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Bla Bla Blog - Page 226

  • Brol d’elle

    "Bordel" ou "Bazar" : c’est la signification flamand du terme "Brol", le titre du premier album d’Angèle. Le brol, explique l’artiste belge dans une récente interview pour Elle, est ce qu’il y a dans son sac : " des clés, un livre, un paquet de chewing-gums, vide, une clé USB… Des choses pas forcément utiles, mais dont je n’arrive pas à me séparer, parce qu’elles rassurent..."

    Grâce à ce premier album aussi personnel et dérangé qu’un sac à main, le moins que l’on puisse dire est qu’Angèle est entrée avec fracas sur la scène musicale française. Quelques mauvaises langues ont parlé d’une pop facile et assez peu révolutionnaire. Mais c’est justement cette simplicité et cet esprit cash qui a permis à Angèle de trouver son public, et même un très large public. N’en déplaise à certaines critiques, la jeune artiste s’impose avec audace grâce à sa voix sans fioriture, son sens de l’autodérision, son franglais bien de son époque mais surtout sa qualité d’écriture.

    Prenez le titre qui l’a fait connaître, La Loi de Murphy. Sur cette chronique talk-over d’une journée de merde, il est à parier que quelques millions de jeunes filles reconnaîtront des situations qu’elles ont elles-mêmes vécues. Angèle se confie d’une voix exaspérée comme si elle s’adressait à de bons potes : "Puis là, c'est trop parti en couilles. Il y a d'abord eu la pluie : la loi de Murphy a décidé d'enterrer mon brushing. Un mec me demande son chemin : gentiment je le dépanne. En fait, c'était qu'un plan drague : ce con m'a fait rater mon tram J'en profite, je passe à la banque, je laisse passer mémé. Si seulement j'avais su qu'elle relèverait tous ses extraits de l'année, je l'aurais poussée et coincée dans la porte automatique." Que du vécu, à l’instar de Flemme, une autre tranche de vie bien ordinaire sur ces journées grises et maussades ("Laissez-moi tranquille / Ce soir, la flemme d'éviter les mauvais regards / Team jogging dans l'appart sans perdre mon portable, ma dignité, mes clés / J'suis dans un mauvais mood, je répondrai plus tard").

    Joli bazar

    Au-delà de ces confessions, Angèle est de notre époque et croque notre société du haut de son insolente jeunesse : la misère des réseaux sociaux (La Thune), le star-system (Flou), l’homosexualité (le délicat Ta Reine) ou le machisme avec Balance ton Quoi.

    On s’arrêtera d’ailleurs plus longuement sur ce titre. Balance ton Quoi s’écoute comme la contribution d’une artiste au mouvement #metoo. Il est aussi une pierre lancée contre le climat étouffant de misogynie jusque dans le milieu de la musique : "Ils parlent tous comme des animaux / De toutes les chattes ça parle mal / 2018 je sais pas ce qu’il te faut / Mais je suis plus qu'un animal / J'ai vu que le rap est à la mode / Et qu'il marche mieux quand il est sale / Bah faudrait peut-être casser les codes / Une fille qui l'ouvre ce serait normal." Quelques amateurs de rap apprécieront.

    Dans ce joli bazar qu’est Brol, Angèle s’impose comme une artiste parvenant, mine de rien, à se démarquer de ses consœurs de la pop. De sa voix fragile et tout en retenue, la chanteuse belge touche l’auditeur au plus près. Usant du "je" et du "tu" dans un souci de proximité et de connivence, Angèle décliné quelques jolis titres sur l’amour : amour inconditionnel (Nombreux), amour virtuel (Tes yeux), amour mort (Les Matins), amour empoisonné par la jalousie (Jalousie) ou amour impossible (Ta Reine).

    Brol serait-il un album au "bazar" rassurant mais pas forcément utile ? Ce serait oublier le résultat soigné qu’offre Angèle. Et puis, peut-on réellement dénigrer une artiste qui ose chanter avec autant de justesse et sans mièvrerie, en duo avec Roméo Elvis, la recherche du bonheur, du vrai : "Le spleen n’est plus à la mode, c’est pas compliqué d’être heureux" ?

    Angèle, Brol, Angèle VL Records, 2018
    https://www.facebook.com/angeleouenpoudre

    Voir aussi : "Jade Bird, Huh la la !"

