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Bla Bla Blog - Page 210

  • Naissance de LeHache

    "Qui n’est occupé à naître est occupé à mourir" : cette citation de Bob Dylan illustre à merveille le premier album de LeHache, Né ! Une vraie naissance musicale pour un auteur-compositeur qui s’est autant nourri de littérature et de poésie françaises (François Villon, Victor Hugo, Jack Kerouac ou Henry Miller) que de musiciens folks (Woody Guthrie, Yves Simon ou Bob Dylan, justement). D’autre noms peuvent être invoqués à l’écoute de l’opus de LeHache : Georges Brassens, Anne Sylvestre et même Bobby Lapointe.

    Christian Le Hache, dans l’état-civil, a fait longuement infuser son art en se frottant à des projets tous azimuts, essentiellement dans la région Rhône-Alpes : Jazz avec Kayros (Jazz Clubs de Chalon sur Saône, Bourg En Bresse et Lyon), le collectif AFAG (Festival Un Doua De Jazz à Villeurbanne), l’électro-jazz avec le duo NH++ (Nuit de tous les jazz à Porte-Les-Valence), l’adaptation rock autour du répertoire de Bob Dylan avec Edith Grove (SMAC La Tannerie, Bourg En Bresse) ou encore la création du trio a cappella Cortex Sumus en 2011.

    Né !, écrit avec son co-parolier Gérard Viry, sonne comme l’aboutissement d’un parcours artistique atypique que le musicien retrace à sa manière, faisant de son opus un autoportrait, riche de souvenirs (Jalousie, Honfleur), de confessions (Le jardin retrouvé) et de saynètes intimes, à l’instar de La revanche de L'Édredon ou de Mes Gauloises bleues.

    Ces fameuses Gauloises bleues renvoient bien entendu aux cigarettes emblématiques de Serge Gainsbourg, à une époque où les préoccupations sanitaires n’étaient pas celles d’aujourd’hui, mais aussi à Yves Simon et à sa chanson Les Gauloises bleues. LeHache confie ceci : "Je pense à ces nuages de l'époque. Gainsbourg pour les nuages (mais il était plus Gitanes que Gauloises) et Yves Simon, bien sûr, référence majeure… Cependant Yves Simon évoque les Gauloises comme un jardin secret de jeunes gens. Dans Mes Gauloises Bleues nous [Gérard Viry et LeHache] évoquons plutôt un type devenu vieux, qui s'envole pour le dernier voyage."

    Sincérité, simplicité et exigence

    La mort n’est pas absente de cet album singulièrement nommé Né ! Cet premier opus frappe par sa sincérité, sa simplicité et son exigence. Guitare sèche et voix au grain âpre : nous ne sommes pas en terrain tout à fait inconnu avec ce chanteur qui a digéré de multiples influences tout au long de sa carrière, que ce soit Georges Brassens (Onde vagabonde), Hugues Aufray (Ce pays est à toi), Boris Vian ou Sanseverino (La jeune bouchère, Né !).

    Le choix de l’acoustique permet à l’auteur-compositeur de laisser un boulevard à des mélodies parfois étonnantes de complexité, à l’instar de Jalousie, et surtout aux textes ("Mon petit doigt me dit qu’il n’est point spectaculaire / D’arpenter chaque jour les mêmes recoins de la terre / La vie fait des mystères mais d’une chose je suis sûr / J’aime le bout du nez au milieu de la figure", Né!).

    Les chansons de LeHache sont teintées de couleurs pop-folk (Ce pays est à toi), manouches (La jeune bouchère) ou latinos (À force de lumières). Né ! Est un vrai album généreux et une invitation bienvenue à une France à la fois plurielle mais jamais amnésique de ses traditions musicales (le Gainsbourg, en filigrane de Mes Gauloises Bleues, nous l’avons dit) et même littéraires (Henry Miller).

    Faux désinvolte et vrai troubadour contemporain à l’heure des Trente Piteuses, LeHache propose des déambulations et des voyages – intérieurs ou non – qui sont prétextes à des flux de souvenirs, quand ce ne sont pas des regrets (Honfleur). L’autodérision n’est jamais absente, lorsque par exemple le chanteur parle de lui-même ("Je sais rien faire de mes dix doigts / Quand je bricole je bousille / Si j’aide dans un chantier / Ça faire rire les filles / À mon âge avancé je suis célibataire / Car je cherche une femme qui aurait les goûts de ma mère", Le jardin retrouvé). Il sait aussi se faire touchant à l’évocation d’un premier amour, évanescent et éternel tout à la fois (Durance).

