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Sur la pochette de son premier EP, L’été n’existe plus, le profil hiératique de Mârie Adôre donnerait à cette nouvelle figure de la chanson française une lointaine parenté entre Barbara et Marie Callas. Là s’arrête pourtant la ressemblance car, en réalité, c’est du côté de l’easy listening qu’il faut sans doute chercher les influences de Mârie Adôre.
L’artiste puise dans la pop des années 50 et 60 l’inspiration pour un premier album élégant tout entier dédié à l’amour. Guitares langoureuses, cordes délicates, instruments acoustiques et voix assurée sont au service de chansons pop sucrées et acidulées.
Mârie Adôre tourne autour de l’amour, qu’il soit passionné, grisant ou cruel : celui, éphémère, des amours d’été ("Coquillages et trucs cassés / Mon cœur s’est arrêté… / L’été a volé mon amour" dans L’été n’existe plus), l’amour aliénant qui peut être celui d’une femme fatale et inaccessible ("C'est comme un revolver capricieux, / elle te met en poussière quand elle veut", Et toi) ou de ces sirènes séductrices en diable ("Fiancé de passage / ma providence / ton naufrage / viens goûter le sel sur ma peau / viens voguer sur mes flots", Les Sirènes). La grande aventure de l’amour trouve son illustration la plus géniale dans le dernier titre, Un dernier baiser, composé à la manière d’une bande originale… de western. Et pourquoi pas ?
Mârie Adôre offre à l’auditeur un premier EP travaillé avec soin. La pop sixties, mâtinée de blues et de jazz, est au service de chansons justes, cinématographiques et lyriques, interprétées par une artiste au tempérament bien trempé – et déjà attachante. Mârie Adôre : une "mauvaise fille", comme elle le chante ? Allons, allons…
Derrière le nom d'état civil Héloïse Letissier se cache une des plus grandes figures musicales françaises, Christine and the Queens (qui a fait l'objet d'un billet sur Bla Bla Blog, "La reine Christine").
C'est aux Etats-Unis que l'artiste se produit en même temps et le moins que l'on puisse dire est que, là-bas, la Française n'a pas laissé indifférente.
Cette semaine, le magazine américain Time ne l'honore ni plus ni moins que de sa une, pour illustrer une enquête sur "la nouvelle génération de leaders", ceux "qui refont le monde."
L'auteure de Christine, des Paradis perdus ou de Saint-Claude est autant consacrée comme figure mondiale de l'électropop que comme une artiste rejetant les barrières du genre.
Une consécration supplémentaire pour Christine and the Queens, en passe de devenir une icône.
Le bloggeur a déjà dit tout le bien qu'il pensait d'Alka Balbir ("Suprême Alka").
La chanteuse revient cette rentrée pour une série de plusieurs concerts à Paris. Le prochain aura lieu le 27 septembre aux 3 baudets à 20 heures, avec Alister.
J’avais parlé sur ce blog de la Sonate de Vinteuil et du concours de création musicale et digitale organisé par NoMadMusic dans le cadre du festival Normandie Impressionniste ("Joue-la comme Proust"). La composition du vainqueur sera d'ailleurs jouée par l'Orchestre de l'Opéra de Rouen-Normandie sous la direction d'Yvan Cassar, ce 15 septembre à l'Opéra de Rouen, en clôture du festival Normandie Impressionniste.
Ce n’est pas le premier coup d’essai de NoMadMusic, un label musical qui s’est spécialisé dans l’innovation web (la "musique augmentée") et la création musicale. Bla Bla Blog fait un retour en arrière avec un autre concours qui, fin 2015, a mis en partenariat NoMadScore, Orange et la Philharmonie de Paris. Le principe ? Un concours d’arrangements musicaux à partir de samples orchestraux (cordes, cuivres et bois) et de la voix de Zaza Fournier.
