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Partons à la découverte d’un nouveau visage de la scène française. Elle se nomme Almée et propose ce printemps son dernier single et clip, "La source vive".
Musicalement, Almée semble marcher sur les pas de Zazie : voix cristalline, paroles poétiques et qui claquent au vent et une chanson française dépoussiérée et enrichie de sons électro.
C’est la recherche de soi-même, de l’autre autant que d’une éternité qu’appelle Almée dans ce très joli titre : "L'été revient et nous révèle / Nos âmes se parlent, et se rappellent / En nous sommeille - un éternel".
C’est avec l’adaptation de Fondation, la saga d’Isaac Asimov, qu’Apple+ a fait son entrée dans la production de séries. Et, pour le moins, ce projet ne manquait pas d’ambition. Comment les scénaristes allaient-ils se sortir d’une histoire de hard SF se situant au XIIIe millénaire, avec des technologies scientifiques avancées, des vaisseaux spatiaux en veux-tu en voilà, des planètes colonisées aux confins de l’univers que l’on atteint à la vitesse de la lumière et des cultures imaginées grâce au cerveau fertile d’un écrivain génial ? Apple+ avait mis la barre très haut. Pour quel résultat ?
Plus de vingt mille ans dans le futur, un empire galactique règne sur des millions de planètes peuplées par des milliards d’humains qui ont oublié jusqu’à l’existence de la Terre, reléguée à une lointaine légende que personne n’a pu ou su vérifier.
Le premier volume écrit de Fondation, en 1951 (Prélude à Fondation et L'Aube de Fondation ont été écrits sur le tard, entre 1988 et 1993), est constitué de cinq nouvelles s’étalant sur plusieurs siècles. Sur Trantor, la capitale de l’Empire, Hari Seldon, brillant psychohistorien – la psychohistoire est une science mêlant histoire, sociologie, statistiques et mathématiques –, prévoit que l’Empire doit bientôt s’écrouler, une décadence qui sera suivie de près de 30 000 ans de barbarie, avant la naissance d’un nouvel Empire. Le savant a cependant un plan pour réduire les temps sombres à quelques centaines d’années.
Affolées par ces prédictions, les autorités impériales l’exilent, lui et son équipe, dont une brillante tête en mathématiques, Gaal Dornick, sur la planète Terminus. C’est ce qu’avait prévu Hari Seldon. La colonisation de Terminus, planète de savants et de psychohistoriens, peut commencer, avec des voisins pour le moins turbulent.
Au fur et à mesure que la série se déploie, le bon et le moins bon se succèdent
La première saison de Foundation, la série d’Apple+, reprend dans les grandes lignes les cinq premières nouvelles de Fondation. Les moyens financiers de cette adaptation sont évidents. La planète Trantor a été imaginée avec soin. De ce point de vue, les lecteurs d’Asimov ne seront pas trahis.
Ils le seront sans doute un peu plus avec les deux personnages principaux, Gaal Dornick et Salvor Hardin. Deux actrices (dans le roman, ce sont des hommes - mais pourquoi pas ?) endossent, pour l’une le rôle du mathématicien rejoignant Hari Seldon, pour l’autre le Maire de Terminus des décennies plus tard. En réalité, dans la série, Salvor Hardin devient la "Gardienne" de la planète colonisée et elle a plus le profil d’une tête brûlée que d’une stratège ou d’une politicienne. Quant à Jared Harris, il incarne le savant génial avec conviction – au point que les scénaristes se sont refusés de le voir disparaître trop vite. Ce qui est paradoxalement dommage.
La modernisation de Fondation pour le petit écran pose sans aucun doute quelques problèmes. L’aspect politique et scientifique laisse la place à des scènes d’action sur Terminus, assez classiques mais qui ternissent l’aspect novateur d’Asimov.
Au fur et à mesure que la série se déploie, le bon (les manœuvres du trio impérial) et le moins bon (les pérégrinations peu crédibles de Gaal Dornick dans l’espace-temps) se succèdent. En voulant raccrocher les wagons des premières nouvelles de Fondation, Foundation perd beaucoup de la saga originelle, jusqu’aux dernières minutes de la saison, où l’on assiste à une rencontre tirée par les cheveux et pas du tout convaincante.
Certes, on peut saluer l’adaptation risquée et ambitieuse de l’une des plus grandes sagas de la SF. Mais pour pleinement goûter à Fondation, il faut sans aucun doute préférer les livres à la série. Cependant, si la version filmée donne envie de lire les livres, pourquoi pas ?
Une deuxième de saison de Foundation est de toute manière déjà en chantier, preuve que l’adaptation a, au final, su convaincre beaucoup et trouver son public.