    Dans cet opus à la folk aventureuse (Guapo), les introspections deviennent des cavalcades, avec la voix sans fard de LeHache, la guitare bien calée contre lui. Une naissance, certes sur le tard, d’un auteur-compositeur à suivre.

    LeHache, avec Gérard Viry, Né !, autoproduit, 2019
    www.lehache.fr
    "De fièvre et de Sang"

    http://www.sylviethouron.fr

    Voir aussi : "Du plaisir à Eugene avec Loftän"

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  • Dans la zone

    Depuis plusieurs mois, on l’attendait. – Quoi ?– Le retour de Twilight Zone. La Quatrième Dimension a fait les beau jours de la télévision depuis 1959 et a marqué des générations de spectateurs. Rod Steiger, créateur et narrateur concis et froid, présentait des épisodes tour à tour fantastiques, incroyables, facétieux et troublants, parvenant à chaque fois – ou presque – à dérouter des spectateurs scotchés devant ces petits bijoux, ne dépassant souvent pas les 25 minutes. La série américaine s’offrit même le luxe de s’offrir quelques stars : Buster Keaton, Lee Marvin, Mickey Rooney, Robert Redford, Dennis Hopper, Leonard Nimoy, Charles Bronson, Agnes Moorehead, Patrick Macnee, Martin Landau, Roddy McDowall ou Peter Falk.

    Il y a eu dans les années 80 une nouvelle version, cette fois en couleur et avec une voix off venue d’outre-tombe. Avouons-le : la magie n’opérait plus. Une Treizième Dimension, diffusée au début des années 2000, plus discrète encore, ne marqua pas plus les esprits, malgré la présence de Forest Whitaker en narrateur. La version en noir et blanc de Rod Steiger continuait à être la référence considérée comme indépassable. Cette année, nous apprenions que Twilight Zone revenait, avec cette fois Jordan Peele (Get Out, Us, la série Fargo) dans le rôle du narrateur, apparaissant au début et à la fin de chaque épisode. Quelles surprises allaient nous proposer ce nouveau Twilight Zone ? 

    Pour cette saison proposée par CBS, 10 épisodes sont proposés, avec le même ADN : des scénarios alambiqués, une intrigue se terminant par une chute spectaculaire ou étonnante et des personnages perdus dans une réalité qui perd soudain pied, sans oublier la bande originale reprise pour les génériques de début et de fin et le célébrissime thème de Jerry Goldsmith.

    Sans oublier le célébrissime thème de Jerry Goldsmith

    La première saison de la série propose dix histoires mystérieuses et parfois terrifiantes de gens ordinaires perdus dans une autre dimension, faite tour à tour de rêves, de cauchemars ou de folies. Un humoriste sans talent se voit proposer un talent soudain et irrésistible mais à un prix très élevé. Un passager apprend en détail par un podcast que l’avion où il est embarqué va s’écraser. Une femme noire va essayer de déjouer un destin cruel grâce à un caméscope aux étranges pouvoirs. En Alaska, une policière se trouve nez à nez avec un voyageur pendant la nuit de Noël. Un conseiller un communication suit un jeune garçon, persuadé qu’il peut devenir le futur Président. Quatre astronautes sont en toute vers Mars sans doute au plus mauvais moment. Une jeune femme est témoin d’une pluie de météorites aux conséquences incroyables… Voilà quelques épisodes proposés, pouvant séduire ou non, avec des mention spéciales pour Cauchemar à 30 000 pieds pour son ton grinçant, au formidable Replay, interprété de main de maître par Sanaa Lathan et à Pas tous les hommes, efficace, engagé et lorgnant avantageusement du côté de Stephen King.

    Le racisme, le populisme, le féminisme, les menaces qui pèsent sur la planète, la bioéthique ou la soif de célébrité : finalement c’est de notre monde et de nous que parlent ces épisodes fantastiques, tout comme la guerre froide, l’apocalypse nucléaire ou les OVNIS (qui ne sont cependant pas absents de la version de Jordan Pelle) étaient des thèmes abordés dans les épisodes des années 60.

