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• • Articles et blablas - Page 55

  • Louis Arlette, classique et moderne

    On ne saurait que conseiller de se précipiter sur Sacrilèges, le dernier album de Louis Arlette qui avait déjà, par le passé, séduit Bla Bla Blog. Sa personnalité, son univers et la densité de sa musique ne peuvent que frapper. Mais là où le musicien s’avère indispensable – oui, indispensable !  – c’est dans sa revisite de textes classiques de la littérature française. Une revisite ou un sacrilège comme le laisse penser le musicien ? "Je prends un poème que j’adore. Je le déshonore ! Un premier poème. Puis deux... Le plaisir est devenu ivresse. Plongée en apnée....", confie-t-il. François Villon, Ronsard, Alfred de Musset, Gérard de Nerval et – bien sûr – Baudelaire sont les héros de son dernier EP, Sacrilèges. La mort et la fin sont le fil conducteur de cet EP.

    L’auditeur pourra se replonger dans un des premiers grands monuments de la littérature française. Au XVe siècle, alors que Villon, vaurien condamné par la justice, attendait, dit la légende, son exécution, il donne par écrit la parole à des morts pendus. Poignant, humain et exemplaire : "Frères humains, qui après nous vivez, / N’ayez les cœurs contre nous endurcis, / Car, si pitié de nous pauvres avez, / Dieu en aura plus tôt de vous mercis". Ici, Louis Arlette rhabille ce grand classique du Moyen-Âge de sons électro, en redonnant la densité à ce texte à redécouvrir.

    Pierre de Ronsard est lui aussi dépoussiéré. À l’instar de Maurice Ravel qui, en 1924, avait mis en musique le poème "À son âme", Louis Arlette propose une lecture pop-folk et faussement légère d’un texte, en forme d’épitaphe, sur l’âme de l’écrivain et sur sa mort à venir : "Passant, j’ay dit, suy ta fortune / Ne trouble mon repos, je dors".

    Séduisant et incontournable EP

    La revisite de Musset et de son poème "Tristesse" séduira tout autant, avec une mention spéciale pour la flûte métaphysique accompagnant la voix toute en retenue du chanteur : "Quand j’ai connu la Vérité, / J’ai cru que c’était une amie ; / Quand je l’ai comprise et sentie, / J’en étais déjà dégoûté".

    Louis Arlette a fait le choix d’un grand texte de Gérard de Nerval. "El Desdichado" fait partie des "Chimères", la dernière partie des Filles de feu de l’un des grands artistes maudits du XIXe siècle. "El Desdichado" est exemplaire de construction, de poésie et de puissance d’évocation ("Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, / Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : / Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé / Porte le Soleil noir de la Mélancolie").  Il fallait du cran et de l’audace pour adapter ce chef-d’œuvre en 2023. Louis Arlette le fait avec une gourmandise non dissimulée, délivrant ce sonnet comme on entonne une chanson populaire de marin au long cours.

    Baudelaire ne pouvait pas ne pas apparaître dans cet album. Intelligemment, Louis Arlette a choisi "La fin de la journée", un poème des Fleurs du Mal où la mort est identifié à la nuit, ces "rafraîchissantes ténèbres" : "La nuit voluptueuse monte, / Apaisant tout, même la faim".

    Assurément, ces revisites de classiques français sont délivrées avec intelligence, et sans esprit de "sacrilège" comme le laisserait penser le titre de ce séduisant et incontournable EP. 

    Louis Arlette, Sacrilège, Le Bruit Blanc, 2023
    https://www.facebook.com/louisarlette
    https://www.instagram.com/louisarlette/?hl=fr

    Voir aussi : "Le loup Arlette"

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  • Pépé ou les silences en musique

    Étonnante et émouvante BD. Mais aussi cinématographique, si l’on veut ajouter un adjectif. Sort en ce mois de juin la dernière création de Guillaume Carayol et Stéphane Sénégas, Un chemin vers Pépé, aux éditions de la Gouttière, dans la collection DoRéMi Chat.

