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Bla Bla Blog - Page 21

  • Fauré 2024

    2024 marque les 100 ans de la mort de Gabriel Fauré. Les hommages au créateur du célèbre compositeur. Et puisque l’œuvre de Fauré ne se résume pas au seul Requiem, le pianiste Laurent Wagschal propose une sélection de morceaux pour son instrument fétiche. Précisons que dans le cadre d'une intégrale pour piano de Fauré, cet album est un florilège de morceaux les plus représentatifs (Ballade, 6e et 7e Nocturnes, 5e Barcarolle et ses Thèmes et Variations) mais aussi de pièces plus rares. 

    Le programme débute par la Ballade op.19, une des pièces devenues emblématiques de Gabriel Fauré est le parfait reflet de cette musique française de la fin du XIXe siècle. Un mélange de légèreté, de grâce, d’exigence et de virtuosité caractérisent cette longue ballade qui peut se lire comme du romantisme à la sauce française – Wagner et Liszt ne sont pas loin dans cette pièce écrite entre 1877 et 1879 et dédiée à l’influent Camille Saint-Saëns.

    L’auditeur fondra sans nul doute à l’écoute de la Pièce brève op. 84 n°5. Ce sont une minute et vingt-six secondes au service d’une mélodie envoûtante qui convaincra même les peu familiers du classique.

    On connaît la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel. Voici une autre Pavane, op.50, composée en 1887. Outre le fait qu’une publicité l’ait rendue célèbre, cette Pavane a eu droit à de multiples versions et adaptations, y compris au cinéma. Laurent Wagschal l’interprète dans toute sa nudité, faisant honneur au talent de composition de Gabriel Fauré.

    On a beaucoup parlé de romance sur Bla Bla Blog, grâce aux Schumann. Voici dans ce album envoûtant la Romance sans parole en la bémol majeur op.17 n°3 datant de 1878. On se laissera happer par cette formidable et courte pièce à la grande délicatesse et à la mélodie inoubliable.

    Désireux de proposer un programme varié, c’est un impromptu qui est ensuite proposé, en l’occurrence celui en fa mineur op. 63. Celui-ci s’avère redoutable de technicité. Le moins que l’on puisse dire est que le pianiste s’en sort haut-la-main, alliant virtuosité, simplicité (dans la deuxième partie) mais aussi une forme de légèreté particulièrement bienvenue en ce moment. 

    La modernité n’y est du reste pas absente 

    Deux Nocturnes sont proposées, le n°6 op. 63 en ré bémol majeur d’une part et le n°7 op.74 en ut dièse mineur d’autre part. Bien entendu, qui dit "nocturne" dit Chopin. Cependant, Fauré ne fait pas le choix de la noirceur ou de la nuit, si l’on excepte le plus mélancolique Nocturne n°7, spécialement dans sa première partie. Il se montre au contraire lumineux et léger. Mais aussi romantique. Le lecteur pourra se sentir porté par ces pièces écrites dans les toutes dernières années du XIXe siècle.  

    Après le lent Prélude en sol mineur op. 103 n°3, une berceuse en forme de barcarolle, c’est justement la Barcarolle n°5 op.66 que nous propose Laurent Wagschal. On saluera le pianiste pour son interprétation se jouant des pièges techniques dans cette œuvre pleine d’élégance et de lyrisme. La modernité n’y est du reste pas absente dans ce morceau d’un classicisme très français.

    L’album se termine avec la plus grosse partie du programme, à savoir les Thèmes et Variations op.73. Le thème quasi adagio en ut dièse mineur, une singulière marche funèbre, est suivi de onze variations constituées de syncopes ("Variation III"), de tempo accélérés ("Variation II"), de moments paisibles ("Variation VIII") ou de temps expressifs ("Variation XI"). Classique dans l’âme, figure exemplaire de ce qui s’est fait de mieux dans le classicisme français, Fauré mérite d’être redécouvert, y compris dans son œuvre pianistique, tant son aura demeure cent ans après son décès. 

    Gabriel Fauré, The Essential Piano Works, Laurent Wagschal (piano), Indésens Calliope, 2024
    https://laurentwagschal.com
    https://www.facebook.com/laurentwagschal
    https://indesenscalliope.com

    Voir aussi : "Des papillons dans l’estomac"
    "Nuit et lumières chez les Schumann"

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  • Sweet East

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Sweet East. Il sera visible du 10 au 16 juillet 2024.

