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tintin - Page 2

  • Aux sources d’Hergé

    Qu’on ne s’y trompe pas. Le titre de l’essai de Bob Garcia, Hergé, les ultimes Secrets (aux éditions du Rocher) n’entend pas être l’ouvrage définitif sur le génial dessinateur belge mais plutôt le bilan  d’une recherche pointue sur des sources de première main pour comprendre l’œuvre d’Hergé : les journaux pour lesquels il a travaillé – Le Petit Vingtième, Le Soir Jeunesse et Le Journal de Tintin.

    Il faut d'abord saluer le travail de l’auteur, spécialiste de Tintin, qui s’est astreint à décortiquer près de 80 000 pages de journaux préalablement numérisées. Bob Garcia a en effet épluché les différentes parties et rubriques de ces magazines pour la jeunesse : éditoriaux, articles d’actualité, conseils de lectures et de spectacles, pages religieuses (ces journaux étaient d’obédience catholique), courrier des lecteurs, chroniques sportives, gags, sans compter les couvertures et les unes.

    La première partie de l’essai est consacré aux inspirations d’Hergé pour les aventures de Tintin. Bob Garcia a choisi logiquement de s’attaquer à chaque album, du plus ancien (Tintin au Pays des Soviets) au plus récent (Tintin et les Picaros). Il faut cependant regretter que L’Alph-Art, l’ouvrage inachevé d’Hergé, n’ait pas droit à sa rubrique.

    Les tintinophiles retrouveront certainement des informations qui ne leur étaient pas inconnues : le destin de Chang dans Le Lotus Bleu et Tintin au Tibet, l’influence du Professeur Piccard pour ses figures de savants – dont Tournesol – et les affaires de politique internationale pour le diptyque lunaire (Objectif Lune et On a a marché sur la Lune) et L’Affaire Tournesol. Sans oublier les références à la guerre sino-japonaise pour Le Lotus Bleu. 

    Le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé

    À côté de cela, le livre de Bob Garcia s’annonce passionnant lorsqu’il déniche des sources de première main : pour Les Cigares du Pharaon, Hergé s’est autant inspiré de Lord Carnavaron et de la découverte de Toutankhamon en 1922 (soit quelques années avant la naissance de Tintin) que du… Ku Klux Klan pour la secte Khi-Oskh.

    Les surprises se multiplient à chaque page. Ainsi, qui sait que le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé ? Les amateurs du détective belge seront sans doute surpris de voir que Les Bijoux de la Castafiore, l’un des chefs d’œuvre d’Hergé, n’a droit qu’à deux pages, au contraire du Sceptre d’Ottokar, plus mineur, mais aussi mieux documenté.

    Les albums de Jo, Zette et Jocko mais surtout Quick et Flupke, ont également été étudiés. Et l’on découvre comment les deux gamins belges, avec leurs gags potaches, illustrent l’ambiance et les préoccupations de la Belgique avant et pendant la seconde guerre mondiale. 

    L’ouvrage se termine avec un chapitre qui se veut une mise au point : "La vérité sur Hergé". L’auteur y aborde un sujet hautement sensible : les accusations de racisme et d’antisémitisme qui continuent de coller à la peau d’Hergé. L’album Tintin au Congo, le plus décrié, n’est pas oublié. Bob Garcia remet en perspective les idées d’un artiste aussi humaniste que naïf, critiquable dans ses choix de carrière, notamment durant l’Occupation, mais en, tout cas attachant et ayant laissé une série de chefs d’œuvre toujours actuels.   

    Bob Garcia, Hergé, Les ultimes Secrets, éd. Du Rocher, 2023, 317 p.
    https://www.editionsdurocher.fr/product/127174/herge-les-ultimes-secrets
    https://www.facebook.com/bobgarciaauteur/?locale=fr_FR

    Voir aussi : "Tintin et compagnie en figurines"

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  • Tintin et compagnie en figurines

    Voilà un ouvrage qui ravira les amoureux et amoureuses d'Hergé, et en particulier de Tintin. L'encyclopédie des Figurines de Collection, Hergé & Co, parue chez Cote-a-cas, dont il s'agit de la troisième édition, constitue un recensement amoureux des plus rares produits dérivés de l'univers d'Hergé.

