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julian fellowes

  • Le retour sur grand écran des maîtres et de leurs serviteurs

    Les fans de la série Downton Abbey n’ont à coup sûr pas manqué la sortie du film éponyme qui poursuit les aventures des Crawley et de leurs domestiques.

    Le passage du format série pour petit écran au long-métrage pour cinéma n’est pas toujours une réussite. Le scénariste Julian Fellowes s’est attelé à la tâche pour offrir sur une durée de moins de deux heures (soit l’équivalent de deux épisodes télé) une intrigue à la hauteur du château de Downton Abbey.  

    Nous sommes en 1928. Robert et Dora Crawley, ainsi que leurs filles Mary et Edith apprennent que le roi George V, sa femme la reine Lady Mary, leur fille la princesse Mary et leur suite, feront une visite dans la demeure familiale. C’est le branle-bas de combat pour tout le monde : tout doit être parfait et chacun, y compris les serviteurs, sont motivés pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Sauf que le protocole exige que le roi vienne avec sa propre armada de domestiques, cuisiniers et autres valets de pied. L’affront est mal vécu par Anna Bates, Madame Patmore ou Daisy qui sonnent le vent de révolte. Une révolte qui sera, on s’en doute, feutrée mais diablement efficace.

    Dans le même temps, Tom Branson, le beau-fils préféré de la famille, est approché par un étrange individu. Une histoire d’héritage vient par dessus le marché sonner la discorde entre les murs épais de Downton Abbey.

    Un petit côté Bijoux de la Castafiore 

    Les inconditionnels de Downton Abbey se régaleront de la suite ciné d'une série qui a rendu addict des millions de fans à travers le monde. Ils retrouveront les personnages familiers, à commencer par Lady Mary (Michelle Dockery) qui prend une place de plus en plus centrale dans le domaine. Lady Violet est là elle aussi : Maggie Smith joue avec le même mélange de charme désuet, de truculence, de finesse et d’esprit vachard la vénérable dame, garante des traditions du domaine, dans un XXe siècle plongé dans la modernité. Une modernité qui trouve aussi son essence en la personne du majordome Thomas Barrow, le majordome tête-à-claque devant assumer ses choix personnels au cours d’une soirée mémorable.

    La romance est présente dans le film qui ne fait pas l’économie du décor du château, de costumes et de coiffures somptueux, de dialogues d’une autre époque (et qui colle avec l’esprit du film comme de la série) et d’un happy-end concluant une féérique scène de bal d'un autre temps.

    En regardant le film, le spectateur peut y trouver un petit côté Bijoux de la Castafiore : huis-clos feutré, intrigue resserrée et minimaliste, vieilles dames capricieuses, jusqu’à la présence de la couturière et du vol d’objets précieux. Les tintinophiles apprécieront.

    Pour être plus complet, précisons que ce Downton Abbey version ciné sera suivi d’un deuxième opus, qui est actuellement en préparation.

    Downton Abbey, drame historique et familial anglais de Michael Engler, sur un scénario de Julian Fellowes,
    avec Hugh Bonneville, Maggie Smith, Elizabeth McGovern, Laura Carmichael, Jim Carter, Aleen Leech, Imelda Staunton et Michelle Dockery, 2019, 117 mn, MyCanal, Canal+

    https://www.universalpictures.fr/micro/downton-abbey
    https://www.canalplus.com/series/downton-abbey/h/4443993_40099
    http://www.downtonabbey-lefilm.ch

    Voir aussi : "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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  • Quand je pense à la vieille Anglaise

    C’est une adaptation brillante que je vous invite à découvrir : celle de La Maison biscornue, un roman policier méconnu et d’une rare cruauté d’Agatha Christie. Ce téléfilm britannique a été réalisé par un Français, Gilles Paquet-Brenner, avec au scénario Julian Fellowes. Le nom ne vous dit peut-être rien. Il s’agit pourtant du showrunner de la série Dowton Abbey. Il fallait bien ce talent pour mettre en image l’une des œuvres géniales de la vieille dame anglaise, devenue la papesse du crime.

    À la fin des années 40, L’homme d’affaire et célébrité Aristide Leonides a été tué chez lui, dans sa grande demeure, que la romancière britannique décrit ainsi : "C’était, là je le compris tout de suite, non pas une villa anglaise mais… un château manqué." Une maison biscornue (Crooked House) donc.

    L’enquêteur Charles Hayward est chargée par Sophia Leonides, la petite fille du millionnaire, de retrouver l’assassin. Le détective ne peut rien refuser à la jeune femme, avec qui il a eu une brève relation quelques années plus tôt en Égypte. Rapidement, les soupçons se portent sur les membres de la famille.

    Un château manqué

    Il y a Lady Edith de Havilland, la belle-sœur d’Aristide. Il ne faut pas oublier les filles et les belles-filles du tyrannique vieillard, sans oublier ses petits enfants, Josephine et Eustace et la veuve éplorée, Magda Leonides. Qui a donc empoisonné Aristide Leonides, et pourquoi, car le vieil homme gardait des secrets ?

    Je m‘arrête là sur l’intrigue qui aboutit, on s’en doute, à la découverte par le détective sans peur et (presque) sans reproche du, de la ou des coupables. Les fans de films d’époque se régaleront avec l’ambiance, les décors, les costumes et les coiffures de ce téléfilm d’une belle qualité, à la facture certes classique. Au scénario, Julian Fellowes a fait merveille pour adapter le policier d’Agatha Christie.

    Au casting, le spectateur découvrira un joli gratin. Glenn Close tient le rôle de la doyenne caustique et rude. Christina Hendricks, qui avait explosé dans Mad Men, est Brenda, la deuxième épouse du businessman, submergée par le chagrin (si tant est que ce n'est pas de la comédie). Sans oublier Gillian Anderson, méconnaissable en Magda Leonides, belle-fille illuminée autant qu'incomprise.   

