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Bla Bla Blog - Page 224

  • Grande exposition de poche

    Le projet de la Petite Collection a été initié par l’artiste Florence Lucas qui a entamé une réflexion autour de la carte postale.

    En confiant à des artistes la réalisation de cartes postales originales, se pose d’abord le problème de l’échelle de l’œuvre d’art. Notre époque est férue de gigantisme. Contrairement à cette tendance au monumental, la carte postale réinvestit le domaine de l’intime. Inviter des artistes à travailler sur de petits formats devient un challenge et questionne sur les pratiques de l’art contemporain.

    De plus, le petit format facilite l’échange, le rend plus fluide. La carte postale se rit des transporteurs, des douanes et de toutes les formalités qui freinent la circulation des œuvres d’art et donc la constitution de collections. On peut alors imaginer des collections de poche. Marcel Duchamp avait bien réalisé son musée de poche dans une valise.

    À propos de la reproductibilité de l’œuvre d’art, la carte postale est tout particulièrement intéressante car elle a trouvé sa place avec la photographie. La Petite Collection fait appel à des pratiques traditionnelles comme le dessin ou la peinture, mais les œuvres sont destinées à être reproduites pour l’édition de cartes postales. Ce que l’œuvre va perdre en authenticité, elle le gagnera en visibilité.

    Par la diversité des genres et style dont témoigne "la petite collection", sont mises en évidence non seulement les procédures mais aussi les fonctions culturelles et politiques qui font de la carte postale un objet privilégié, à la croisée des inventions populaires et de la création contemporaine. Support discret de nouvelles "remises en jeu", la carte postale aux mains des artistes serait-elle un médium méconnu de la contemporanéité ? Autant de questions que posent la petite collection et qui nécessitent plusieurs éditions.

    Cette édition 2018, la quatrième de la Petite Collection, sera exposée à la galerie Bertrand Grimont qui a souhaité renouveler l’expérience de 2017.

    Les artistes de la quatrième édition de la Petite Collection sont : Laurent Ajina Pat Andrea Mateo Andrea Théophile Arcelin Sylvain Azam Azul Clément Bagot Caroline Ballet Pauline Bazignan Diane Benoit du Rey Joachim Biehler Bufalino Benedetto Mireille Blanc Ana Bloom Charlie Boisson Nathalie Borowski Léonard Bourgois Beaulieu Gwenael Billaud Rémi UcléBruno Bressolin Diana Burns Antoine Carbone de Chiara Grégory Derenne Luc Doerflinger Hélène Duplantier Cornelia Eichhorn Yoann Estevenin Jean Charles Federico Gabriel Folli Julia Gault Olivier Garand Daniele Gibrat Laurence Annie Gossart Paul Gounon Guacolda Michel Guéranger Cécile Hug CharlotteJankowski Christine Jean Chloe Julien Lucie Le Bouder Sophie Lecomte Nicolas Leto et Clara Thomas Levy Lasne Maud Louvrier Florence Lucas Ferdinand Makouvia Kokou Oscar Malessène Rachel Marks Anahita Masoudi Clément Morin Quentin Naudeau Daniel Otero Torres Aurore Baptiste Rabichon Sandrine Rondard Christina Ruiz Guinazu Alice Schneider Nathalie Sizaret Lise Stoufflet Florian Sumi Isabelle Taourel Victoire Thierrée Anne Touquet Maxime Touratier Clarisse Tranchard Rémi Uchéda Marine WallonLecomte Nicolas Leto et Clara Djian Thomas Levy Lasne Maud Louvrier Florence Lucas Ferdinand Makouvia Kokou Oscar Malessène Rachel Marque Marks Anahita Masoudi Alexane Morin Quentin Naudeau Daniel Otero Torres Palette Aurore Guillaume Pelloux Laurent Pernot Tancré Nelson Pernot Nathalie Sizaret Lise Stoufflet Florian Sumi Isabelle Taourel Victoire Thierrée Anne Touquet Maxime Touratier Clarisse Tranchard Rémi Uchéda Marine WallonLecomte Nicolas Leto et Clara Djian Thomas Levy Maud Louvrier Florence Lucas Ferdinand Makouvia Kokou Oscar Malessène Rachel Marque Marks Anahita Masoudi Alexane Morin Quentin Naudeau Poirier Aurore Guillaume Pelloux Laurent Pernot Nathalie Sizaret Lise Stoufflet Florian Sumi Isabelle Taourel Victoire Thierrée Anne Touquet Maxime Touratier Clarisse Tranchard Rémi Uchéda Marine WallonAnahita Masoudi Alexane Morin Quentin Naudeau Daniel Otero Torres Aurore Pallet Guillaume Pelloux Laurent Pernot Tanc Nelson Pernisco Clémentine Poquet Baptiste Rabichon Sandrine RondardAnahita Masoudi Alexane Morin Quentin Naudeau Daniel Otero Torres Aurore Pallet Guillaume Pelloux Laurent Pernot Tanc Nelson Pernisco Clémentine Poquet Baptiste Rabichon Sandrine RondardStoufflet Florian Sumi Isabelle Taourel Victoire Thierrée Anne Touquet Maxime Touratier Clarisse Tranchard Rémi Uchéda Marine WallonStoufflet Florian Sumi Isabelle Taourel Victoire Thierrée Anne Touquet Maxime Touratier Clarisse Tranchard Rémi Uchéda Marine Wallon.