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  • Le salon le plus sexy du monde s’apprête à débarquer à Paris

    Le samedi 24 novembre 2018, la fine fleur de la littérature érotique se donne rendez-vous à La Bellevilloise pour mettre à l’honneur un genre souvent gentiment moqué, lorsqu’il n’est pas considéré avec mépris. Et pourtant, la littérature érotique a sans doute beaucoup à nous dire, notamment sur la société, sur les rapports hommes-femmes et bien entendu sur la sexualité.

    Débats, ateliers d’écriture, animations, jeux (dont Le Confessionnal, à, ne pas rater), lectures publiques et bien entendu rencontres avec des auteurs ponctueront la journée de cet événement que Bla Bla Blog suit et soutient depuis sa création en 2016.

    Les femmes seront largement représentées, et pour cause : depuis quelques années, elles dominent largement la littérature érotique et ont permis de donner un nouveau souffle à un genre qui avait tendance à mouliner les mêmes poncifs.

    Outre la présence de Brigitte Lahaie, aujourd’hui animatrice radio et directrice de collection aux éditions La Musardine, cette troisième édition du salon de la littérature érotique recevra la féministe Peggy Sastre (Comment l'Amour empoisonne les Femmes et La Domination masculine n'existe pas aux éditions Anne Carrière), Octavie Delvaux (Sex in the Kitchen, éd. La Musardine), Eva Delambre (Abnégation, Marquée au fer et L’Éveil de L’Ange aux éditions Tabou), Gala Fur (Dictionnaire illustré du BDSM, Les Soirées de Gala et Gala Strip aux éditions de la Musardine), Adeline Fleury (Petit éloge de la Jouissance féminine, Je, Tu, Elle, Femme Absolument), Maryssa Rachel (le sulfureux Outrage, par une personnalité de la dark romance), Julia Palombe (Au Lit Citoyens !, éd. Hugo & Cie), Stella Tanagra (Les Dessous de l’Innocence et Sexe Primé aux éditions Tabou), Guenièvre Suryous, l’illustratrice des Guides de Survie Sexuelle, sans oublier Céline Tran, directrice de collection aux éditions Glénat BD, auteure de Ne dis à Personne que tu aimes Ça (éd. Fayard), coach en sexualité et ninja à ses heures perdues…

    Coach en sexualité et ninja à ses heures perdues

    Les hommes ne seront pas en reste, avec Robin d’Angelo (Judy, Lola, Sofia & moi, éd. Goutte d'Or), Stéphane Rose (Kimberley, sa Vie, son Œuvres, éd. La Musardine) et Étienne Liebig (Le Sexe de la Musique, éd. La Musardine).

    Un an après le déclenchement de l’affaire Weinstein et du mouvement #Metoo, le féminisme et l’engagement citoyen risquent de dominer nombre de rencontres au cours de ce salon de la littérature érotique. Un extrait de la pièce de théâtre événement Sexpowerment, tirée du livre de Camille Emmanuelle, sera lu par Lisa Wiznia et Claire Assali à 17 heures. Un peu plus tard, Adeline Fleury viendra parler des femmes et du discours érotique. Le salon se clôturera par un show musical de Julia Palombe, Au Lit Citoyens ! D’autres conférences et animations ponctueront cette journée bien remplie.

    Intelligent, chaud, ouvert, drôle et polisson : voilà qui va faire de ce salon le plus sexy du monde, ou pas loin.

    Salon de la littérature érotique, le samedi 24 novembre 2018
    La Bellevilloise, 21 rue Boyer, Paris 20e , métro Gambetta, ligne 3
    De 15H à 21H, Prévente 10 € / Sur place 15 €

    http://polissonneries.com/le-salon-de-la-litterature-erotique-2018

    Voir aussi : "Le salon de l’érotisme sous le regard des modèles d’Alex Varenne"
    "Le salon de la littérature érotique remet le couvert"

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  • 13 novembre 2015 : nous n'oublierons jamais

  • La face cachée du frigo dans Seven

    Bla Blog ouvre une nouvelle série en laissant la parole au blog L’‎Œil du Frigo. Chaque semaine, il sera question d'un film vu sous l'angle de notre familier appareil électro-ménager. Premier film à subir cette auscultation : Seven de David Fincher (1995).   

    Je commence cette drôle de chronique par un film bien connu : Seven de David Fincher. Évidemment personne n'a retenu la scène du frigo, et pourtant elle est capitale.

