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Musiques - Page 50

  • Apple Jelly, hors-contrôle

    Die, Motherfucker Die !!! des Apple Jelly est le genre d’album fait entre potes, avec une bonne dose de synthétiseurs, de boites à rythme et d’enthousiasme. Leur troisième opus, enregistré en 2013 et joué en live pendant des années, a attendu 2020 pour être présenté officiellement à son public.

    "Die, Motherfucker Die !!!" : on peut dire que le titre du morceau qui donne son nom à l’opus a cette irrévérence propre à des sales gosses, particulièrement doués avec leur électro-pop seventies, à la fois rock et impertinente.

    Singulièrement régressif, "Control", avec la même facture eighties que "Synchronized", commence sur une rythmique proche du tube "Popcorn", mais en moins fun et même plus neurasthénique, serions-nous tentés de dire. Une sorte de new wave qui se serait téléportée en 2021, à l’exemple de "Girls Of Paris", un morceau dans lequel on décèlera l’influence des Cure et de leur tube interplanétaire "Lullaby".

    Il n’est pas absurde de lire le morceau "Dance With Me", plus dansant comme un clin d’œil à la fameuse BO de Midnight Express de Giorgio Moroder : années 80, une nouvelle fois.

    Avec "Take It Or Leave It" le groupe lyonnais marche cette fois sur les pas des Clash avec un titre provocateur et endiablé, que l’on pourrait traduire par : "Prends-le/la ou tire-toi".

    Singulièrement régressif, "Control", a la même facture eighties que "Synchronized"

    L’influence de la musique industrielle est là aussi, avec le sombre et néanmoins enthousiaste "Money Me", que l’on pourrait qualifier comme le morceau d’une bande de gamins turbulents partis se faire un gros bœuf dans le garage, avec force synthétiseurs, guitares et boîtes à rythme.

    Les Apple Jelly ne restent pas pour autant bloqués dans les couloirs du temps : "Walking Bass" se veut plus dansant, mais avec de singuliers changements de rythmes, témoignant d’une réelle recherche chez ces sales gosses. À l’antipode, le groupe opte pour "Leaving 2012" le choix du minimalisme.

    "The End Of Our Age", qui clôt l’opus, est une descente vertigineuse vers une électro-pop plus mystérieuse, où l’on reconnaîtra l’influence de David Bowie (le fameux "Sons Of The Silent Age" dans le désormais classique Heroes). "This is the end of our age", chantent les Apple Jelly, accompagnés de sons comme issus d’un univers d’ectoplasmes. Un vrai hommage au rock psychédélique des années 70 avec ce morceau de presque 8 minutes, en dehors des formats classiques.

    Preuve que le retour des Apple Jelly est loin d’être anodin, le Festival Berlin Music Video Awards a sélectionné le clip "Die, Motherfucker! Die!!!" aux côtés de The Chemical Brothers, Thom Yorke, Foals ou encore Travis Scott. Si ce n'est pas un  signe...   

    Apple Jelly, Die, Motherfucker ! Die !!!, Nobody Can See Us, 2020
    https://www.facebook.com/WeareApplejelly

    Voir aussi : "Électros nuits de Noël"

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  • Top 10 Bla Bla Blog 2020

    Cette foutue année 2020 se termine, et, comme de coutume en ce début janvier, il est temps de faire le bilan.

    Pour Bla Bla Blog, l’année a été particulièrement riche avec très exactement 380 chroniques parues cette année, soit plus d’une par jour. 2020, on s’en doute, a drainé beaucoup de surprises – souvent très bonnes – et a mis à l’honneur des dizaines d’artistes et d’œuvres, avec une très large part consacrée à la musique – qui est pour autant quasi absente du classement.

    Quelles sont les chroniques ayant fait le plus gros buzz. Roulement de tambour, avant de découvrir le podium. Commençons pas le…

    N°10 et un "Gros big up pour Clémence Pouletty" !
    Elle est jeune, elle est brillante, elle est douée et elle fait vivre la culture sur sa chaîne Youtube. Elle, c’est Clémence Pouletty, la première influenceuse de ce classement annuel. Elle ouvre en beauté un top 10 très éclectique et riche en surprises.

