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L'édition 2019 du Festival "42 Heures pour un Court" se prépare.
Cela se passera à Montargis, du vendredi 8 novembre à 18H au dimanche 11 novembre, avec, à 15H, la projection des courts-métrages réalisés pendant ces 42 heures, et à 20H la remise des prix par le jury.
Le principe de ce concours ciné est d"une simplicité évangélique : - 4 contraintes à respecter - 8 minutes pour raconter une histoire - 42 heures pour écrire, tourner et monter un court-métrage
Les vidéastes confirmés ou amateurs, entre amis ou entre collègues, invités à participer au 13e triathlon vidéo de Montargis qui aura lieu du 8 au 10 novembre 2019.
Pour commencer, un petit mot sur le titre mystérieux du dernier EP du duo belge The Joy of Missing Out : Run SOFA se veut un hymne à la passion du jeu-vidéo, pratique plus sociale qu’on ne veuille bien le dire lorsqu’il est prétexte aux retrouvailles de deux cousins (Ask My Cousin) devant une partie de Red Dead Redemption, de Fortnite ou de FIFA.
Assumant ce concept artistique, le groupe a été jusqu’à proposer ni plus ni moins qu’un jeu-vidéo pour accompagner les titres de Run SOFA. Le jeu permet de se plonger dans l’univers de The Joy Of Missing Out, mais aussi de découvrir la musique dans une version alternative qui rappelle l’insouciance de l’enfance, lorsque l’on jouait sur la Sega Megadrive de sa grande cousine.
L’électro-rock du duo formé par Antoine et Julien se veut sans concession : nerveux et sombre (Weird) ou aux rythmiques rap (Ask My Cousin), comme un trip-hop à la Tricky qui aurait été revisité par nos deux Belges subversifs.
Cet EP sonne comme un ensemble homogène, même lorsqu’il puise dans des sons industriels (27) ou lorsque les sons se télescopent, à l'instar de Not A Song. Là, les riffs de guitares saturées très punk-rock, les voix fatiguées et l’électronique sont poussés jusqu'à leurs derniers retranchements.
Le titre The New Us est tout en recherche lui aussi. L’électro-rap est sous méthamphétamine et le duo belge ne s'embarrasse pas de circonvolutions : ils semblent avancer en terrain miné dans une musique industrielle nineties, avant un atterrissage presque en douceur avec A Smilar At Ur Face. Ce dernier morceau se veut presque apaisé, comme après une nuit sous acide, ou derrière la console. Ou les deux, comme on voudra.
Évidemment, faire une chronique sur une pièce de théâtre écrite c’est ne voir qu’un revers d’une médaille : parler d’un texte sans pouvoir évoquer la mise en scène et l’interprétation.
Come back incognito d’Yves Caussiol, cette "histoire […] plaisante, cocasse, grinçante et pleine d’humour", comme le dit Michel Le Royer de la Comédie française, a été adapté sur planche à Paris au Théâtre Montmartre Galabru. Mais puisqu’une pièce de théâtre est d’abord un texte écrit avant d’être joué, intéressons-nous à cette fable d’Yves Caussiol.
Dans un village normand, un ancien interne arrive comme le messie pour s’installer dans un cabinet et remplacer un médecin sur le point de partir à la retraite : cela tombe bien car ce nouveau confrère est précisément le messie ! Jésus s’ennuie en effet et veut revoir les hommes malgré les (mauvais) souvenirs dont il garde de son séjour sur terre : "En bas, au moins, il y a de l’action, des guerres. Ici, je ne sers plus à rien, je m’ennuie."
Réincarné en jeune médecin, sous le nom d’Issa, Jésus découvre la vie d’un cabinet en plein désert médical. Comme abandonné au milieu d’une population de pauvres hères : une secrétaire acariâtre, un agriculteur paralysé – que Jésus, bien entendu, refait marcher – un maréchal-ferrant passablement "vicieux", un enseignant usé, une prostituée et deux agricultrices.
Une comédie à la fois joyeuse et grinçante
Aussi perdu que ces habitants, Jésus se débat pour exercer une médecine plus ou moins orthodoxe, et aux méthodes qui, pour le moins, ne laissent personne indifférent. Mais il a surtout cette capacité de discuter et d’écouter avec bienveillance, en dépit de l'incompréhension manifeste entre le Christ et des humains dans ce trou normand... Grâce à Issa/Jésus, les habitants en ressortent bouleversés : "Ah Seigneur ! Vous m’avez exaucé en m’envoyant ce remplaçant. Mes patients seront entre de bonnes mains, je pourrai enfin me reposer", dit son vieux prédécesseur dans un des monologues du dernier acte. Le Fils de Dieu en sortira lui aussi changé, avec d’autres projets pour ces frères humains.
