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Saint Valentin oblige, c’est aux cœurs de guimauve que se destine ce titre en exclusivité de Prénom Marlene, une jeune artiste qui vient de sortir son premier titre, Les mots qui rassurent.
Dans la lignée de Pomme et de ces jeunes chanteuses pop-folk, il y a Faustine, auteure de Métamorphoses, un nouvel EP, moins léger qu’il n’y paraît a priori.
La chanteuse nîmoise, qui a fait ses armes auprès de Tété, -M- ou Oxmo Puccino, trace sa route sans s’interdire de thématiques. La balade amoureuse et mélancolique Marmara côtoie un rock engagé et féministe, Je danse sous la pluie, une incantation pour les femmes et contre le mauvais sort jeté par les machistes de tout bord, une introspection sur le temps qui passe et le temps à venir (Ce qui me guette) mais aussi un récit sombre sur une migrante.
La vie promesse conte à la première personne l’histoire d’un exode, sous les ricanements de Charon, le passeur mythologique. Métamorphoses se termine par le capricieux Sur ta bouche, une pop acidulée, légère et piquante comme une Tête brûlée.
Je ne sais pas si c’est le genre d’info pour laquelle on doit se réjouir ou s’attrister. La firme chinoise Huawei a annoncé avoir terminé la Symphonie n°8 "inachevée" de Franz Schubert lors d'un concert au Cadogan Hall de Londres grâce à l’intelligence artificielle. Cela s’est passé le 4 février 2019, une date qui risque bien de rester dans les annales, pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Vous allez me dire que ce travail sur une œuvre posthume n’est pas inédite. Après tout, Franz Xaver Süßmayr s’était bien chargé de terminer le Requiem de Mozart sans que cela ne fasse bondir les amateurs de classique. Sauf que cela s’était passé après la mort du compositeur et que c’était un homme et musicien qui s’était penché sur les partitions inachevées du Requiem. Rien de tel, ici.
La version "terminée" de la symphonie de Schubert a vu le jour, elle, grâce à l’utilisation d’une intelligence artificielle bénéficiant directement de la puissance de traitement… d’un téléphone portable, le smartphone Huawei Mate 20 Pro, doté d’une IA intégrée.
Un téléphone portable doté d'une IA intégrée
L’intervention humaine a par contre joué un rôle important dans ce projet. Huawei a collaboré avec le compositeur Lucas Cantor pour la création d'une partition d’orchestre à partir de mélodie générées par l’intelligence artificielle. La machine a été capable d’analyser le timbre, le mouvement et la métrique de mouvements existants pour créer d’autres mesures. Le compositeur a retravaillé ce matériau pour qu’il reste fidèle au style de la Symphonie n°8 de Schubert qui était inachevée depuis près de 200 ans.
Lucas Cantor explique d’ailleurs ceci : "Mon rôle était d’exploiter les bonnes idées de l’Intelligence Artificielle et de combler les manques pour permettre à la production finale d’être jouée par un orchestre symphonique. Le résultat de cette collaboration avec l’Intelligence Artificielle démontre que la technologie offre des possibilités incroyables et peut avoir un impact majeur et positif sur la culture moderne."
Une prouesse technique très impressionnante, mais qui soulève aussi la question de la création artistique comme de la place de l’intelligence artificielle dans l’art. Huawei se réjouit de cette prouesse technologique, qui est aussi un joli coup publicitaire. Il se pourrait bien que ce soit une occasion pour les intellectuels et les philosophes de se pencher sur la place de l’intelligence humaine face à une IA dont les progrès semblent ne pas connaître de limites. Voilà qui est riche d’espérances autant que d’inquiétudes pour l’avenir.
Il a été question dans notre hors-série sur Tatiana de Rosnay de son recueil de nouvellesLe Carnet rouge. J’ai choisi de m’intéresser à la première version de son livre, paru en 1995 sous le titre Mariés et Pères de Famille (éd. Plon). Il s’agit du deuxième ouvrage publié par Tatiana de Rosnay après L'Appartement témoin, dont je vous parlerai très bientôt. L’auteure n’en est qu’au début de sa carrière. La consécration viendra douze ans plus tard, avecElle s’appelait Sarah, faisant d’elle l’auteure de best-sellers que l’on connaît.
Mariés et Pères de Famille contient neuf histoires qui seront repris dans Le Carnet Rouge, dans un ordre différent. Si je parle d’ordre, ce n’est pas anodin. Plon sous-titre ce recueil : Roman d’adultères. Un roman, vraiment ? D’emblée, la question se pose si ce choix ne vient pas d’un éditeur, plus désireux de présenter ce livre comme un "roman", un genre plus vendeur, que comme un "recueil de nouvelles" – ce que Mariés et Pères de Famille est.