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    Extrait : "Focus aujourd’hui sur la chaîne Youtube d’une passionnée de littérature, de philosophie ou de cinéma : voilà qui ne pouvait qu’intéresser Bla Bla Blog. Clémence Pouletty partage ses lectures avec insouciance mais aussi avec une sacrée qualité à vulgariser des sujets parfois ardus : L’amour et Sartre, L’art d’avoir toujours raison de Schopenhauer ou L’art d’être heureux du même Arthur…"

    N°9 : "Ton univers impitoyable"
    Quelle plaisir de voir à cette 9e place une chronique publiée en janvier 2020 sur des très grandes séries télé, Succession. Du grand art grâce à la famille Roy, aussi riche et puissante que complètement dégénérée. C’est glaçant, impitoyable, passionnant, servi par des acteurs et actrices multiprimés, et pour Bla Bla Blog, Succession fait partie des chroniques les plus lues.

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    Extrait : "Succession, dont une troisième saison est prévue pour l’été 2020, est une plongée dans les arcanes d’une multinationale mêlant médias, divertissements et communication. Un univers impitoyable, pour reprendre le générique de Dallas, une autre série, certes datée, mais qui faisait elle aussi d’une famille richissime américaine un lieu d’affrontement autour de l’argent, du pouvoir, des ambitions et des rancœurs. Plus intense, plus âpre, plus cruelle et et plus passionnante que la série culte des années 80, Succession est une tragédie familiale autant qu’un tableau d’une Amérique pervertie, amorale et empoisonnée par l’argent…"

    N°8 : "Rencontre avec Elle sans Lui"
    C’est l’une des rares musiciennes présente dans ce classement, et il s’agit d’une interview. Derrière le duo Elle&Lui se cache une seule artiste, Lana. Nous l’avons interrogée. Elle vous a plus qu’intéressés puisque la chanteuse, pour son nouveau single ("Fleur de sel") se classe en 8e position.

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    Extrait : "Cette chanson c’est le début d’une très belle aventure pour moi! Je voulais vraiment créer un titre good vibes. Je trouve qu’on en manque cruellement! Du coup je vous propose un son super ensoleillé! L’idée c’était vraiment de créer un titre qui ferait danser les gens, qui amènerait un peu de paillettes dans leurs vies quoi !…"

    N°7 : "Matt et brillant"
    Muriel Matt décroche une très belle 7e place. C’est aussi la découverte d’un talent hors pair que plusieurs centaines de lecteurs de Bla Bla Blog ont découvert. Pas de doute : même en 2020, la peinture continue de bouger et de nous émerveiller. La preuve en images. 

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    Extrait : "L’univers de Muriel Matt sonne comme une évidence. Découvrir ses peintures c’est, à vrai dire, comme retrouver un monde que l’on pensait disparu. Que ce soit pour ses animaux, ses couples, ses nus ou ses abstractions, l’œuvre de cette artiste, qui nous vient de la région nantaise, assume totalement ses influences de la période moderne, et en premier lieu Picasso, Matisse (Nus), Cocteau ou Miro (la série des Bubbles). Excusez du peu…"

    N°6 : "Galerie virtuelle chez Cyril Guernieri"
    Le Grand Confinement de Printemps, et celui qui l’a suivi en fin d’année, a été un désastre pour des millions de professionnels ou d’amateurs des arts. Bla Bla Blog a choisi de consacrer un hors-série "Grand Confinement" pour mettre à l’honneur musiciens, écrivains et galeristes. Parmi ceux-ci, Cyril Guernieri, exposant au 29, rue Mazarine, à Paris. Il vous a passionné. Normal.

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    Extrait : "Les galeries d'art étant fermés en ce moment, Bla Bla Blog vous invite à découvrir en ligne une exposition virtuelle proposée par la Galerie Cyril Guernieri. Jean-Daniel Bouvard et Marc Dailly y sont à l'honneur…"

    N°5 : "Emmanuelle Jary, au four et au moulin"
    Belle surprise que cette 5e place, consacrée à une influenceuse, youtubeuse et passionnée de gastronomie ("C'est meilleur quand c'est bon"). Une bien belle découverte de Bla Bla Blog, à laquelle des centaines de lecteurs ont adhéré. 

