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Bla Bla Blog - Page 33

  • Résurrection d'un art

    Le Cambodge, le réalisateur Xavier de Lauzanne le connaît bien. Cinq ans après son film Les Pépites, surprenant succès critique et public en 2016, c’est à la danse de ce pays qu’il s’attaque, un art et une tradition que les Khmers Rouges ont voulu faire disparaître dans les années 70, au nom d’une révolution marxiste délirante. Durant cette période sombre, 90 % des artistes furent exécutés.

    Dans son film La Beauté du Geste, proposé en avant-première le 12 février au Musée Guimet à Paris, le réalisateur revient sur l’histoire du Ballet Royal khmer. En 1906, le roi Sisowath vient en visite officielle en France, à l’occasion de l’Exposition coloniale de Marseille. C’est l’occasion pour les Français de découvrir les danseuses de ce lointain pays, se produisant pour la première fois hors du Palais Royal de Phnom Penh.

    Le Ballet Royal est invité à se produire dans la capitale, où il croise la route d’Auguste Rodin. L’illustre sculpteur est bouleversé à son tour. Il quitte Paris toutes affaires cessantes afin de suivre les danseuses sur le retour vers Marseille. En quelques jours, il va réaliser près de 150 croquis, cherchant fiévreusement à saisir la beauté et la poésie de cette gestuelle si éloignée de la tradition occidentale. La reconnaissance pour cet art khmer est marquante. Dans son spectacle intitulé Métamorphose, la princesse Norodom Buphha Devi, demi-sœur de l’actuel roi du Cambodge et ancienne danseuse étoile, icône des années 60, s’inspire directement des gestes que Rodin a immortalisés dans ses croquis. Une manière pour elle de renouer avec l’Histoire et de retrouver la quintessence du Ballet royal.

    L’art, lui, ne doit jamais mourir

    Pourtant, cet art ancestral a failli disparaître durant le sombre règne de Pol Pot et le génocide qu’a connu le peuple cambodgien.  Voan Savay, maîtresse de ballet pour la création de Métamorphose, est l’une des rares rescapées. "Je n’avais pas peur de la mort, car ma vie vaut peu de chose. Mais l’art, lui, ne doit jamais mourir", témoigne-t-elle, dans le film de Xavier de Lauzanne.

    Il n’était pourtant pas dit qu’un tel art disparaisse à jamais. Peu à peu, presque par miracle, le Ballet Royal revit. En 2008, il est inscrit au patrimoine culturel immatériel mondial de l’Unesco. La Beauté du Geste sera d’ailleurs projeté au siège de cette institution à Paris, le 11 mars prochain. Avant sa diffusion en France, le film est sorti en salles au Cambodge, afin d’y asseoir sa légitimité. Il y a rencontré son public, remportant un succès sans précédent pour un documentaire, notamment auprès des jeunes générations. Un plébiscite qui témoigne de la force de cet héritage et de son rôle dans l’œuvre de résilience.

    Du domicile de la princesse, où se déroulent les répétitions, aux premières images de la tournée en France et en Suisse, en 2018, Xavier de Lauzanne suit chaque étape de cette quête exigeante au cours de laquelle se manifeste La Beauté du geste.  "À l’opposé de la danse classique telle que nous la connaissons, le Ballet royal est une curiosité à nos yeux. Le film se veut un trait d’union entre la culture cambodgienne et occidentale, tout en cherchant à mieux comprendre la dimension universelle de cet art ancestral. Il décrypte ses gestes, dans leur technicité mais aussi leur signification, montrant le lien intime qui s’est noué entre cette gestuelle et l’histoire du pays", explique le réalisateur.

    Plus que le récit d’une renaissance, ce documentaire important témoigne d’une identité nationale retrouvée.

    La Beauté du geste, documentaire de Xavier de Lauzanne, 2023
    https://www.unifrance.org/film/47161/la-beaute-du-geste
    https://www.aloest.com/projet/la-beaute-du-geste
    https://www.facebook.com/xavierdelauzanne

    Voir aussi : "Ma Vivian, mon amour"

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  • La Rivière

    cinéma,film,documentaire,cramés,rivière,écologie,environnement,dominique marchaisLes Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film La Rivière. Il sera visible du 8 au 13 février 2024. Soirée débat le lundi 12 février à 20h30.

    Entre Pyrénées et Atlantique coulent des rivières puissantes qu’on appelle les gaves. Les champs de maïs les assoiffent, les barrages bloquent la circulation du saumon. L’activité humaine bouleverse le cycle de l’eau et la biodiversité de la rivière. Des hommes et des femmes tendent leur regard curieux et amoureux vers ce monde fascinant fait de beauté et de désastre.