    La Maison biscornue est à voir en ce moment sur Canal+.

    La Maison biscornue, téléfilm policier anglais de Gilles Paquet-Brenner, scénario de Julian Fellowes, avec Max Irons, Stéfanie Martini, Glenn Close, Honor Kneafsey, Christina Hendricks, Terence Stamp, Julian Sands, Gillian Anderson, Christian McKay, Amanda Abbington et Preston Nyman, 2017, sur Canal+
    Agatha Christie, La Maison biscornue, éd. Club des Masques, 1951, 189 p.
    https://www.canalplus.com/telefilms/la-maison-biscornue

    Voir aussi : "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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  • Maîtres et serviteurs à Downton Abbey

    Allez, je me lance : Downton Abbey est très certainement l’une des meilleures séries de ces dix dernières années. À mettre en tout cas sur le podium des créations télés les plus ambitieuses artistiquement, au point d’en avoir fait un film pour le cinéma, dont je vous parlerai bientôt.

    Cette véritable superproduction historique anglaise, créée par Julian Fellowes pour qui rien n’était trop beau, n’a pas lésiné sur les moyens : costumes, coiffures du début du XXe siècle, automobiles d’époques, accessoires dignes de figurer dans Affaires conclues, sans oublier les décors, toujours somptueux. En premier lieu, il y a le château néogothique de Downton Abbey – celui de Highclere Castle dans le Berkshire, nous précise le générique de fin – véritable personnage de la série.

    Le spectateur suit la vie d’une famille aristocrate anglaise, les Crawley. Il y a le comte de Grantham Robert Crawley (Hugh Bonneville), aussi droit et collet monté qu’intègre, marié à une roturière, l’Américaine Cora Crawley née Levinson, la toujours impeccable Elizabeth Mc Govern que l’on retrouve ici dans le rôle d’une mère faussement effacée mais à l’autorité jamais démentie. Il y a aussi les trois sœurs, au caractère bien trempé : l’insaisissable Mary (Michelle Dockery), promise à un mariage de circonstance mais que le tout premier épisode va bouleverser, la jeune, généreuse et passionnée Sybil (Jessica Brown Findlay) et la secrète Edith (Laura Carmichael), qui rêve d’enfin trouver chaussure à son pied. Et, the last but not the least, il y a aussi et surtout la comtesse douairière de Grantham, Violet Crawley (Maggie Smith), véritable tête pensante et figure tutélaire, dont la rigidité apparente laisse deviner au fur et à mesure des épisodes un caractère bien plus subtil qu’il n’y paraît.

    Plusieurs générations cohabitent donc bon an mal an dans l’immense domaine de Downton Abbey, sans compter les tantes et beaux-parents, les lointains cousins, les visiteurs impromptus (dont un diplomate turc qui, dès le troisième épisode, va mettre bien malgré lui un sacré grain de sable dans la stabilité familiale) et une ribambelle d’invités pour des soirées aussi chics qu’onéreuses.

    Ceux d’en haut et ceux d’en bas

    Mais Downton Abbey ne serait pas Downton Abbey sans une invention scénaristique géniale : mettre en parallèle à l’histoire des Crawley celle de leurs serviteurs. Une armée de domestiques, femmes de chambre, valets de pied, cuisinières ou majordomes chargés de faire vivre le domaine. C’est aux étages inférieurs que vivent ces hommes et ces femmes, traités sur un pied d’égalité par les créateurs de la série. Outre les histoires d’amour contrariées (celle de William et de Daisy), les deuils, les drames et les questionnements de chacun et chacune sur leur destin respectif comme sur leur place dans une société aristocrate fermée, les auteurs mettent aussi en avant ces singuliers liens hiérarchiques avec les figures autoritaires de Charles Carlson (Jim Carter) et de Mademoiselle Hugues (Phyllis Logan) et ces affrontements parfois impitoyables sur des fonctions âprement convoitées – celle de valet de chambre par exemple. Dans l’étage inférieur des serviteurs, où les maîtres ne pénètrent que rarement, se jouent les destins de personnages attachants : John Bates (Brendan Coyle) et la femme de chambre Anna (Joanne Froggatt), la naïve Daisy (Sophie McShera) et sa robuste responsable en cuisine, Mme Patmore (Lesley Nicol), l’intrigant Thomas Barrow (Rob James-Collier) et sa "complice" Mlle O’Brien (Siobhan Finneran), dans une ambiance où le protocole rigide chez ces serviteurs n’a rien à envier à celle de leurs aristocrates de maîtres.

    La série entretient un va-et-vient régulier entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, entre riches et pauvres. Malgré tout, des relations fortes faites de confiances voire d'affection  se tissent au-delà des barrière sociales, à l’exemple du procès de Bates au cours de la saison 2. Les dialogues sont soignés et écrits à la perfection pour suivre les aléas des Crawley et de leurs serviteurs dans une Grande-Bretagne secouée par les grands événements européens : le naufrage du Titanic, la première guerre mondiale, la grippe espagnole, l’indépendance irlandaise, les débuts de l’émancipation féminine et le basculement vers un nouveau monde après la Grande Guerre.

    Sans doute l’une des meilleures séries jamais tournées, vous dis-je.

    Downton Abbey, 6 saisons, série historique de Julian Fellowes, avec Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jim Carter et Penelope Wilton, 2010-2015, Grande-Bretagne, Amazon Prime
    https://www.itv.com/downtonabbey
    https://www.primevideo.com

    Voir aussi : "Kad Merad, Baron noir et très noir"

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