    Précisions d'emblée que Tintin et ses compagnons constituent l'essentiel des personnages figurés, même si on note la présence de ces autres héros que sont Jo, Zette, Jocko, Quick, Flupke ou l'Agent 15. Cette encyclopédie recense, pas moins de 680 objets.

    L'encyclopédie de Cas. Mallet, tintinophile et collectionneur passionné, est exemplaire en ce qu'elle est autant un hommage à l'univers d'un des plus grands créateurs du XXe siècle qu'un ouvrage de référence sur les produits dérivés. On peut trouver dans son livre, dit l'auteur, bordelais et non pas belge, "la référence précise à chaque statuette et une cote approximative qui permettra de mieux cerner le second marché". Chacun de ces produits est présenté sous forme de fiche descriptive comprenant les informations sur le fabricant, le sculpteur, la matière utilisée, la date de production, le nombre d’exemplaires produits et la taille de l’objet.

    Cas. Mallet a découpé son encyclopédies en sections consacrées aux principaux créateurs, ateliers et distributeurs des produits dérivés de l'univers Hergé, farouchement défendu, on le sait par les héritiers et ayant-droits de Georges Remi ("RG"). Ces créateurs et distributeurs sont Aroutcheff, Aura Distribution, Christian Desbois Éditions, Fariboles Productions, Hapax, Leblon Delienne, Pixi, Sol3, Plastoy, Résitec Production, Tintinimaginatio et Weta Workshop.

    Un fétiche Arumbaya rafistolé 

    Le lecteur – et sans doute collectionneur ou futur collectionneur – trouvera un choix d'objets de toutes tailles et pour toutes les bourses. À côté de figurines assez classiques de Tintin ou du Capitaine Haddock, parfois pour quelques dizaines d'euros (chez Moulinsart, atelier Plastoy), on notera une pléthores de reproductions de véhicules : l'Amilcar des Cigares du Pharaon, La Ford Lincoln des Sept Boules de Cristal, le Carreidas de Vol 714 pour Sidney, la "Licorne" du Capitaine Haddock et de son ancêtre et bien entendu la fameuse fusée lunaire.

    Le tintinophile sera sans doute intrigué de retrouver des produits dérivés moins classiques, à l'instar de plusieurs statues du détective belge inspirés de l'album posthume et inachevé Tintin et l'Alph'Art (Moulinsart, Pixi, 40 à 50 euros). Les créateurs de ces figurines ne manquent pas d’imagination : plusieurs objets reproduisent de véritables scènes d'albums de Tintin : Zorrino ramassant ses oranges (Moulinsart, Pixi, 100 euros), Tintin découvrant la Salle d'Opium dans le Lotus Bleu (Moulinsart, Pixi, 210 euros) ou encore le Capitaine Haddock ramassé par Tintin et Nestor après une chute dans les escaliers de Moulinsart au cours d'un épisode fameux des Bijoux de la Castafiore (Fariboles Production, 1300 euros).

    Le nombre de produits dérivés consacrés au petit monde d'Hergé a tout pour ravir les amoureux de Tintin. Parmi les objets les plus attachants, nous ne pouvons pas ne pas citer ce fétiche Arumbaya rafistolé imaginé par Pïxi, d'un hauteur de 46 centimètres et estimé tout de même à 440 euros. Il y a aussi ce magnifique jeu d'échecs en métal, toujours de Pixi, datant de 1995. Mais il faudra tout de même débourser près de 4 300 euros. Cela dit, il est vrai que la passion d'a pas de prix.

    Cas. Mallet, Encyclopédie des Figurines de Collection, Hergé & Co,
    éd. Cote-a-cas éditions, 2023, 172 p. 

    https://cac3d.com

    Voir aussi : "Un record pour Le Lotus Bleu"

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  • Un record pour Le Lotus Bleu

    Dans l’histoire de la bande dessinée, Tintin est la saga de tous les superlatifs et de tous les records. La vente d’une planche du Lotus bleu par Artcurial le jeudi 14 janvier 2020 ne déroge pas à la règle. 