La jeune musicienne a fait le choix d’une composition audacieuse, offrant une pièce de musique de chambre contemporaine que le Kronos Quartet n’aurait pas renié : les leitmotivs entêtants, inquiétants et teintés de naturalisme (l’auditeur peut être transporté à la campagne en été, un jour d’orage) semblent faire le pont entre le sérialisme viennois du début du XXe siècle (Schoenberg, Berg et Webern) et le courant répétitif américain, une influence que la musicienne revendique en faisant référence au compositeur contemporain Steve Reich.
L’Orage Nu est une courte pièce culottée et lumineuse, d’une belle maîtrise. Elle prouve du même coup qu’on aurait tort de voir la musique d’aujourd’hui cantonnée à la pop, au rock ou au folk.
Fleur Offwood a pour elle un parcours de musicienne d’une grande richesse : auteure, compositrice et interprète, elle s’est également intéressée à la musique électronique il y une dizaine d’années. Son parcours artistique a suivi de multiples voies : chansons, musiques de films, bandes sons publicitaires, remixes ou spectacles avec notamment le duo des Smartines . Et aussi, depuis peu, la musique de chambre contemporaine, via un concours national qui l’a récompensée de ce prix du jury mérité.
Marie Cherrier était en concert à Amilly (45) le 2 juillet 2016 pour un concert rare. Dans une salle intimiste de 200 places, celle qui figure parmi les meilleures représentantes de la chanson française se produisait dans le cadre de la Fête de l’Europe pour un spectacle unique dans le minuscule mais cosy auditorium de la médiathèque.
Accompagnée de trois musiciens – guitares, basse et batterie – la chanteuse jouait pour l’essentiel des titres de son dernier album L’Aventure, paru il y a moins de deux ans. Après L’Odyssée et Voilà, un ensorcelant autoportrait de la musicienne, le public assistait à une interprétation tendue de l’une de ses meilleures chansons, L’Aventure, que l’artiste interprétait à l’accordéon : "Si c'est la vie je l'admets, OK OK / Si c'est l'amour c'est régulier, allez allez /Il faut comprendre et accepter, je pourrais je pourrais / On se dit bye bye et aux regrets, jamais jamais / Alors je m'abandonne à mes rêves / Et je me refais l'aventure."
Suivait L’hiver s’en fout, une ballade aux paroles finement ciselées, pleine de spleen et de nostalgie : "À la recherche de quelques mots dans tes yeux / Si tu t'inquiètes, si tu es malheureux / A la naïve question qu'on se renvoie / Qu'est-ce qui m'arrive, qu'est-ce que tu as fais de moi ?" Il était également de nostalgie dans T’es où ?, tiré de l’album Billy (2013). Marie Cherrier égratigne, dans ce titre très séduisant, le Renaud des années 70 et 80 et regrette l’absence de "ces bonhommes... capables de se mettre debout et de lever le poing" : "T'es où? Parce-que là, y se passe rien / moi je veux bien me tatouer l'avant-bras / mais y'a rien, pas une gueule / pas de discours, pas de refrain pour nos gueules, / pour lever le poing". Le public pouvait également écouter Complotiste, un titre rare, personnel et d’un engagement d’autant plus efficace qu’il est caché derrière une mélodie enlevée et entêtante : "Que voulez-vous je suis sceptique / se pourrait-il que ma chanson / passe pour trouble à l'ordre public / et demain me mène en prison ?"
Marie Cherrier ravissait ses aficionados avec la reprise de titres plus anciens : Paysage perdu d’abord, repris par le public : "Bon vieux temps / C'était avant la guerre / Après la misère / Le long des torrents / Bon vieux temps / Celui des bouillottes / Et de la compote / Des grands-mères d'antan".