    Un mot sur cette collection au concept inédit mis en place par les éditions de la Gouttière et l'Orchestre de Picardie. DoRéMi Chat propose à des auteurs de s’inspirer d’un morceau de musique classique. Cette oeuvre fait à la fois l'objet d'un livre de bande dessinée et d'un concert interprété par l'Orchestre de Picardie. Une jolie, passionnante et intelligente idée pour les enfants et toute la famille. En 2023, c'est le duo Carayol/Sénégas qui se sont prêtés à l’exercice. Pour leur BD Un chemin vers Pépé, ils ont choisi la 35e Symphonie de Mozart.

    Un livre de bande dessinée et un concert interprété par l'Orchestre de Picardie

    Du héros de cette BD, le lecteur ne saura rien. C’est un enfant d’une dizaine d’années, sans prénom. Il a deux parents et surtout un grand-père, le fameux Pépé.

    Les auteurs nous entraînent sur les pas de l’enfant, au pays des rêves, de la souffrance – mais aussi de la musique de Mozart. Lorsque commence l’histoire, le garçon écrit une courte lettre émouvante à son grand-père dont il est privé de visite à l’hôpital afin de le "protéger". Le lecteur comprend que la mort rôde. Elle se personnalise sous la forme d’un étrange personnage volant. Lorsque la nuit vient, l’enfant rêve, et son compagnon – un nuage noir muni d’une paire d’yeux – l’accompagne dans un étrange pays. Mais l’hôpital redouté n’est pas loin.

    Lorsque le récit de Pépé et de son petit-fils commence, le lecteur y trouvera sans doute une lointaine référence à Little Nemo, bande dessinée pionnière et fondamentale dans l’histoire du 9e art. Ici, pas de dialogues, pas de commentaires, pas de bulles mais un jeune personnage omniprésent, une présence quasi fantomatique de Pépé et un découpage cinématographique soigné. Les notes de Mozart surgissent vers la moitié du livre, comme autant d’apparitions fantastiques et rassurantes.

    Un chemin vers Pépé se veut un excellent livre pour parler du deuil. Avec, en plus, une ouverture vers la musique classique et Mozart.

    Guillaume Carayol et Stéphane Sénégas, Un chemin vers Pépé,
    éd. de la Gouttière, coll. DoRéMi Chat, 2023, 64 p. 

    https://www.facebook.com/carayol.guillaume/?locale=fr_FR
    https://www.facebook.com/stephane.senegas.5/?locale=fr_FR
    http://editionsdelagouttiere.com/livre/le-chemin-vers-pepe

    Voir aussi : "De Jeanne à Jenny"

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  • The Quiet Girl

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis leur film de la semaine, The Quiet Girl. Il sera visible du 22 au 27 juin 2023. La séance du mardi 27 juin à 20h30 sera suivie d'un débat.

    Irlande, 1981, Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre auprès de parents éloignés pendant l’été. Mais dans cette maison en apparence sans secret, où elle trouve l’épanouissement et l’affection, Cáit découvre une vérité douloureuse.

    The Quiet Girl (An Cailín Ciúin) est l’adaptation en langue irlandaise du récit Foster, écrit par Claire Keegan. Publié pour la première fois dans le New Yorker qui l’a déclaré "Best of the Year", le livre a été édité chez Faber & Faber
    en 2010. Il a été publié en France, sous le titre Les Trois Lumières chez Sabine Wespieser Editeur.

    Le scénariste et réalisateur Colm Bairéad a lu pour la première fois Foster à l'été 2018, et a immédiatement été séduit par l'idée de l'adapter en film. "Il touche à tant de domaines qui me passionnent, de choses qui sont présentes dans mon travail - les liens familiaux complexes, la croissance émotionnelle et psychologique et surtout le deuil et sa capacité à nous façonner".