    Ces dix voyages entre rêves et cauchemars, malgré quelques ratés (Six degrés de liberté) sont à découvrir en ce moment. Bienvenue dans la quatrième dimension. Forcément mémorable.

    The Twilight Zone, série de science-fiction et fantastique de Jordan Peele
    saison 1, 2019, sur Canal+

    Voir aussi : "Fallait-il une nouvelle adaptation du Nom de la Rose ?"

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  • Cœur de Pirate de retour dans les bacs

    C’est une reprise étonnante que nous propose Cœur de Pirate, avec Femme Like U. Ce tube des années 90 de K. Maro, qui a fait les beaux jours des boîtes de nuit avant de tomber dans l’oubli, reprend vie grâce à notre Québécoise préférée.

    Femme Like You par Cœur de Pirate est le 3e titre de la compilation Back dans les bacs, après la sortie de Je Danse Le Mia repris par Corine et Angela des Saïan Supa Crew, révisité par Mathieu Boogaerts.

    Femme like U se pare de couleurs pop acidulées et d’une rythmique lancinante. Le clip est à l’avenant : l’auteure de Comme des enfants fait une lecture moins dansante que langoureuse du titre de K. Maro, qui ne pouvait pas rêver plus belle adaptation.

    Bla Bla Blog vous propose de découvrir de ce qui promet déjà d’être un incontournable tube pour cette fin d’année et un retour nostalgique vers les années 90.

    Pour la compilation de Back dans les bacs, Cœur de Pirate côtoira Alex Beaupain, Matthieu Boogaerts, Corine, Arielle Dombasle, Doriand, Élodie Frégé, Mareva Galanter, Holybrune, Igit, Madame Monsieur, Inna Modja, Navii, Lili Poe, Rocky et Shy’m.

    Cœur de Pirate, Femme like U, in Back Dans Les Bacs, E47 Records, 2019
    https://backdanslesbacs.lnk.to/FemmeLikeU

    Voir aussi : "Imagine all the people"

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  • Contes symphoniques de Samy Thiébault

    Nous avions parlé il y a quelques semaines du précédent album de Samy Thiébault, Caribbean Stories et de son jazz se nourrissant de couleur créoles et caribéennes. Revoilà notre saxophoniste avec Symphonic Tales, un album tout autant syncrétique et bigarré, et cette fois avec grand orchestre, pour un alliage ambitieux entre jazz, classique mais aussi musiques du monde.

    Ces contes symphoniques avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne, sous la direction d'Aurélien Azan Zielinsky, sont autant de morceaux de bravoure, d’une ambition désarçonnante. Le premier titre, The Flame, cueille ainsi a froid l’auditeur grâce à son opulente richesse musicale aux parfums orientaux.

    Pour cet opus, Samy Thiébault s’est entouré, en plus de l’ensemble symphonique breton, d’Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse, Philippe Soirat à la batterie et Mossin Kawa au tablas. "Après m'être réapproprié la lenteur, j'étais mûr pour l'orchestre" commente le saxophoniste de jazz, qui avoue aussi s’être essayé à la composition symphonique lors de ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. "Cela correspond à des choses que je voulais entendre chez moi depuis longtemps"ajoute-t-il, dans cet opus finalement plus personnel que ne laisse entendre la réalisation impressionnante de Sébastien Vidal et de Philippe Teissier Du Cros au son.

    Facture classique et facile ? Non : mais romantisme et goût de l'épique, à l'instar d'Élévation dont la puissance lyrique est contrebalancée par un deuxième mouvement jazz que l'on croirait cinématographique.

    Les deux premiers titres de ces Symphonic Tales constituent à eux seuls presque la moitié d’un album composé de huit morceaux. C’est dire la place de The Flame et Élévation, impressionnants dans leur architecture comme dans leur orchestration. Samy Thiébault ignore la frontière entre jazz et classique, entre John Coltrane et Claude Debussy ou entre Ravi Shankar et Maurice Ravel.

    Diva and Shiva, romanesque et enlevé, donne au saxophone toute sa place comme si le jazzman proposait un concerto bigarré, coloré et aventureux. Pour Jahan Jog Joy, on sent tout le parfum orientalisant, laissant aussi toute sa place à l’ improvisation. À l’instar du titre Ajurna, aux percussions d’une belle variété, l’artiste mixe les influences avec une passion communicative.

