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  • Au 21 rue la Boétie

    Regardez cette petite fille au teint de porcelaine se fondant avec un haut de robe de la même couleur. Ses lèvres roses prononcées semblent répondre aux rayures du vêtement. Marie Laurencin représente l’enfant de face mais celle-ci ne regarde pas le spectateur. Elle fixe de ses immenses yeux bleus le sol, avec un mélange de timidité et d’intense concentration. Cette fillette, peinte par une artiste majeure du XXe siècle, s’appelle Anne Sinclair. Elle a quatre ans en 1952, lors de l’exécution de ce tableau, et appartient à la famille des Rosenberg. Son grand-père Paul Rosenberg (1881-1959) a été l’un des plus grands marchands d’art de la première moitié du XXe siècle et aussi le soutien d’un nombre importants de grands maîtres de l’art moderne : Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, Henri Matisse et bien sûr Marie Laurencin.

    Le Musée Maillol propose du 2 mars au 23 juillet 2017 l’exposition 21 rue La Boétie qui retrace l’histoire de cette aventure artistique, historique mais aussi familiale, à travers une impressionnante et émouvante exposition de 60 chefs d’œuvres issus de cette famille de collectionneurs d’art, à l’influence considérable.

    Homme d’affaire avisé et amateur éclairé, Paul Rosenberg ouvre en 1910 sa galerie parisienne au 21 rue de Boétie :"Je compte faire des expositions périodiques des Maîtres du XIXe siècle et des peintres de notre époque" écrit-il à l’époque.

    Ces maîtres du XIXe siècle, ce sont Renoir, Monet, Manet, Toulouse-Lautrec, Sisley et même Van Gogh qui ont été achetés par le premier collectionneur de la famille, Alexandre Rosenberg. Paul Rosenberg poursuit les acquisitions de son père en regardant d'abord du côté des impressionnistes, des représentants de l'école de Barbizon et de grandes figures du XIXe siècle. Le Musée Maillol consacre une salle dédiée aux œuvres d’Édouard Manet (La Sultane, v. 1871), de Renoir (Le Poirier d'Angleterre, (1873) ou une marine précoce de Claude Monet (Bateaux de Honfleur, 1866).

    Mais c'est dans l'art moderne que l'influence des Rosenberg va s'avérer décisive, grâce notamment à Léonce Rosenberg (1878-1947). Passionné de cubisme et d'abstraction, le frère de Paul ouvre sa galerie, rue de la Baume, à Paris. La première guerre mondiale ouvre des perspectives inattendues pour les deux frères. Jusqu'en 1914, le marchand d'art allemand Daniel-Henry Kahnweiler avait pris sous son aile plusieurs pointures de l'art cubiste. La Grande Guerre impose son départ du sol français, si bien que, orphelins de leur soutien et protecteur, c'est naturellement vers les Rosenberg que se tournent les modernes.

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    Léonce ouvre les collections familiales au cubisme, contribuant à défendre avec pugnacité cet art, décrié à l'époque. Le Musée Maillol présente, dans plusieurs salles, un choix représentatif d'acquisitions : Georges Braque (Nu couché, 1955), Fernand Léger (Composition, 1929) et bien entendu Picasso (Guitare sur tapis rouge, 1922). Le surréalisme n'est pas absent (André Masson, Enlèvement, 1931) et l'avant-garde est mise en avant (Henri Matisse, La Leçon de Piano, 1923). Marchand d'art, Paul Rosenberg entend être un découvreur de talents, tout autant qu'un passeur auprès du public. Voilà ce qu'il écrit en 1941 à ce sujet : "Les peintures en avance sur leur époque n’existent pas. C’est le public qui est parfois à la traîne de l’évolution de la peinture. Combien d’erreurs ont été commises, combien de jeunes futurs grands peintres ont connu la misère à cause de l’ignorance des marchands et leur refus de les soutenir, tout simplement parce qu’ils n’aimaient pas cet aspect de leur art ou parce qu’ils ne les comprenaient pas ! (…) Trop souvent, le spectateur cherche en lui-même des arguments contre leur art plutôt que de tenter de s’affranchir des conventions qui sont les siennes."