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    Extrait : "Je me disais il y a peu cela faisait quelques mois que je ne vous avais pas parlé de gastronomie. D’où cette chronique aujourd’hui, qui s’intéresse à un site culinaire, C’est meilleur quand c’est bon. Cette chaîne Youtube a été créée il y a trois ans par Emmanuelle Jary. Elle est aux manettes de ces vidéos de quelques minutes, toutes dédiées à la bonne bouffe, aux restaurants, aux bistrots et autres troquets. Les métiers traditionnels sont tout autant mis à l’honneur : traiteurs, poissonniers, bouchers, épiciers, et bien sûr cuistots…"

    N°4 : "Galerie virtuelle de Patricia LM"
    La photographe Patricia LM est une nouvelle fois à l’honneur avec une 4e position qui nous réjouit. Le confinement de printemps et la fermeture des galeries a poussé Bla Bla Blog à ouvrir son blog à des expositions virtuelles, qui certes ne remplaceront jamais les vraies galeries, mais qui en tout cas montrerons que nous n’oublions pas les artistes qui font bouger l’art. Comme Patricia LM, que l’on adore !

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    Extrait : "C'est à une photographe talentueuse que nous ouvrons cette galerie virtuelle. Patricia LM avait accordé une interview à Bla Bla Blog. En attendant de pouvoir admirer ses créations, cette chronique va vous donner envie d'entrer dans son univers coloré et sensuel…"

    N°3 : "La Suisse est un pays chaud"
    Chaud, chaud, chaud pour cette 3e place largement méritée, avec une chronique sur le document sulfureux d’Adeline Lafouine, Fais-le bien et laisse dire (éd. Tabou). C’est aussi le seul livre classé cette année dans notre top 2020. Une plongée dans le parcours d’une femme sans aucun complexe, et qui nous prouve que la Suisse peut être un pays vraiment très, très torride.

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    Extrait : "Scandale à tous les étages pour ce témoignage à ne pas mettre entre toutes les mains : son auteure, Adeline Lafouine, propose avec Fais-le bien et laisse dire (éd. Tabou) un document assez exceptionnel à plus d’un titre. Il commence par une affaire dont la Suisse dite "vertueuse" se serait bien passée. Nous sommes en août 2014 lorsque la presse à scandale déniche un selfie sexy posté sur le compte Twitter d’une inconnue, mariée et mère d’un enfant. Elle se fait surnommer Adeline Lafouine…"

    N°3 : "Rock’n’roll, rouflaquettes, chrome et pin-ups en Bourgogne"
    Sur la deuxième marche du podium, nous voyons singulièrement apparaître Vintageland, un de ces événements populaires qui a échappé en partie aux fourches caudines de la crise sanitaire. Ça se passait en Bourgogne, et Vintageland proposait une plongée dans l’Amérique prospère des 30 Glorieuses. Gros coup de nostalgie, à bien des égards. Et un grand bravo à Vintageland.

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    Extrait : "Voyage dans le temps garanti cet été en Bourgogne avec le Vintageland, dont les organisateurs promettent ni plus ni moins qu’une immersion dans les années 50 à 80. Pour tenir cet engagement, du 31 juillet au 4 octobre, des animations sont proposées, mêlant cinéma, concerts (la troupe Abba story, le groupe Woodstock spirit, les Satin Dolls Sisters ou les Vagabonds), cabarets, arts forains et défilés de voitures anciennes, afin de revivre ce que l’on est tenté d’appeler avec du recul « les années insouciantes »…"

    Et pour finir, le grand n°1 est : Benjamin Schmit, "On est sérieux quand on n’a pas 17 ans"
    Le tout jeune musicien d’électro marseillais proposait avec "Uptown Funk Ben Remix" tout son talent. Des milliers de lecteurs de Bla Bla Blog l’ont découvert ou redécouvert : on ne peut que lui souhaiter le même succès dans sa carrière qui ne promet que le meilleur. Il est cette année le grand numéro 1 de Bla Bla Blog. Sur 380 chroniques parues, c’est réellement remarquable !