    L'album se termine sur un Diwali concis, mais non moins coloré en guise de clôture délicate et déroutante.

    Samy Thiébault, Symphonic Tales
    Avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne, s
    ous la direction d'Aurélien Azan Zielinsky
    Gaya Music/l’Autre Distribution, 2019

    http://www.samythiebault.com
    https://www.facebook.com/samythiebault

    Voir aussi : "Les histoires caribéennes de Samy Thiébault"

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  • Qui connaît Allain Leprest ?

    Hexagone, le magazine de la chanson, propose ce trimestre un dossier spécial consacré à Allain Leprest. Alors que cette très belle revue de référence s’interroge sur sa propre pérennité ("Voilà que nous entamons – déjà – notre quatrième exercice. Sera-t-il le dernier ?" écrit avec beaucoup de gravité David Desreumaux, le rédacteur en chef), voilà qu’Hexagone s’offre le luxe de s'intéresser à un artiste majeur mais largement méconnu.

    Qui connaît Leprest, ce chanteur immense, décédé tragiquement en 2011 ? Une réflexion frappante revient régulièrement tout au long de ces chroniques et interviews : comment un tel artiste, jugé à l’égal d’un Brel, d’un Ferré ou d’un Brassens, a-t-il pu passer sous les radars du grand public et des médias, alors que la réputation d’Allain Le Prest était bien ancrée dans le milieu musical tout au long de sa carrière ? Didier Pascalis, son dernier producteur (Tacet), le résume ainsi : "Nous sommes dans une sorte de paradoxe : tous les journalistes, tous les professionnels savent qu’Allain Leprest était un génie, mais ces chansons ne passent pas à la radio…" Son ami et représentant de droit moral avance une explication : "Les gens qui reconnaissent le génie d’Allain, ceux qui disent que ses disques sont formidables ne sont pas les faiseurs d’opinion."

    Cela rend d’autant plus remarquables les tentatives de faire découvrir l’œuvre de Leprest, à l’instar de Gauvain Sers qui a fait sans doute plus pour sa reconnaissance grâce à quelques syllabes répétées dans son titre Pourvu que beaucoup de spécialistes ou passionnés.

    La revue propose de relire l’interview qu’Allain Leprest avait donné en juin 2002 au webzine L’art-scène, une entrevue dans laquelle le musicien se dévoilait sans artifice, revendiquant son indépendance, tout en parlant de ses relations avec les éditeurs, de ses ateliers d’écriture, de son engagement, de la peinture ou d’une reconnaissance artistique que lui-même confie avoir obtenu : "Ça doit faire vingt-cinq ans que je fais officiellement ce métier, et comme on parlait d’artisanat, j’ai eu l’impression de passer un CAP de chanteur, d’être reconnu par mes pairs et d’être reconnu par ce qui doit être dévolu à un chanteur, c’est-à-dire un public."

    L’œuvre est tellement colossale, voire abyssale

    Une preuve de l’immense respect que lui portaient ses pairs et ses amis artistes ? Deux albums de reprises de son vivant, en 2007 et 2009 (Chez Leprest, vol. I et II), avec notamment Olivia Ruiz, Sanseverino, Michel Fugain ou Agnès Bihl (Ah, l’inoubliable reprise du Copain de mon père!). Hexagone interroge pour les besoin de son dossier Loïc Antoine, intarissable sur son amitié avec Leprest et sur l’apport artistique de ce dernier. Les journalistes Patrice Demailly et Stéphane Hirschi s’expriment, eux, sur l’apport artistique et musical de Leprest, y compris parmi la jeune génération, dont Marion Cousineau, qui voit son œuvre comme un "phare" : "Il n’est plus là, mais il n’est jamais loin."