    Passionné et rigoureux, Paul Rosenberg met en place un système pour essaimer ses idées de progrès. Il pressent très tôt l'importance du marché américain et choisit de s'associer avec Georges Wildenstein (1923). Il conseille des musées parisiens et provinciaux, édite des catalogues, cartographie, photographie et indexe avec précision ses œuvres, s'intéresse à la publicité dans les journaux et bien entendu achète, achète et achète ! Anne Sinclair écrit ceci : "Comme l’a souligné de nombreuses fois la presse américaine, Paul fut, jusqu’à la guerre, le plus grand marchand en Europe, de Delacroix à Picasso. « Imaginez, racontait un grand journal californien dans les années quarante, être capable d’entrer dans le studio de Matisse ou de Picasso deux fois par an, de regarder quarante de leurs meilleures toiles et dire “je les prends toutes” ! Jusqu’à la guerre, c’est ce que faisait Paul Rosenberg. »" Le musée Maillol a eu l'idée astucieuse d'entrer virtuellement dans la galerie du 21 rue La Boétie, via le système ancien et remis au goût du jour des jumelles à diapositives, que beaucoup ont expérimenté durant leur enfance. Les photographies en noir et blanc de la galerie Rosenberg dévoilent un lieu d'une richesse incomparable qui ne survivra pas à la seconde guerre mondiale.

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    Le Musée Maillol rappelle un événement peu connu du grand public mais à la portée artistique, éthique et symbolique peu commune : la vente à Lucerne en 1939 de 125 œuvres "dégénérées" (109 tableaux et 16 sculptures) accaparées par les nazis. Y figurent des peintures de Fernand Léger (Trois femmes, Le grand déjeuner, 1921-1922) ou Oskar Kokoschka (Monte-Carlo, 1925). Le monde de l'art se déchire sur la question d'acheter ou non des peintures et des sculptures exceptionnelles pour les sauver, ou, plus cyniquement, enrichir une collection. Paul Rosenberg refuse catégoriquement de participer à cette vente.

    Suite à la défaite française, Paul Rosenberg, marchand d'art d'origine juive en vue, doit quitter la France. Il finit par atterrir aux États-Unis et ouvre en 1941, à New-York, une nouvelle galerie, au 79 East 57th Street. Auparavant, il a essayé de mettre à l'abri quelques-unes de ses toiles (Nature morte à la cruche et Baigneur et baigneuses de Picasso), en vain : le coffre-fort à Libourne où il pensait avoir mis à l'abri ses tableaux les plus précieux est récupéré par l'armée allemande.

    À Paris, la galerie du 21 rue La Boétie est fermée, réquisitionnée par les autorités et devient - ironie du sort - l’Institut d’Études des Questions juives. Anne Sinclair écrit ainsi de cette période : "Le 4 juillet 1940, Otto Abetz, l’ambassadeur du Reich à Paris, adressa donc à la Gestapo la liste des collectionneurs et marchands juifs les plus connus de la place : Rothschild, Rosenberg, Bernheim-Jeune, Seligmann, Alphonse Kann, etc. C’est dès ce jour-là que l’hôtel du 21 rue La Boétie aura été perquisitionné, avec saisie des œuvres d’art que Paul avait laissées, d’une bibliothèque de plus de mille deux cents ouvrages, de l’équipement de toute une maison (des meubles anciens aux accessoires de cuisine), de plusieurs centaines de plaques photographiques et de toutes les archives professionnelles de la galerie depuis 1906. Figuraient aussi des sculptures, restées à Paris car difficilement transportables – dont un grand Maillol, et les deux statues célèbres de Rodin, Eve et L’Age d’airain, qui ornaient le hall de la rue La Boétie."

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    Les années suivantes, ces marchands d'art n'auront de cesse de récupérer leur bien. De nombreux tableaux, disparus puis sauvés par les Rosenberg, sont exposés au Musée Maillol : le fameux Baigneur et Baigneuses de Pablo Picasso (1920-1921), ou Profil bleu devant la cheminée de Matisse (1937).