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    Extrait : "L’école marseillaise du rap commence à être connue, moins celle de l’électro. Elle est pourtant très active : pour preuve, cette chronique sur Benjamin Schmit, jeune DJ de 16 ans, bien décidé à faire sa place sur cette scène exigeante. Le remix du titre "Uptown Funk" s’inscrit dans la veine french touch, avec ce qu’il faut de sophistication et de trouvailles sonores pour un morceau dansant, à la fois funk, house et électro : "Faire danser les gens, c’est avant tout les réunir et les voir sourire", commente ainsi le jeune musicien, biberonné aussi bien aux tubes de Céline Dion ou Boney M qu’aux artistes plus de sa génération – Dua Lipa, Lil Nas X ou The Week-end…"

    Terminons par ces chroniques à succès écrites avant 2020, qui ont continué à drainer cette année un nombre important de lecteurs et lectrices : "Union TV : un nouveau média pour une nouvelle révolution sexuelle", "Le petit monde d’Élodie Suigo", la série d’articles sur Deborah de Robertis, et "Où es-tu, Berry ?"

    https://www.facebook.com/leblablablog
    Voir aussi :
    "Le top 10 de Bla Bla Blog pour 2019"

    Photo de couverture : Patricia LM

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  • Une nuit étoilée avec Sarah Brightman

    Il n’y avait qu’en cette fin d’année que nous pouvions parler de l’album de Sarah Brightman, France. Un opus qui brille de mille feux, même s’il n’a pas été conçu pour susciter l’unanimité. Avec cette nouveauté, la chanteuse anglaise lorgne bien évidemment de ce côté de la Manche, en faisant appel à des artistes populaires (Florent Pagny, Roch Voisine, Andrea Boccelli, I Muvrini et même Jean-Jacques Goldman).

    Entendons-nous bien : derrière sa facture de pop internationale, l’opus de la diva a pour unique ambition d’offrir une heure de voyage romanesque et romantique – en France, serions-nous tentés d’ajouter – où ne manquent ni la luxuriance, ni les nappes de violons amoureux, ni les envolées lyriques, ni ce je ne sais quoi de clinquant qui pourra en agacer certaines et certains.

    Mais laissons de côté les critiques tièdes et intéressons-nous à cette diva britannique, désignée comme "la soprano la plus vendue au monde" (30 millions d'albums, 180 Platinum & Gold Award dans 40 pays sur 5 continents, sans compter son apparition aux ouvertures des JO de Barcelone et de Pékin). L'artiste a choisi de concilier le lyrique et le classique à la pop, voire au rock à l’instar de la reprise d'un extrait du Fantôme de l'opéra, qui l'a rendue célèbre et qu’elle interprète en duo avec Vincent Niclo. Cette initiative de faire un pont entre des genres qui ont pour fâcheuse habitude de se regarder en chiens de faïence, mérite d’être relevée, même si elle n’est pas inédite.  

    À cet égard, la découverte du titre "A Question Of Honour" mérite d’être relevée : après l’ouverture sur l’air célèbre de La Wally ("Ebben? Ne andrò lontana"), la soprano fait le choix d’une rythmique électro-pop et de vagues mêlant synthétiseurs et guitares, avant de clôturer sur les célèbres mesures d’Alfredo Catalani.

    Andrea Boccelli ("Time To Say Goodbye"), Florent Pagny ("Just Show Me How To Love You"), Vincent Niclo ("There For Me"), Roch Voisine ("Ne viens pas"), Alessandro Safina ("Sarai Qui") ou I Muvrini ("Tu quieres volver") accompagnent Sarah Brightman pour des duos étincelants et produits avec soin. 

    "Just Show Me How To Love You", qu’elle interprète avec Florent Pagny, l’une des plus belles voix masculines de la chanson française, a tout pour devenir un futur tube pour les guimauves que nous sommes : de l’amour, du vrai, du lyrique, des serments éternels, avec une sérieuse dose d'exubérance et de classe, comme si nous étions invités à une bal des débutants au Château de Versailles, avec grand orchestre s’il vous plaît.

