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  • Exégèse tintinesque

    Le Temple du Soleil d’Hergé, la suite des Sept Boules de Cristal, fait l’objet d’un essai exégétique de Pierre Fresnault-Deruelle que les tintinophiles devraient découvrir avec le plus grand intérêt (Hergé et les Incas ou la malédiction déjouée, paru aux éditions 1000 Sabords).

    Disons pour commencer qu’il faut, sinon avoir cet album de 1948 sous la main, du moins l’avoir (bien) lu pour apprécier la science de Pierre Fresnault-Deruelle, décortiquant cette aventure incroyable du jeune journaliste belge.

    Rappelons que nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale, au sujet de laquelle il a été beaucoup reproché à Hergé son lourd silence. Le dessinateur avait d’ailleurs choisi pour cette nouvelle aventure d’entraîner Tintin, Milou et Haddock dans une pérégrination déconnectée de l’actualité guerrière des années 40, en mêlant mystique, archéologie, dépaysement, investigation (car le Professeur Tournesol a été enlevé dans l’album précédent) et réflexion sur le choc des civilisations, à travers un inattendu et immortel génie du mal, Rascar Capac.

    Pierre Fresnault-Deruelle entend montrer toute la science de la composition et du rythme d’Hergé

    L’essai Hergé et les Incas propose une étude case par case et planche par planche, décrivant en détail les choix scénaristiques et visuels du génie belge, depuis un commissariat de police péruvien jusqu’à l’hôpital où sont soignés les sept savants atteints d’un mal mystérieux – la malédiction de Rascar Capac.

    Allant au-delà de la simple description, Pierre Fresnault-Deruelle entend montrer toute la science de la composition et du rythme d’Hergé. Une simple case montrant Tintin s’agripper à une chaîne donne l’occasion à l’auteur de s’arrêter sur la mise en scène pleine de sens, mais aussi de parler des références d’Hergé, en l’occurrence, pour cet exemple, l’illustrateur Jules Férat pour une édition ancienne de L’Île mystérieuse de Jules Verne.

    L’essai tintinesque est d’ailleurs riche de sources pouvant expliquer le travail d’Hergé : gravures du XIXe siècle, affiches publicitaires de l’entre-deux-guerres, coupures de presse du début du XXe siècle, peintures (l’étonnant portrait de l’empereur inca Tupac Yupanqui ou celle, plus célèbre, de William Blake, Caïn fuyant la colère de Dieu) ou d’autres bandes dessinées, à commencer par le Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan.

    Pour illustrer cette exégèse, pas de reprises de planches ou de vignettes en raison des droits d'auteur de l'œuvre d'Hergé, mais des visuels antérieurs à l'œuvre d'Hergé ou au contraire contemporaines, ce qui donne paradoxalement à cet ouvrage un charme particulier.

    Pierre Fresnault-Deruelle, Hergé et les Incas ou la malédiction déjouée,
    éd. 1000 Sabords, 2023, 170 p.

    https://www.editions-1000-sabords.fr
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Fresnault-Deruelle

    Voir aussi : "Dictionnaire amoureux de Tournesol"

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  • Francis Ford Coppola, le Parrain du Nouvel Hollywood

    Jetez un coup d’œil sur la page Wikipedia de Francis Ford Coppola : vous serez sans doute surpris par sa filmographie, finalement pas si riche que cela – si on oublie les années 80. Et pourtant, quel personnage, quel précurseur et quel génie ! Avec deux Palmes d’Or à Cannes (Conversation secrète, Apocalypse Now) et plusieurs Oscars (Le Parrain I et II – pour une fois, la suite d’un film à succès dépasse en qualité le premier opus). Les années 70 sont fastes sur le réalisateur américain qui a vu trois de ses films, Le Parrain, Le Parrain 2e partie et Apocalypse Now, accéder au panthéon du cinéma mondial.

    Le roman graphique d’Amazing Ameziane, Don Coppola (éd. du Rocher) retrace la carrière du cinéaste, depuis ses premières années où il a été alité plusieurs mois à cause de la polio, jusqu’à son futur dernier grand projet, Megalopolis, dont nous n’avons pas fini d’entendre parler.

    Francis Ford Coppola, singulièrement discret depuis deux décennies, montre à quel point son cinéma a fait de lui le maître et l’inspirateur du Nouvel Hollywood, avec un comparse et disciple nommé George Lucas. 