    Cette exposition est soutenue par Bla Bla Blog.

    La Petite Collection, Galerie Bertrand Grimont
    Du jeudi 13 au samedi 15 décembre, de 14 heures à 19 heures
    https://www.espace-co2.com

    © Christina Ruiz Guinazu

    Voir aussi : "Anna Uchiyama, notre muse"

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  • Frigo espagnol

    Cette semaine, L’‎Œil du Frigo voyage et se rend de l'autre côté de la Méditerranée pour s'intéresser au film de Cédric Klapish, L'Auberge espagnole.   

    Nous sommes enfin dans l'international, dans le "frigo espagnol" dans cette folie qu'ont eut les hommes de se dire " Tiens et si on se mélangeait un peu." Quelle bonne idée, et voilà une brochette d'acteurs partie faire l'auberge espagnole ! On peut disserter longtemps sur ce concept mais il est vrai que le seul moyen de résumer la situation c'est de montrer ce frigo.

    Quelle bonne idée de la part du réalisateur, une image vaut mieux qu'un long discours et tout est dit. On voit alors un frigo à plusieurs étages, achalandé avec les origines de chaque pays et les régimes de chacun. Evidemment on y trouve aussi une paire de lunettes... Je ne vous ai pas déjà dit qu'on trouvait de tout dans un frigo ?

    Alors je me pose quand même des questions. A qui appartiennent les œufs dans la porte du frigo ? Et voilà, j'ai mis le bazar (une seule question et tout s'effondre) ! Et oui parce que, là, il n'y a pas d'étiquette... Ou alors nous avons affaire à un rebelle frigoristique !

    Pour ma part, et en grand spécialiste du frigo, cela ne remet pas du tout en cause cet excellent film. J'aurais opté pour un frigo sans frontière ou tout est à partager dans l'espace frigorifique. Comment peut on faire progresser l'humanité si l'on fixe des frontières dans un frigo ? Aberrant, le concept de l'auberge espagnole n'est-il pas justement ce partage ? Il ne faudrait pas grand chose pour imaginer un espace gestationnel des victuailles de diverses nationalités aboutissant à la naissance d'un mélange des mets dans des recettes nouvelles et gustatives.

    Pas difficile en somme : il faudrait juste un rebelle du frigo qui durant la nuit enlèverait les étiquettes des prénoms et mélangerait le tout. Bref faire une grosse omelette de frigo. C'est peut être l'idée de celui qui a mis les œufs sur la porte, il est sans doute en embuscade d'un état libre du frigo.

    Un bon film à voir avec ses petites histoires de cœurs, et de frigo...