    La seconde guerre mondiale aura finalement mis à mal durablement la capitale parisienne du marché de l'art. À partir des années 50, c'est aux États-Unis, et plus en Europe, que se fera la pluie et le beau temps dans l'art moderne. La dernière salle de l'exposition est consacrée aux années américaines de Paul Rosenberg, marquées par l'exposition itinérante consacrée à Aristide Maillol de 1958 à 1960. Rien d'étonnant que près de 60 ans plus tard le Musée Maillol ouvre à son tour ses portes à l'une des plus belles collections d'art moderne, sous le regard bleu et chavirant de la petite Anne peinte par Marie Laurencin.

    21 rue La Boétie, Musée Maillol, du 2 mars au 23 juillet 2017
    http://www.museemaillol.com

    Anne Sinclair, 21 rue la Boétie, Paris, éd. Grasset, 236 p., 2012

     Marie Laurencin, Anne Sinclair à l’âge de quatre ans, 1952, Huile sur toile, 27 x 22 cm, Collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2016

    Georges Braque, Nu couché, 1935, Huile sur toile, 114,3 x 195,6 cm, Collection David Nahmad, Monaco

    Pablo Picasso, Nature morte à la cruche, 19 avril 1937, Huile sur toile, 46,3 x 64,8 cm,
    Collection David Nahmad, Monaco. © Succession Picasso © Photo: Collection David Nahmad, Monaco

    Pablo Picasso, Baigneur et baigneuses (Trois baignants), 1920-1921, Huile sur toile, 54 x 81 cm
    Collection David Nahmad, Monaco. © Succession Picasso © Photo: Collection David Nahmad, Monaco

  • C’est le plus dandy des albums

    Si L’Absinthe de MoonCCat, était sorti il y a plus de quinze ans, le bloggeur (et sans doute pas que lui) se serait fait une joie de le classifier parmi les œuvres "fin de siècle." Décadent, dandy, d’un romantisme noir : les qualificatifs ne manquent pas pour ce deuxième album d’un artiste atypique sur la scène musicale française, et qui a fait récemment la première partie d’un concert de La Femme à La Rochelle, le 26 janvier dernier.

    MoonCCat fait de l’absinthe, cette boisson verte alcoolisée mythique et polémique, le thème d’un album enivrant et puisant ses références dans la cohorte d’artistes dits "décadents" de la seconde moitié du XIXe siècle : Charles Baudelaire, Oscar Wilde, Edgar Allan Poe ou Thomas Lovell Beddoes.

    La "fée verte" a inspiré au poète et musicien des titres sombres, élégants, étranges et renvoyant l’auditeur à une certaine idée de l’artiste maudit.

    MoonCCat impose son univers avec une constance qui impose l’admiration. Les textes parlent d’ivresses, de visions gothiques ou d’amours noirs, à l’exemple de Poison, une adaptation d’un poème de Charles Baudelaire : "Tout cela ne vaut pas le poison qui découle / De tes yeux, de tes yeux verts, / Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers."

    MoonCCat instille ce je ne sais quoi de poison raffiné dans les onze titres de cet album pop-rock et lo-fi. Le style du chanteur n’est pas sans rappeler Bryan Ferry, donnant à L’Absinthe l’éclat d’un diamant noir. Enivrant comme la fée verte, vous disais-je.

    MoonCCat, L’Absinthe, Vert d’Absinthe, 2016
    www.moonccat.com

  • Les aventures de l’art

    La série web est un genre en plein développement. La FRAC Aquitaine s’en est emparée pour proposer un programme court sur Internet consacré à l’art contemporain, La Conquête de l’Art.

    Trois épisodes de trois à quatre minutes, basés sur les collections de la vénérable institution régionale, répondent à ces questions : faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? Une œuvre d’art doit-elle être belle ? Faire de l’art demande-t-il du travail ?

    Le but affiché par la FRAC Aquitaine est de s’attaquer aux poncifs sur l’art contemporain et de parler des œuvres emblématiques de l’art moderne et classique.

    La FRAC Aquitaine se fait médiatrice culturelle et vise un large public. La websérie est destiné autant à être vue sur tous les écrans, seul ou en famille, dans les écoles, en fac, dans les structures médico-sociales, socio-culturelles et socio-éducatives, comme par les associations culturelles et sociales. Le support animé accompagnera des expositions nomades organisées par la FRAC Aquitaine en région.