    La Rivière, documentaire français de Dominique Marchais, 2023, 104 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?article4664

    Voir aussi : "L’Homme d’argile"

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  • Winter is coming

    C’est à un grand classique de la musique romantique que propose l’ensemble Miroirs Étendus. Le Voyage d’Hiver de Franz Schubert est proposé dans une version publique, enregistrée le 30 juillet 2023 à la Ferme de Villefavard dans le Limousin, avec Victoire Bunel (mezzo-soprano), Jean-Christophe Lanièce (baryton) et Romain Louveau au piano et à la direction. C’est en effet une interprétation à deux voix – masculine et féminine – qui est proposée ici, à rebours de versions solos et masculines plus classiques (celles de Dietrich Fischer-Dieskau en premier lieu), mais qui renoue ici avec une tradition plus ancienne comme le souligne Romain Louveau.

    Les amoureux des lieder se raviront à l’écoute de ce voyage hivernal, dans lequel la nature, les saisons, le temps ou les intempéries font écho aux sentiments, à la mélancolie, à l’amour disparu et à la mort omniprésente. C’est l’âme du premier lied, Gute Nacht", interprété brillamment par la mezzo-soprano Victoire Bunel.

    Ce Voyage d’Hiver, romantique et sombre, ne fait pas l’impasse sur les airs naturalistes, à l’image de cette girouette, dans le bref "Die Wetterfahne". C’est aussi ce village allemand (le délicieux "Im Dorfe"), un orage cinglant au petit matin (le bref lied "Der stürmische Morgen"), une corneille ("Die Krähe", cet "oiseau du malheur") ou bien ce tilleul aussi rassurant qu’un vieux sage ("Der Lindenbaum"). Un naturalisme qui ne laisse toutefois jamais longtemps de côté les affres de la douleur que Wilhem Müller, auteur des paroles, décrit avec une écriture concise qui n’en est pas moins poétique : "Des larmes gelées glissent de mes joues / Et je ne me rappelle pas avoir pleuré. / Ai-je pleuré ?" ("Gefror’ne Tranën", traduction d'Antoine Thiollier).  

    Voyage réel, voyage mélancolique, voyage de souvenirs ou voyage métaphysique ? Un peu de tout cela à la fois. Cette œuvre s’écoute surtout comme une allégorie sur la mort inéluctable. La "Fixité" de Schubert ("Erstarrung") est l’impossibilité d’avancer dans la vie, que ce soit à cause de la neige ou à une douleur indépassable. "Mon cœur est mort" chante Victoire Bunet, prenant à bras le corps la musique de Schubert, impétueuse et tranchante, tel un vent glacial ne laissant aucun répit. Les "Inondations" ("Wasserflut") expriment ce flot de larmes, un flot ininterrompu que le poète voit ruisseler par les rues de la ville. Quant à l’amoureuse, elle est un fleuve impétueux, "aussi calme que la nuit", mais aussi insaisissable. Un cours d’eau mais aussi un arbre sur lequel l’amant grave le nom de son amour, tout comme la date et l’heure du premier baiser – comme de la séparation. A-t-on pu écouter déclaration plus romantique, qui parlera à toutes les générations ? La musique de Schubert se développe avec lenteur, grâce mais aussi gravité.

    Voyage réel, voyage mélancolique, voyage de souvenirs ou voyage de souvenirs ? 

    L’espoir et la joie viennent toutefois éclairer ce somptueux Voyage d’Hiver, à l’image de cette lettre attendue avec impatience par l’amoureux transit : le charmant "Die Post", interprété par le baryton Jean-Christophe Lanièce ("J’entends dans la rue le facteur / Pourquoi bas-tu si fort mon cœur ?"). L’heure de revoir la maison de l’être aimé est-il encore possible, interroge Schubert dans un lied bref et tourmenté ? "Je repense à ces jours heureux / Je veux encore une fois revivre ça / A nouveau sentir ce trouble / De me tenir paisible devant sa maison" ("Rückblick").

    Le temps est-il notre ennemi ? Celui qui nous vole des instants de bonheur perdus à jamais ? La voix grave de Jean-Christophe Lanièce semble y répondre par le positif dans le sombre et poignant "Der greisse Kopf". Le givre, la neige et le froid parlent du temps qui passe, de la jeunesse trop tôt partie mais aussi de la vieillesse devenant une réalité soudaine "malgré la longueur du chemin".