    Famille

    Don Coppola s’attache principalement aux deux œuvres phares du cinéaste américain : le cycle du Parrain (sans oublier le troisième opus, moins aimé car trop comparé aux deux géniaux premiers volets). La famille Corleone – et, partant, la propre famille de Coppola – est au cœur du roman graphique. Amazing Ameziane raconte en texte et en image les origines d’un chef d’œuvre, au départ best-seller de Mario Puzzo : comment Coppola s’est emparé de cette adaptation, comment s’est passé le travail avec l’auteur et avec les acteurs, dont les stars Marlon Brando et les jeunes Al Pacino  et Robert de Niro et comment il a su conquérir le public et les critiques. Il a beaucoup été raconté comment la mafia américaine s’est incrustée dans la réalisation du film, se plaisant même à voir certains de ses membres y jouer.

    Francis Ford Coppola apparaît régulièrement dans ces pages pour commenter ses choix, expliquer son travail et réfléchir sur ses influences, insistant sur la place de sa propre famille.    

    L’autre film phare, le troisième chef d’œuvre (si l’on oublie Conversation secrète) en cinq ans du réalisateur américain est Apocalypse Now. La démesure du film (à l’époque où le numérique n’existait pas), la tension sur le plateau, les incidents et accidents de tournage : tout cela a fini de faire entrer ce grand film de guerre dans l’histoire du cinéma. Avec de nouveau un Marlon Brando exceptionnel.

    La BD d’Amazing Ameziane est un brillant exercice de style et un chant d’amour qui convaincra autant les amateurs de bande dessinée que les amoureux du cinéma.

    Amazing Ameziane, Don Coppola, éd. du Rocher, 2023, 228 p. 
    https://www.editionsdurocher.fr/product/126823/don-coppola
    http://amazing-ameziane.blogspot.com

    Voir aussi : "Les films que vous ne verrez jamais"

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  • Mon si fragile X

    X Fragile : voici une étrange expression, mal connue, sinon inconnue, et qui recouvre pourtant une réalité médicale cruelle : une maladie génétique qui est aussi la première cause de déficience intellectuelle héréditaire. L’une des auteures, Émilie Weight, a un fils, Mike, qui est atteint du terrible X Fragile. Elle le raconte dans le roman graphique Pourquoi tu te moques ? (éd. Le Duc), mis en dessin par Korrig’ Anne.

    La naissance d'un enfant. L’histoire aurait pu être idyllique, et elle l’a été en tout cas jusqu’aux deux ans de Mike, un enfant joueur, attentionné, souriant et actif. Mais les balancements réguliers des bras du jeune garçon commencent à inquiéter un de ses oncles qui suggère aux parents de consulter un spécialiste. Autisme ? Problème de motricité ? Lorsque finalement le diagnostic tombe, c’est le choc : l’enfant a le syndrome de l’X fragile, un handicap que les parents doivent comprendre, digérer et surtout apprendre à vivre avec. 

    "Sentinelles émotionnelles de notre société normative et pourtant si fragile"

    La bande dessinée suit la rude bataille des parents pour donner à Mike une vie et une scolarité la plus normale possible. Dès le diagnostic posé, ils savent que la déficience intellectuelle de leur fils, peu visible à l’âge de deux ans, deviendra par la suite plus compliquée : gestion des émotions, problèmes d’élocutions, risques de problèmes cardiaques à l’adolescence mais aussi d’épilepsie. Faute de traitements curatifs, les rendez-vous pour des rééducations et de stimulations ponctueront la vie de Mike et de ses parents.

    Dans leur roman graphique, les auteures ont choisi d’alterner le récit quotidien de parents ordinaires et le point de vue de Mike, avec ces instants de bonheur, de désespoir, de doutes, d’interrogations mais aussi de colères. Les scènes de rejets – souvent à l’école – font partie des moments les plus rudes, ce dont le titre témoigne : "Pourquoi tu te moques ?" Mais il y a aussi ces interrogations d’un enfant : "Pourquoi mes copains ne veulent plus jouer avec moi ?"

    L’ouvrage d’Émilie Weight et Korrig’ Anne a la vertu des livres de témoignages qui ont pour objectif de faire découvrir un handicap terrible mais méconnu. Comme le dit le Dr Vincent des Portes en postface, "J’espère que l’histoire de Mike et de sa famille contribuera à changer notre regard sur les personnes porteuses d’un handicap intellectuel, sentinelles émotionnelles de notre société normative et pourtant si fragile." On ne saurait mieux dire. 