Isaac Asimov, Fondation, éd. Folio, 1951, 256 p. Foundation, série de science-fiction américaine de David S. Goyer, avec Jared Harris, Lee Pace, Lou Llobell, Leah Harvey, Laura Birn, Terrence Mann et Cassian Bilton, saison 1, 10 épisodes, 2021 http://www.asimovonline.com/asimov_home_page.html https://tv.apple.com/fr
Alors que le Festival de Cannes bat son plein, il est sans doute temps de s’arrêter sur le Président du Jury de cette édition 2023, Ruben Östlund. Le cinéaste suédois a quand même réussi l’exploit d’avoir décroché deux Palmes d’Or à Cannes avec… ses deux derniers films, The Square en 2017 et Sans filtrel'an dernier.
Triangle of Sadness, le titre original de Sans Filtre, tire son nom de la première scène se déroulant au cours d’un casting de mannequins. Une scène mémorable, drôle et caustique, et qui annonce la couleur : faire un sort à notre société de l’apparence, de la consommation et du libéralisme.
Le spectateur suit un jeune couple gâté par la vie : l'influenceuse Yaya et son petit ami Carl, dont la romance est pour le moins parasitée par l’argent, les apparences et les idées reçues. Les deux tourtereaux embarquent sur un yacht pour une croisière idyllique tout frais payée. Ils côtoient d’autres VIP – riches héritiers, hommes d’affaires, héritiers fortunés et autres femmes entretenues. Ils croisent aussi ces autres passagers issus de la classe prolétaire : personnel d’équipage, cuisiniers et serveuses à leur service pendant la durée du voyage, dans un décor de carte postale.
Après qu’une tempête transforme un dîner somptuaire en cauchemar digne de La Grande Bouffe, des pirates font couler le bateau. Les quelques survivants se retrouvent seuls sur une île. Et, cette fois, les rôles sont inversés.
Charlbi Dean
Les festivaliers de 2022 ont fait preuve d’un grand sens de l’humour en octroyant une Palme d’Or pour cette comédie scandinave s’attaquant aux nouvelles élites – dont Cannes n’est pas privée.
Dans Square, Ruben Östlund s’était pris à l’art contemporain. Ici, c’est le libéralisme dans son ensemble qui sert de cible. Le cinéaste a la bonne idée, au passage, de s’en prendre au monde des influenceurs et influenceuses, à travers les personnages tête-à-claque de Carl et Yaya. Avec une scène hilarante au cours de laquelle cette dernière "ose" dire bonjour à un simple membre d’équipage. La lutte des classes est au centre du propos de Ruben Östlund, mais c’est une lutte des classes en huis-clos, bardée de faux bons sentiments (la séquence de baignade accordée à la piétaille) et d’insultes à la décence (le couple de marchands d’armes).
Le grand dîner se terminant en débandade digestive est sans doute ce qui a le plus marqué les festivaliers de Cannes. Et il est vrai que le metteur en scène a fait preuve à, la fois d’audace, de maestria et d’humour acerbe pour dépeindre la riche clientèle en déshérence.
La dernière partie du film, au cœur de l’enjeu du film, n’est pas moins cruel. Cette fois, les rôles sont inversés : aux pauvres et aux femmes la domination sur l’île.
Même les détracteurs de The Voice le concéderont : le célèbre télécrochet permet régulièrement de découvrir de découvrir de nouveaux talents, qui auraient sans doute eu du mal à émerger sans l’émission populaire de TF1.
Une nouvelle preuve avec Giulia Falcone, issue de la pépinière de The Voice. Elle sort en ce moment son premier single "Lettre à mes parents". La jeune femme et artiste se confie en musique sur les rêves et espoirs d’une Provinciale arrivée à Paris. L’artiste entend bien leur prouver qu’elle a du talent, comme le chantait une certaine légende ("Je veux crier ma vie, ma joie, mes sentiments / Chanter cette flamme qui brûle, toucher au cœur ces gens"). En même temps, cette lettre vocale est aussi une chanson pleine d’amour pour ses parents et énormément de nostalgie pour son pays, ses racines italiennes et sa famille : "Et je reviendrai pour Noël / Les bagages lourd et le cœur léger".
Giulia Falcone interprète cette jolie déclaration avec délicatesse, et sans ostentation. Ce single devrait parvenir au cœur de beaucoup d’auditeurs.
L'Espion qui venait du Froid, l'un des premiers romans d'espionnage de John Le Carré, a révolutionné le genre. A l'antipode des James Bond, les histoires de John Le Carré sont complexes, les personnages ne sont pas des héros mais des hommes et des femmes ordinaires et souvent désabusés, l'espionnage n'est plus qu'une activité professionnelle, voire ennuyeuse et les enjeux (idéaux politiques et stratégiques) n'ont finalement aucun intérêt.