    "D'un point de vue formel, le récit lui-même était convaincant – raconté à la première personne, à travers les yeux d'une jeune fille. C'était totalement immersif, empathique et visuel - tout ce que cette fille voit et ressent à chaque
    instant. La tension narrative de l'histoire provient entièrement de l'expérience de la fillette, plutôt que d'une trop grande dépendance à l’intrigue. C'était un défi intéressant du point de vue de la création filmique. Mais c'était aussi la "petitesse" de l'histoire à laquelle je croyais. Il y a une citation de Mark Cousins (réalisateur et critique de cinéma anglais) qui dit en substance que l'art nous montre encore et encore que si nous regardons de près et sans oeillères une petite chose, nous pouvons y voir beaucoup d’autres choses.

    The Quiet Girl, drame irlandais, de Colm Bairéad
    avec Catherine Clinch, Carrie Crowley, Andrew Bennett
    Titre original : An Cailín Ciúin, 2023, 96 mn

    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1341

    Voir aussi : "Désordres"

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  • Séparation en beauté

    L’amour, le désir, le besoin de l’autre, la vie à deux et finalement la séparation et le manque : les grandes aventures amoureuses sont d’insatiables sources d’influences pour les artistes.

    La preuve de nouveau avec le dernier single d’Andrea Ponti, "Je ne t’ai pas, dit". La chanteuse française parle avec sincérité d’une séparation douloureuse, mettant en mots et en notes, justement, ce qu’elle n’a pas dit :  "Pourquoi je ne t’ai pas dit de rester / Pourquoi je ne t’ai pas dit de m’aimer / Encore, et encore / Sans t’arrêter".

    "Je ne t'ai pas dit", véritable ode à la sensibilité et à la vulnérabilité, est aussi un appel vibrant à dire aux autres qu'on les aime.

    D’une voix claire et chaude, sur une musique qui réchauffera les oreilles sans les agresser, et soutenue par un clip à la facture classique mais néanmoins efficace, Andrea Ponti continue à tracer son chemin où l’intime a le plus beau rôle.  

    Andrea Ponti, Je ne t'ai pas dit, 2023
    https://www.facebook.com/andreaponti.off
    https://www.instagram.com/andreaponti_off

    Voir aussi : "Andréa Ponti et sa musique"
    "La vie commence à 40 ans"

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  • SAS, La liste Hariri

    gerard de villiers,sas,hariri,espionnage,malko linge,confrerieCette aventure de Son Altesse Sérénissime Malko Linge date de 2010. Pourquoi ne pas y goutter.

    Cette fois, l'espion de la CIA court après les assassins de Rafic Hariri, le premier ministre libanais mort en 2005.

    Bon, évidemment, ce n'est pas de la grande littérature ! Seulement, cette fois, la célèbre collection de Gérard de Villiers a touché une corde sensible puisque ce modeste roman d'espionnage a été interdit au Liban et en Syrie, pays qui est ouvertement mis en cause. Pas moins.

    Pour le reste, rien ne manque dans ce livre : une histoire plutôt bien documentée, des crimes, du suspense et des femmes fatales très, très peu farouches. Bref, tous les ingrédients pour un bon SAS. 

    Gérard de Villiers, La Liste Hariri, éd. Gérard de Villiers, Paris, 2010, 311 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/04/12/17554061.html
    https://www.sasgdv.com/la-liste-hariri.html

    Voir aussi : "Fatherland"

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  • Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles

    Les Cramés de la  Bobine présentent le 18 juin, à l'Alticiné de Montargis, un des meilleurs films de l’histoire du cinéma, le chef d’œuvre franco-belge de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles.

    Le quotidien d’une mère de famille qui se livre occasionnellement à la prostitution.

    Un film, véritable coup de poing et choc cinématographique, à découvrir à Montargis, grâce à l’Alticiné et à l’association d’art et essai, Les Cramés de la Bobine.

    La soirée de projection, suivie d’un débat, aura lieu le dimanche 18 juin à 18 heures.

    Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles,
    drame franco-belge de Chantal Akerman

    avec Delphine Seyrig, Jan Decorte, Henri Storck et Jacques Doniol-Valcroze, 1976, 201 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?article4499

    Voir aussi : "Les Travailleurs de la mer"

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  • Eo sur les pas de Balthazar

    Véritable géant du cinéma européen, le Polonais Jerzy Skolimowski était de retour l’an dernier avec Eo, un film multi-primé à Cannes contant les pérégrinations d’un âne nommé Eo.