    ODF

    L'Auberge espagnole, comédie dramatique de Cédric Klapisch,
    avec Romain Duris, Cécile de France, Judith Godrèche et Audrey Tautou,
    France, 2002, 122 mn

    Voir aussi :
    "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    "Auberge espagnol frigo"

     

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  • Trahisons et cachotteries

    Parmi les onze nouvelles de Son Carnet Rouge, publié par Tatiana de Rosnay en 2014, neuf avaient fait l’objet d’un précédent recueil, Mariés, Pères de Famille (1995). Son Carnet rouge, titre bref et énigmatique – et qui est aussi celui d’une des histoires –, s’avère plus fidèle que Mariés, Pères de Famille. "Fidèle", comme le thème de ce recueil qui entend, contrairement à la précédente version, mettre les femmes au centre du jeu – et non plus les maris.

    L’adultère est décliné à travers neuf histoires tour à tour cruelles, cyniques, drôles ou tragiques. Les protagonistes de ces récits ? Le plus souvent des femmes, des mères de famille soit trompées (La Clé USB) ou suspectes d’être trompées (La jeune Fille au Pair), soit elles-même infidèles (Son Carnet rouge).

    Tatiana de Rosnay s’empare de ce sujet sulfureux, mais pas de la manière que l’on penserait : chez elle, pas d’idylles amoureuses, de cinq à sept ou de scènes torrides (si l’on excepte un passage cocasse dans « Toki-Baby ») mais des constats. Les personnages du Carnet Rouge sont au bord du vide plus que dans le brasier d’une relation sexuelle. Ce qui est en jeu est l’après, le bilan, les conséquences et, finalement, la responsabilité dans ces histoires de cachotteries et de trahisons.

    Dans la nouvelle qui porte le titre du livre, la découverte d’un journal intime met au jour la déliquescence d’un couple. Dans Le Bois, l’auteure suit un homme dans plusieurs de ses nombreuses aventures avec des prostituées, jusqu’à l’entrée en scène de l'épouse trompée. La Brune de la Rue du Ranelagh est cette mystérieuse femme qu’un mari visite régulièrement et dont son épouse apprend l’existence.

    La vie du couple subit de sérieux coups de canif

    La vie du couple subit, tout au fil de ses onze nouvelles, de sérieux coups de canif : il est d’abord question de mensonges, de dissimulations, de secrets, voire de mépris pour le pas dire de détestations et de haines ("Guy est irréprochable. Il est d’un ennui mortel. Que faire, à part le tromper, ce qui est le cas depuis belle lurette ?", Son Carnet rouge).

    Le retour de bâton est souvent terrible dans ces histoires de personnages cocufiés : ici, c’est la réaction d’une future "ex-femme" lors de la découverte d’un cheveu suspect (Le Cheveu) ; là, c’est la vengeance toute romanesque d’Hunter, une étudiante humiliée par un professeur pour le moins goujat (Le Mot de Passe). L’infidélité est terrible mais Tatiana de Rosnay a l’art d’en parler avec une sorte de détachement, voire avec un humour tout flegmatique, à l’exemple de la conversation entre Marie et Marguerite dans La Jeune Fille au Pair.

    On trouvera dans Hotel Room la marque de la romancière dans cette histoire de rendez-vous secret se transformant en drame insurmontable. Du beau suspense, comme Tatiana de Rosnay sait en faire dans ce recueil vif et acide.

    Tatiana de Rosnay, Son Carnet rouge, éd. Héloïse d’Ormesson, 2014, 190 p.
    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Juste un moment d’égarement"

     

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  • Cali transforme l’essai

    Il y avait plusieurs Cali lors de son concert à la salle des fêtes de Montargis, la suite de sa tournée placée sous le signe de Léo Ferré. Son dernier album, Cali Chante Léo Ferré était sorti en octobre dernier. Il restait à l’auteur d’Elle m'a dit de venir sur scène proposer ses adaptations d’un poète qui aurait eu 102 ans cette année.