    Émilie Weight et Korrig’ Anne, Pourquoi tu te moques ? Grandir avec l’X fragile,
    éd. Leduc Graphic, 2023, 160 p.

    https://www.editionsleduc.com/produit/3279/9791028529390/pourquoi-tu-te-moques
    https://www.facebook.com/korriganneillustration
    https://www.facebook.com/emilie.weight

    Voir aussi : "Ce n'est pas toi que j'attendais"

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  • Stéphanie St. Clair, alias Queenie

    Quel bonheur lorsqu’un livre, et a fortiori une bande dessinée (pardon, un "roman graphique"!) nous fait découvrir un pan méconnu de la grande histoire, et plus spécialement une personnalité exceptionnelle ! C’est le cas du livre d’Elizabeth Colomba (au dessin) et Aurélie Lévy (au scénario), auteures de Queenie, La marraine de Harlem, paru chez Anne Carrière il y a deux ans. Il est temps de faire une séance de rattrapage et découvrir ou redécouvrir cette passionnante BD.

    Queenie est le surnom à New York de Stéphanie Sainte-Clair, née pauvre en Martinique, brillante jeune fille, très douée dans les chiffres (ce qui lui sera très utile lorsqu’il s’agira de monter ses affaires - illégales - dans les années 30). Maltraitée, violée et promise à la misère, la jeune femme part aux États-Unis, contrée guère plus réjouissante pour une femme noire.

    Au moment où commence Queenie, Stéphanie sort de prison. Nous sommes en 1933 et la fin de la Prohibition a rabattu les cartes. L’homme de main de Queenie, Bumpy Johnson, l’attend pour faire le point sur leur business. Les clans mafieux, dont celui de l’impitoyable Dutch Schultz, déclarent la guerre à celle qui a fait fortune grâce au jeu. Queenie s’avère coriace. Elle use de tous les stratagèmes pour sauver sa fortune et sa vie. Avec succès, car Queenie mourra dans son lit à la fin des années 60 – fait exceptionnel pour une membre éminente de la mafia.  

    Des planches soignées au noir et blanc somptueux et au graphisme élégant

    Le lecteur découvrira avec sans doute passion une personnalité hors-norme de l’histoire américaine. Une mafiosa, qui plus est. La Française née dans les Antilles est devenue en quelques années une membre du grand banditisme capable de faits d’armes les plus audacieux. Que l’on pense à la manière dont elle usait des médias pour asseoir son pouvoir.

    Les auteures parlent aussi de la police new-yorkaise qui a eu le plus grand mal à empêcher cette guerre des clans. Queenie, richement documenté, propose des focus sur l’enfance et l’arrivée de Stéphanie St. Clair sur le sol américain. La ségrégation et les méfaits du Ku Klux Klan ne sont pas tus, grâce à une série de flash-back.

    Mieux qu’un essai, la bande dessinée propose, grâce à des planches soignées au noir et blanc somptueux et au graphisme élégant, une plongée dans cette Amérique légendaire. Il ne manque ni les immeubles de Harlem, ni les clubs de jazz (dont le Cotton Club), ni les personnages légendaires tels que le boxeur Jack Johnson, les musiciens Thelonious Monk et Duke Ellington, ni bien sûr les mafieux Dutch Schultz ou Lucky Luciano qui, eux, ont plus mal finis que Queenie. Véritable anti héroïne qui s'est avérée bien plus maligne que ces bonhommes. 

    Elizabeth Colomba et Aurélie Lévy, Queenie, La marraine de Harlem,
    éd. Anne Carrière, 2021, 168 p.

    https://anne-carriere.fr/livre/queenie-la-marraine-de-harlem
    https://www.instagram.com/elizabethcolomba
    https://www.instagram.com/aurelielevy1

    Voir aussi : "Pieds bandés"

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  • Tout l’univers de Ritchi

    En un peu moins de 90 pages, Ritchi propose une plongée à la fois rafraîchissante et pleine de nostalgie vers le pays de son enfance. C’est toute la richesse de son album Reviens Gamin ! (aux éditions Rendez-vous sur mars).

    Nous sommes dans les années 70 et à l’orée des années 80. L’auteur est un gamin d’une dizaine d’années. Son quotidien est l’école, les copains (les copines, parfois), les jeux, la télé, une mère au foyer, un père, militaire de carrière et autoritaire et des rêves pleins la tête.

