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Bla Bla Blog - Page 206

  • Charlotte for ever

    charlotte gainsbourg,days off,rest,philharmonie,serge gainsbourg,gainsbourg,miles kane,sebastianCharlotte Gainsbourg était à la Philharmonie le mardi 9 juillet à l’occasion des Days Off. Un moment rare pour une artiste à la réserve légendaire.

    On oublie aussi trop souvent que Charlotte Gainsbourg est une figure à part dans la musique, choisissant un chemin entre la pop-rock, la chanson et l’électro. Une synthèse souvent très audacieuse – mais il est vrai que la fille de Serge Gainsbourg sait de qui tenir en la matière.

    Après un set rock énergique de Miles Kane, gâché cependant par une sono peu avare en basses, Charlotte Gainsbourg arrivait sur scène, plus attendue que jamais. En tee-shirt blanc et jeans comme ses musiciens, la chanteuse est restée dans l’ombre – ou plutôt sous la lumière de dix quadrilatères futuristes – pendant plusieurs titres, avant d’apparaître sur le devant de la scène, habillée à chaque fois de jeux de lumières d’une belle sophistication.

    Ce concert de Charlotte Gainsbourg, dans l'écrin tout en courbe et en douceur de la grande salle Pierrre Boulez, reprenait très largement les titres de son dernier album Rest produit en grande partie par SebastiAn : Lying With You, Ring‐a‐Ring o' Roses, I'm a Lie, Deadly Valentine, Les crocodiles, Les oxalis et le très émouvant Kate. Deux grands classiques, écrits par son père, ont marqué la soirée : un Charlotte for ever hypnotique et une version tout aussi mémorable de Lemon Incest qui clôturait le set. Malgré sa timidité légendaire, Charlotte Gainsbourg montrait à travers ce dernier rappel qu’elle n’a rien perdu de son audace, avec ce nouvel hommage à son père.

    Charlotte Gainsbourg, Rest, Because Music, 2017
    Charlotte Gainsbourg, Festival Days Off, Philharmonie
    mardi 9 juillet 2019

    http://www.charlottegainsbourg.com
    https://daysoff.fr/fr
    https://www.mileskane.com

    Voir aussi : "Il n'y a pas que la beat dans la vie"

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  • "The Girl From Ipanema"

  • Tango passion

    9782818968130.jpgLe Temps d’un Abrazo, le dernier roman d’Isabelle Vouin, commence par des confidences singulières : celles d’un mas dans le sud de la France. Et c’est du reste cette maison, ce Moulin, qui vient conclure le livre et révéler les derniers secrets d’une histoire liant indéfectiblement amour et tango : "Les pierres ont une mémoire et nous observent. Elles enregistrent dans nos atomes les images et les émotions de nos vies."

    Ce témoin silencieux porte le récit d’un deuil impossible et d’une reconstruction de deux êtres cabossés par l’existence, ne semblant s’ouvrir au monde et à la vie qu’à travers la danse et l’abrazo, cet art de l’étreinte et de se prendre dans les bras, moment essentiel dans la pratique du tango.

    Nina a vécu heureux avec Ivan, danseur de tango doué mais décédé subitement, laissant sa compagne inconsolable. Elle choisit de se débarrasser de son passé et de vendre la maison qu’elle rénovait avec passion. Deux ans plus tard, elle y revient cependant, comme en pèlerinage : le mas est devenu, à la faveur de Salomé, sa nouvelle propriétaire, un lieu dédié au tango. Contre toute attente, un danseur accoste Nina et lui propose une danse. Elle accepte à contrecœur. L’homme se nomme Jean, et il a lui aussi derrière lui un lourd passé. Le tango et leur abrazo scelle bientôt une rencontre amoureuse.

    Scandé de références musicales

    Le Temps d’un Abrazo est scandé de références musicales – Alfredo de Angelis, Osvaldo Pugliese ou John Powell – avec en postlude les paroles d’Adios Corazón d’Héctor Sapelli et Lalo Etchegoncelay. Le tango, l’étreinte, les pas à deux : Isabelle Vouin fait de la plus sensuelle des danses et de ces instants sur une piste une métaphore de la séduction, de l’amour et de la vie en couple. Pour Nina, le tango est à la fois le catalyseur de souvenirs la ramenant à Ivan, mais aussi ce moment d’abandon qui lui permet d’oublier : "M’oublier dans ses bras, ce corps, cette musique, cette moiteur, le sang qui pulse, cette énergie, n’être plus que tournoiements, effleurement, dialogues, abandons."