Mais passons. Il y a bien entendu le fil conducteur de l’infidélité qui relie ces onze histoires : des femmes trompées ou soupçonnées d’être trompées, et même parfois adultères elles-mêmes : un mari fréquentant des prostituées dans Le Bois, qui ouvre le livre, le fameux Carnet rouge, le journal d’une femme infidèle ou La jeune Fille au pair, une conversation entre deux amies à propos de leur mari respectif. Le lecteur du Carnet Rouge, paru en 2014, retrouvera ces autres nouvelles : La Lettre, Le Répondeur, Le Cheveu, Le Mot de Passe et Le "Toki-Baby". La Cassette vidéo a été remaniée jusqu’au titre pour devenir, neuf ans plus tard, La Clé USB – une concession à la modernité, dans un recueil assez classique dans la facture, si l’on pense par exemple au choix des prénoms utilisés (Jeanne, Marie, Eugénie, François ou Thérèse).
Deux nouvelles rares
Deux nouvelles rares sont présentes dans Mariés et Pères de Famille : L’Odeur et La Jalouse. Ces deux textes peu connus méritent que l’on s’y arrêtent. Le premier, L’Odeur, a la particularité d’être une courte pièce de théâtre en un acte et quatre scènes, réduit à trois personnages, un couple, Anne et François et leur fille Gabrielle. En rangeant les vêtements de son mari, souvent en voyage d’affaire, une femme y découvre une odeur étrange : celle d’un sexe de femme. C’est le début d’une scène de ménage acide, violente et non teintée d’humour noir. La deuxième nouvelle, La Jalouse, est la correspondance d’un homme singulièrement d’une fidélité à toute épreuve. Sans doute est-ce d’ailleurs la raison de la disparition de ce texte pour l’édition 2014 du Carnet rouge. Il s’agit d’une lettre d’adieu à sa femme, Eugénie, que ce mari s’apprête à quitter en raison de la jalousie maladive de cette dernière. Il raconte avec amertume le flicage quotidien d’une épouse persuadée qu’il la trompe à torts et à travers : avec une voisine, avec des amies communs, avec une ex ou avec des inconnues croisées par hasard.
Les fans de Tatiana de Rosnay seront très certainement heureux d’avoir dans leur bibliothèque ce Mariés et Pères de Famille, un recueil de nouvelles, donc (et pas un roman comme l’indique faussement la couverture du livre), à la fois moderne dans son écriture et la thématique classique – l’adultère. Classique et diablement romanesque.
On ne parle pas assez de la radio, ce média ouvert, protéiforme et souvent inventif. J’ai envie de vous parler d’Élodie Suigo et de son émission quotidienne Le Monde d’Élodie, diffusé sur France Info.
Mine de rien, cette série de chroniques a la capacité de vous accrocher très rapidement et de devenir un rendez-vous familier grâce à des qualités finalement très simples : des interviews courtes et sensibles, sans esbroufe ni sens de la provocation. La journaliste de France Info écoute ses invités et évite de se mettre en avant. C’est ce qui fait la richesse de ses chroniques. Une richesse telle que le catalogue de ses invités est impressionnant de richesse.
L’actualité de ces personnalités intéresse moins la journaliste que leur enfance et leur parcours respectif. L’auditeur découvre des facettes souvent méconnues de ces femmes et de ces hommes que nous croyons parfois très bien connaître. Ainsi, la rencontre avec Michel Polnareff permet moins de parler de son dernier album (Enfin!) que de son passé d’enfant battu. Le romancier Laurent Gounelle évoque les chemins de traverse qu’il a parcourus avant de se découvrir. Marianne Faithfull, partage un bouleversant message de son père.
C’est avec bienveillance qu’Élodie Suigo démasque chez ces personnalités reconnues le manque singulier de confiance en soi. Des artistes se découvrent avec une sincérité rarement vue et entendue, à l’exemple du si peu connu, effacé et très élégant Richard Cocciante, de l’acteur danois Mads Mikkelsen qui nous parle de son amour pour la France ou d’Imany et de sa carrière tumultueuse.
L’interview de Chantal Goya offre également son lot de surprises : son enfance au Vietnam, son grand-père scientifique et humaniste ou ses souvenirs de Marguerite Duras, de Jean-Luc Godard, de Serge Gainsbourg ou de Barbara.
Et on doit ça à qui ? À Élodie Suigo et à son petit Monde.