    Un pont entre des genres qui ont pour fâcheuse habitude de se regarder en chiens de faïence

    Amour de nouveau avec la belle déclaration "Sogni", écrite par Frank Peterson et Chiara Ferrau : "Amore mio, dove sei stato? / Nei miei sogni io ti ho cercato / Giorno o notte mi sei mancato" ("Mon amour, où étais-tu? / Dans mes rêves je te cherchais / Tu m'as manqué jour ou nuit"). On pourrait tout aussi citer "Sarai Qui" avec Alessandro Safina : "Quando penso ai giorni che / Ho passato insieme a te / Io vorrei che tu tornassi qui / Per non lasciarmi mai" ("Quand je pense aux jours que / J'ai passés avec toi / j'aimerais que tu reviennes ici / Pour ne jamais me quitter").

    La diva anglaise se frotte avec le même plaisir à la pop : "Tout ce que je sais", "Ne viens pas" de et avec Roch Voisine ou "He Doesn’t See Me", écrit en partie par Jean-Jacques Goldman.

    "Nella Fantasia" mérite que l’on s’y arrête : l’artiste lyrique a choisi de proposer une version du désormais classique "Gabriel's Oboe", écrit par Ennio Morricone pour le film Mission.

    "Tu quieres volver", que Sarah Brightlman chante avec I Muvrini constitue l’un des très bons morceaux de cet album. Fusion du lyrique et de la chanson, alliance de l’espagnol et du corse : la soprano, le groupe de Jean-François Bernardini et le London Symphony Orchestra font merveille, avec ce souffle romanesque et puissant.

    Le classique est bien entendu présent dans cet album, avec des succès multiséculaires remis au goût du jour : l'étude n° 3 "Tristesse" de Chopin ("Dans la nuit"), l’Adagio d’Albinioni dans une version singulièrement sombre et rythmée ("Anything Anywhere"), la marche funèbre de la 7e Symphonie de Beethoven ou l’"Ave Maria" de Schubert, dans une facture plus traditionnelle.

    On peut reconnaître à la soprano anglaise qu'elle est aussi à l'aise dans l'interprétation de grands airs d’opéra, à l’instar du "O Mio Babbino Caro" ou du  "Nessum Dorma" de Giacomo Puccini (respectivement tirés des opéras Gianni Schicchi et Turandot). Toujours classique, ou plutôt néo-classique, la chanteuse propose une nouvelle version du Pie Jesu du compositeur anglais contemporain Andrew Lloyd Webber, qu’elle met également à l’honneur avec son interprétation, nous l'avons dit, d’un extrait de The Phantom of the Opera. Un clin d’œil pour celle qui est devenue une star planétaire grâce à son rôle de Christine dans la célèbre comédie musicale.

    Il était inévitable que la soprano ne pouvait pas nous quitter sans sa version du tube "Time To Say Goodbye", avec le non moins célèbre Andrea Boccelli. De quoi garder en tête pour un bon bout de temps ce morceau intemporel : "Time to say goodbye / Paesi che non ho mai / Veduto e vissuto con te…"

    Vous connaissez la suite.

    Sarah Brightman, France, SaFran / Pias, 2020
    https://sarahbrightman.com
    https://www.facebook.com/SarahBrightmanMusic

    Voir aussi : "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"

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  • Respect pour Naud

    Naud, c’est la fusion quasi parfaite entre la pop et l’électro. Dans son premier EP, Cames, le musicien français se sent comme un  poisson dans l’eau dans un univers à la fois fun, coloré et bourré de trouvailles sonores et textuelles.

    Les 5 titres forment un ensemble à la fois homogène et déclinant plusieurs visages de la pop, tout en se servant intelligemment de l’électronique. À côté de l’aérien "Déjà vu", Naud propose le joyeux et sautillant "Déjà vu". La voix aérienne de Naud se joue des nappes synthétiques, sans jamais perdre l’auditeur. "Dads" atterrit doucement, avec sa facture de titre pop-folk, et avec un message de tolérance : "2 Dads are not the best thing a child can get / It can have two mothers as well / Harassing has become a full-time job / Maybe happiness should decide what’s good for all".