    Dans cette histoire de passion et de tango, c’est bien de vie dont il est question. Les deux protagonistes, Nina et Jean, tentent chacun à leur manière de cicatriser et de renaître, l’une d’un décès brutal, l’autre d’un traumatisme survenu sur un champ de bataille. Quelques pas de danse pourraient-ils illustrer ce qu’est la difficulté de vivre ? Isabelle Vouin semble répondre par l’affirmatif, lorsqu’elle fait dire ceci à son héroïne : "Il faut m'éloigner du buste, des pupilles, des mains, de la peau, de l'odeur, de la transpiration, de cette vie qui m'aspire. Reculer pour ne pas se coller à nouveau." Jean, de son côté, expérimente aussi cette attraction irrésistible autant que tétanisante pour cette future partenaire : "Une sale sensation de manque, soudain. Et cette impression de trou dans l’estomac qui revient. Sa noirceur me manque. Oui c’est ça, sa noirceur. Sa fragilité. Son désintérêt de la vie."

    Le tango, ce moment où se jouent le désir, l’art et la vie en mouvement, est l’autre personnage de ce récit amoureux. Isabelle Vouin en parle avec la même passion que ses personnages danseurs – Nina, Jean, Ivan ou Salomé : "Les danseurs évoluent dans le sens inverse des aiguilles du temps. Les dos se redressent, les genoux s’assouplissent, les traits se détendent, les joues se remplissent, les fronts se lissent et les rides disparaissent."

    Le temps d’un abrazo et d’un tango, la vie reprend ses droits, sans doute.

    Isabelle Vouin, Le Temps d’un Abrazo, éd. Grand Angle, 2019, 135 p.
    https://www.angle.fr/scenariste-isabelle-vouin-880.html

    Voir aussi : "Qui va tango va sano e lontano"
    "Roman-feuilleton 3.0 sur un air de tango"

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  • Marc Fichel connaît ses classiques

    Le visage de Marc Fichel est apparu fugacement à la télévision, dans un lieu des plus improbables : il était en concert le 21 juin dernier au Marché de Rungis à l’occasion de la Fête de la Musique. Le ministre de la culture Franck Riester était d’ailleurs en déplacement, occasion également de marquer les 50 ans du Marché d'Intérêt National.

    Marc Fichel était sur scène aux côtés, excusez du peu, d’Oldelaf, Art Mengo, Joyce Jonathan et Chimène Badi : une nouvelle preuve qu’il va falloir compter sur ce musicien qui, mine de rien, trace son chemin depuis les Halles de Rungis jusqu’aux studios de radio et salles de concert. Après un premier single consacré à son quotidien à Rungis (C’est ma vie dans les Halles, plus d’un million de vues sur Youtube), Marc Fichel sort cette année un nouvel EP, #il ou #elle, avant un premier album à la rentrée.

    Ne cherchez rien de révolutionnaire chez ce chanteur, véritable artisan ayant conçu avec le plus grand soin son nouvel opus, à la facture classique : piano, guitares, clarinette, basse, violon, saxophone, flûtes et accordéon, sans oublier la voix claire et posée d’un chanteur qui choisit la simplicité.

    Des clins d’œil appuyés en direction de Francis Cabrel, Gilbert Bécaud ou William Sheller

    Musicalement, l’auteur-compositeur se situe dans la droite ligne d’une chanson française qui ne renie pas ses origines – bien au contraire. Marc Fichel adresse ainsi des clins d’œil appuyés en direction de Francis Cabrel, Gilbert Bécaud ou William Sheller.

    Le talent est là, indéniablement, dans ce mini album à la production sage, sensible et efficace. Il parle de sujets qui toucheront forcément : l'amour au temps de réseaux sociaux (#il ou #elle), la vie à deux (Oxy J’aime), l'ultra moderne solitude (À côté de ma vie) ou les souvenirs d'enfance (Tu riais, tu chantais, tu dansais).

    Marc Fichel connaît ses classiques. Mais on devine que l'artiste en a sous la pédale pour un futur album capable de nous faire tourner la tête.

    Marc Fichel, #il ou #elle, EP, Faubourg du Monde / Absilone, 2019
    https://www.facebook.com/MarcFichelOfficiel

    Voir aussi : "Féloche, l’alchimiste musical"

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  • Chants songs

    art press,chanson,chanteuse,chanteur,cantologieQu’Art Press ait choisi de consacrer un numéro spécial à la chanson française est à la fois une belle surprise et une mise en perspective passionnante de la part d’un magazine qui s’est toujours intéressé à l’avant-garde. Un terme qui va si peu avec cet art de la chanson que Serge Gainsbourg l’avait considéré lors d’un échange mémorable avec Guy Béart comme mineur.