    Lillian, jeune lycéenne, fugue durant un voyage sco­laire. Au fil de ses ren­contres, elle découvre un monde insoup­çon­né. 
    Les frac­tures men­tales, sociales et poli­tiques des États-Unis, fil­mées comme un conte de fée ou une varia­tion d’Alice au pays des merveilles.

    Sweet East, comédie dramatique américaine de Sean Price Williams
    avec Talia Ryder, Simon Rex, Earl Cave, 2024, 104 mn

    Scénario : Nick Pinkerton
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1462
    https://films.potemkine.fr/cinema/thesweeteast

    Voir aussi : "Elaha"

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  • Ceci est de la philosophie

    La philosophie peut-elle être à la fois cool, sexy et feel-good ? La réponse – positive – pourrait bien venir du recueil de chroniques de Marie Robert, Une Année de Philosophie, paru chez Flammarion il y a deux ans et republié en poche cette année, chez J’ai lu.  

    Le lecteur aura deux choix. Soit picorer chaque jour de l’année ce livre découpé en quatre saisons (printemps, été, automne, hiver), soit le déguster in extenso comme le bloggeur l’a fait pour écrire cette chronique.

    Le point de départ d’Une Année de Philosophie est la publication quotidienne de textes sur les réseaux sociaux, à commencer par Facebook puis Instagram. Un vrai succès pour ces chroniques qui parlent de grands sujets philosophiques – le bonheur, le temps, le corps ou autrui – comme de petites choses quotidiennes – une carte postale, une paire de lunettes, une invitation ou un vieil album photos. Ces pensées pour soi-même ont été le point de départ d’autres projets – podcasts, site Internet et livres à succès – dont celui-ci. 

    L’ouvrage de Marie Robert est un vrai livre de philosophie

    La philosophie est un univers à la fois vaste, protéiforme et vite intimidant. Or, intimidante, Marie Robert ne l’est pas. Elle apparaît comme une copine proche et on aime à la fois ses doutes – qui est la base de la philosophie depuis Socrate –, les failles, les interrogations et les petits défauts.  

    Chaque chronique commence de la même manière : "Ceci est…" Suivi d’un sujet qu’elle va développer en quelques lignes ("Une lettre d’amour", "Un réconfort"). Ses textes sont autant d’anecdotes quotidiennes chez elle au travail devant ses élèves et le lecteur y retrouvera ses propres interrogations. Comment retrouver la sérénité ? Peut-on aimer comme au premier jour ? Comment prendre une décision ? Comment fixer son attention ?

    Le lecteur trouvera forcément des sujets qui vont le remuer. Cela peut être la crise d’adolescence pour des parents perdus, un texte destiné "à tous ceux qui ce matin se réveillent épuisés", à ces moments de honte que chacun a pu ressentir dans une situation embarrassante, à "l’art du sabordage" ou tout simplement nos routines quotidiennes.

    Un livre de feel-good comme il en existe des milliers ? Non, l’ouvrage de Marie Robert est un vrai livre de philosophie, dans la mesure où il n’offre pas de conseils ou de recettes clé en main pour parvenir à un bonheur souvent illusoire. Il est par contre une compilation de chroniques précises, sensibles, intelligentes, déroulées consciencieusement et posant avant tout des questions. Or, le questionnement n’est-il pas la base de la philosophie ?  

    Marie Robert, Une année de philosophie, éd. J’ai, 2024, 288 p.  
    https://www.philosophyissexy.fr
    https://www.facebook.com/p/Marie-Robert
    https://www.instagram.com/philosophyissexy/?hl=fr
    https://www.jailu.com/une-annee-de-philosophie/9782290390740
    https://editions.flammarion.com/une-annee-de-philosophie/9782080293770

    Voir aussi : "Poésie feel good"
    "Que gagne-t-on lorsque l’on a gagné ?"

     
     
     
     
     
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  • Ward Ier-IIe siècle

    roman,confrérie,frédéric werst,ward,langue,fantasyCe livre est l’un des romans français les plus atypiques parus en 2012. Je dis bien "roman", tant le titre peut porter à confusion.

    Les Wards en question sont un peuple imaginaire, à une période indéfinie (les Ier et IIème siècles ne correspondant pas à notre comput actuel : l’an zéro de la chronologie ward a pour référence l’arrivée au pouvoir d’un roi, Zaragabal), un peuple disparu depuis et dont il ne reste que quelques textes.