Sur la pochette de Divine, une vapeur énigmatique mange la moitié droite du visage de Maud Lüceck. À l’image de ce visuel, une impression de mystère plane sur ce court album de moins de 24 minutes. On devine l’auteure cachée dans un monde incroyable et derrière des compositions dans laquelle affleurent la délicatesse, la mélancolie, l’ombre et la lumière.
L’amour, l’attirance et la vie à deux rythment les neuf titres de Divine, à l’image de celui qui donne le nom à l’opus, sorti trois ans après Toi non plus. Il y est question de la magie d’une rencontre qui vous laisse tétanisé et qui impose une suspension du temps ("Bouger serait un crime"). La mélodie est réduite à sa plus simple expression. L’interprétation place une distance pudique, pour ne pas dire majestueuse : "Divine / Divin hasard / Qui m’a conduit ce soir / À son regard / Divine / Si précieux / Je ne veux je ne peux / laisser partir ses yeux / Ne partez pas."
Tout autant en retenue, Amoureuse traduit l’émoi envoûtant et l’aliénation de l’amour : "Je ne sais pas ce que tu as de plus / Ce qui fait que toi tu / Ce qui fait que toi tu m’as émue." Maud Lübeck propose un morceau, construit autour d’un rythme syncopé et d’allitérations en "t" qui entend questionner la vie à deux.
Dans Peur d’aimer, cette vie à deux devient un refuge contre et malgré la peur ("J’aurais moins peur si j’étais deux") : peur de l’engagement, de la solitude, "du vent violent" et de l’aliénation. L’ambivalence se traduit dans la construction de ce titre à deux revers : couplets sombres faits d’hésitations et de ruptures, puis se déployant dans un refrain lumineux.
Une remarquable économie de moyens
À l’instar de L’autre part, la recherche de l’amour et d’une forme d’idéal ("L’été et le ciel azuré") constituent la première partie de l'opus: "J’aimerais vivre quelque part / Dans des rêves et dans des pensées / Me sentir bien quelque part / Allez." Comme souvent dans Divine, les claviers et les voix sont utilisés avec une remarquable économie de moyens.
Cardiophonie scinde l’album en deux. Cette interlude électro et respiration instrumentale marque l’entrée dans une deuxième partie de l’opus. Là, il sera surtout question de séparations, de départs et d’absences.
Ne me dis pas est la constatation d’une rupture – en dépit d’un "Je t’aime" trompeur. C’est en quelque sorte "un long requiem d’amour en fuite." Dans la bouche de Maud Lübeck, la fin de cet amour n’est pas clamée dans un cri de détresse mais exprimée comme une froide constatation. En retenue, avec délicatesse et avec une forme de majesté.
L’un des meilleurs titres de l'album est sans doute L’Absente. Une grâce indéfinissable se dégage de cette chanson sur une amitié disparue ("À toi qui ne veut pas que nous soyons amis") et sur un appel au retour de l’être aimé. La composition mélodieuse et l’interprétation à fleur de peau rend déchirante cette histoire de rupture : "Si tu voyais mon cœur comme depuis il se traîne."
Dans cette partie de Divine plus sombre, l’auditeur pourra objecter que Cœur est un chant amoureux : "Prends soin de moi ou je meurs." Sauf que dans ce cheminement personnel et sentimental, il est autant question d’une passion amoureuse que d’une forme d’aliénation, que Maud Lübeck exprime grâce à un chœur éthérée et inquiétant : "La beauté du monde / Brune ou blonde / Si je me sens belle ou immonde / C’est toi qui me mène / C’est toi qui sème / Et tout ça parce que je t’aime."
Divine se termine par cet aboutissement qu’est Le Dernier amour : "Je ne veux plus d’hiver / Sans ton regard / Plus de maison / Sans ton bazar / Je ne veux plus de nuit sans tes bras tendres / Je te veux pour ma vie / Sans plus attendre / /Et que tu sois mon dernier amour / Celui qui durera toujours." Avec Maud Lübeck, l’amour n’est pas ce monument insubmersible et incontrôlable, mais un fragile trésor, aussi précieux qu’un bijou de cristal Swarovski.
Alors qu’une étude GFK révélait une baisse des ventes de l’édition de 1,2 % en 2017, le micromarché du livre audio vient contrebalancer cette baisse grâce à l’engouement des téléchargements numériques.
En effet, selon l’Association des éditeurs audio, le marché mondial du livre audio a connu une hausse de 18,2 % en 2017 pour 1,7 milliard d’euros (Le Monde). Un engouement qui gagne la France, avec une croissance fulgurante de 50 % entre 2014 et 2017, grâce aux téléchargements de livres, qui ont été multipliés par 2,8 (Les Échos).