    Historiens de l'art et auteurs (Camille de Singly et Sophie Poirier), graphistes (Cizo des Requins Marteaux Éditions) et développeurs web (Matthieu Felder / Poivre vert Productions) se sont alliés pour ce projet créé avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine (via le programme Aquitaine Cultures Connectées) et la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

    La Conquête de l’Art, réalisé par Stéphane Soulié, Frac Aquitaine

  • Et au milieu coule le Rhin

    sylvain tesson,le verger,rhin,nouvelleFleuve européen stratégique, frontière naturelle et inspirateur de contes et légendes, peu de cours d’eau se prêtent aussi bien à des histoires merveilleuses que le Rhin. Sylvain Tesson en fait le sujet de deux nouvelles dans le recueil Chronique des Bords du Rhin (éd. Le Verger).

    L’auteur du Prix Médicis 2011 Dans les Forêts de Sibérie et du plus récent Sur les chemins noirs (Gallimard), propose deux pérégrinations plus dépaysantes et aventureuses que ne le laisse à penser cette chronique (ou ces chroniques ?) sur un fleuve relativement mal connu dans notre pays.

    Le premier de ces voyages, Journal d’une Fée du Rhin, s'inspire des légendes rhénanes. L’auteur donne la parole à une narratrice, une figure mythologique de ces contrées : "Je suis fille d’ici. Je suis née de la respiration du Rhin. Un feu follet qui caracolait sur la berge du vieux fleuve féconda un soir d’été une nuée blanche qui en ouatait la surface. J’ai jailli de cette noce célébrée par l’air et l’eau." La fée du Rhin parle du fleuve dont elle est l’une des gardiennes. Le lecteur est invité à laisser de côté sa raison et de retrouver son âme d’enfant crédule. Oui, les fées existent, semble nous dire Sylvain Tesson, qui use d’une langue onirique, chantante et fragile comme du cristal. Cette première nouvelle n’est pas simplement un morceau de prose poétique. Elle nous parle aussi de notre époque : des transformations du Rhin, de la modernité dévastatrice et de ses habitants intrusifs, voire criminels. Malgré cela, la fée veille sur les lieux et les hommes "en prêtresse heureuse de ce temple végétal."

    La deuxième nouvelle, Où est-elle ?, fait du Rhin le décor d’un conte tour à tour romantique, mystérieux, tragique puis grotesque. Le narrateur accepte à contrecœur d’accompagner sa petite amie en Alsace pour un périple en amoureux. Cette Lorelei fantasque, "aux yeux un peu violets", fille d’un montreur d’ours transdniestrien et d’une obscure chanteuse d’opéra tcherkesse, conduit son amant sur les rives du Rhin. Mais au cours de la promenade, la jeune femme s’évanouit. Son ami, incrédule, part à sa recherche. Bientôt, une battue est organisée : où est-elle ? Et surtout qui est-elle ? Sylvain Tesson se fait conteur féroce, dans une histoire sur la folie digne d’Edgar Allan Poe.

    La Chronique des Bords du Rhin se referme après un moment rare de dépaysement autour du Rhin que nous pensions - à tort - connaître.

    Sylvain Tesson, Chronique des Bords du Rhin, éd. Le Verger, coll. Sentinelles, 2017, 37 p.

  • Qu’avez-vous réellement vu ce soir-là ?

    Vous connaissez sans doute cette scène finale de La Dame de Shanghai d’Orson Welles. Dans un épisode culte, l’acteur et metteur en scène se trouve avec Rita Hayworth dans une salle remplie de centaines de miroirs. Alors que les personnages se cherchent s’évitent, se toisent ou s'affrontent, les reflets se répondent à l’infini, rendant impossible la distinction de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas.

    Le roman d'E.O. Chirovici, Jeux de Miroirs (éd. Les Escales) est lui aussi une brillante parabole sur le thème de l’illusion, de la vérité et de la réalité, dans un thriller extrêmement brillant.