Il fallait une sacrée audace pour oser proposer une œuvre autour d’une divinité descendant sur terre. Yves Caussiol le fait dans une comédie à la fois joyeuse et grinçante. L’auteur choisit pour décor un lieu qu’il connaît bien : un cabinet au cœur d’un désert médical, lui qui a été dentiste dans le civil avant d’entamer une seconde carrière dans le théâtre, d’abord comme acteur puis comme auteur avec cette première pièce.
Pour Come back incognito, Yves Caussiol choisit la farce et la fable pour parler de conditions humaines. Les calembours, des jeux de mots ou des quiproquos parsèment une pièce dans laquelle les hommes et les femmes sont des pantins, des clowns ou des caricatures mais aussi des êtres de chair et de sang tour à tour perdus , grossiers, déprimés, misérables ou encore plein d’espoir.
Il ne reste plus au lecteur que de découvrir ou redécouvrir cette pièce sur scène.
Nous apprenions le week-end dernier que le célèbre restaurant de la Mère Poulard, situé sur le non moins légendaire Mont-Saint-Michel, avait subi un incendie, l’obligeant à fermer pour un temps indéterminé. Voilà qui allait décevoir quelques milliers amateurs désireux de goûter à la réputée omelette cuite au feu de bois.
Heureusement, la réalité a su déjouer l’emballement médiatique puisque moins de trois jours après cet incendie, moins grave que ne laissaient entendre les informations, La Mère Poulard était de nouveau aux fourneaux.
Le bloggeur était impatient de goûter cette fameuse omelette tellement réputée que son prix atteint même des records : 38 euros l’assiette ! Bon, avouons-le, le clients paye autant la réputation que le décorum d'un restaurant qui n’a sans doute rien à voir avec l’établissement d’origine. Né en 1888, cette auberge locale était destinée, nous dit la petite histoire, à accueillir les pèlerins venus visiter le Mont-Saint-Michel avec une recette simple d’omelette cuite au feu de bois.
Mais, et le repas, alors ? Vaut-il vraiment le déplacement ?
La célébrité de l'enseigne a fait le reste : aujourd’hui, ce sont les touristes de tous horizons et quelques célébrités, et dont les minois sont portraitisés au mur de l’auguste établissement, qui peuplent la salle luxueuse, avec un accueil impeccable de la part des serveurs. Touristes, curieux, people et gourmets se donnent rendez-vous à la Mère Poulard, immanquable puisqu’elle se situe tout en bas du mont, histoire pour le visiteur de se remplir préalablement le ventre avant la montée vers l’abbatiale.
Mais, et le repas, alors ? Vaut-il vraiment le déplacement ? Saluons pour commencer l’esthétique hors du commun de cette fameuse omelette présentée à la manière d’une calzone savamment pliée. La cuisson lui donne une apparence de dentelle fine – après-tout, nous sommes en Normandie. Une délicate mousse d’œufs s’échappe puis vient baigner l’omelette que je vous invite à déguster avec une fricassée de champignons frais, présentés dans une charmante petite poêle. Gustativement, c’est là que le bât blesse. On saluera bien entendu la recette unique de cette omelette alliée à une cuisson traditionnelle. Pour autant, rien de réellement transcendant dans ce plat : peu relevé – si l’on excepte l’accompagnement – l’omelette de la Mère Poulard m’a déçue. Il ressort de cette dégustation un goût de frustration et de : "Ah, c’est donc ça…" Pour 38 euros l’assiette, l’addition s’avère pour le moins salée.
Il ne vous reste plus qu’à essayer tout de même, tant la Mère Poulard est le lieu légendaire qu’il faut voir au Mont-Saint-Michel.
Nous l’annoncions sur Bla Bla Blog : Astérix est de retour cette année pour un 38e album scénarisé et dessiné pour la quatrième fois par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
Après le voyage en Italie du précédent opus (Astérix et la Transitalique), nous retrouvons Astérix, Obélix, Idéfix et consorts en Armorique pour une aventure autant qu’une rencontre avec la fille de Vercingétorix. Le rejeton du célèbre chef gaulois, traquée par les Romains, trouve refuge dans le village des irréductibles gaulois, seul endroit dans la Gaule occupée à pouvoir assurer sa protection. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la présence de cette ado pas comme les autres va provoquer moults bouleversements intergénérationnels…
Même si Uderzo a laissé la main, les créateurs de ce nouvel opus entendent respecter l’esprit des aventures du petit Gaulois, d’autant plus que l’histoire s’inscrit au cœur du village breton, résistant toujours à l’envahisseur des troupes de César grâce à leur potion magique.