    L’artiste est "pensif" devant le constat d’un temps inexorable. Tel est le constat de Schubert dans "Letzte Hoffnung", "Dernier espoir"), un lied frappant par sa modernité (il a pourtant été composé, comme le reste de l’œuvre, en 1827). Pourquoi ne pas préférer le mirage qu’une invitation vaine ? ("Un malheureux comme moi sait qu’il y a toujours un rêve préférable à la nuit, au gel, au temps épouvantable : celui d’une maison, d’un coin de feu illuminé où nous attend une âme prête à l’amour" (le bouleversant "Täuschung"). Schubert a composé une œuvre à la charge émotionnelle puissante qui dit la solitude et la fuite des autres hommes. Une fuite au bout de laquelle il n’y aura qu’une seule issue, chante Jean-Christophe Lanièce.

    Le voyage, en plein hiver donc, conduit le poète vers une auberge ("Das Witershaus"). Un bref repos est-il possible ? Même pas, car l’auberge est pleine et le voyageur malheureux doit passer son chemin, avec pour seul compagnon un bâton de marche. Du courage, il en faut pour ce périple au milieu de la neige et de la glace (le vaillant "Mut !) car le danger est là, comme le chante Victoire Bunel au sujet de feux follets capables de perdre l’arpenteur ("Irrlicht") et de le conduire vers le repos éternel (le sombre et épuré "Rast").    

    L’auditeur sera sans doute frappé par cet éclat lumineux proposé par le lied bien nommé "Die Nebensonnen" ("Soleils parallèles"). Jean-Christophe Lanièce l’interprète telle une prière déchirante ("J’avais trois soleils à moi / Les deux meilleurs se sont couchés déjà / Toi, le troisième, s’il te plaît, disparais !"). Une autre éclaircie vient de ce délicat "Rêve de printemps" (Frühlingstraum"), l’un des rares lieder proposant au voyageur et poète des visions idylliques ("Il y avait des fleurs partout en couleurs, c’était le mois de mai, les prairies étaient vertes, les oiseaux chantaient fort").

    Le Voyage d'hiver se termine avec le mystérieux et métaphysique joueur de vielle ("Der Leierman"), personnification d’une mort inéluctable, avec pour compagne la musique. Bien entendu.   

    Franz Schubert, Voyage d’hiver,  Miroirs Étendus,  b•records, 2024
    https://www.b-records.fr
    https://www.miroirsetendus.com/un-voyage-d-hiver-2021

    Voir aussi : "En image, en musique et en public"

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  • L’Homme d’argile

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film L’Homme d’argile. Il sera visible du 8 au 13 février 2024. Soirée débat le mardi 13 février à 20h30.

    Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.

    L’Homme d’argile, drame français d’Anais Tellenne
    avec Emmanuelle Devos, Raphaël Thiéry, Mireille Pitot
    Baloji Tshiani, 2024, 94 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1412

    Voir aussi : "Blackbird, blackberry"

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  • Pas la dernière pour Vanessa Philippe

    En attendant le 8 mars et la sortie de son nouvel album L'amour c'est chiant, notre chouchou Vanessa Philippe en propose un nouvel extrait, "La dernière fois".

    La fragilité de Vanessa Philippe semble être le moteur de cette chanteuse qui avait visé au cœur avec son précédent opus Soudain les oiseaux, un album consacré à la mort de sa grande sœur en 2019.

    La musicienne revient cette fois plus un peu plus apaisée avec deux morceaux qui interrogent le sentiment amoureux, avec tendresse mais aussi lucidité ("Embrasse-moi", "L'amour c'est chiant").

    Il est encore question d’amour avec ce nouveau titre, "La dernière fois". De sa voix fragile et enfantine, Vanessa Philippe s’interroge sur un sentiment amoureux qui semble loin, ou en tout cas qui a perdu de sa saveur ("C’est quand / La dernière fois / Celle où j’étais / Dans tes bras").

    Une des chanteuses les plus douées et les plus touchantes de la scène française actuelle

    Sur un rythme et des sons électropop eighties, la chanteuse pose avec simplicité des mots à la fois tendres et mélancoliques. Une chanson entêtante qui fait de Vanessa Philippe une des chanteuses les plus douées et les plus touchantes de la scène française actuelle.

    Notons enfin que l’artiste, non contente d’écrire et de composer ses morceaux, réalise ses clips – en se mettant en scène bien sûr. Des clips régulièrement primés dans des festivals internationaux. Celui-là risque de faire lui aussi son effet, avec une musicienne danseuse, artiste performeuse et se jouant de l’univers du jeu vidéo, tout comme son précédent single "L’amour c’est chiant".