    En 17 chapitres de 3 à 7 planches, Ritchi parle d’anecdotes tour à tour cocasses, évocatrices, cruelles ou franchement tordantes : une cabane de gosse qui a failli se terminer en catastrophe, une visite forcée à la gendarmerie du coin, une croustillante course de natation, un Noël en famille où les "héros" sont un père mal luné et son fils, et sans compte ces portraits typiques : militaires rigides, enfants insouciants, hippies tombés du ciel et parents vite dépassés par leurs progénitures.

    Des souvenirs liés à la télévision en noir et blanc, aux cassettes audio ou à l’encyclopédie populaire Tout L’Univers

    Reviens Gamin ! se veut une petite madeleine de Proust pour l’auteur, autant que le rappel, au lecteur, de ce qu’était cette période des seventies et eighties, à la fois plus frustre, plus naïve et plus joyeuse. Nostalgique, mélancolique mais aussi critique et caustique, Ritchie trace un joli portrait d’enfant autant que celui d’un monde disparu. Le lecteur pourra y retrouver lui-même des souvenirs liés à la télévision en noir et blanc, aux cassettes audio ou à l’encyclopédie populaire Tout L’Univers.

    Le coup de crayon rapide et efficace de Ritchi sert au mieux ces mésaventures introduites par des citations de Freud, Françoise Dolto, Socrate, Pascal, Nietzsche, Voltaire, Spinoza, Lao Tseu et Confucius – beaucoup Confucius, le bédéiste ne cachant pas son goût pour la philosophie chinoise.

    Tout cela donne un album vivifiant et souriant, à lire d’une traite cet été. 

    Ritchi, Reviens Gamin !, éd. Rendez-vous sur mars, 2022, 88 p.
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100080681393987
    https://www.ritchi-rasa.com
    https://www.instagram.com/ritchi.rasa

    Voir aussi : "Pépé ou les silences en musique"

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  • Pieds bandés

    C’était une tradition ancestrale chinoise, connue de nom sous nos latitudes, mais dont peu connaissent à la fois la réalité, l’importance et la cruauté.

    Le dessinateur Li Kunwu, l’un des plus importants artistes chinois du 9e art, s’empare de ce sujet en parlant de la nounou qu’il avait lorsqu’il était enfant, une femme née à la toute fin de l’Empire chinois. C'est le sujet de sa bande dessinée sortie il y a trois ans, Pieds bandés (éd. Kana).

    Chunxiu a été l’une de ces millions de petites filles chinoises à qui l’on avait bandé les pieds. Une coutume traditionnelle qui en a fait l’une des victimes de la jeune République chinoise puis de la Révolution communiste. Li Kunwu nous raconte son histoire, des années 1900 jusqu’à sa mort à la fin du siècle dernier.  

    Un noir et blanc brut et sans concession 

    C’est dans un noir et blanc brut et sans concession que Li Kunwu nous fait entrer dans la Chine traditionnelle, celle de la paysannerie pauvre et façonnée par des traditions multimillénaires.

    Les pieds bandés étaient considérés comme un atout pour des jeunes filles que les familles voulaient bien marier. Un vrai atout de séduction, pour ne pas dire une "chance", mais avec son corollaire cruel : bander les pieds des fillettes (l’âge idéal était de six ou sept ans, apprend-on) constituait une torture avant d’être un handicap pour les victimes qui avaient ensuite le plus grand mal à marcher.

    En racontant l’histoire de Chunxiu, c’est l’histoire d’un pays qui est évoqué, avec ses évolutions sociales et politiques, ses mouvements révolutionnaires, pas forcément acceptés par la paysannerie chinoise, et ses millions de victimes, dont Chunxiu.

    Li Kunwu a été fait Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2022, preuve, s’il en est, qu’il reste une figure capitale de la bande dessinée mondiale.

    Li Kunwu, Les Pieds bandés, éd. Kana, 2021, 128 p.
    https://www.kana.fr/produit/les-pieds-bandes

    Voir aussi : "Tout l’univers de Ritchie"

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  • Twilight Zone

    Roman graphique, magazine ou concept d’art contemporain ? Il y a un peu de tout cela à la fois dans La Dimension perdue, le deuxième numéro proposé Nicolas Le Bault.