    Le compositeur insuffle du funk et du reggae dans "Sad Gurus", un morceau tout aussi engagé et aussi diablement bien écrit : "And they don't know, that's the way I will teach. Please respect my disrespect / If I can't grasp, maybe I should learn before getting these big cameras all around me". Bien dit. "Respecte, s’il te plaît, mon irrespect" : respect pour cette trouvaille en forme d’appel à la paix autant qu’à la liberté d’expression.

    "Chemin noir" est le dernier titre de l’EP, est aussi le seul en français. Une composition solide dans laquelle la chanson française se marie à merveille avec l’électro : "Y’ a plus de râle, notre jeu se fige, Narcisse se fane enfin / T’as plus mal depuis que je suis ton meilleur pote et plus un despote / victimaire amer / Les autres ont pris un nouveau sens / Mon feu ne t’allume plus à l’essence."

    Un vrai beau tour de force que cet opus étonnant et séduisant, que Naud commente de façon définitive : "Produire et mixer un EP de A à Z en moins d'un mois était intense, stupide mais gratifiant… Je ne referai plus jamais ça de cette façon !"

    Naud, Cames, 2020
    https://naud-music.fr

    Voir aussi : "Consolation"

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  • Water music

    Mais qu’est ce qui lui a pris, au jazzman Gaël Rouilhac d’avoir composé un morceau intitulé "La valse des parachutistes belges ", dans son premier album d’une pureté magnifique ? Mais qu’on ne se fie pas à ce titre loufoque car cette vraie valse respire la joie de vivre. Fermer les yeux c’est voir virevolter des corps sous les lampions et les jupes parachutes.

    Il souffle dans Waterworks un souffle chaleureux, servi par les deux autres membres de son trio, Caroline Bugala au violon (de formation classique, elle a été l’élève Didier Lockwood et a aussi partagé la scène avec lui) et Roberto Gervasi à l'accordéon, véritable révélation de la scène italienne. 

    Gaël Rouilhac dit ceci au sujet de son premier opus : "Encore beaucoup de projets menés de front encore cette année, mais si il y en a un qui me tient à cœur et m'occupe beaucoup en ce moment, c'est mon premier groupe en tant que leader et compositeur."

    Entre tradition et modernité

    Waterworks, naviguant entre tradition et modernité, propose une série de rencontres entre le jazz et le tango, avec un violon à la la Lockwood ("Cap Cod") et un accordéon à la Piazzola ("Home"), sans oublier la merveilleuse guitare manouche de Gaël Rouilhac ("Un point c’est tout"). Mais sans percussions, ce qui est singulier pour un album de jazz.

    Pour le morceau "Diamant rouge", le trio nous invite à de savoureuses balades que l’on croirait méditerranéennes, après le titre "Cap Cod", mélancolique et bouleversant.

    Tour à tour lyrique, frais ou léger, le groupe de Gaël Rouilhac invite au farniente au cœur d’une nature vivifiante ("La montagne verte").

    Le guitariste signe avec "Time flies" une complainte sur la fuite du temps, avec ces trémolos déchirants, avant cette danse endiablée à la Django Reinhardt nous sauvant d’une fin inexorable.

    "Solo" est une très belle ballade à la guitare  interprétée par Gaël Rouilhac. "Mood", une étude plus qu’une envolée jazz, et qui propose un voyage au long cours dans un Combi brinquebalant sur la côte irlandaise : il suffit juste de fermer les yeux.

    L’opus se termine avec dernier titre à la facture cette fois contemporaine, "Ça c’est l’enfer mon frère".

    Gaël Rouilhac, Waterworks, Laborie Jazz, 2020
    https://www.laboriejazz.fr
    https://www.gaelrouilhac.com

    Voir aussi : "Fiona Monbet a plus d’une corde à son archet"

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  • Électros nuits de Noël

    À quelques heures de Noël, c’est un projet musical intéressant que je vous présente : Re-Xmas, sous-titré Social Distancing Remixes '20. Cet album de Noël a été imaginé par le collectif Antidote

    En pleine crise sanitaire, 7 producteurs et compositeurs de la scène électronique lituanienne ont signé des adaptations de chants de Noël, des standards mondialement connus que sont Jingle Bells", "Silent Night" ou "Oh Christmas Tree".