    "Un roman de fantasy ? Rien de trop nouveau depuis Tolkien", me direz-vous ! Et pourtant, non : ce premier opus (car on peut supposer que Frédéric Werst ne s’arrêtera pas en si bon chemin...) est proprement fascinant. Ward est en effet uniquement constitué d’une anthologie de ces fameuses sources – chroniques historiques, poèmes, fables, contes, écrits philosophiques, mythologiques, religieux, politiques et même géographiques - uniques preuves de l’existence de cette civilisation. Une notice éclaire chacun de ces textes :  l’auteur, tel un exégète, montre l'intérêt et les circonstances de ces sources. Il va jusqu’à inventer personnages historiques et littéraires, écoles philosophiques ou mouvements religieux.

    Ce sens de la précision va encore plus loin : désireux de donner à son roman une véritable crédibilité, il a inventé pour la circonstance une langue ward (ou plutôt "des" langues car celle des Ward – comme n’importe quelle langue – a évolué au cours des siècles). Ce roman est donc un recueil bilingue : les extraits de cette anthologie sont retranscrits dans leur langue originale – le wardwesân – avec leur traduction française. Pour ceux qui voudraient s’essayer à cette langue (je ne m’y suis pas aventuré), Frédéric Werst propose en fin de volume un abrégé de grammaire ainsi qu’un lexique ! Un ouvrage remarquable et étonnant qui nous renvoie aussi à une réflexion sur la fin des civilisations : tous les quinze jours, une langue disparaîtrait dans le monde, comme le rappelle l’auteur en introduction.

    Frédéric Werst, Ward Ier-IIe siècle, éd. Seuil, 416 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/01/29/23363391.html
    https://www.seuil.com/ouvrage/ward-frederic-werst/9782021035728 

    Voir aussi : "Betty"

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  • Méli-mélo de Loulia

    Loulia, la plus française des chanteuses pop internationales sort en ce moment son dernier single, Hopefully Better. Elle le présente ainsi : "Un méli-mélo de nationalités, avec un producteur allemand et un réalisateur coréen, ce morceau est vraiment moi".

    Cette fois, Loulia propose un titre funk et jazzy, délicat et sensuel, et non sans un message d’espoir. La chanteuse dévoile pour l’occasion un clip à la fois frais, estival et glamour.

    C’est à découvrir en ce moment, sans oublier l’interview exclusive à découvrir ici sur Bla Bla Blog.

    Loulia, Hopefully Better, 2024
    https://www.instagram.com/loulia_officiel
    https://www.tiktok.com/@loulia_officiel
    https://www.youtube.com/@loulia_officiel 

    Voir aussi : "Loulia : "Trouver du réconfort dans la musique que je fais"

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  • Nuit et lumières chez les Schumann

    C’est par une œuvre collective que commence cet enregistrement d’œuvres de Robert Schumann pour violon et piano. La Sonate F.A.E. nous vient de deux figures majeures du romantisme – Brahms (pour le troisième mouvement "Allegro (Scherzo)" et Schumann pour les deuxième et quatrième mouvements, "Intermezzo" et "Finale". Le troisième est Albert Dietricht, compositeur du premier mouvement "Allegro". Les trois amis écrivent en 1853 cette sonate au nom étrange mais plein de sens : "F.A.E." pour "Frei Aber Einsam" ("libre mais solitaire"). Elle a été offerte cette année-là au violoniste Joseph Joachim. Ce dernier l’a d’ailleurs joué, tout comme Clara Schumann.

    Nous avions parlé il y a quelques semaines du "Scherzo" enregistré par Rachel Kolly et Christian Chamorel. Dans l’album Robert Schumann et son univers, proposé par Indésens, Yann Passabet-Labiste au violon et Bertrand Giraud au piano proposent les quatre mouvements de cette sonate, écrite avant que la maladie ne fasse taire Robert Schumann. Le compositeur vit une période tragique avec la mort de son jeune fils Emil en 1847, celle de son ami Felix Mendelssohn la même année et avant la détection d’une maladie mentale chez Ludwig, un autre de leur fils. Schumann vit particulièrement douloureusement cette période. La dépression succède à des crises d’angoisse et des hallucinations. Voilà pour le tableau de cette période sombre à nulle autre pareil. Autant dire que cette Sonate F.A.E. fait figure de petit miracle musical. 