    Mais d’ailleurs, qu’est-ce que la chanson, cette "distraction régressive", s’interroge Philippe Forrest ? Pour y répondre il donne la parole à Stéphane Hirschi, professeur de littérature à l’université de Valenciennes et professeur d’une discipline scientifique qu’il a lui-même créée : la cantologie. Il met en avant les spécificités de cette "song" typiquement française, ce chant populaire mêlant étroitement une mélodie simple à mémoriser, un texte à la fois intelligible et infusant dans l’imaginaire et un interprète y insufflant moins sa technique – au contraire du bel canto – que son vécu. Il y a aussi cette fugacité de la chanson, explique l’universitaire, et c’est cette fugacité qui rend la chanson paradoxalement entêtante, comme un éternel retour, "le temps d’une chanson." La chanson porte une fausse légèreté (Je chante de Trénet) quand ce n’est pas une double lecture (La javanaise), voire l’autofiction (Laura de Johnny Hallyday) et l’auto-référence, car la chanson peut aussi parler d’elle-même (En chantant de Michel Sardou, Chante ! De Michel Fugain ou Le temps de la rengaine de Serge Lama).

    Après un retour par Benoît Dutertre sur les origines de la chanson de Mayol à Jacqueline Boyer, en passant par Joséphine Baker et Mistinguett, le trimestriel trace les portraits de quelques artistes marquants, et de toutes époques : Juliette Greco, Juliette Armanet, mais aussi l’étonnant Chaton (ex Siméo), Daniel Darc ou encore Bertrand Burgalat, figure majeure de la chanson, respectée quoique peu connue du grand public.

    Art Press nostalgique ? Voire. Car si le magazine contemporain omet quelques brillantes figures incontournables (Brel, Piaf, Brassens ou Ferrat), il donne à voir une chanson française bien vivante : Bertrand Belin, Marc Lavoine, Michel Houellebecq, Brigitte Fontaine ou Benjamin Biolay, sans pour autant oublier un répertoire ancien incontournable : c’est Aznavour comme passerelle entre l’Orient et l’Occident, c’est Depardieu chantant et vivant Barbara, c’est Claude François comme "Prince du rythme", c’est l’étonnant, singulier et libre Christophe ou encore Serge Lama, bouleversant dans Les Ballons rouges. Des focus sont également proposés au sujet de ces titres ou albums devenus légendaires : Dimanche à Orly de Gilbert Bécaud, La nuit je mens d’Alain Bashung, Métronomie de Nino Ferrer ou l’apport musical incroyable de Jean-Jacques Vannier, cocréateur du mythique Mélody Nelson avec Serge Gainsbourg.

    La chanson française se fait remarquer aujourd’hui par son insolente créativité

    Au milieu de la crise musicale, atteinte par le raz-de-marée de l’Internet, du streaming et du déclin inexorable du support physique, la chanson française se fait remarquer aujourd’hui par son insolente créativité. Sans cesse en mouvement et se nourrissant des influences pop, jazz, rock, électro ou rap, un brillant ancien a laissé un héritage indéniable : Léo Ferré. La revue s’intéresse à ces artistes, souvent peu connus, qui revendiquent sont influence : PR2B, Gontran, Michel Cloup ou Bruit Noir.

    Fort logiquement, Art Press ne pouvait pas passer sous silence cette chanson underground, hyper créative, fonctionnant dans la débrouille et sans le support des bandes FM, de la télé et encore moins des majors. "La chanson française ne s’est jamais autant développée hors des sentiers battus" constate Julien Bécourt qui s’arrête sur quelques noms qui ne diront sans doute rien à beaucoup de lecteurs : l’organisation Chanson française dégénérée ou les artistes Noir Boy George, Arne Vinzon, Rouge Gorge, Marie Klock ou le groupe Rose Mercie.

    Art Press pose aussi une question particulièrement pertinente : celle du répertoire outremer ou issu de l’immigration. Stéphane Malfettes fait remarquer avec justesse que "contrairement aux Britanniques qui ont su valoriser les productions musicales venues notamment des Caraïbes, la France a (...) souvent négligé l’importance des artistes issus de l’immigration et des Outre-mer." Le zouk n’est-il pas relégué en France dans un courant "parallèle, alors qu’aux États-Unis Kassav’ est considéré simplement comme un grand groupe français ?

    Outre un focus sur ces étranges, oubliées et parfois géniales faces B de 45 tours, des analyses plus pointues sont consacrées aux discours amoureux dans la nouvelle scène française : Therapie Taxie, Angèle et La Femme. On cherchera en vain un amour heureux, constate Laurent Perez. Pas de là, cependant, à s’affoler : "A les entendre chanter l’amour parmi ses ruines, on se prend à rêver que l’un d’entre-eux, dans vingt ans, saura écrire une nouvelle Chanson des vieux amants."