Pour La Fille de Vercingétorix (éd. Albert René), les lecteurs auront droit à une invitée de marque, puisqu’il ne s’agira ni plus ni moins que la fille du vainqueur d’Alésia. Ce personnage fictif, véritable people avant l’heure, est avant tout une jeune fille confrontée aux problématiques classiques de l’adolescence et le parfois douloureux passage à l’âge adulte. Si son illustre père n’apparaît qu’à l’occasion d’une case dans toute la série, la jeune adolescente porte l’album comme sans doute aucun personnage féminin ne l’avait fait jusque-là dans la série. Elle est la force motrice qui, par ses décisions, conduit l’action de bout en bout, allant jusqu’à épuiser parfois Astérix et Obélix dont la mission consiste à la suivre… En ce sens, elle est donc la première véritable aventurière de la série, l’histoire de cette 38e aventure reposant entièrement sur elle.
Mais que ferait une adolescente esseulée dans un petit village Gaulois, à part "s’ennuyer à mourir" et surfer sur sa tablette en pierre ? Dans un élan de grande bonté, les auteurs lui ont concocté une petite surprise : la création de tout un tas de copains ! Jusque-là dans l’ombre de leurs parents, les jeunes du village n’ont jamais occupé la place qu’ils méritaient dans la série. Justice leur soit rendue, grâce à l’imagination débordante de Jean-Yves Ferri et au coup de pinceau de Didier Conrad.
Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, La Fille de Vercingétorix, éd. Albert René, 48 p., 2019 https://asterix38.com
Il n’y a pas d’âge pour "oser dire, oser se dire" : voilà qui pourrait résumer cette chronique qui s’intéresse à Emma Lacour, sorte de Brigitte Fontaine slameuse et électo égarée dans le 16e arrondissement. Cette artiste se révèle sur le tard avec un premier single, après, précise-t-elle, la révélation du djembé qu’elle apprend à l’âge de cinquante ans.
Son titre Asphyxiée, véritable cri de réveil d’une femme au bord de la crise de nerf, est, derrière sa facture fun et léchée, le témoignage d’une femme qui prend conscience de l’illusion qu’était jusqu’alors sa liberté, lorsqu’elle est prisonnière de schémas, d’archétypes et de conventions.
Le clip Asphyxiée tape sur ce qui était - on l’imagine aisément - la vie d’avant de cette bourge du XVIe : "dîners superficiels", "mal-baisées", conversation insipides, bien-pensants, "bien-disants", "bien-nés" ou "faux rebelles." Emma Lacour balaie d’un revers de main un milieu qui l’a empêchée de se révéler et d’aller vers les autres : "Et moi je suis là et je me vois dans leur miroir tendu / Ça me déprime ça me décime et dans ma tête ça fait du bruit / Oui c’est bien moi ce reflet-là même si je n‘en peux plus / En vérité je passe mon temps à chercher qui je suis."
Une Brigitte Fontaine slameuse et électo égarée dans le 16e
Dans ce titre à l’électro-pop neurasthénique, Emma Lacour balance à tout va : les réseaux sociaux à gogo, le faux humanitaire et le vrai non-engagement, l’incapacité à renoncer au confort et, plus globalement, toute une "génération désengagée."
Cette nouvelle Marie-Paule Belle, qui aurait troqué son piano droit contre une console de mixage, ose dire, ose chanter, ose slamer : "Encore les mêmes qui critiquent tout du fond de leur fauteuil cossu / Qui se sentent au-dessus de la mêlée car ils ont du pouvoir / Qui jouissent de leur blagues salaces au dépend des premières venus / Ça évite de regarder en soi ce qui pourrait tant décevoir."
La Bourge du XVIe, moins un titre qu’une marque de reconnaissance qu’elle arbore comme un étendard, est la naissance d’une artiste singulière et décalée. Grinçante, drôle et ayant beaucoup à dire, Emma Lacour est sans nul doute à surveiller et à suivre à la trace.
Allez, on prend les paris qu’elle va faire très vite parler d’elle.