    L’animal est une bête de cirque, vivant en harmonie avec sa jeune maîtresse. Il est cependant saisi par des huissiers comme un vulgaire objet, avant de devenir l’enjeu de manifestants écologiques. De maîtres en maîtres, il croise la route d’éleveurs, de marchands d’animaux, de villageois ou d’un curé en voyage, avec toujours le souvenir de sa première maîtresse.

    De la Pologne à l’Italie, Eo devient le témoin du monde impitoyable des humains, avec ces moments de bonheur et de joie, à l’instar d’une partie de football mémorable, qui se finit cependant tragiquement.  

    Une fable sur le monde moderne

    En découvrant Eo, c’est un autre film qui vient immédiatement en tête : Au hasard Balthazar de Robert Bresson. Jerzy Skolimowski assume complètement l’influence de ce chef d’œuvre de 1966. Même héroïsation du plus simple et  du plus domestiqué des animaux, même importance laissé au silence, même vision humaniste.

    En 2022, ce chant d’amour pour la nature et le règne animal est aussi une fable sur le monde moderne, la violence et la nature en perdition. La pérégrination d’Eo peut se lire aisément comme une allégorie sur la destinée humaine, comme le prouve l’avant-dernière séance avec le jeune prêtre – où Isabelle Huppert fait une apparition remarquée.

    Prix du Jury à Cannes en 2022, le dernier film en date de Jerzy Skolimowski marque aussi les esprits par la mise en scène incroyable. Chaque plan est construit avec soin et le cinéaste use avec intelligence d’effets visuels – filtres, montage à l’envers, très gros plans – pour servir son message.

    Il faut aussi noter la musique de Paweł Mykietyn, au magnifique néo-classicisme.  

    Sur Canal+, en ce moment.

    Eo, drame polonais et italien de Jerzy Skolimowski, avec Sandra Drzymalska, Lorenzo Zurzolo,
    Mateusz Kościukiewicz et Isabelle Huppert, 2022, 86 mn
    https://www.canalplus.com/cinema/eo/h/20704455_40099

    Voir aussi : "Focus sur Jerzy Skolimowski et sur Anna"
    "Ennio Morricone, une vie filmée et en musique"

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  • Suis-je à ma place ?

    ATTENTION, NOUVEAU ! C’est au café Le Saint Firmin, à Amilly, que le Café philosophique de Montargis fixe son prochain rendez-vous, le vendredi 23 juin prochain, à 19 heures. Le sujet choisi par les participants du café philo sera : "Suis-je à ma place ?"

    Être à sa place. Discuter d’un tel sujet est assez singulier, alors que le Café philo, justement, s’est trouvé un nouveau lieu pour ses débats !

    Une telle question interroge d’abord notre place dans notre milieu, notre environnement et le monde en général. Qu’entend-on lorsque l’on parle d’une place que nous tiendrions ou devrions tenir ? Comment devons-nous appréhender notre place ? Est-ce à dire que nous jouerions un rôle défini auquel nous devrions nous astreindre ? Y a-t-il des places qui nous sont interdites ? Et si oui, au nom de quoi ? Comment trouver une place à soi ? En transformant notre espace ou bien en nous transformant nous-même ? Dans quelle mesure les impératifs sociaux peuvent influer sur nos désirs les plus profonds ?

    Voilà autant de questions qui pourront être débattus par les participants du café philosophique de Montargis. Rendez-vous donc au Saint Firmin d’Amilly, 3 Rue Francis Prieur, le vendredi 23 juin 2023 à 19 heures pour cette nouvelle séance.

    La participation sera libre, et la prise de consommation vivement conseillée.

    Café philosophique "Suis-je à ma place ?"
    Café le Saint Firmin, 3 Rue Francis Prieur, Amilly (45)
    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

    Voir aussi : "Croquer la vie à pleines dents"

    Photo : Pexels - Rene Asmussen

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