    Mais d’abord, comment rendre hommage et réinterpréter ces classiques que sont Avec Le Temps, Les Anarchistes ou C’est Extra ? La réponse de Cali a été cet opus électrique, moderne et engagé, une vraie réussite comme nous le disions sur Bla Bla Blog.

    Le passionné de rugby à quinze transformait l’essai sur scène. Avec une énergie et une chaleur incroyable, ce n’est pas un seul Cali qui se livre mais une dizaine, et autant d’adaptations de Léo Ferré.

    Ceux qui s’attendaient à des interprétations arides, désincarnées et austères en ont été pour leurs frais. Après un démarrage sombre et bouleversant avec ces deux standards que sont C’est Extra et L’Enfance, Cali montre un Léo Ferré revitalisé, débarrassé des oripeaux du poète classique étudié à l’école. C’était un Ferré tour à tour pop, folk, rap et même punk. Une quinzaine de Ferré et de Cali différents.

    Le chanteur parvient ainsi à faire se lever le public grâce à une Jolie Môme très pogo. Véritable showman, l’artiste a offert un concert de plus de deux heures. Deux heures avec un Léo Ferré plus d’actualité que jamais.

    Prochaines dates, le 5 décembre à Perpignan
    et le 6 décembre à Saint-Orens (Haute-Garonne)

    Cali, Cali chante Léo Ferré, BMG, 2018
    https://www.calimusic.fr
    https://laviecali.wordpress.com

    Voir aussi : "Cali, métamec"

    © Photo : Jimmy Phan, photographe live Cali

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  • Fiona Monbet a plus d’une corde à son archet

    C’est en contrebandière que la violoniste Fiona Monbet entend faire sa place dans le domaine du jazz : par des voies détournées – la valse, le tango, le classique ou la musique celtique – et le moins que l’on puisse dire est que la musicienne a plus d’une corde à son arc pour y réussir.

    Prenez l’entrée de ce formidable album qu’est Contrebande : Valse, à l’introduction faussement surannée, prend rapidement l’auditeur à contre-pied. Fiona Monbet, accompagnée des autres solistes qu’il faut absolument citer – Pierre Cussac à l’accordéon, Antoine Boyer à la guitare et Damien Varaillon à la contrebasse –, insuffle, dans ce premier titre, ce qu’elle connaît sans doute le mieux : du jazz manouche irrésistible. C’est là qu’il fait préciser que la violoniste a fait ses gammes auprès de Didier Lockwood, une filiation évidente dans son deuxième album mais sans doute aussi très douloureuse quelques mois après le décès de ce dernier.

    La bande à Fiona Monbet s’empare de son deuxième opus comme on prendrait d’assaut des forteresses farouchement tenues. Celle du classique, à cet égard, est le plus éloquent. L’adaptation cool et langoureuse du Bess, You Is My Woman Now de George Gershwin marque une forme de renaissance de l’opéra Porgy and Bess. Le violon de Fiona Monbet se déploie avec virtuosité et passion, offrant à Gershwin, le plus jazzy des classiques, l’un des plus beaux hommages qui soit.

    Autre hommage : celui d’Astor Piazzolla. Cette fois, la violoniste s’attaque au tango. Vaste entreprise. Après Astoria 16, une timide entrée en matière dans l’univers de l’Argentin, Fiona Monbet s’attaque à Tango, un titre qui mériterait de figurer dans les meilleures anthologies. La première écoute ferait penser à une revisite du répertoire d’Astor Piazzolla. Seulement, là comme souvent, il faut s’intéresser aux crédits : Tango est en réalité une création originale, écrite par Antoine Boyer. Surtout, retenez autant son nom que celui de Fiona Monbet ! Violoniste diabolique, technicienne hors-pair et artiste écorchée vive, la jazzwoman, mais aussi compositrice de plusieurs extraits, colore de rouge et de noir un titre au rythme de tango d’abord timide puis s’imposant dans un dernier mouvement sensuel et fatal. Forcément fatal.