La chanteuse ne pouvait pas faire l’impasse sur la chanson qui l’a propulsée sur le devant de la scène : Le Temps des Noyaux. Hommage aux victimes du général Nivelle lors de la bataille du Chemin des Dames autant que message pacifique, ce titre du deuxième album Alors quoi ? (2007) captivait la salle : "Alors là-dessus je rejoint Prévert / le temps des cerises ce que ça vaut / quand la chair est tombée par terre / démerde-toi avec les noyaux / Le vent a soufflé sur la haine / il a emporté les larmes / et la souffrance sur d'autres plaines / malgré les cris, ils ne désarment."
Le spectacle se terminait par l’interprétation d’une de ses toutes premières chansons, Les Baleines (Ni vue ni connue, 2005). Ce titre est le chant de liberté d’une artiste éprise de rêve, de musique mais aussi de mer, un élément souvent présent dans son œuvre comme elle l'affirmait elle-même : "Un jour je prendrai le large / J'habiterai avec les poissons / Les baleines et les coquillages, / Pas de vers pas d'hameçon, / Pas ces salopes de Sirènes / Comme ça pas de comparaison."
La chanteuse se séparait du public avec Pleurez pas, chanté à quatre voix avec ses trois camarades musiciens, proposant pour terminer le spectacle un titre engagé : "Pleurez pas / On va pas compter depuis Hiroshima / ils n'ont jamais su juger la vie ces salauds là / aujourd'hui c'est Syrie, Libye, là-bas / Pleurez pas."
Voilà Marie : une heure de concert de rêve par une fille "d'origine du vent". Si vous venez la "chercher"ce week-end, elle se produira le dimanche 9 juillet à Chécy (45). Fans ou curieux, il vous reste encore une séance de rattrapage.
Ça vous est déjà arrivé ? Je suis sûr que oui : un titre inattendu qui vous cloue, KO debout. Une évidence m’a assommé cette semaine au cours duquel je me disais : "Le ciel est gris et j'ai le teint vieilli / Un peu triste pessimiste mais surtout un peu triste" (Malsain) : Laurie Darmon est une fille formidable.
Elle a le talent extraordinaire de vous accrocher. Aujourd’hui, la chanteuse s’est faite une place après un bouche-à-oreille élogieux. Son deuxième EP, Mesure Seconde, reprenant la majorité des morceaux de Mesure Première, est sorti il y a quelques mois et confirme le talent et l’audace de l’artiste.
Tout est là : la voix fluette fragilement posée et sans esbroufe, une rythmique syncopée résolument tournée vers le slam, le rap et un travail sur le texte qui nous fait tendre l’oreille.
Prenez La Rupture, une histoire d’amour, de séparation : "Une porte qui claque, / Un deux trois verres de cognac / Tombent en vrac, c’est l’attaque / Et puis elle craque / Larmes de solitude, lassitude / Se dénude d'une prélude d’inquiétude / Interlude d’une jeune fille prude / C’est juste une fin un peu banale / Le final, terminal, histoire sentimentale / Qui fait son carnaval." Sur une rythmique slam, parsemée d’un peu électro, Laurie Darmon livre une chanson faite d’amour mis à mort et de violence, dans un texte alliant mélancolie, brutalité et note d’espoir.
Dans ce deuxième EP, qui reprend en majorité Mesure Première, un autre titre est à découvrir et écouter absolument : Juillet Formiguères : formidable. Au menu de cette chanson : une guitare, une voix et surtout un texte d’une grande délicatesse où la poésie est au service de la nostalgie : "Juillet Formiguères / Souvenirs solaires / C'était mes premières libertés / Oui, Formiguères / C'était hier / C'est un doux regard / La gare / Début Juillet / un soir d'été / Quand la température augmente / Et que les nuits deviennent décentes / C'est un train couchettes / Guinguettes / On l'attendait depuis longtemps".
A l'instar de quelques brillants anciens (Moustaki, Ferré ou Barbara), Laurie Darmon parle sans fard de l’enfance, du temps qui passe, de spleen et de nostalgie. Les thèmes sont aussi au centre de Bonjour Tristesse, hommage à Françoise Sagan : "Sans crier gare elle s’est enfuie / La petite fille de mon pays / Elle s’est enfoncée dans la nuit… Ma chère tristesse quand me quitteras-tu".