    À découvrir de toute urgence avant la sortie de son nouvel album.     

    Vanessa Philippe, La dernière fois, 2024
    https://www.diggersfactory.com/fr/vinyl/315143/vanessa-philippe-lamour-cest-chiant
    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi 

    Voir aussi : "L’amour, comme un jeu vidéo"
    "Soudain, Vanessa Philippe"
    "Voyageuse amoureuse"

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  • Anatomie d’un instant

    essai,confrérie,javier cercas,espagne,espagnol,franco,franquiste,putsch,1981,histoire,juan carlos,roi,royauté,démocratieLe 23 février 1981, dans la toute jeune démocratie espagnole à peine sortie de 40 ans de dictature franquiste, un groupe de militaires nostalgiques du Caudillo, prend en otage les députés du parlement espagnol. C'est le début du premier coup d'Etat médiatisé de l'Histoire qui va tenir en haleine des heures durant le monde entier.

    L'intervention ferme du jeune roi d'Espagne à la radio et à la télévision sonne la fin de cet événement fondateur de la démocratie espagnole. Javier Cercas conte avec minutie le putsh du lieutenant-colonel Tejero et de ses complices. Pourtant, le véritable intérêt de cette chronique est de suivre les principaux protagonistes et le chef du gouvernement Suarez en tout premier lieu. Très contesté, le premier chef de gouvernement de la démocratie espagnole - celui-là même qui l'a l'imposée quelques années plus tôt - s'apprête, le jour du coup d'Etat, a être démis de ses fonctions.

    Le putsh va être l'occasion pour lui d'un dernier coup d'éclat : malgré la menace des armes des conjurés, il est l'une des trois personnes à refuser de se coucher, les deux autres étant le général Mellado, vice-président du gouvernement et Santiago Carrillo, secrétaire du parti communiste espagnol : trois personnages contestés dans leur propre camp et figures héroïques ce soir du 23 février 1981. Un essai dense et passionnant qui se termine par un appel émouvant à la réconciliation et par l'hommage d'un fils à son père.   

    Javier Cercas, Anatomie d’un instant, éd. Actes Sud, 2013, 405 p. 
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/03/08/20579813.html
    https://www.actes-sud.fr

    Voir aussi : "La Scandaleuse histoire de Penny Parker-Jones"

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  • Briser la breizh omerta

    Le dernier film de Pierre Jolivet, Les algues vertes, ne mérite certainement pas les critiques chichiteuses qui ont suivies sa sortie en salle l’été dernier. Il est vrai que le sujet est aussi sensible qu’a priori peu sexy : la pollution des algues vertes en Bretagne depuis des dizaines d’années et qu’une journaliste modeste mais pugnace a fait connaître au milieu des années 2010. C’est l’histoire de cette enquête que raconte Pierre Jolivet.

    La formidable Céline Salette joue le rôle de la journaliste Inès Léraud , par ailleurs co-auteure de la BD Algues vertes, l'histoire interdite, avec Pierre Van Hove au dessin. Pigiste parisienne et chroniqueuse engagée, Inès voit le sujet des algues vertes proposé par un inconnu. Elle se rend en Bretagne avec sa compagne Judith (Nina Meurisse, parfaite et touchante). Les deux femmes s’installent dans une maison typique des Côtes-d’Armor. Très vite, Inès se trouve confrontée avec une véritable omerta dans ce coin de la Bretagne septentrionale, malgré les morts qui ont accompagné la propagation d’une algue dangereuse provoquée par l’homme et dont les effets néfastes ont été tus, à dessein. 

    Une double histoire d’amour

    Les Algues vertes est un film sur une investigation. Mais pas de grands effets ici, de scènes choc ou de séquences de tribunal. Tout juste assiste-t-on à la menace d’un menace, des intimidations parfois feutrées et des signes inquiétants – une voiture rôdant autour de la maison, des silences éloquents et des visages fermés.

    C’est l’omerta justement qui intéresse Pierre Jolivet, et que la femme d’une victime, Rosy Auffray (Julie Ferrier, qu’on a plaisir à retrouver ici), traduit dans le dernier quart d’heure : parler des algues vertes c’est mettre un danger le travail d’un voisin, d’un membre de la famille et d’un proche. La politique locale n’est pas en reste, avec un député européen (Jonathan Lambert, en contre-emploi) semblant jouer sur plusieurs tableaux à la foi.