    Art Press ne pouvait pas faire l’impasse sur l’art contemporain ayant durablement influencé cette chanson populaire. Ce sont les pochettes de disques bien sûr (Pierre et Gilles pour l’album La Notte, la notte d’Étienne Daho), mais aussi le travail d’artistes plasticiens se nourrissant maintenant largement dans cette culture (Arnaud Maguet, Sivan Rubinstein, Sophie Calle ou Nicolas Comment, interviewé par Étienne Hatt).

    Un dernier domaine, finalement peu étudié par la revue et pourtant essentiel, est celui du clip : Art Press choisit de l’aborder assez justement avec Mylène Farmer, aux vidéos musicales à la narration complexe et à la réalisation soignée.

    Une preuve supplémentaire que la chanson française n’a pas fini de se réinventer, tout en restant toujours cet art, sinon mineur du moins capable de parler à tous, soulevant l’émotion en quelques minutes : "Une petite cantate du bout des doigts / Obsédante et maladroite, monte vers toi / Une petite cantate que nous jouions autrefois."

    Art Press 2 est en kiosque jusqu’en juillet.

    Art Press 2, "La chanson française", trimestriel, mai-juillet 2019
    https://www.artpress.com/category/artpress2

    Voir aussi : "Aznavour, le mal-aimé"
    "Gainsbourg, un enfant de la chance"

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  • Dans Hexagone, cet été

    Cet été, le blablabloggeur signe quatre critiques dans Hexagone, la revue trimestrielle de la chanson.

    Vous pourrez y trouver les chroniques des derniers albums de Gauvain Sers, Keren Ann, June Milo et Musset

    Hexagone, été 2019

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  • Katchéscope

    Il y a toujours de l’excitation à écouter Manu Katché, et encore plus à l’accompagner dans ses pérégrinations musicales, où les percussions et les batteries sont bien sûr reines, proposant un éventail incroyable de rythmiques : "J’ai composé les morceaux autour de la batterie, et si je joue de cet instrument depuis toujours, ce n’est pas un hasard: mon papa est originaire de Cote d’Ivoire. J’avais envie de voir les gens bouger sur mes compositions, danser, chanter les gimmicks" dit-il.

    The ScOpe, son dernier album, est, on le devine au titre, un univers kaléidoscopique aux mille et une teintes jazz, groove, rock, pop ou world, de la part d’un artiste à la carrière impressionnante, et qui a choisi ici de sortir de sa zone de confort : "J’ai fait beaucoup de jazz ces dernières années, j’y ai pris beaucoup de plaisir mais j’avais envie de changer radicalement. Prenant de l’âge, j’ai juste envie de m’amuser un peu."

    Manu Katché, sans doute le meilleur batteur de sa génération, propose un opus tout en relief et forcément vivant, car puisant dans des influences tous azimuts, à l’instar du scintillant et sautillant Keep Connexion qui ouvre le bal. Ces teintes de world music (présentes également dans Overlooking, qui est aussi un retour aux racines africaines) laissent place au plus jazzy Glow, à la composition solide mais mâtinée d’improvisations : comme si Manu Katché voulait rappeler que loin de vouloir abandonner ses origines et influences, on y revient toujours.

    On s’arrêtera avec le plus grand intérêt sur Vice, un titre électro funk très Daft Punk, en featuring avec Faada Freddy. Cette fois le musicien et batteur se glisse dans la peau d’un digne représentant de la french touch. Une vraie et belle réussite à écouter plein volume cet été sur une plage, le soir.

    Jazzy Bazz tient la baraque dans cet hommage mélancolique et vibrant à Paris

    The ScOpe est un opus essentiellement instrumental. Quelques titres laissent toutefois une place à la voix : c’est Please Do ou Don’t You Worry, avec la voix de Manu Katché lui-même, mais il y a surtout le formidable titre urbain Paris me manque, mêlant avec bonheur free jazz et rap. Jazzy Bazz tient la baraque dans cet hommage mélancolique et vibrant à Paris : "Où est passé Paris, ma rose ? / Paris sur scène l’a bouclée / Sont partis emportant la clé / Les nonchalants du long des quais / Paris, ma rose, Paris, ma rose / Où est passé Paris que j’aime ?/ Paris que j’aime et qui n’existe plus."

    Pour Let Love Rule – qui n’a toutefois rien à voir avec le titre éponyme de Lenny Kravitz – Manu Katché construit un titre pop porté par le timbre aérien et velouté de Jonatha Brooke pour cette balade en forme de contrat amoureux : "Let love rule / Nothing else matters /Just me and you / Let love rule."