Si le livre audio ne représente aujourd’hui que 5% du marché du livre en France, une véritable tendance se dessine, celle de la synthèse audio de livres (sur le modèle du Reader's Digest).
Pas facile dans des journées bien remplies de se consacrer à un ouvrage : le manque de temps est invoqué par 46% des Français comme principal obstacle et 58% des actifs sont particulièrement concernés et déclarent manquer de temps pour la lecture. 42% des personnes interrogées estiment d’ailleurs que la synthèse audio est le format répondant le mieux à leur mode de vie, juste après la lecture d’un livre en format classique (43% - livre de poche).
Selon un sondage* de YouGov commandité par Koober, un nouveau service abonnement permettant l’accès à des ouvrages condensés à lire ou écouter en numérique, 42% des Français expriment leur intérêt pour les synthèses de livres audio afin d'élargir leurs horizons. 43% des Français estiment même que la synthèse de livre audio est un bon moyen de découvrir un livre avant de l’acheter et pour 41% de pouvoir découvrir plus de livres.
*Enquête réalisée par YouGov France en 2 vagues sur plus de 1000 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus : 1ere vague auprès des salariés du secteur public et privé et les indépendants en France du 3 au 7 janvier 2019 et 2e vague auprès de l’ensemble de la population française du 25 au 29 janvier 2019.
Dans notre série de L’Œil du frigo, allons voir du côté d'un pays où le cinéma fait figure de religion : l'Inde. Notre chroniqueur nous parle du film Gang of Wasseypur, sorti en 2012. Et il est bien entendu question d'un frigo.
Une fois n'est pas coutume, j'ai trouvé une scène de frigo dans le cinéma indien. Vous allez me dire : "Mais où va-t-il chercher tout ça ?" Mes amis cinéphiles et youtube sont mes amis : voilà ma réponse.
Gang of Wasseypur c'est l'histoire des gangs dans la ville de Wasseypur qui s'étale sur soixante ans. Une film en deux parties qui retrace cette épopée au travers des générations. On ne badine pas avec l'honneur et encore moins avec un frigo.
On peut se demander pour cette scène de deux minutes cinquante sur la porte d'un frigo la raison d'une telle séquence. Je sais : cela nous est arrivé à tous de batailler pour que cette porte ferme et que cette petite loupiote s'éteigne... Et, parfois, au comble de désespoir, la porte a pris une claque ou un coup de pied retourné, genre salto à la kung-fu. Là, patience : il n'y a rien de tel pour fermer la porte du frigo.
Ici, c'est long, fastidieux. Pourtant, il ne semble pas y avoir grand chose qui coince, surtout que l'actrice enlève presque tout. Mais on voit tout de suite le découragement des hommes qui, comme par hasard, sont intéressés par autre chose. Le regard du premier homme en dit long. Le deuxième essaie d'aider puis se décourage. La femme, elle, tient bon. Elle essaie encore et encore, pugnace. Pourtant on a remarqué que la porte n'était plus droite. C'est d'ailleurs sans doute cela qui coince : cela fait longtemps que tout est tordu, mais elle y croit encore. Si on met de l'ordre dans notre tête, sans doute pourrons nous fermer cette porte qui reste ouverte.
J'aime beaucoup cette scène. Elle n'est pas filmée au hasard. Le réalisateur semble la voler, caché dans la cuisine. Définir en une scène ce qui existe dans la famille, la cohésion autour du frigo et de la personne qui le range : posez-vous la question chez vous... Là, je sens que ça va faire des histoires...
Sinon, si vous avez une caméra chez vous, planquez-la et filmez celui qui range le frigo : vous serez surpris des tocs et autres maniaqueries que l'on rencontre pour un rangement de frigo. De là à dire que votre frigo représente le cocon familial, il n'y a qu'un pas. Ce qui fait froid dans le dos - normal pour un frigo, vous le direz...
Quant au frigo, franchement, rien à dire : petit, coriace, fatigué, une porte bien remplie et un freezer qui doit faire une tonne de glace à décongeler tous les quinze jours. Le genre de frigo increvable qui a dû se transmettre de génération en génération.
Ne négligez pas ces petites scènes frigorifiques qui font partie des films ou de votre quotidien. Elles en disent long sur vous ou sur un film.
ODF
Gang of Wasseypur, drame policier de Anurag Kashyap, avec Anurag Kashyap, Akhilesh Jaiswal, Sachin K. Ladia et Syed Zeeshan Qadri, Inde, 2012, 319 mn