    Re-Xmas est aussi un opus engagé. Les musiciens ont en effet choisi de communiquer un message de prudence en cette période anormale, grâce à une subtilité musicale inattendue : deux intervalles égales de pause ont été ajoutées entre chaque note des partitions originales, symbolisant la distance sociale requise de deux mètres.

    Citons d’abord FUME pour un "Stille Nacht" ("Silent Night") atmosphérique, éthérée et spatial et l’étonnant Artfcl (Andrius Laucevičius et Matas Samulionis). Ce duo a adapté avec culot un chant de Noël traditionnel lituanien, "Kalėdinė Eglutė" ("Kardiofonas").

    Monikaze s’est attaquée de son côté au célébrissime "Jingle Bells". Crise Covid oblige, la musicienne pop et avant-gardiste  a utilisé des sons provenant d'un environnement hospitalier pour le remix : bips de cardiographe pour recréer la mélodie, purificateurs d'air et autres sons médicaux. 

    "O Tannenbaum" dans une facture techno et boostée aux amphétamines

    Autre classique du chant de Noël, "Deck the Halls" devient grâce à Roe Deers un titre pop et disco, revisitant à sa manière le concept de boîte à musiques.

    Le groupe Lakeside Culture (Linas Ftee et Rob Meyer.) reprend de son côté le "O Holy Night" dans une version sombre, mais avec des fulgurances lumineuses. Symbole supplémentaire de cette fameuse distanciation sociale requise un peu partout, le remix de ce morceau a été produit dans deux pays différents, et à une distance de de 2 000 km, Rob Meyer travaillant à Londres et Linas Ftee à Vilnius.

    De son côté, Alex Krell s’attaque au classique "O Tannenbaum" dans une facture techno et boostée aux amphétamines, rendant le "Douce nuit" méconnaissable, mais aussi digne de figurer lors d’une soirée dance et festive d’Ibiza… ou de Vilnius.

    Pour terminer ce projet assez incroyable, grad_u – revisite le "We Wish You A Merry Christmas". Le DJ et producteur de techno dub relève le défi avec un enthousiasme communicatif. Son "We Wish You A Merry Christmas" a une densité et une profondeur incroyables. Il respecte à 200 % le projet musical, en y ajoutant un esprit joyeux. L’esprit de Noël, quoi.

    Lithuanian electronic music producers and composers have responded to the extraordinary situation during this holiday season and created a unique take on it by reviving the world-famous Christmas songs such as "Jingle Bells," "Silent Night," "Oh Christmas Tree," and others, and making them sound like social distancing.

    The unexpected concept was achieved by making two equal intervals of pause, which symbolize the required two-meter social distance, follow each note from the songs' main melodies. As a result, all-time Christmas favourites sound unusually new in a slower pace.

    You can listen to the album here.

    The minds behind the initiative are seven producers and composers, such as Alex Krell (producer of uniquely dark techno), Lakeside Culture (international duo focusing genre-bending music), FUME (electronic music producer with fascination for ambient beats), and others, all of who have collaborated with the electronic music project Antidote and released a new album  "Re-Xmas" of the so-called "social distancing remixes."

    The album is incorporated in an audio-visual installation near the electronic music mecca "Kablys" in Vilnius, the capital of Lithuania, and will also be played as the "Album of the Week" in the local radio station "LRT Opus".

    The said musicians are based in Vilnius which has been known for its progressive music scenery for the past few years. When the lockdown put an end to live performances for the first time in spring, Vilnius' rooftops and the most beautiful parts of the city were showcased by Antidote which united electronic music DJs to disperse the quarantine monotony with audio-visual performances. 