    Allain Leprest ce génie discret et décédé depuis plus de huit ans,  allait-il être définitivement oublié ? Beaucoup – et la rédaction d'Hexagone en fait indubitablement partie – ont décidé que non. Son travail d’auteur-compositeur continue d’être redécouvert, et l’on se prend à envier l’auditeur qui viendrait à découvrir le chanteur pour la première fois…

    En 2019, il y a bien une actualité Leprest : une version symphonique d’un choix de compositions vient de sortir en disque, en même temps qu’une tournée avec l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). Leprest en Symphonique, proposé par la société de production Tacet et Didier Pascalis. Leprest en Symphonique rassemble les chanteurs et chanteuses Romain Didier, Clarika, Sanseverino, Cyril Mokaiesh, Alexis HK et Enzo Enzo pour un spectacle de reprises qui est aussi une proposition de rencontres entre le public et l’œuvre d’Allain Leprest, puisqu’en plus de la tournée qui sevrait se poursuivre en novembre 2019, un album est proposé avec des versions d’un choix de titres (Francilie, Y’a rien qui se passe, Nu, Dans l’sac à main d’la putain ou Donne-moi de mes nouvelles). Romain Didier, Clarika, Sanseverino et Cyril Mokaiesh présentent ce projet artistique dans une interview croisée qui est aussi celle d’admirateurs. Sanseverino confie ceci : "Il n’est pas facile de parler de Leprest, parce que Leprest parle tout simplement ! L’œuvre est tellement colossale, voire abyssale."

    Hexagone, "Après Leprest", automne 2019
    Leprest en Symphonique, Tacet, 2019
    Nicolas Brulebois, Gens que j’aime, éd. Jacques Flament, 2014, 329 p.

    Voir aussi : "Gauvain Sers, l’autre chanteur énervé"
    "Chants songs"

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  • Fallait-il une nouvelle adaptation du Nom de la Rose ?

    L’adaptation en série du Nom de la Rose, plus de trente ans après la version de Jean-Jacques Annaud, avait tout pour rester dubitatif. Il est vrai que le roman d’Umberto Eco a tout du roman inadaptable et le réalisateur français avait su relever le gant, offrant des moments de cinéma restés dans les mémoires : l’interprétation magistrale de Sean Connery dans le rôle du moine-enquêteur Guillaume de Baskerville, des rôles secondaires marquants (Adso de Melk, Bernardo Gui ou l’hérétique Salvatore) et des scènes marquantes (la découverte de la bibliothèque, la rencontre d’Adso et de la jeune fille, le procès ou les bûchers). Des médiévistes ont pu s’alarmer des entorses faites à l’histoire, notamment au sujet de Bernardo Gui, qui a réellement existé. Il n’en est pas moins vrai que le film d’Annaud reste immanquable. Alors, pourquoi retourner Le Nom de la Rose, cette fois en série ?

    La première tient au roman d’Umberto Eco : un pavé dense et complexe qu’une version cinéma ne peut que rendre partiellement : que l’on pense à ces disputes théologiques, intelligemment mais clairement ramassées dans la version cinéma mais sur laquelle la série s’intéresse plus longuement.

    L’autre qualité de la version télé du Nom de la Rose est de pouvoir suivre dans la longueur un cheminent narratif sur la longueur et creuser des personnages, simplement esquissés dans le roman de Jean-Jacques Annaud : Adso de Melk et ses choix, la jeune fille dont il tombe amoureux, Remigio et son passé obscur au sein de la secte de Dolcino.

    Quelques mots sur l’intrigue, maintenant : en 1327, le moine franciscain Guillaume de Baskerville se rend avec son novice Adso de Melk dans une abbaye bénédictine au nord de l’Italie. C’est là que doit se dérouler un débat entre l’autorité papale et l’ordre franciscain, soutenu par l’empereur du Saint Empire Germanique, au sujet d’une querelle théologique portant sur la pauvreté du Christ. Évidemment, cette disputatio n’est qu’un prétexte pour des enjeux d’abord politiques. Lorsque Guillaume de Baskerville arrive dans l’enceinte du monastère, un meurtre vient d’avoir lieu. Le visiteur et son novice commencent une enquête qui semble tourner autour d’une mystérieuse bibliothèque. Lorsque l’inquisiteur Bernardo Gui rejoint à son tour les lieux, cet homme qui est chargé par le pape d’escorter les représentants pontificaux, décide de reprend l’enquête à sa manière et trouve très vite un coupable idéal. Mais le climat se tend et les morts continuent de tomber.