Les bibliothèques sont des lieux incontournables du savoir, mais pourquoi ne pas les voir également comme des lieux de tourisme à visiter et à découvrir ?
Holidu, le moteur de recherche de locations de vacances, a dressé une liste des plus belles bibliothèques d'Europe, en sélectionnant 5 bâtiments modernes et 5 plus traditionnelles.
Parmi ces bibliothèques, une seule vient de France, et il ne s’agit pas forcément celle que l’on attendait.
À visiter, et en silence si possible, bien entendu.
A Vienne on s’attend toujours à une architecture classique, à des bâtiments colorés, à croiser Sissi au coin de la prochaine rue… Mais ici, rien de tout ça. Cette bibliothèque à l’architecture hors du commun ressemble à un sous-marin. À moins que ce ne soit un robot, ou à… un mouvement. Une architecture si moderne et si futuriste, et qui date pourtant de 1898. Du modernisme avant l’heure. Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données. Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H https://www.wu.ac.at
Aussi connue sous le nom de "diamant noir", la bibliothèque royale de Copenhague est un véritable joyau d’architecture néo-moderne. Située dans le centre historique et dominant le détroit de l'Øresund elle fut construite en 1999. Un style assez surprenant aux multiples facettes. Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données. Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H http://www.kb.dk/en
Une bibliothèque étudiante ou une oasis au beau milieu de la ville ? La bibliothèque universitaire de Varsovie a été fondée en 1816, et son nouveau bâtiment inauguré en 1999. Résolument moderne et colorée, elle comprend également une terrasse avec quatre jardins différents. Sa beauté lui a valu de nombreuses récompenses. Catalogue : 350 000 volumes Heures d'ouverture : tous les jours de 9H à 21H https://www.buw.uw.edu.pl
Sans conteste une œuvre architecturale comme on en trouve peu. La bibliothèque centrale d’Oodi et ses courbes mystérieuses, nous emportent à bord de son navire et sur les flots. Depuis son inauguration en 2018, beaucoup événements et de workshop y sont organisés, notamment sur le sujet du développement durable. Catalogue : 100 000 livres (en 17 langues), journaux, films et jeux vidéo Heures d'ouverture : milieu de semaine de 8H à 22H et le week-end de 10H à 20H https://www.oodihelsinki.fi
Dessinée par l'architecte coréenne Eun Young Yi, la bibliothèque municipale de Stuttgart, est un véritable bijou d’architecture. Un style contemporain et minimaliste, que l’on croirait presque imaginé pour Instagram. Ses neuf étages se rejoignent en empruntant un escalier en colimaçon très différent puisqu’il est carré… Catalogue : 500 000 volumes Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 9H à 18H http://www1.stuttgart.de/stadtbibliothek
Le classement s’intéresse aux bibliothèques traditionnelles et plus anciennes :
La bibliothèque John Rylands à Manchester a été ordonnée en 1889 par Enriqueta Rylands en mémoire de son mari. Dessiné par l'architecte Basil Champneys, ce somptueux un bâtiment néo-gothique a pris 10 ans à la construction. La bibliothèque aujourd’hui abrite une grande collection de livres rares et de manuscrits. Catalogue : 250 000 livres, un million de manuscrits Heures d'ouverture : du mardi au samedi de 10H à 17H et les lundi et dimanche de 12H à 17H https://www.library.manchester.ac.uk/rylands
La plus grande bibliothèque monastique du monde se trouve à Admont en Autriche. Son style baroque nous transporte tout droit dans un conte de fée... Les murs sont couverts de fresques et de dorures et les pièces très lumineuses à fin "d’éclairer les esprits". L'entrée coûte 11,50 €. Catalogue : 200 000 volumes Heures d'ouverture : tous les jours de 10H à 17H https://www.stiftadmont.at/seitenfehler
Si le style Rococo n’est pas au goût de tous, il faut bien avouer qu’il est tout de même impressionnant. Cette incroyable bibliothèque se cache dans un monastère bénédictin du début du XXe siècle. Longue de 72 mètres, richement décorée de fresques, de statues et de colonnes en marbre, c’est un émerveillement assuré. L’entrée est de 5 €. Catalogue : 9 000 volumes Heures d'ouverture : du mardi au dimanche de 10H à 17H https://kloster-wiblingen.de
La bibliothèque Marciana est l’une des plus grandes et plus prestigieuses bibliothèques d'Italie. Elle contient l'une des plus importantes collections de manuscrits grecs, latins et orientaux au monde. Située sur la fameuse Piazza San Marco, elle se distingue par un style élégant et résolument inhabituel pour cette période de fin du XVIème. Catalogue : 622 804 volumes, 2 887 incunables, 13 113 manuscrits, 24 069 manuscrits du XVIe siècle Heures d'ouverture : milieu de semaine 8H20 à 19H et le week-end de 8H20 à 13.30 https://marciana.venezia.sbn.it
Cette belle bibliothèque parisienne a été achevée en 1850 et a la particularité de ne s'inscrire dans aucun courant artistique. Il est donc sujet à la "libre interprétation". Sur les murs de la nef principale sont gravés les noms des auteurs les plus importants. Catalogue : 1,5 million de volumes, 85 000 manuscrits, 15 000 périodiques, 87 bases de données. Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 14H à 18H http://bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls
Jamais là mais pourtant omniprésent, Wolfgang Amadeus Mozart est bien la figure centrale du roman d’Isabelle Duquesnoy consacré à sa femme Constanze Weber, que l’auteure fait parler dans son récit passionnant.