    Bla Bla Blog suit avec passion depuis plusieurs années l’aventure de White Rabbit, à l’origine de plusieurs projets tout aussi passionnants que dingues. On retrouve dans ce deuxième numéro de La Dimension perdue ce qui fait l’univers et la facture de Nicolas Le Bault.

    Rêve ou cauchemar ? Les nuits de Karine sont des plus perturbées. Elle se réveille dans la maison de son enfance. Son père a quitté son lit pour descendre à la cave. Elle l’y trouve, ivre, et, en poursuivant sa quête, découvre une adolescente prisonnière. 

    Psychanalyse et tourments sociaux

    Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier volume de La Dimension perdue pour découvrir ce numéro à ne pas mettre entre toutes les mains. Le sexe la violence, l’inceste et la souffrance servent de matériaux à Nicolas Le Bault pour parler de l’intimité, des peurs, des cauchemars et des innocences sacrifiées.

    On est dans une zone crépusculaire où la psychanalyse, les tourments sociaux et l’underground se fondent dans une histoire au graphisme de Nicolas Le Bault identifiable entre tous : personnages naïfs, couleur omniprésente, ligne claire et symbolisme fort.  

    Nicolas Le Bault poursuit son roman graphique avec une foi de charbonnier intacte. Et c’est très bien. 

    Nicolas Le Bault, La Dimension perdue, #2, White Rabbit Prod, 2022, 28 p.
    https://whiterabbitprod.bigcartel.com
    http://www.nicolaslebault.com

    Voir aussi : "Conte cruel"

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  • Pépé ou les silences en musique

    Étonnante et émouvante BD. Mais aussi cinématographique, si l’on veut ajouter un adjectif. Sort en ce mois de juin la dernière création de Guillaume Carayol et Stéphane Sénégas, Un chemin vers Pépé, aux éditions de la Gouttière, dans la collection DoRéMi Chat.

    Un mot sur cette collection au concept inédit mis en place par les éditions de la Gouttière et l'Orchestre de Picardie. DoRéMi Chat propose à des auteurs de s’inspirer d’un morceau de musique classique. Cette oeuvre fait à la fois l'objet d'un livre de bande dessinée et d'un concert interprété par l'Orchestre de Picardie. Une jolie, passionnante et intelligente idée pour les enfants et toute la famille. En 2023, c'est le duo Carayol/Sénégas qui se sont prêtés à l’exercice. Pour leur BD Un chemin vers Pépé, ils ont choisi la 35e Symphonie de Mozart.

    Un livre de bande dessinée et un concert interprété par l'Orchestre de Picardie

    Du héros de cette BD, le lecteur ne saura rien. C’est un enfant d’une dizaine d’années, sans prénom. Il a deux parents et surtout un grand-père, le fameux Pépé.

    Les auteurs nous entraînent sur les pas de l’enfant, au pays des rêves, de la souffrance – mais aussi de la musique de Mozart. Lorsque commence l’histoire, le garçon écrit une courte lettre émouvante à son grand-père dont il est privé de visite à l’hôpital afin de le "protéger". Le lecteur comprend que la mort rôde. Elle se personnalise sous la forme d’un étrange personnage volant. Lorsque la nuit vient, l’enfant rêve, et son compagnon – un nuage noir muni d’une paire d’yeux – l’accompagne dans un étrange pays. Mais l’hôpital redouté n’est pas loin.

    Lorsque le récit de Pépé et de son petit-fils commence, le lecteur y trouvera sans doute une lointaine référence à Little Nemo, bande dessinée pionnière et fondamentale dans l’histoire du 9e art. Ici, pas de dialogues, pas de commentaires, pas de bulles mais un jeune personnage omniprésent, une présence quasi fantomatique de Pépé et un découpage cinématographique soigné. Les notes de Mozart surgissent vers la moitié du livre, comme autant d’apparitions fantastiques et rassurantes.

    Un chemin vers Pépé se veut un excellent livre pour parler du deuil. Avec, en plus, une ouverture vers la musique classique et Mozart.

    Guillaume Carayol et Stéphane Sénégas, Un chemin vers Pépé,
    éd. de la Gouttière, coll. DoRéMi Chat, 2023, 64 p. 

    https://www.facebook.com/carayol.guillaume/?locale=fr_FR
    https://www.facebook.com/stephane.senegas.5/?locale=fr_FR
    http://editionsdelagouttiere.com/livre/le-chemin-vers-pepe

    Voir aussi : "De Jeanne à Jenny"

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