    Saluons le premier mouvement "Allegro" d’Albert Dietricht, d’une belle richesse ornementale, servi qui plus est par des interprètes jamais en baisse de régime. Il s’agit du mouvement le plus long de la sonate (plus de douze minutes et demi). Avouons cependant qu’après cette romantique entrée en matière, on s’arrêtera particulièrement sur le court "Intermezzo" que Robert Schumann a annoté en allemand : "Bewegt, doch nicht zu schnell". La douleur déchire cette partie. Le piano de Bertrand Giraud se met légèrement en retrait pour laisser s’exprimer le violon de Yann Passabet-Labiste, sans jamais que le violoniste ne fasse preuve de pathos. Vient répondre la fougue et la verve de Johannes Brahms, le disciple et admirateur, qui en est au début de sa carrière. Les Schumann sont sa famille de cœur et Clara Schumann restera son amie et amour jusqu’à ses derniers jours.

    Cette fois, piano et violon viennent se répondre avec bonheur. La vigueur est là, mais aussi la passion et la tendresse. On est presque heureux de retrouver Robert Schumann dans un "Finale" au tempo vif, comme si le compositeur meurtri par trois années sombres revenait à la vie. Magnifique coup d’éclat que cette dernière partie qui prend par moment l’allure de marche décidée grâce au violon diabolique de Yann Passabet-Labiste.   

    La vigueur est là, mais aussi la passion et la tendresse

    Schumann, ses amis et sa famille pourrait s'intituler l'opus. C’est Clara Schumann qui poursuit le programme, avec ses trois Romances op. 22. Ecrites elles aussi en 1853, elles ont été, tout comme la Sonate F.A.E., dédiées au violoniste Joseph Joachim. L’esprit romantique souffle sur ce que l’on pourrait appeler une sonate pour piano et violon en trois mouvements, "Andante molto", "Allegretto ; Milt zartem Vort" et "Leidenschaftlich schnell". L’auditeur y lira de douloureuses plaintes, alors que le mari de Clara est pourchassé par ses démons intérieures ("Andante molto"), sentiments que vient nuancer la deuxième romance "Allegretto", mais non sans ce sens du spleen que parviennent à rendre le duo de musiciens et en particulier le violon de Yann Passabet-Labiste. Le "Leidenschaftlich schnell" prouve, s’il en était besoin de le démontrer, que Clara Schumann est au sommet d’un art musical, à l’égal au moins de Robert Schumann auquel elle a survécu quarante ans.     

    Autre Romances, celles de Robert Schumann, justement. Son opus 94 a été composé pour son épouse en 1849. Destinée pour le piano et le hautbois, elle est régulièrement jouée, comme ici, pour le violon et le piano. Une immense tristesse, que le violon de Yann Passabet-Labiste rend particulièrement bien, se dégage dans le "Nicht Schnell". "Simple, affectueux", indique la deuxième romance. Il est vrai qu’une relative légèreté est évidente, bien que la mélancolie ne soit pas absente. Un sentiment de vide se dégage encore plus de la dernière romance "Nicht Schnell", au mouvement pourtant "Moderato". Il y a ces légères mais réelles ruptures, rendant cette partie bien plus tragique qu’elle n’en a l’air.

    L’enregistrement se clôt avec la Sonate n°3 en la mineur. Composée par Robert Schumann en 1836. Il a 26 ans. Elle a l’impétuosité de la jeunesse (le premier mouvement allegretto "Ziemlich langsam") et cet évident souffle épique, porté par les deux interprètes décidément bien inspirés. Suit un "Intermezzo" plus court (deux minutes et demi), lent, gracieux et romantique, avant le "Scherzo" ("Lebhaft") enlevé et aux nombres pièges dont se tirent brillamment Yann Passabet-Labiste et Bertrand Giraud. Dans le "Finale", Robert Schumann termine par un ensemble de morceaux de bravoure, porté par des mélodies ardentes, pour ne pas dire enflammées. Nous sommes dans une période marqué par une union des plus compliquées entre Clara et Robert Schumann, avec toujours le romantisme en bande-son.   

    Robert Schumann et son univers, Yann Passabet-Labiste (violon) & Bertrand Giraud (piano), Indésens Calliope Records, 2024
    https://indesenscalliope.com/boutique/robert-schumann-son-univers
    https://www.bertrandgiraud.net
    https://www.facebook.com/yann.passabetlabiste

    Voir aussi : "Brahms doublement suisse (et même triplement)"

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  • Kamas, décalée sans caler 

    Non Kamas ne dérape pas, contrairement à ce que dit l’introduction ("J’dérape") de son troisième album Désaxée. Avec une facture électro-pop, dans le titre qui donne son nom à l’opus, la chanteuse met en scène une jeune femme, Pamela, qui "attend encore ceux qu’elle aime toujours ces vieux fantômes". C’est un vrai univers poétique et gothique ("Pamela aux lèvres rouges s’est arrêtées / Ronces épines orties") que propose Kamas. Qui est-elle ? Une femme de notre temps ou l’artiste elle-même ? Le mystère reste entier : "Ce n’est pas moi / C’est cette époque qui est folle". Voilà qui dénote déjà l’aspect décalé d’une artiste qui veut proposer "un nouveau monde, un univers, la vie telle qu'elle va, intranquille et quelque peu déboussolée".