La redoutable Veuve Mozart (éd. La Martinière) démarre le 5 décembre 1791 à la mort du compositeur de La Flûte enchantée. Aux abois, l’artiste laisse, malgré l’admiration qu’il suscite, une dette importante, laissant sa femme et ses deux enfants dans une situation critique. Là sans doute réside l’explication de ce combat que n’aura de cesse de mener la veuve Mozart pour défendre à la fois l’héritage artistique de son mari et permettre à elle et ses deux fils, Franz-Xaver, dit Wolfgang Mozart II, et Carl Thomas, de sortir de la pauvreté. C’est ce dernier, l’aîné de la fratrie et aussi ancien fonctionnaire de Napoléon Ier, qui apparaît en filigrane du récit écrit à la première personne par Constanze.
Ce qui intéresse Isabelle Duquesnoy est bien entendu le destin de la veuve Mozart, autant que l’histoire d’une famille autrichienne pas tout à fait comme les autres. Il pèse en particulier sur les enfants Mozart autant le poids d’un compositeur exceptionnel (le plus jeune enfant, bien que musicien, sera dans l’incapacité d’approcher la notoriété de son père) que le caractère combatif et étouffant d’une femme qui s’est résolue à défendre l’œuvre de son mari et à se battre contre les créanciers et faire-valoir ses droits – que l’on pense à l’histoire des droits sur le Requiem.
Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent
Isabelle Duquesnoy, à travers son livre La redoutable Veuve Mozart, entend aussi dépasser les différentes légendes autour de Mozart – la commande du Requiem, la jalousie de Salieri, le corbillard roulant seul pour conduire la dépouille mortelle jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. L’auteure souligne aussi la situation inconfortable de Mozart, à la fois admiré et rejeté en raison notamment de son appartenance à la franc-maçonnerie : "[Il] détestait les aristocrates, mais il ne souhaitait pas d’autres reconnaissances que la leur. Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent. Il avait faim de leurs compliments, ils l’endettèrent. Il rêvait de les faire danser, ils l’enterrèrent. Je n’ai pas d’autre but que de leur faire regretter cette méprise."
Constanze Weber, veuve qui vouait un amour et une admiration inconditionnelle à "son Mozart" mari (que l’on pense à la scène de la recherche de son crâne dans la fosse commune), est bien plus qu’une défenseuse zélée de ses droits moraux : elle se montre opiniâtre pour payer ses créanciers, ne pas laisser le Requiem lui échapper, se mettre, elle et ses enfants à l’abri du besoin et aussi faire de Mozart une marque rentable à travers des produits dérivés, une fondation et bien entendu des concerts (nous sommes au début du XIXe siècle!).
Isabelle Duquesnoy peint aussi le paysage passionnant de l’Europe plongée dans les turpitudes de la Révolution française et de l’Empire napoléonien, dont Carl Thomas fut un fidèle serviteur.
Vrai roman historique, richement documenté et salué par la Fondation Mozarteum de Salzbourg, La redoutable Veuve Mozart est tout aussi passionnante pour des portraits émouvants et souvent aussi sans concession de quelques personnages historiques : Haydn, Casanova, Beethoven ou Nannerl Mozart.
Voilà un roman qui redonne vie à un compositeur légendaire comme à une femme peu connue, mais essentielle pour comprendre la pérennité d’une œuvre sans égal.