    Ce jour-là, sous le marteau d’Arnaud Oliveux, la maison parisienne proposait aux enchères un projet d’illustration par Hergé pour la couverture de l’édition originale de l’album du Lotus bleu de 1936. L’œuvre a été adjugée 3,2 M€, devenant également le nouveau record du monde pour le dessinateur belge. C’est également un nouveau record mondial pour une œuvre originale de bande dessinée vendue aux enchères.

    "Grâce à son caractère unique ce chef d’œuvre du 9ème art mérite ce record du monde et confirme l’excellente santé du marché de la Bande Dessinée", commente l’expert Eric Leroy.

    Dans l’histoire des aventures de Tintin, cette 5e histoire se déroulant en Chine marque une étape capitale dans cette saga par sa dimension artistique autant qu’humaine. Le reporter découvre un pays fascinant, ainsi que son ami Tchang Tchong-Jen, le seul personnage réel de ses aventures, si l’on exclue Al Capone dans Tintin en Amérique.

    www.artcurial.com
    https://www.tintin.com

    Voir aussi : " Tintin et le Lotus Bleu à la radio"

    Photo : Lot n°18 : Hergé, Les Aventures de Tintin reporter en Extrême-Orient - Le Lotus Bleu
    Encre de Chine, aquarelle et gouache sur papier doublé sur papier japon
    pour le projet d’illustration destiné à la couverture de l’édition originale du Lotus Bleu de 1936, 34 x 34 cm
    Artcurial
    © Hergé Moulinsart 2020

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  • Tintin, back in the USSR

    Tintin au Pays des Soviets a toujours fait partie de ces albums mythiques qu’un tintinophile se devait de posséder, au même titre que L’Alph-Art : un titre historique mais dont l’attrait de la lecture était peu évident. Les éditions Moulinsart et Casterman proposent de redécouvrir cette BD sous un nouveau format. 

    En 1929, Hergé, jeune dessinateur pour la revue belge du Petit Vingtième, créé le journaliste impétueux Tintin. Accompagné de son fidèle chien Milou, le jeune reporter part enquêter en URSS pour démystifier la Russie tombée dans le communisme depuis une douzaine d’années. Le voyage débute sous les plus mauvaises augures par un attentat provoquant la mort de 218 (sic) passagers d’un train. Pourchassés par la police politique de la Guépéou, Tintin et Milou traversent le pays à toute allure, bien décidés à dévoiler aux lecteurs du Petit Vingtième la réalité du communisme.

    Les familiers de l’album originel en noir et blanc redécouvriront Tintin au Pays des Soviets avec un œil nouveau. Les studios Hergé ont en effet colorisé cette première histoire de Tintin. Livre historique, cette BD devient une authentique aventure, certes datée et naïve, mais d’une nouvelle fraîcheur et à la lecture bien plus agréable que l'ancienne version en noir et blanc.

    Les fans de Tintin s’arrêteront avec délice sur la page 7 de ce premier album : le jeune reporter démarre en trombe au volant d’une décapotable, soulevant une mèche de ses cheveux. La fameuse houppe de Tintin se redresse. Elle ne retombera plus.

    Hergé, Tintin au Pays des Soviets, éd. Casterman, Moulinsart, 1929, 2017, 137 p.

  • Hergé au musée

    Il ne reste plus que deux jours pour voir l’impressionnante exposition au Grand Palais consacrée à Hergé, objet également d'un catalogue complet (éd. Moulinsart et RMN).

    Une manifestation sur Hergé ou sur Tintin ?

    Il est vrai que la question mérite d'être posée, tant le créateur et sa créature sont indissociablement liés. Il est bon aussi de rappeler qu'aucun personnage de bande dessinée n’a eu autant d’impact que le jeune reporter à la houppe. Ses aventures – comme d’ailleurs celles de ses amis Haddock, Tournesol, les Dupondt, sans oublier le fidèle compagnon à quatre pattes, Milou – ont fait l’objet de pléthores d’ouvrages, d’essais, d’analyses, d’inspirations et d'exégèses dignes des plus grands génies, ce que, du reste, Hergé est.