    Violoniste diabolique, technicienne hors-pair et artiste écorchée vive

    Contrebande sait alterner morceaux de bravoure et titres moins enlevés, voire très intimistes (Luiza, Mélissande ou le sobre et délicat L’Aveu). Fiona Monbet sillonne sans peur sur des mers peu communes au jazz manouche. Luiza, la reprise du standard d’Antonio Carlos Jobim, nous amène du côté du Brésil. Dans Irlandalou, "A" Song et Smoly Market, cette fois c’est vers la culture celte, matinée de country ("A" Song) qu’il faut se tourner, une culture que la musicienne franco-irlandaise connaît bien et qu’elle dépoussière avec un enthousiasme communicatif. C’est une vraie danse que cette "chanson A" lorsque Tango l’était finalement si peu ! Smoly Market, est dopé par des influences flirtant avec les traditions yiddish et balkaniques, le répertoire classique (des oreilles attentives reconnaîtront quelques mesures du 3e mouvement du 2e concerto pour piano de Rachmaninov), mais aussi le contemporain.

    À ce sujet, on félicitera Fiona Monbet et son équipée d’offrir l’expérience d’une grande modernité avec Mélissande, ballade à la fois gothique et lumineuse servie par un quatuor au diapason.

    Maintenant, un dernier conseil puisque nous approchons des fêtes : si vous souhaitez offrir à la personne que vous aimez un album cool, original et classe, vous avez sans doute trouvé ici l’idée de l’année. Mais je ne vous ai rien dit.

    Fiona Monbet, Contrebande, Crescendo / Caroline France, 2018
    En tournée à la Salle Des 4 Saisons, Le Touquet, le 27 décembre 
    Et au Sunside, Paris, les 28, 29 et 30 décembre 2018
    http://backstage-prod.com/fiona-monbet
    https://www.facebook.com/fiona.monbet

    Voir aussi : "Cinquante nuances de spleen"

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  • Anna Uchiyama, notre muse

    Muse, modèle, égérie, inspiratrice, confidente, Anna Uchiyama est une japonaise contemporaine qui propose un autre regard sur la féminité, loin des stéréotypes de la "femme objet."

    Anna Uchiyama offre à l'objectif une conversation au temps présent. Elle est une présence unique et intemporelle. Elle incarne la femme multiple et a inspiré l'ensemble des artistes nourrissant cette nouvelle exposition, visible jusqu’au 1er décembre à la Galerie Rachel Hardouin (Paris 10e).

    Femme enfant, femme nostalgique, femme fatale, femme introvertie, femme en pleine possession de son corps. Femme incarnée, dans tous les sens du terme, Anna stimule la vision créative. Une authentique muse.

    Cette exposition est une performance en soi : elle regroupe 25 artistes d'origine allemande, française, japonaise, norvégienne ou vietnamienne. Chacun y exprime son écriture, offrant à partager son univers.

    L'exposition Anna Uchiyama interroge sur notre héritage et nos liens à l'histoire de l'art érotique. Elle confronte la vision créative des artistes occidentaux et celle des artistes asiatiques.

    Le traitement noir et blanc entre en conversation avec l'art de l'estampe. Le désir explicite se mêle
    à la pudeur des sentiments.

    Cette exposition est soutenue par Bla Bla Blog.

    Anna Uchiyama
    Du 6 novembre au 1er décembre 2018
    Galerie Rachel Hardouin
    15, rue Martel, Bat.1 #4
    75010 Paris
    http://www.15martel.com

    Voir aussi : "Quand on arrive en ville"

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  • Indie King Cool

    Lorsque la rubrique de L’‎Œil du Frigo a commencé, un des premiers commentaires entendus a été : "Et le frigo dans Indiana Jones 4, alors ?"  Pertinente réflexion : notre chroniqueur de L’‎Œil du Frigo revient sur cette scène devenue culte.   

    Indiana Jones 4, ou plutôt Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, un film de Steven Spielberg, pas si vieux que ça - 2008 - qui nous compte les aventures d'un gentil héros aux cascades rocambolesques.