    En s’inspirant d’un fait divers du XIXe siècle, celle que l’on a intitulé "L'Inconnue de la Seine", une jeune fille noyée retrouvée dans le fleuve parisien, un masque mortuaire sur le visage, Karma choisit l’onirisme pour rendre hommage à cette victime au "teint de porcelaine".

    C’est sur un rythme rock que la musicienne s’intéresse aux majorettes. En réalité, une thématique qui est déclinée en deux titres – ou plutôt deux parties. "Où sont passés les majorettes ?" se demande Karma dans "Les Majorettes Part 1". C’est vivifiant, drôle et à l’acidulé parfum nostalgique qui se poursuite avec le lent, pop et mélancolique "Les Majorettes Part 2". La chanteuse se rêve cette fois dans la peau d’un de ces personnages iconiques de la fête, de l’enfance et de l’insouciance" ("Moi aussi, je serai majorette"). 

    Il y a de la grâce et de la légèreté dans cet album qui s’écoute sans soif

    L’auditeur aura le sourire aux lèvres à l’écoute de  "6V d’amour", une chanson de drague irrésistible ("J’ai pas dit oui / J’ai pas dit non / Re-précise moi ton prénom") dans lequel la chanteuse joue de son charme et de sa séduction ("Mon p’tit lapin / Mon lièvre nain / Viens avec moi j’te montrerai / la jolie mousse le romarin / Derrière le grand supermarché").

    Une autre jolie surprise nous attend avec une reprise sixties de "Noir c’est noir", d’autant plus immanquable qu’elle est interprétée par une femme, ce qui donne à ce classique un lustre particulier mais aussi une tonalité féministe.

    Il y a de la grâce et de la légèreté dans cet album qui s’écoute sans soif, à l’instar de "Tout en bataille" qui raconte l’histoire d’un couple se séparant ("Il lui a donné tous les noms oiseaux de la terre / Elle a fait pan pan avec ses deux doigts tendus"), une séparation chantée comme s’il s’agissait d’un événement à la fois rude, drôle et sans importance qui laisse place à la vie et à la danse.

    Après l’interlude "Do U ?", Kamas se fait plus sombre dans "Tarentelles", un morceau au souffle à la fois érotique et onirique. "Elle m’a mordu elle m’a croqué / Avec une certaine volupté / Là dans ce petit coin caché / Ce fut comme un éclair moelleux / Un millier d’abeilles dans les yeux / Elle m’a mordu elle m’a croqué / La nuit est tombée". Amour, plaisir, sensation de perdre pied et surtout force poétique des mots. Vraiment, là nous avons affaire à une artiste inclassable et avec une sacrée personnalité.

    Dernière preuve de la singularité de la musicienne ? "Des hivers et des printemps" semble se nourrir d’influences anciennes : chanson française, traditionnelle mais aussi pop. Et si Kamas était une  nouvelle troubadour des années 2020 ? Voilà qui pourrait donner la clé de cet album à découvrir.     

    Kamas, Désaxée, Kuroneko, La Tangente du Corbeau, 2024
    https://www.facebook.com/anne.cammas
    https://www.instagram.com/la_kamas_
    https://www.youtube.com/@bluekamas

    Voir aussi : "Julia Jean-Baptise pour l’éternité"
    "Et si par hasard Jéhan"

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  • Elaha

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Elaha. Il sera visible du 3 au 9  juillet 2024. Soirée débat le mardi 9 juillet à 20 heures 30.

    Elaha, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, cherche par tous les moyens à faire reconstruire son hymen pensant ainsi rétablir son innocence avant son mariage. Malgré sa détermination, des doutes s’immiscent en elle. Pourquoi doit-elle paraître vierge, et pour qui ? Alors qu’un dilemme semble inévitable, Elaha est tiraillée entre le respect de ses traditions et son désir d’indépendance.

    Elaha, drame allemand de Milena Aboyan avec Bayan Layla, Derya Durmaz et Nazmi Kırık, 2024, 110 mn
    Scénario : Milena Aboyan et Constantin Hatz
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1461
    https://www.waynapitch.com/elaha

    Voir aussi : "Fremont"

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