    Le dessinateur belge, né Georges Rémi en 1907 et décédé en 1983, est célébré au Grand Palais, à l’image de ces brillants artistes peintres qu’il admirait tant. Que de chemins parcourus depuis le gamin belge élevé dans la grande tradition catholique, gribouilleur dès l'âge de quatre ans et scout dans l'âme, jusqu'à ce créateur adulé et admiré, et qui est parvenu à faire de Tintin une figure mythologique et de la BD un des neuvième art !

    L’exposition Hergé fait d’ailleurs une large part aux beaux-arts et, en particulier, à la peinture moderne et contemporaine. C’est d’ailleurs un aspect souvent oublié chez l’auteur du Secret de la Licorne (1943) : son amour et son admiration (parfois réciproque si l’on pense à Andy Warhol) pour les beaux-arts. Hergé voulait consacrer son dernier album, L’Alph Art (posth. 1983), que l’on ne peut lire qu’à l’état de story-board, à l’art contemporain. Outre la production d'affiches et de logos remarquables, domaine dans lequel le jeune Hergé excelle au début de sa carrière, ce dernier s’est également essayé lui-même à la peinture, dans des toiles honnêtes mais où ne ressortent pas le même lâcher prise, la même vie, le même enthousiasme et la même maîtrise technique que ses albums.

    L’exposition Hergé, en entrant dans les secrets du créateur, montre aussi la sueur versée pour accoucher d'aventures calibrées au millimètre et maîtrisées à l'obsession. Hergé, c’est un horloger et un orfèvre capable de reprendre au crayon les traits d’un personnage jusqu’à en perforer la feuille. Les nombreuses planches originales présentées à Paris témoignent du chemin accompli entre les ébauches brouillonnes, énergiques, voire furieuses, du début jusqu’aux cases finales à la ligne claire, d'une perfection ahurissante.

    Perfectionniste, Hergé l'est encore dans son travail de documentaliste, tant le dessinateur avait à cœur de donner à ses albums d'aventure un caractère réaliste – et quelle importance si les aventures de l'éternel jeune reporter se passent dans une Syldavie imaginaire (Le Sceptre d'Ottokar, 1939) ou bercent dans la science-fiction (On a marché sur la Lune, 1954) ! Si un objet pouvait illustrer ce travail de scénariste et documentaliste (mais aussi accessoiriste, décorateur, costumier, etc.), ce serait sans nul doute une petite statuette péruvienne en bois de la culture Chimù (1100-1400 ap. JC). C'est celle-là même qui a servi de modèle pour L'Oreille cassée (1937). Nous sommes au tournant des années 30 et Hergé, qui impose déjà son style et ses personnages (Haddock, Tournesol ou La Castafiore ne sont certes pas encore là), démontre déjà à la fois son goût pour les arts (premiers, ici) mais aussi pour un sens du réalisme capable de séduire autant les enfants que les adultes.

    Cette approche universelle, Hergé l'a acquise à la faveur d'une rencontre phare : celle de Tchang Tchong-jen, un jeune étudiant chinois présenté à Hergé lors de la conception d'un de ses chefs d'œuvre, Le Lotus bleu (1936). Cet album phare, dédié à l'amitié et à l'entente entre les peuples, fait véritablement de Tintin le jeune héros au cœur pur et à l'altruisme exemplaire qu'il ne perdra plus. Tchang, double chinois d'Hergé, réapparaît plus tard dans l'autre ouvrage majeur du dessinateur belge : Tintin au Tibet (1960). Cet album emblématique, le plus personnel sans doute d'Hergé, est commenté dans la vulgate tintinesque comme un livre psychanalytique, conçu pendant une éprouvante période dépressive de son auteur. L'aventure du journaliste à la houppe, à la recherche de son ami Tchang dans les paysages blancs du Tibet après un accident d'avion, renvoie à une quête personnelle de son auteur, avec, en ligne de mire, son ami de toujours, Tchang, qu'il ne reverra qu'à la fin de sa vie.