    Une place singulière laissée aux femmes

    La série de Giacomo Battiato respecte la trame policière d’Umberto Eco sans oublier les enjeux théologique et politiques (avec un mention spéciale pour Tchéky Karyo, dans le rôle d’un Jean XXII perfide en diable). Dans cette nouvelle adaptation du Nom de la Rose, une place singulière est laissée aux femmes, malgré le décor de l’histoire et l’importance des hommes qui s’y croisent : moines aussi mystérieux ou inquiétants les uns que les autres, soldats impériaux et représentants pontificaux. La jeune fille, maîtresse d’Adso (Nina Fotaras) et la pugnace Anna (Greta Scarano) insufflent à l’histoire écrite par Umberto Eco un nouveau souffle romanesque, sans pour autant que ces héroïnes ne fassent de l’ombre au personnage de Guillaume de Baskerville. Sean Connery avait incarné avec maestria cet enquêteur hors-norme. Il fallait un acteur de la carrure de John Turturro pour jouer ce rôle, avec une densité tout aussi forte.

    Résultat : une série ample et passionnante qui n’a pas à rougir de la comparaison avec le chef-d’œuvre de Jean-Jacques Annaud. Grâce aux moyens donnés à cette fiction historico-théologico-policière, comme au choix du scénario de Giacomo Battiato, le Nom de la Rose parvient à sortir des murs de l’abbaye, lors par exemple d’âpres combats à l’arme blanche : Game of Thrones est passé par là.

    Les nostalgiques de la version d’Annaud bouderont sans doute cette nouvelle adaptation du Nom de la Rose. Il n’en reste pas moins vrai que cette série est une excellente découverte.

    Le Nom de la Rose, série historique de Giacomo Battiato, Andrea Porporati et Nigel Williams
    Italie et Allemagne, avec John Turturro, Damian Hardung,
    Rupert Everett et Michael Emerson,
    Saison unique, 8 épisodes, 2019, en ce moment sur OCS et Canal+

    https://www.ocs.fr/actualite/le-nom-de-la-rose-la-serie-lintegrale-sur-ocs

    Voir aussi : "Umberto Eco, un mélange"

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  • Des tatoos plein la tête

    Je vous avais parlé il y a quelques semaines de Maya Kamaty et de maloya, cette musique créole venue de La Réunion. Dans Tatoo Toota, Marjolaine Karlin vient puiser elle aussi dans cette culture, mais d’abord en français, pour un album coloré. Délicieux, délicat et sensuel cet opus l’est, mais aussi riche de folies poétiques mais aussi de noirceurs : "Tombe tombe la pluie / (Tu t’en vas) / Tombe tombe sur l’incendie / (Tu t’en vas) / Qui consume ma chair / Qui consume mes nerfs . Et je vois se polliniser / Les petits bouts carbonisés / De mon âme perdue devant sa dispersion / Aux quatre vents" (Tatoo).

    Tatoo Toota se pare d’une facture légère, portée par une orchestration à la fois rythmée et colorée. Chez Marjolaine Karlin, la rupture est, par exemple, traitée avec un mélange de légèreté et de mélancolie : Comment rompre parle de séparation, des luttes conjugales, des silences cruels, des batailles autour des enfants, des incompréhensions et des propos inavouables sur un rythme lancinant : "Comment rompre un silence / Dur comme un lac gelé / Sans que cette ouverture / N’inonde le plancher."

    Avec Madame la chanson, la musicienne aborde un sujet classique dans le répertoire français : la chanson, justement, dans une conversation avec cet art "mineur" adoré : "Ma mère / Ma sœur / Ma déraison / Mon cœur / Ou bien juste mademoiselle." Marjolaine Karlin revient donc à ses premiers amours, après une parenthèse assumée pour, sans doute, l’une des meilleures raisons qui soit : "Madame la chanson si je t’ai laissée infidèle / C’est la faute au petit garçon que m’a donné la vie réelle."

    En duo avec Camélia Jordana

    Avec Boat Train, Jaipour et Jewish Cemetery, la co-fondatrice du groupe Wati Watia Zorèy Band (sélection FIP en 2016, après une carrière au sein de Moriarty) propose des titres anglo-saxons sombres et lancinantes. Elle se fait naturaliste avec Boat Train, voyage dépaysant dans des contrées indiennes, voyage qui fait sens pour une artiste bourlingueuse qui a choisi d’inscrire son opus sous le signe du maloya réunionnais. Avec Jewish Cementery, la musicienne puise par contre dans le yiddish pour proposer un titre où se mêlent mélancolie, joie contenue, douceur sensuelle et tristesse que l’on tente de déguiser, un titre auquel vient faire écho In Geto, un a capella court et à la voix sensuelle.