    Antidote Community, Re-Xmas, Social Distancing Remixes '20, Go Vilnius, 2020
    https://www.govilnius.lt/visit-vilnius/latest-tips/rexmas
    https://soundcloud.com/antidotecommunity/sets/re-xmas

    Voir aussi : "Les 10 festivals qu’il faut avoir faits dans sa vie"

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  • David Linx, trouble-fait 

    Virtuose et incandescent : voilà les premiers mots qui viennent à l’écoute du dernier album de David Linx, Skin In The Game. 40 ans de carrière et toujours la flamme chez le jazzman, l’inventeur du "chanteur de jazz européen", qui a brûlé les planches à 14 ans seulement.

    L’artiste bruxellois, et parisien d’adoption, a le sens du lyrique ("Azadi"), aidé en cela par la formation qui l’accompagne, et en premier lieu Grégory Privat au piano.

    Avec "Here I Can See", nous sommes dans un jazz à la Michel Legrand, coloré et vivifiant – mais en anglais. Une vraie composition digne d’une comédie musicale de Jacques Demy. Classique et imparable. Les vagues pianistiques virtuoses et rythmées de Grégory Privat font là encore merveille.

    Pour "Changed In Every Day", Languissant et sensuel à force d’être mélancolique, David Linx propose un chant et un voyage astral et amoureux, bien loin de la photo âpre et sombre du jazzman sur la pochette de son album. De même, "Prophet Birds" peut s’écouter comme une incantation mystique, une prosopopée chantée avec justesse et une grande douceur, grâce à sa voix riche et étendue.

    Une des plus belles voix de la scène jazz

    Dans un tout autre univers, pour "Skin In The Game", qui donne le titre à l’opus, le jazz se pare de couleurs urbaines. David Linx chante en featuring avec Marlon Moore pour ce, morceau plus sombre et comme déconstruit. "Night Wind" a cette même facture urbaine, comme si le jazz américain entrait de plein pied dans un futur mystérieux et fantasmagorique. Fantasmagorique, pour ne pas dire métaphysique, à l’exemple des titres lents et planants "On The Other Side Of Time" ou "To The End Of An Idea".

    Tout aussi américain, avec "Walkaway Dreams", nous sommes dans un jazz mêlant esprit new-yorkais et influences contemporaines européennes, avec un David Linx semblant énormément s’amuser.

    Dans un album à l’univers étendu, le chanteur belge sait jouer le "trouble-fait", à l’instar du bien-nommé "Troublemakers" : il s’agit d’un morceau inventif, caractéristique d’un chanteur ayant pour boussole sa voix, et que l’auditeur, même non-expert, identifiera vite. Et avec toujours ce piano virevoltant de Grégory Privat. 

    L’album se termine avec "A Fool’s Paradise", une ballade jazzy sucrée et lancinante, comme une jolie promenade avec un musicien à la fois lumineux et attachant, et qui est aussi une des plus belles voix de la scène jazz.

    David Linx, Skin in The Game, Cristal Records, 2020
    http://www.davidlinx-official.com
    https://www.facebook.com/DavidLinxOfficiel

    Voir aussi : "Un tour du jazz à la voile"

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  • Consolation

    De sa voix à la Enzo Enzo, Carole Masseport propose, avec son dernier single On se remet de tout, la plus belle des consolations. Le clip a été réalisé par Michaël Terraz.

    La musicienne chante les petites et les grandes blessures de la vie : "On dit qu’on se remet de tout / Jusqu’à ce que l’on ne s’en remet plus / On dit qu’il faut se mettre  à genoux pour aimer tout ce qu’on a perdu".

    Passer à côté de tout, échouer, essayer de comprendre, n’attendre rien de personne, pardonner au risque de ne pas se respecter : de ces faux-pas et échecs, Carole Masseport en fait des incidents de parcours que chacun peut dépasser, avec optimisme : "On dit que la vie n’est qu’un jeu / Que nul part ce sera mieux / Qu’on verra quand on sera vieux / A quoi bon être malheureux."

    On se remet de tout est le premier extrait de son nouvel album qui sort en mars, et sur lequel on croise JP Nataf, Albin de la Simone ou Jean-Jacques Nyssen.

    Carole Masseport, On se remet de tout, 2020
    https://www.carolemasseport.fr
    https://www.facebook.com/carolemasseportmusic

    Voir aussi : "Je ne suis pas un héros"

    Photo : Carole Masseport

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