    Suit, dans la production du dessinateur belge, un album diamétralement opposé mais tout autant important, Les Bijoux de la Castafiore (1963). Tintin, après avoir parcouru en long et en large la terre entière – et même la lune –, fait l'objet d'une aventure en huis-clos, entre les murs de Moulinsart. Ici, pas d'enlèvements, pas de crimes, pas de malfaiteurs, pas de Rastapopoulos et pas de voyages épiques. Presque rien : tout juste une entorse au pied du capitaine Haddock, la visite impromptue à Moulinsart de la chanteuse lyrique Bianca Castafiore, des romanichels accueillis au château, des bijoux égarés et quelques secrets, pour ne pas dire des cachotteries. Dans Les Bijoux de la Castafiore, Les héros d'Hergé jouent une comédie humaine drôle, virevoltante, mais également d'une grande profondeur humaniste. Ce qui s'apparente au repos des héros Tintin, Milou et Haddock est en réalité une mise en scène audacieuse et comme apaisée de l'univers d'Hergé, après l'album du tourment intérieur qu'était Tintin au Tibet.

    Hergé, graphiste génial et passionnant raconteur d'histoire est un humoriste à la grandeur d'âme universelle que des albums controversés comme Tintin au Pays des Soviets (1930) ou Tintin au Congo (1931) ne parviennent pas à relativiser. Hergé est surtout cet artiste, auteur d'une œuvre profonde et personnelle : "Tintin (et tous les autres) c'est moi, exactement comme Flaubert qui disait : « Madame Bovary c'est moi : » Ce sont mes yeux, mes poumons, mes tripes ! Je crois que je suis le seul à pouvoir l'animer dans le sens de lui donner une âme. C'est une œuvre personnelle au même titre que l'œuvre d'un peintre ou d'un romancier. Ce n'est pas une industrie ! Si d'autres reprenaient Tintin ils le feraient peut-être mieux, peut-être moins bien. Une chose est certaine, ils le feraient autrement et, du coup, ce ne serait plus Tintin."

    Exposition Hergé au Grand Palais, Paris, jusqu'au 15 janvier 2017
    Hergé, Catalogue d'exposition, éd. Moulinsart, RMN, 2016, 304 p.
    "Bla Bla Blog s'est fait insulter par le Capitaine Haddock"
    http://fr.tintin.com/herge

     

  • Bla Bla Blog s'est fait insulter par le capitaine Haddock

    Oui, vous avez bien lu : le bloggeur s’est bien fait insulter par le capitaine Haddock, comme le prouve la capture du message adressé au compte Twitter de Bla Bla Blog !

    twitter Haddock.PNGLe responsable en est le compte Twitter du Capitaine Haddock : https://twitter.com/CaptHaddock. Il a été créé à l’occasion de l’exposition sur Tintin au Grand Palais, visible jusqu'au 15 janvier 2017. Les personnages d’Hergé sont en effet mis à l’honneur sur plus de 2000 m².

    On doit aux organisateurs de cet événement l’idée canaille et interactive de donner la parole au capitaine au long cours, adepte de jurons aussi variés qu’originaux.

    Pour se faire insulter par Haddock, il suffit, sur Twitter, de taper le hashtag #capitaineHaddock à tagger sur le fameux compte de l'ami de Tintin : @CaptHaddock_

    Et accessoirement, on se précipite tous découvrir l’univers d’un génie du 9e art, au Grand Palais.

    Exposition Hergé, Grand Palais, Paris, du 28 septembre au 15 janvier 2017
    https://twitter.com/CaptHaddock

  • Haddock et Loch Lomond

    C'est de whisky dont il sera question dans cet article. De whisky mais aussi de bande dessinée. 

    Boisson longtemps confinée dans des cercles de connaisseurs, plus ou moins snobs, jamais le whisky ne s'est aussi bien porté qu'aujourd'hui. Alors que vingt ans plus tôt les distilleries peinaient à rester rentable, elles sont aujourd'hui confrontées à une révolution culturelle autant qu'à une vraie crise de croissance : difficulté à satisfaire la demande mondiale (+ 3 % par an), consommateurs de plus en plus ouverts aux whiskies autres que le sacro-saint blend ou le single malt écossais (boissons venues du Japon, des États-Unis, d'Australie ou de France), rachats de distilleries par de grands groupes (Diageo ou Pernod Ricard). La France se classait en 2013 premier pays consommateur au monde devant le Royaume-Uni et les États-Unis avec deux litres par personne et par an ! Il est aussi à noter que le premier pays producteur au monde de ce divin breuvage est... l'Inde ! Ce qui n'est pas forcément gage de qualité, les tords-boyaux y faisant florès.