    Peter Katz, agent littéraire new-yorkais reçoit par courrier le manuscrit d’un certain Richard Flynn qui raconte son témoignage sur un fait divers survenu en 1987, 30 ans plus tôt, dans le campus de Princeton. Cette année-là, un soir de décembre, l’illustre professeur de psychologue Joseph Wieder est assassiné. Flynn, un des principaux témoins, avec son amie de l'époque Laura Baines, souhaite apporter la solution à ce crime resté sans solution. Mais le manuscrit est incomplet et s’achève avant la fin. Peter Katz, sentant le futur best-seller, essaie de contacter l’auteur, en vain car Richard Flynn vient de décéder un peu plus tôt. L’agent charge donc un journaliste, John Keller, d’enquêter sur ce crime et d’écrire la fin de l’histoire. Ce nouveau narrateur part à la recherche des témoins de cette époque et les interroge opiniâtrement, avant de laisser la main à un quatrième personnage, Roy Freeman, un policier à la retraite qui a travaillé sur ce dossier des années plus tôt.

    Le jeu de miroirs de ce polar américain, malin et qui se lit d’une traite, réside d’abord dans la manière dont les quatre narrateurs appréhendent un fait divers. La recherche de la vérité prend les allures d’un jeu de puzzle complexe. L’auteur place les dialogues, les témoignages et les interprétations au centre de ce roman policier, dans la veine des grands classiques d’Agatha Christie ou de Georges Simenon. Pas d’experts scientifiques chers à NCIS, pas de bains de sang, pas d’enquêteur blasé ou torturé, pas de courses au sensationnel : Chirovici fait dialoguer ses personnages, à la recherche de faits, d’indices discordants ou de phrases qui peuvent être lourdes de conséquences. Les témoins sont invités à se ressouvenir de ce qu’ils faisaient cette année 1987, à Princeton, et surtout ce qu’ils ont vu le soir du meurtre.

    Le bloggeur ne dévoilera évidemment pas la conclusion de cette enquête passionnante à quatre voix.

    Jeux de Miroirs est sans nul doute le grand thriller de ce début d’année et marque l’éclosion d’un auteur à suivre absolument.

    E.O. Chirovici, Jeux de Miroirs, éd. Les Escales, 315 p.

  • Tout ce que tu as toujours voulu savoir sur les extraterrestres...

    andré brach,aurélien debat,extraterrestre,orléans,loiretC’est un ouvrage diablement malin que nous propose André Brack, exobiologiste au CNRS et auteur de plusieurs ouvrages pour adultes sur la vie extraterrestre. Ce sujet, dont il est spécialiste, le chercheur a choisi de le vulgariser à destination des enfants. Découvrir la Vie extraterrestre (éd. Le Pommier), illustré par Aurélien Débat, est un attrayant et passionnant voyage dans l’espace et dans l’histoire de la vie.

    Nicolas et Julie se disputent au sujet de l’existence ou non des petits hommes verts. Leur maman décide de les emmener à Orléans assister à une conférence du professeur André Carb. Les lecteurs attentifs remarqueront que ce nom est, à une lettre près, l’anagramme d’André Brack qui a fondé en 2011 le Réseau européen d’exobiologie à… Orléans.

    Voilà donc nos deux bambins initiés grâce à un cours particulier aux mystères de l’espace, de la vie et de l’exobiologie : sur quelles planètes peut-on trouver la vie ? Qu’a-ton trouvé sur la planète Mars ? Quels sont les éléments indispensables à la vie ? La terre a-t-elle été visitée par des aliens ? S’ils existent, à quoi ressembleraient-ils ? Comment communiquer avec eux ?  Que recherchent les exobiologistes dans les laboratoires ? Ce sont autant de questions auxquelles répond le professeur Carb, avec précision, concision, mais aussi bienveillance.

    Découvrir la Vie extraterrestre se termine par quelques pages d’annexes constituées d’informations, de définitions, d’une bibliographie sommaire et de jeux pour en savoir plus sur les extraterrestres.

