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Qui êtes-vous, Nicolas Réal ?
Après le court prélude "Laisse le vent", prélude aérien et romantique Nicolas Réal se lance véritablement dans son deuxième album, Saint Romain, franchement épatant avec sa facture électro-pop. "Strip tease sur Mars" (qui est repris dans une deuxième version à la fin de l’album) annonce la couleur. L’album accroche grâce à sa belle densité, à la fois eighties, dandy, sexy et résolument moderne. L’auditeur sera capté par la production impeccable et un chanteur à l’univers attachant.
"Saint Romain", le morceau qui donne son titre à l’opus propose une déambulation noctambule. Nicolas Réal utilise le talk-over pour parler de nostalgie. "Le bonheur c’était magique", déplore-t-il. Faut-il revenir sur le passé ou regarder devant soi, se demande-t-il ? "Est-ce qu’on repart pour un tour / Qu’est-ce que j ‘fous là ? / Est-ce qu’on repart pour un tour / Surtout ne pas lâcher ton bras". Finalement la réponse est dans les derniers mots de cet extrait bien plus mélancolique qu’il n’y paraît.
L’auditeur sera sans doute frappé par "Pandy box", récit doux amer d’une histoire d’amour éphémère d’une belle densité, sans parler de l’orchestration et de la prise de son impeccables.
Pour le formidable "Statistype", l’un des meilleurs morceaux de l’album, Nicolas Réal trousse à coups de statistiques un autoportrait à la fois émouvant, drôle et pertinent sur un artiste autant qu’un Français de 2024 : "Je suis le statistype / Quidam algorithmique / Partenaire idéal / Je suis le plus que normal".
Craquant, envoûtant et pertinent
Chroniqueur fin et ironique de la société, Nicolas Réal le prouve encore avec "Masqué", consacré à la période du Covid-19 et au confinement.
Sur une pop irrésistible, "Suggestion d’amie" croque avec tendresse et ironie un célèbre réseau social mais aussi le récit d’un chagrin d’amour et d’une séparation que l’on essaie – bien mal – de réparer : "J’ai retrouvé sur net / Une fille qui porte ton nom / Elle a le même visage / Et elle habite Arcachon". Et si la solution était dans la fuite ? "On nous suggère d’être amis / J’ai un avis / Je préfère qu’on reste ennemis / C’est bien plus beau, chère Émilie". Cela a le mérite d’être dit – et chanté.
Dans l’album de Nicolas Réal, on retrouve une très belle version du tube "Tous les cris les SOS" de Daniel Balavoine. L’esprit des eighties est là mais avec quelques touches électro-rock et l’apport du supplément d’âme qu’est le featuring de Lucie Valentine.
Dans le formidable opus qu’est Saint Romain, il ne faut pas passer à côté de l’incroyable et poétique "Paranormal". Paroles tranchantes et mélancoliques, rythmes obsédants, mélodies travaillées et chœurs envoûtants. Un formidable titre qui ne laisse pas insensible. La part sombre de Nicolas réal se révèle dans la deuxième partie de "Laisse le vent". Il s’agit d’un live live capté à Lanzarote concluant une séparation douloureuse : "Oublie ces paroles envolées / Les aveux de mon cœur déchiré… Je garderai les amertumes / Des regrets qu’on assume". Mon chemin s’arrête ici ("Le chemin s’arrête ici" semble-t-il conclure avec fatalisme).
Plus sombre, le sobre et délicat piano-voix "Le petit chemin" fait le choix de la douleur autant que de la nostalgie. C’est le récit d’une rencontre autant que d’un amour d’enfance qui est immortalisé par un vélo. Est-ce vraiment une fin et les souvenirs ne sont-ils pas immortels ? "Qu’importe les chemins / Pourvu qu’ils se rejoignent / Et ce petit chemin / Sera notre jardin".
"Où est je ?" vinent conclure de la plus délicieuse des manières. En duo avec la jeune Inès, sa fille, Nicolas Réal parle d’une manière légère et enlevée de l’identité et de ces moments où l’on peut se sentir perdu. À grands coups de références à la psychanalyse, aux lapsus, aux impostures, Nicolas et Inès chantent nos fragilités et la manière de s’en sortir : "Si je pouvais j’me trouverais / Mais je sais pas où me chercher / Je pose une main courante / Disparition inquiétante / Dans les couloirs du labyrinthe / Est-ce que je dois porter plainte / Où est moi, où est je ?" Craquant, envoûtant et pertinent. Très pertinent pour un album qui ne l’est pas moins.
Nicolas Réal, Saint Romain, dEPOT214 Records, 2024
www.nicolasreal-musique.com
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Voir aussi : "Dynah, entre acide et acidulé"
"Clara Luciani, La Femme libérée"
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