée par le groupe américain Google.
Le go, vieux de trois mille ans, est assez peu connu en Occident où il est apparu il y a un siècle. Ce jeu de stratégie met deux joueurs face à face autour d’un plateau de 19 lignes sur 19. Chaque joueur délimite un territoire grâce à des pierres noires et blanches. Simple en apparence, le go permet un nombre de combinaisons phénoménales, et bien plus importants que le jeu d’échec (10170 pour le go contre 10120 pour les échecs, nous disent David Labousserie et Morgane Tual dans Le Monde pour leur article "Intelligence artificielle : l’humain battu au jeu de go").
Prouesse technologique et avenir vertigineux pour les robots, ce tournoi au cours duquel une intelligence artificielle a mis la pâtée à un cerveau humain pourrait bien anticiper dans les années et les siècles à venir une domination inquiétante des machines. Les plus pessimistes déclareront qu’à l’avenir ce ne sera pas le nucléaire qui sonne le glas du genre humain mais le silicium.
En attendant, pas rancuniers, les représentants – humains – de l’association sud-coréenne du go ont décerné à la machine le titre de grand maître.
Niçoises et Niçois, l’exposition "Vos souvenirs de la Prom’" est la vôtre, à bien des égards.
En 2015, dans le cadre de la candidature de Nice à l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO, la Mission Promenade des Anglais, initiée par la mairie de la "Capitale de l’Hiver", a proposé aux Niçois d’ouvrir leurs albums photos afin de montrer au public plus d’un siècle de Promenade des Anglais. Cette opération participative a trouvé un écho populaire : plusieurs centaines de clichés, issus d’archives privées et familiales, ont déjà été rassemblés et sont exposés gratuitement pour la Mission Promenade des Anglais.
Micro-événement local ? Initiative municipale n’intéressant que les Azuréens ? Promotion d’un lieu hautement touristique ? Pas si vite. Plusieurs choses se jouent en réalité dans cette manifestation.
Il s’agit d’abord d’un hommage, issu de centaines d’anonymes de Nice ou d’ailleurs, d’un lieu français des plus emblématiques. Ce qui est rassemblé dans cette exposition ce sont des clichés a priori anodins et souvent émouvants sur cette fameuse Promenade connue du monde entier : couples posant sur la plage, bande de copains en goguette sur la côte, vues de la traditionnelle Batailles de Fleurs ou du Negresco (inauguré en 1913), souvenirs de baignades, de bronzettes ou de sports d’hiver, compétitions de beach-volley ou d’Ironman, employés travaillant sur le littoral, sans compter tous ces autres événements locaux, historiques et climatiques qui font la petite et la grande histoire de Nice.
Ce dont il est également question dans ces moments immortalisés est bien un moment d’histoire sociologique, que Jean-Jacques Aillagon, président de la Mission Promenade des Anglais, traduit ainsi : "En s’attardant sur l’évolution des pratiques sociales, des modes vestimentaires, des changements de mobiliers urbains, des aménagements de loisirs, de la végétation, cette collection permet de comprendre, au travers de multiples détails insignes, les mutations d’un territoire." D’un territoire mais aussi de ses habitants, les vrais "héros" de cette exposition.
Ce qui est également en jeu dans cette manifestation, qui fleure bon les vacances et le farniente, c’est l’illustration de la popularisation de la photographie. Cet art s’est rapidement démocratisé à partir de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, contribuant à figer pour l'éternité les petits et les grands souvenirs personnels. L’exposition "Vos souvenirs de la Prom’" peut se lire autant comme un morceau de nostalgie (et beaucoup de Niçois y seront sans aucun doute sensible) que comme une présentation ethnologique et historique sur une ville française majeure. Louis Nucera écrivait ceci dans son roman Chemin de la Lanterne : "La ville est un aide-mémoire. On emprunte des rues, et des fragments d’existence réapparaissent. C’est la récolte du souvenir à chaque instant… Les feux d’artifice de la vie ont les leurs qui ne s’éteignent pas ; seraient-ils tragiques."
"La soumission, ça s’apprend tôt", dit, dans les dernières pages du roman d’Astrid Manfredi, La petite Barbare, cellequi se fait appeler ainsi. Elle n’a ni prénom ni nom. Toutefois, les lecteurs attentifs reconnaîtront derrière ce personnage fictif celui de l’appât ayant conduit Illan Halimi entre les griffes du Gang des Barbares. En 2006, le jeune homme avait péri après trois semaines de captivité et de tortures. Quelques années plus tard, la fille de ce gang avait été au centre d’un autre fait divers : emprisonnée à Versailles, elle aurait fait l’objet d’un traitement de faveur après avoir séduit un gardien de prison puis le propre directeur de la prison !
S’agit-il d’un roman sur cette double affaire ? Non.
L’auteure relate la séquestration et le décès dIllan Halimi en quelques pages. Et si les avances sexuelles de la petite barbare sont développées, il s’agit moins de relater un fait divers sordide que mettre en relief les motivations d’une jeune femme paumée.
Ce dont il est question dans La petite Barbare c’est bien de misère matérielle et intellectuelle ainsi que d’une lutte des classes contre toute forme d’oppression, qu’elle soit économique ou machiste. On sort groggy de ce roman coup de poing, cri de haine d’une fille dont le seul espoir réside dans la violence et le mépris du genre humain – et masculin.
Alors que les débats vont bon train au sujet des futurs noms des nouvelles régions françaises, j'ai imaginé ce que pourrait être une carte de France si un auteur de fantasy s'y était intéressé (d'après une carte du Huffington Post).
Certains noms sont complètement imaginaires, d'autres tout à fait plausibles (Nouvelle Austrasie, Terres du Nord). À noter que certains noms sont clairement inspirés d'anciennes appellations mérovingiennes et carolingiennes (Austrasie, Neustrie, Burgondie).