    Arrêtons-nous un instant sur Loch Lomond, une marque qui n'est certes pas la plus réputée dans ce milieu. 

    Loch Lomond. Le nom frappera les oreilles des tintinophiles car il s'agit de la marque de whisky préférée du Capitaine Haddock. Buveur invétéré, c'est en état fortement alcoolisé que le lecteur et Tintin font sa connaissance dans Le Crabe aux Pinces d'Or (1953). Le whisky trône déjà en bonne place sur la table du Capitaine Haddock, sans pour autant que la marque de ce breuvage n'apparaisse. La mention de Loch Lomond n'apparaît qu'en 1966, dans L'Île Noire : le célèbre journaliste trouve refuge sur un train de fret transportant des citernes de whisky. La version moderne de cet album, qui a été publié dans une première édition en 1943, mentionne pour la première fois le Loch Lomond. Les spécialistes ont noté justement que Hergé avait choisi un autre distillateur dans la première version de sa bande dessinée, puisque la fameuse citerne mentionnait la marque Johnny Walker.

    Le whisky est présent tout au long des aventures de Haddock, transportant sa boisson préférée à l'autre bout du monde (L’Étoile mystérieuse, 1946), voire jusque sur la lune (On a marché sur la Lune, 1954). 

    Mais la contribution la plus importante de Loch Lomond dans une aventure de Tintin se retrouve dans le dernier album terminé par Hergé, Tintin et les Picaros (1976). Cette boisson est même un des éléments importants de l'intrigue qui emmène Tintin et Haddock en Amérique du Sud. Alors que le capitaine se trouve du jour au lendemain allergique à toute boisson alcoolisée – et à son whisky préféré – nos deux héros doivent résoudre l'alcoolisme désastreux dont sont victimes les rebelles du Général Alcazar, les Picaros. Ce mal a été provoqué par son adversaire, le Général Tapioca, qui a fait parachuter en pleine forêt tropicale, où se cachent les rebelles, des caisses de whisky Loch Lomond. Une manière diablement efficace pour rendre inoffensif les guérilleros d'Alcazar. La solution à ce problème d’ébriété généralisée viendra du professeur Tournesol. 

    Il y a un mystère dans l'omniprésence de cette marque de whisky, qui n'est certes pas la plus connue ni la plus réputée dans l'univers du whisky. Pourquoi ce choix d'Hergé ? Il est bon de préciser que l'actuelle distillerie Loch Lomond a été créée en 1965 (la marque existait depuis 1814, nous apprend le site Internet du groupe Loch Lomond), soit un an avant son apparition officielle dans L'Île Noire version 1966. Ce choix de l'auteur belge est d'autant plus surprenant que Loch Lomond ne paraît pas en adéquation avec un personnage aussi tempétueux et caractériel que Haddock. Avouons qu'il aurait été moins surprenant que le goût du capitaine au long cours se porte sur une marque plus typée, un whisky tourbé par exemple (Talisker, Laphroaig ou Lagavulin). Le Guide des Whiskies du Monde décrit la version single malt classique de Loch Lomond comme "assez jeune... à l'arôme léger et frais, sans grande influence de bois". Le blend Signature de Loch Lomond accrédite le caractère léger et passe-partout d'un whisky plutôt fruité et facile d'accès. Subtilité, notes fruitées légères, accents floraux sont les caractéristiques de ces whiskies très "féminins", que ce soit en blend ou en single malt. Le capitaine Haddock aurait-il réellement jeté son dévolu sur la distillerie Loch Lomond ? En tout cas, il en a fait une jolie promotion, rendant cette marque légendaire.

    Loch Lomond Group
    Charles McClean, Whiskies du Monde, éd. Prisma, 2010, 352 p.
    Hergé, L'Île Noire, éd. Casterman, 1943, 1966
    Hergé, Le Crabe aux Pinces d'Or, éd. Casterman, 1953
    Hergé, Tintin et les Picaros, éd. Casterman, 1976
    Tintin Wiki
    Le whisky est à consommer avec modération