L'Espion qui venait du Froid débute par le démantèlement à Berlin, en pleine Guerre Froide, du réseau d'Alec Leamas par le service du contre-espionnage est-allemand dirigé par un certain Mundt. De retour à Londres, Leamas est grillé et mis sur la touche. Jusqu'à quand ? Voilà un roman intéressant par son parti-pris de désacraliser le roman d'espionnage.
J'ai trouvé ce livre vraiment passionnant pendant les 100 premières pages. J'ai moins accroché pour la suite : on se perd dans les magouilles d'espionnage (c'est voulu par l'auteur). Par contre, le personnage de Liz, la petite amie d'Alec, donne un vrai beau supplément d'âme. Un classique du roman d'espionnage à découvrir.
Un très beau titre anglo-saxon vient éclairer – si l’on peut dire – LEV, le superbe album de la chanteuse suisse Noga : Songs That Light The Night, littéralement : "Chansons qui éclairent la nuit". Et il est vrai que la lumière illumine cet opus, à l’instar du premier morceau "Rakia". Après les premières mesures tourmentées et très contemporaines, Noga s’installe, tout en douceur, grâce à une pop-folk qui ne peut pas laisser l’auditeur insensible, d’autant plus que de morceau s’inspire d’un psaume hébraïque.
Née de parents émigrés d'Israël, l’artiste propose un retour à ses origines et à sa culture en puisant son inspiration dans des poèmes ancestraux, issus des Psaumes (Le Livre des Téhilim) donc, mais aussi dans des chants traditionnels, à l’instar de cet "Eli Ata" dont Noga propose une version jazzy. Jazz encore avec le beau, mélancolique "Shir", mêlant instruments traditionnels et sons électro (une prière psalmodiée par une voix masculine), et dans lequel la chanteuse suisse se laisse aller à la méditation.
On est avec LEV dans un album se plaçant à la confluence de la pop-folk, du jazz de la musique traditionnelle, sans qu’aucun des genres ne soit trahi ni dénaturé. L’auditeur s’en rendra compte avec le très beau "Me-Ayin", qui peut s’écouter comme une séduisante et langoureuse ballade.
Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants
Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants. Que l’on pense au très beau "Shevet Hachayot", aux accents orientaux et au rythme envoûtant. La chanteuse en fait de très beaux joyeux musicaux, à l’exemple de "Lev", qui donne son titre à l’opus. De même, les textes multimillénaires semblent ne pas avoir pris une ride et parviennent à nos oreilles avec une nouvelle fraîcheur (l’étonnant et séduisant "Roi" se déployant avec volupté). Les collaborations des musiciens Patrick Bebey, Arnaud Laprêt aux percussions, Daniel de Morais (théorbe) ou Asher Varadi – ajoutons aussi Guillaume André, Sonja Morgenegg pour le vocal et Sohar Varadi au shofar – n’y sont bien entendu pas pour rien.
Il faut abandonner l’impression que LEV serait un album sérieux et purement conceptuel. Il y a au contraire de la légèreté ("Honneni") mais aussi du modernisme indéniable, y compris dans les mises en musique de textes traditionnels ("Shalom Halechem"). Cela donne des titres singulièrement proches de nous ("Pitchu-Li").
Saluons aussi le travail sur les voix de cet album. Il faut rappeler ici que Noga est aussi connue pour son association Catalyse qu’elle a fondée et qu’elle préside, avec à Genève un centre dédié à la voix.
On ne sera pas étonné que l’album de Noga se termine avec "hallelu", comme un ultime hommage, salut et rappel à la réconciliation entre traditions, religions et création musicale. Et cette fois, c’est sur un rythme de gospel que la chanteuse suisse mâtine ce psaume.
Le Café philosophique de Montargis fixe son prochain rendez-vous à la Médiathèque de Montargis le vendredi 26 mai prochain, à 19 heures. Dans le cadre d’un cycle sur la gourmandise, le Café philosophique de Montargis proposera de débattre sur ce sujet : "Qu’entend-on par « croquer la vie à pleines dents » ?"
Voilà une expression populaire qui, a priori, semble faire peu débat. Croquer la vie à pleines dents aurait cette notion d’insouciance et de joie de vivre.