    Goodbye For Now va dans une direction appartenant d’abord à une électro des sphères, comme le chant d’adieu d’un album ayant choisi de ne pas choisir la tonalité de son scope.

    Chant d’adieu ? Pas tout à fait. Car Manu Katché clôture son opus par ce qui pourrait se lire comme un hommage à Tricky et au trip hop dans le bien nommé Tricky 98’, mais qui est aussi et surtout, pour les amateurs de football, un hommage aux champions du monde de 1998. Le morceau a accompagné l’entrée des Bleus à la U-Arena en juin dernier, 20 ans après leur victoire à la Coupe du Monde. Un vrai feu d’artifice pour un album lumineux.

    Manu Katché, The ScOpe, Anteprima, 2019
    http://www.manu-katche.com

    Voir aussi : "Ibrahim Maalouf, déjà un classique"

    © Arno Lam

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  • Un peu de fraîcheur avec l’œil du frigo

    Au secours, la fin du monde arrive ! Je veux dire : la canicule... Il est vrai que les chaînes d'info en continu semblent nous promettre l'enfer sur terre cette semaine : raison de plus pour nous rafraîchir avec une scène de frigo tirée d'un film légendaire, E.T. L’Extraterrestre de Steven Spielberg. Même les aliens peuvent avoir un goût prononcé pour notre célèbre appareil électroménager, si béni en ces périodes estivales. Place à l’‎Œil du frigo qui nous décrypte une scène culte de ce film sorti il y a presque quarante ans

    Un peu de fraîcheur avec cette séquence d'E.T. devant un frigo. Évidemment, on ne présente plus ce sympathique extraterrestre qui nous a rendu une visite dans les années 1980. Depuis,  plus de nouvelles : à croire qu'il n'a pas aimé la terre. À moins que cela ne soit à cause du frigo. Je me suis toujours demandé, déjà tout petit - ça date un brin - ce que penseraient les extraterrestres s'ils ouvraient un de nos frigos... Question métaphysique qui n'a jamais trouvé de réponses et qui m'a plongé après quelques dépressions spatiales à me demander si les extraterrestres existaient vraiment (à part moi, bien sûr). Bref, E.T. ouvre cette fabuleuse porte comme si un trésor se cachait derrière. On a déjà vu que Spielberg vénérait les frigos puisqu'on peut se cacher dedans en cas d'explosion nucléaire.

    Ici, ce cher Frigo est le réceptacle de nos trésors. Il est pour une fois très bien achalandé. Pas question que cet invité de marque ne découvre un frigo désert. E.T. se jette directement sur la salade de patates toute préparée de chez Boys. Allez comprendre cette marque... Certainement parce que les "boys" que nous sommes ne savent pas faire de salade de patates. Première claque : si un jour je fais un récital de l’œil du frigo je vous ferai une salade de patates à flinguer un extraterrestre. D'ailleurs E.T. ne se trompe pas : il goûte et jette le pot au chien (j'aime quand les claques font boomerang). Il aurait pu avec tout ce qui se trouve devant lui se préparer une super recette, un peu extraterrestre, avec des épices de chez lui, saupoudrée de kryptonite. Mais non, dès son arrivée , il se comporte comme un américain, salade toute préparée, et direction la bière au fond du frigo. Finalement E.T. est un Américain moyen, moche, avec du ventre et des doigts bizarres. Spielberg, nous explique ça en deux plans : qu'avons nous à montrer à ces habitants du nouveau monde ? Rien, messieurs les E.T. : venez vous soûler dans nos frigos. Oui, je sais, je suis dur, mais la preuve est là : toujours pas d'E.T. en vue depuis plus de vingt ans... On les a dégoûtés !

    Encore une petite remarque sur la porte du Frigo , le pot en haut à gauche au couvercle jaune en début de séquence, dont je n'arrive pas à identifier le contenu, devait être drôlement bon puisque l'assistant réalisateur à du le faire disparaître au profit d'un pot à couvercle blanc sur le plan de la bière.

    Il s'en passe des choses dans les frigos. E.T. aurait pu nous crier tout le film "E.T. frigo !": cela aurait été plus classe, plus mystique, plus E.T., bien plus poétique que "E.T. maison !".

    ODF

    E.T. l'extraterrestre, science-fiction de Steven Spielberg
    avec Henry Thomas, Drew Barrymore, Robert MacNaughton,
    Dee Wallace et Peter Coyote
    Etats-Unis, 1982, 115 mn

    Voir aussi : "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    "E.T. Frigo"

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