    Les algues vertes, scandale écologique, devient au fil du récit celui d’une dérive politique et économique qui a même accompagné la sortie du film. Le tournage, apprend Pierre Jolivet, a été compliqué et marqué, lui aussi, par une omerta bretonne. La grande vertu du film, malgré ses déboires, a permis de faire connaître un scandale écologique et de provoquer des actions de sensibilisation, y compris et surtout en Bretagne.

    Véritable charge contre cette loi du silence, le film Les algues vertes propose également une double histoire d’amour : celle de deux femmes et celle pour la Bretagne, malgré tout.  

    Les Algues vertes, drame frano-belge de Pierre Jolivet, avec Céline Sallette, Nina Meurisse, Julie Ferrier, Pasquale d'Inca, Clémentine Poidatz et Jonathan Lambert, 2023, 107 mn, Canal+
    https://www.canalplus.com/cinema/les-algues-vertes/h/22973494_40099
    https://www.hautetcourt.com/films/lesalguesvertes

    Voir aussi : "Lumineuse Obscurité"
    "Nourrir son monde"

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  • Jazz-songs

    Lorsque la chanson française se pare de jazz, ça donne A French Songbook, un album du Antoine Delaunay Quintette, un ensemble mené par Antoine Delaunay, avec la chanteuse Mélanie Dahan en vedette, Gilles Barikosky au sax ténor, Marc-Michel Le Bévillon à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie.

    L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des "Passantes" le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".    

    On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette "Jolie Môme", moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la "Jolie Môme" originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay.

    L’une des grandes réussites de cet opus est "Cécile ma fille", que l’on trouve d’ailleurs dans deux versions. On connaît l’amour de Claude Nougaro pour le jazz. Il avait complètement sa place pour le quintette d’Antoine Delaunay. Mélanie Dahan navigue dans le morceau avec une aisance et une grâce que l’on peut saluer. 

    Hyper-modernisée et hyper-jazzifiée

    Julien Clerc est présent à travers son célèbre "Fais-moi une place", coécrit avec Françoise Hardy. C’est délicat, velouté et souriant ("Fais-moi une place au fond d'ton cœur / Pour que j't'embrasse lorsque tu pleures / Je deviendrai tout fou, tout clown, gentil / Pour qu'tu souries"), avec l’éclairage du piano d’Antoine Delaunay. Chanson d’amour également avec "Forteresse", écrite par Michel Fugain et Brice Homs et que Maurane a immortalisée ("L'amour est une forteresse / Dont les murs sont faits de promesses / C'est là que dorment les amants / Cachés de tout, cachés du temps"). La chanteuse belge est également présente avec une reprise de son titre "Balancer", un morceau romantique, dansante et sexy : "Balancer, valser, balancer jusqu'à toi / Balancer java de haut en bas / Balancer reggae, balancer bossa / Déboussole-moi, déshabille-moi".    
    L’auditeur s’arrêtera sans doute sur un titre plus étonnant car moins connu. Il s’agit du délicieux "Fontaine de lait" de Camille, déclaration d’amour comme il y en a peu, transformée en un titre jazz de fort belle facture : "Et voilà que je fais / Une fontaine de lui / Et voilà que je suis / Une fontaine de lait". 
    Deux créations d’Antoine Delaunay sont proposée dans l’opus. C’est "A vous qui naissez dans le rose", un morceau de chanson française jazzy, véritable hymne aux incompris, déçus et laissez-pour-compte. C’est aussi "Vingt ans encore", jolie déclaration amour bafouant le temps, toute en simplicité.  
    Le Quintette d’Antoine Delaunay offre une place à un standard de jazz, en l’occurrence, "Caravan" de Irving Mills, Duke Ellington, et Juan Tizol mais aussi le classique "Carmen", dans une version de Stromae, évidemment hyper-modernisée et hyper-jazzifiée.  
    A French Songbook se termine de la plus belle manière, avec le magnifique, ténébreux et bouleversant "La noyée", traitée cette fois avec des teintes claires… et bien sûr jazz. 

    Antoine Delaunay Quintette, A French Songbook, Inouïe, 2024
    https://antoinedelaunay.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100007180695186
    https://www.instagram.com/delaunay
    Le 02/03/24 à Chanteloup-les-Vignes, saison culturelle, quintet
    Le 16/03/24 au Sunside, Paris, quintet
    Le 20/04/24 à la Salle Edmond Desouches, Lucé, quintet
    Le 24/05/24 à Saint-Maur-des-Fossés, quintet

    Voir aussi : "Le pouvoir de consolation de Sarah Lancman"

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