Qui pourrait reprocher à tel ou telle de profiter de son existence sur terre, à partir du moment où cela ne nuit pas autrui ? Sauf que, faisant cela, n’est-ce pas la notion d’individualité qui pose problème ? De même, « coquer la vie à pleines dents » est souvent un encouragement de notre société de consommation ("C’est bon la honte", proclamait ainsi une publicité pour des desserts). Cette expression est donc si anodine que cela ? Et puis, pour reprendre un autre diction populaire, ne risque-t-on pas de "brûler la chandelle par les deux bouts" ?
La vie ne serait-elle qu’un bien que nous passerions notre temps à déguster, voire à croquer, avec plus ou moins de plaisir ? Au contraire, la vie ne serait-elle pas qu’une suite de contraintes, de souffrances et de travail à subir ? Il pourra être discuté au cours de cette séance de la valeur intrinsèque que nous mettons dans la vie. Les concepts de bonheur, de plaisir, d’hédonisme et d’épicurisme auront toute leur place dans ce débat que l’équipe du café philo souhaite "gourmand" dans les échanges. Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis le vendredi 26 mai 2023 à 19 heures pour cette nouvelle séance.
Derrière le singulier titre Bach’s Book Of Zen se cache l’une des œuvres musicales les plus exceptionnelles de l’histoire de la musique. La pianiste Edna Stern s’attaque en vérité à une véritable montagne : Le Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, et plus précisément le livre I.
Il a été beaucoup écrit au sujet de cette œuvre à la fois magnétique, conceptuelle et pédagogique, dans laquelle Bach a composé 24 préludes et fugues dans toutes les tonalités (do majeur et do mineur, ré majeur et ré mineur, etc.).
La fascination pour Le Clavier bien tempéré doit sans doute beaucoup à Glenn Gould qui en a fait, au XXe siècle, de passionnantes relectures. Edna Stern s’y attaque elle aussi dans ce passionnant enregistrement, moins rythmé que Glenn Gould, mais d’un très beau classicisme, presque romantique (le Prélude n°7 en mi bémol majeur, le Prélude n°10 en mi mineur ou encore le Prélude n°18 en sol dièse mineur), et non sans puissance (la magnétique Fugue n°4 en do dièse mineur).
L’auditeur y trouvera les véritables "tubes" que sont le premier Prélude en do majeur BWV 846 et le deuxième Prélude BWV 848 en do dièse majeur qui semble avancer masqué, comme si la pianiste se montrait tout en retenue. On prend tout autant plaisir à redécouvrir le célèbre Prélude n°6 en ré mineur.
Il y a du modernisme dans ce Bach’s Book Of Zen, à l’instar de la sixième Fugue en ré mineur, tout comme ce je ne sais quoi de récréatif (la septième Fugue en mi bémol majeur). Il semble qu’à tout moment le "cantor de Leipzig" prenne son monde par surprise. Que l’on pense aux sophistiqués Prélude et Fugue n°19 en la majeur ou encore au plus ludique Prélude n°20 en la mineur.
Une véritable montagne
Dans cette œuvre pédagogique, le génie Bach insuffle ces moments de grâce, bouleversants (le Prélude n°8 en mi bémol et ré dièse mineur ou la Fugue n°11 en fa majeur BWV 856).
Tout l’esprit Bach est dans cette superbe interprétation du Clavier Bien Tempéré, que ce soit dans ce mélange et de justesse (les Prélude et Fugue n°13 en fa dièse majeur BWV 858), l’harmonie élevée au rang de création géniale (Prélude n°17 en la bémol majeur). L’auditeur devra écouter à ce sujet le bouleversant Prélude n°14, cette fois en fa dièse mineur, à la concision – on aimerait même dire efficacité – remarquable. Bach a déployé tout son talent dans cette œuvre, y compris dans des morceaux brefs, de moins d’une minute (le Prélude n°15 en sol majeur BWV 860 en sol majeur) ou au contraire plus longs et se déployant sans esbroufe (La Fugue n°20 en la mineur d’un peu plus de quatre minutes).
Edna Stern se révèle aussi impeccable lorsqu’elle se laisse aller à une certaine langueur (Prélude n°16 BWV 861 en sol mineur) ou au contraire lorsqu’elle s’approprie l’étonnante et moderne Fugue en sol mineur. La pianiste parvient à étonner l’auditeur lorsqu’elle fait le choix d’un jeu "gouldien" dans la Fugue n°18 en sol dièse mineur. Edna Stern sait jouer de la nuance, comme le montre le délicat Prélude n°22 en si bémol mineur ou encore la magnétique Fugue n°23 en si majeur.
On sort de Bach’s Book Of Zen de la plus belle manière, avec les Préludes et Fugues n° 24 les plus longs du premier volume du Clavier bien tempéré. Comme si le cantor de Leipzig et son interprète proposait une dernière promenade musicale. Avant bien sûr de se pencher sur le Livre II.