    Marjolaine Karlin se fait fiévreuse et terrorisée dans le récit d’un drame vécu par un enfant en proie à la violence, "au mauvais endroit, au mauvais moment" : "Au feu maman j’ai froid / Mon sang se glace et bouillonne à la fois/ Au fou maman je crois / Que tout s’écroule autour de moi." Ce récit de peur, de mort et de violence vient en contrepoint d’un album lumineux dans son ensemble.

    Avec La vérité, sans doute le meilleur titre de l’album, Marjolaine Karlin, en duo avec Camélia Jordana, propose une chanson tout en finesse et en images sur cette vérité bien cachée, adorée mais souvent tenue précautionneusement à l’écart : "Comme un vieux collier / Comme un vieux parfum / Le nom de famille / D’un aïeul lointain / Je n’ai jamais porté / La vérité / Ce n’est qu’un drap sale / Un mouchoir qui a vécu / Une veste râpée / Un sac qui ne ferme Plus / Tous ces trucs insortables / Que j’aime et que j’adore / Que je garde au grenier / Qui sont mon réconfort / Mais qui devant les gens /Même cachée m’incommode / Comme s’ils étaient honteux / Ou juste passés de mode." Aurions-nous peur de cette vérité, se demandent les deux chanteuses ? "Et si j’ai l’air de la vêtir un matin d’abandon / Ne m’en faites surtout pas compliment / Peut-être qu’elle est belle et peut-être que je mens."

    Tatoo Toota se termine par un voyage au cœur de l’océan indien, sur un rythme et des sonorités mêlant rockabilly, électro et maloya : un vrai voyage intérieur se terminant en musique, en danse, en couleurs et en flux marins.

    Marjolaine Karlin, Tatoo Toota, Les Psychophones Réunis/Modulor, 2019
    Page Facebook de Marjolaine Karlin

    Voir aussi : "Maya Kamaty, la diva du maloya"

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  • Turfu tout fou

    Turfu : vous connaissez ? C’est le nom du festival qui aura lieu à Caen du 14 au 20 octobre prochain.

    Engagé, fou, ouvert à tous et surtout gratuit, cet événement se veut un rendez-vous culturel inédit autour de l’innovation, de la créativité et du partage. À l’heure où la notion de progrès technique est mise à mal en raison des dangers liés au dérèglement climatiques, aux biotechnologies ou à l’intelligence artificielle, le Turfu festival invite tous les citoyens quel que soit leur âge à questionner les innovations autour de thématiques incontournables : culture, l’environnement, la ville de demain, la mobilité ou de l’éducation.

    Parler de démarche utopique n’est pas un contresens pour ce rendez-vous normand. Les organisateurs donnent rendez-vous au Dôme à Caen durant 7 jours, du 14 au 20 octobre 2019 : chacun pourra donner, explorer, produire, apprendre et contribuer à réinventer la société de demain. Le futur est à portée de main, promettent les responsables du Turfu Festival.

    A travers de nombreux ateliers participatifs et un grand week-end de découvertes, chacun sera invité à penser, créer et préparer le monde de demain.

    Au programme : des drones pollinisateurs pour penser l’agriculture de demain, l’intelligence artificielle au service de la vie quotidienne, le recyclage des déchets plastiques à la maison, la mesure de la qualité de l’air, le consentement et le harcèlement, l’observatoire de la biodiversité, les données et les réseaux sociaux après la mort, l’hydrogène comme nouveau vecteur de mobilité, l’archéologie et le numérique en 2019. Dire que le festival est engagé est un euphémisme.

    Cette année, le Turfu ouvre aussi ses portes aux plus petits aussi dès 3 ans. Au programme : tout connaître des météorites, obtenir son diplôme de peluchologue (sic), découvrir les métiers grâce à la réalité virtuelle, apprendre de la lecture avec des objets connectés ou booster sa créativité grâce aux écrans tactiles.

    Turfu Festival
    Dôme à Caen, du 14 au 20 octobre 2019
    https://turfu-festival.fr

    Voir aussi : "Du vin, des arts et de la fête"

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