    Et là, on est servi : au moment d'une explosion nucléaire, notre héros se cherche un refuge. Nous autres, pauvres mortels, nous aurions déjà versé tous les fluides de notre corps à même le sol, et nous aurions péri comme ces pantins de cire que nous voyons fondre à l'image. Mais Indy (pour les intimes), lui, c'est l'espoir de l'humanité, celui qui a toujours une troisième voie, une dernière tentative, un dernier sursaut,une dernière alternative, une belle leçon de vie.

    Lorsqu'il se dirige vers le frigo, on pense tous qu'il a trouvé un passage secret, ou alors qu'il va se faire un dernier foie gras en attendant que le champignon soit grillé. Que nenni ! Indy ne regarde même pas ce qu'il y dans le frigo. D'ailleurs on peut se poser la question de savoir à quoi cela peut servir de remplir un frigo de victuailles en plastiques pour des mannequins en cire...

    Bref, ce qui compte surtout c'est le frigo et les petites indications de Spielberg : quel farceur ! Sur la porte, il est indiqué à la place de la marque : "King cool." J'ai cherché : aucune trace de réfrigérateur de la marque King Cool. Le message est clair : en cas d'explosion nucléaire, sois le "roi du frais" devant ton frigo. En deux mots : "Garde ton sang froid". Et, il y a mieux : une fois à l'intérieur, Spielberg fait un gros plan sur les indications techniques de l'engin :"Lead lined for superior insulation." Alors là, on est scotché : "Doublé de plomb pour une isolation supérieure," comme si les américains fabriquaient en série des frigos en plomb (super léger) en vue d'un explosion nucléaire.

    Alors, amis lecteurs dingues de frigos, je vous le dis : ne cherchez plus à fabriquer un abri antinucléaire dans votre jardin ou votre cave ; achetez un frigo "King cool" , un par habitant dans la maison et enfermez vous dedans jusqu'à l'explosion fatidique. Évidemment, si vous êtes éjecté dans le désert, faites en sorte de ne pas retomber : porte face au sol, vous auriez beaucoup de mal pour sortir, et si vous croisez un rongeur qui va se cacher dans son terrier, dites-vous que vous êtes sur la bonne voie de l'optimisme. Croyez en vos rêves, vos délires et ne vous fiez pas à la nourriture en plastique. Spielberg vous le dit : tout est possible, dépassez-vous. Il suffit d'avoir le bon frigo à portée de main.

    ODF

    Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, film d'aventure de Steven Spielberg, avec Harrison Ford, Shia LaBeouf, Karen Allen, Cate Blanchett et John Hurt
    USA, 2008, 123 mn

    Voir aussi :
    "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    http://www.loeildufrigo.fr/2016/12/indiana-jones-4.html 

     

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  • Elle s'appelait Anna

    Il n'est pas exagéré de dire que La Mémoire des Murs (publié une première fois chez Plon en 2003, avant sa réédition chez Héloïse d’Ormesson cinq ans plus tard) peut être considéré comme le chaînon manquant entre Le Voisin (2000), un de ses thrillers psychologiques les plus percutants, et Elle s'appelait Sarah (2011), qui a fait passer Tatiana de Rosnay dans une toute autre dimension littéraire. La Mémoire des Murs, Le Voisin et Spirales (2004), font partie de cette trilogie noire hitchcockienne, définitivement close avec la sortie du succès international qu’est Elle s’appelait Sarah.

    Pourquoi "chaînon manquant" ? L'auteure rappelle dans sa préface datant de 2008 qu'elle a entrepris l'écriture de son best-seller sur la rafle du Vel D'Hiv sitôt la publication de La Mémoire des Murs – même si deux autres ouvrages se sont intercalés entre, Spirales et Moka. Dans La Mémoire des Murs un passage est singulièrement consacré à cet événement de l’Occupation lorsque Pascaline, le personnage principal, découvre le passé familial tragique de Rebecca, une des victimes du tueur en série évoqué : "Rue Nélaton. Il ne subsiste rien du Vél d'Hiv. C'est une annexe du ministère de l'Intérieur qui le remplace, une sombre bâtisse moderne qui mange tout un côté de la rue. En face, des immeubles anciens, datant de 1890, de 1910. Des immeubles qui ont tout vu de la rafle. Des immeubles qui devaient se souvenir. Il m'a semblé que les bâtisses dans mon dos exsudaient une tristesse indicible, et qu'il n'y avait que moi pour capter leurs stigmates. Il n'y avait que moi pour écouter et comprendre la mémoire des murs."