Le travail sur le texte est omniprésent, par exemple dans La voix, un titre slam, déjà présent dans Mesure Première : "Ta voix cristalline me déshabille, me dévêtit / Comme une pluie fine qui coule sans bruit / Ta voix dense réveille mes mains / Comme un long silence que l'on brise au petit matin."
J’avais pu dire sur ce blog que nous traversions, en dépit de la crise du disque, une période faste pour la chanson française, en renouvellement perpétuel. Laurie Darmon y apporte sans conteste sa pierre avec "l'inépuisable envie d'éclore".
J’ai plutôt bonne conscience à vous parler de Cécile Hercule. Elle nous revient en 2016, six ans après son premier album La Tête à l’Envers. Celle qui officiait aux côtés de Mickey 3D nous propose un premier single, Bonne Conscience, co-écrit avec Odelaf et disponible sur Muzicenter.
Rien de tel que la légèreté pour dire des choses graves et sérieuses ! La chanteuse égratigne, avec une voix fragile, cette "bonne conscience" qui nous accompagne sans que nous en ayons vraiment... conscience.
Dans ce titre, elle prend pour cible des sujets a priori consensuels que sont le développement durable, la lutte contre la pollution, la consommation alternative et l’économie équitable.
Moi aussi, je suis écolo, moi aussi je recycle, moi aussi je pense à la planète, nous dit en substance l’artiste : "Depuis ce beau jour je trie mes déchets / Emballages et cartons dans la poubelle jaune / Faut regarder l’étiquette ça demande des neurones / Si j’me trompe la gardienne va me détester." Et d’ajouter aussitôt : "Depuis j’ai bonne conscience / Même si j’comprends pas, si tout cela a un sens." Cette manière de raconter quelques tranches de vie d’une bobo parisienne qui se nourrit de baies de goji, d’algues, de petite épeautre et de carottes à 12 euros 50 est savoureuse et se goûte avec plaisir, en plus de donner matière à réfléchir.
Cécile Hercule se fait sarcastique lorsqu’elle nous met sous le nez la vanité de cette bonne conscience quotidienne : "Quand je vois les efforts que je fais tout le temps / Pour qu’elle fonctionne mieux ma petite planète / Il faudrait que le bio tout le monde s’y mette / À Gaza, en Syrie, en Afghanistan."
Bien vu et à suivre : un nouvel album de Cécile Hercule devrait sortir au printemps, grâce au financement du site de crowdfunding Ulule. Alternative jusqu’au bout des ongles.
C'est pas un heureux hasard que j'ai découvert la chanteuse Pomme. En quatre chansons – son premier EP En Cavale – la jeune artiste impose déjà un sacré talent et promet.
Il n'y a pourtant rien de révolutionnaire dans En Cavale : des balades pop et country-folk, des histoires d'amour, de trahison et de séparation, une voix délicate et posée, une orchestration réduite – guitares (à noter l'hypnotisant accompagnement dans le titre "En Cavale"), synthétiseur et percussions. D'où vient alors ce supplément d'âme ? Sans doute à des détails : la simplicité affirmée, la justesse de l'interprétation, la cohérence des quatre titres ("J'suis pas dupe", "En Cavale", "Sans Toi" et "Jane & John") ou encore ces petits "r" roulés !
Il y a une évidence certaine à découvrir et à écouter Pomme. Je prends les paris que d'ici peu elle fera partie de notre paysage musical.
En attendant, dans ce premier EP, notre Pomme nous invite à la connivence et à fredonner avec elle des mélodies efficaces et des paroles qui peuvent parler à tous : "J'ai fait le tour et notre amour est en cavale / Il nous a volé une année à tous les deux / Laisse-le partir on va pas crier au scandale / on le retrouvera peut-être quand on sera vieux."