    André Brack, Découvrir la Vie extraterrestre, illustré par Aurélien Débat, éd. Le Pommier, coll. Les Minipommes, 2016, 61 p.
    Public visé : enfants de 9 à 12 ans (cycle 3 et début collège)
    www.aureliendebat.fr

  • La culture est bien trop grande pour tenir toute entière dans un ministère

    Bla Bla Blog, qui s'est lancé dans un dossier Présidentielles vu sous l'angle des arts et de la culture, ne peut que souscrire à l'initiative de la Fondation CulturaLa fondation de la célèbre chaîne de distribution de produits culturels a choisi d'interpeller les candidats à l’élection présidentielle afin que la culture prenne sa place dans les débats politiques.

    La campagne électorale en France bat son plein. Les postulants à l’Élysée ont leur mot à dire sur beaucoup de sujets : l'économie, le chômage, le code du travail, l'insécurité, le terrorisme, l'Europe (un peu), l'immigration (beaucoup), voire même depuis ce week-end... la colonisation. Mais singulièrement rien ou presque sur la culture, pourtant omniprésente dans notre vie de tous les jours, en plus d'être une force économique indéniable et pourvoyeuse d'emplois .

    Pour la Fondation Cultura, la culture est un levier de cohésion sociale et d’épanouissement. Elle souhaite sensibiliser sur des questions comme l’accès à la culture, sur son universalité. La culture pour tous permettrait certainement d’apporter beaucoup de réponses aux maux de notre société. C'est pourquoi, la Fondation Cultura lance une campagne de sensibilisation afin que les s'emparent de ce sujet au plus vite.

    Depuis le 23 janvier, une campagne d'affichage, conçue par Thomas Birch et Bruno Delhomme de l’agence StJohn’s est déployée dans toute la France, avec le soutien de JCDecaux. Des aphorismes imprimés sur des affiches posées sur des panneaux électoraux permettent d’aborder toutes ces questions.

    Une initiative à laquelle Bla Bla Blog adhère à 100 %. 

    Fondation Cultura
    http://stjohns.fr
    http://www.jcdecaux.fr
    Présidentielle 2017 : contrairement à la finance, la culture enrichit tout le monde

  • Le Festival Télérama a le plaisir de vous annoncer la naissance de son petit dernier

    20 ans, c’est l’âge pour le Festival Télérama de donner naissance à sa déclinaison cinéma pour jeune public : le Festival Cinéma Télérama Enfants. Il se déroulera du 15 au 28 février, en pleine période de vacances scolaires.
    Le principe est similaire à la version adulte : dans toute la France, 115 cinémas d’art proposeront une sélection des 14 meilleurs films pour enfants de l’année 2016, de Miss Peregrine et les Enfants particuliers à Ma Vie de Courgette, en passant par La Tortue rouge ou Le Garçon et la Bête.

    L’objectif affiché de ce nouvel événement, à destination de nos chères têtes blondes, est d’initier les enfants dès le plus jeune âge au cinéma – et au "bon" cinéma : "Le cinéma, d’animation ou pas, est vraiment une belle manière d’éduquer les jeunes et de leur apprendre à regarder le monde", dit à ce sujet le comédien et réalisateur Jérôme Elkaïm.  

    Au menu de cette manifestation : des découvertes, des voyages, des sensations, des frissons, du rire et des films, longs ou courts, pour tous les goûts.

    Le  Festival Cinéma Télérama Enfants permettra également de voir plusieurs créations en avant-première : La Jeune Fille et son Aigle d’Otto Bell (Grande-Bretagne, Mongolie, États-Unis, dès 12 ans, 85 mn), Anastasia de Don Bluth et Gary Goldman (États-Unis, dès 7 ans, 95 mn), Panique tous courts de Stéphane Aubier et Vincent Patar (Belgique, dès 6 ans, 45 mn) et Le Vent dans les Roseaux de Nicolas Liguori et Arnaud Demuynck (France, Belgique, Suisse, cinq courts-métrages, dès 6 ans, 65 mn). 

    Idéal pour occuper intelligemment pendant les vacances nos chers petits monstres.

    Festival Cinéma Télérama Enfants
    Du 15 au 18 février 2017, dans 115 cinémas d’art et d’essai dans toute la France
    http://www.telerama.fr/festivalenfants/2017