    Mais revenons à ce roman et son intrigue qui peut être définie comme une forme "d’archéologie du mal." Pascaline est une informaticienne brillante et bosseuse, fraîchement divorcée. Outre que cette séparation a laissé des traces indélébiles, elle la contraint à chercher un appartement. Elle en trouve un, a priori "parfait", mais qui, à l’instar de ce qui se passe dans Le Voisin, l’empêche de dormir. Elle apprend très vite que son angoisse est liée au logement qu’elle vient de louer : quelques années plus tôt, une jeune femme, Anna, a été violée et tuée par un tueur en série.

    Archéologie du mal

    Pascaline finit par quitter l’appartement, transformée et bouleversée. Elle se découvre, suite à une conversation avec sa mère, une hypersensibilité aux lieux : "J'ai toujours été attirée par les maisons, les appartements, leurs secrets,.leurs mystères. Comment, lorsqu'on entre dans un endroit, on peut s'y sentir merveilleusement bien ou, au contraire, horriblement mal. Je ne parle pas de fantômes, d'apparitions, simplement de la sensation puissante qu'une demeure peut exercer sur vous, malgré vous." Tourmentée par cette expérience, qui la renvoie à un lointain passé de son enfance, Pascaline entreprend une sorte de pèlerinage sur la trace des sept victimes du tueur en série : Anna, mais aussi Gisèle, Marie, Sabrina, Adeline, Olivia et Rebecca (un prénom qui renvoie bien entendu à la célèbre héroïne de Daphné du Maurier). L’informaticienne brillante et lucide - parce que "sans imagination," précise-t-elle - s’enfonce bientôt dans une quête sur le mal, au risque de sombrer elle-même dans la folie.

    Tatiana de Rosnay raconte dans la préface de La Mémoire des Murs sa propre expérience qu'elle a romancée pour ce thriller : "Un jour, j’ai su, par une voisine prolixe, qu’un tueur en série notoire, Guy Georges, avait assassiné sa première victime en 1991 dans un immeuble qui jouxtait pratiquement le mien… J’ai compris avec une sorte de stupéfaction horrifiée que quelqu’un vivait là, dormait là, dans ces murs marqués par le crime. Comment était-ce possible ?"

    Les lieux ne sont jamais neutres, ils transmettent le vécu de leur propriétaire, assène l’auteure au fur et à mesure de ses livres. Tatiana de Rosnay continue d’arpenter les rues de Paris sur les traces de femmes ordinaires confrontées à des tragédies indicibles, avec toujours en filigrane des lieux de vie. Pascaline est l’une de ces héroïnes malmenées par la vie mais aussi les hommes. Elle se transforme en investigatrice tourmentée et obsédée par les meurtres d’Anna et des autres, des meurtres aussi incompréhensibles que le crime contre l’humanité du Vel d’Hiv : "Comment se fabriquait le mal ? Dès la rencontre entre le spermatozoïdes et l'ovule? Dès l'embryogenèse ? dès la première heure, embusqué derrière le front plissé d'un nourrisson ? Ou venait-il plus tard, charrié par les pulsions de la puberté, du ressentiment, de la solitude ?"

    En se tournant vers Anna et les autres victimes, Pascaline interroge sa propre expérience tragique, son propre passé et ses propres deuils. Voilà qui rend La Mémoire des Murs cruel, bouleversant et d’une incroyable noirceur : "Les murs se souviennent, toujours."

    Tatiana de Rosnay, La Mémoire des Murs, éd. Héloïse d’Ormesson, 2008
    Le Livre de Poche, 2010, 153 p.

    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Ne dors pas ma belle"
    "Juste un moment d’égarement"
    "Je viendrai te chercher"
      

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