    Elle dure 55 secondes après une vingtaine de minutes et tout y est. La porte s'ouvre sur la gauche et pour une fois nous n'avons pas une vue intérieure du frigo. Juste la porte et rien de ce que l'on devine sur ces étagères est digeste, gris, vert, d'ailleurs, à l'image du frigo.

    En haut à droit de l'image nous avons un compartiment pour le fromage et le beurre (butter and cheese) et c'est juste à cet endroit que Morgan Freeman passe la tète, il rentre dans le crâne du criminel comme dans du beurre. Il descend pour bien vérifier l'étendue des dégâts de ce pauvre frigo. Son appétit est ailleurs et surtout pas tourné vers les "bean and cheese" posé sur la porte. Non, Freeman a soif, soif de compréhension et il va boire la scène à petite gorgée.

    Son regard se pose sur le sol, et son cerveau rentre en ébullition. Il fait quelque chose que pas un n'a fait avant lui (à moins que je ne m'emballe...) il va tirer le frigo et regarder derrière, "bigre !", me direz vous. Là il comprend l'étendu des dégâts, il comprend d'où vient le crime...(non..., pas de derrière les frigos , ne commencez pas vos phobies...) Il voit la face cachée de cet appareil qui sert à faire du froid,ou froid dans le dos, et qui a fait bondir l'humanité vers les supermarchés. Il voit l’œil du criminel, son esprit, son machiavélisme, sa folie. Le film peut alors commencer , tout est gravé à l'arrière du frigo.

    ODF

    Seven, drame policier de David Fincher, avec Brad Pitt, Morgan Freeman,
    Kevin Spacey et Gwyneth Paltrow, USA, 1995, 130 minutes

    Voir aussi :
    "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog' 
    http://www.loeildufrigo.fr/2016/10/seven.html


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  • Let’s talk about dance, baby

    Si vous fermez les yeux, Nola French Connection ressemblerait à ces groupes de brass-band réunis dans un quartier populaire de São Paulo ou de Port au Prince.

    Ça sent la rythmique caribéenne, le sang chaud latino-américain mais aussi la bande de potes vous invitant à danser sur des airs de salsa.

    Chercheurs de sons révolutionnaires, passez votre chemin : pas de prise de tête chez les Nola French Connection mais juste du boum-boum enfiévré, du cuivre chaleureux, des corps qui se collent, s'affolent et s’échauffent (Love ride) et des voix qui ne trichent pas et invitent à la fête (Turn it up).

    Le jazz n'est pas absent dans ce mini album (We good) aux accents Latinos. Serions-nous face à un New style comme le dit le dernier titre des NOLA French Connection ? Pas d’emballement, baby : viens, on déballe et on danse…

    NOLA French Connection Brass Band, NOLA French Connection, Fo Feo Productions, 2018
    https://www.facebook.com/nolafrenchconnection

    Voir aussi : "Cocktail Ginkgoa"

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  • La fleur au fusil

    En ce jour de centenaire de l’armistice du 11 novembre 2018, comment ne pas parler de Jacques Tardi, dont l’œuvre s’est nourrie de l’histoire de la première guerre mondiale ?

    Le créateur d’Adèle Blanc-Sec offre avec son double volume Putain de Guerre !, co-écrit avec Jean-Pierre Verney, l’une des plus saisissantes fresques de la Grande Guerre et de ses poilus, ces soldats anonymes qui ont servi de chair à canon dans un conflit ahurissant d’horreurs.

    Putain de Guerre c’est l’histoire à la première personne d’un de ces fantassins parisiens partis sur le front. Tardi suit les pérégrinations de ce jeune homme, de son départ Gare de l’Est, la fleur au fusil, jusqu’aux grands champs de Bataille du nord et de l’est de la France.

    Écrit à la première personne, Putain de Guerre frappe d’abord par son texte écrit à la première personne : impitoyable, cynique, cruel, le discours est tout autant anti-militariste et pacifiste.

    La collaboration de Jean-Pierre Verney a été essentiel pour écrire un ouvrage de bandes dessinées où le noir et le rouge sont omniprésents et qui est aussi et surtout bourré de détails historiques. Un vrai chef d’œuvre.

    Jacques Tardi, Putain de Guerre !, deux vol.
    postface de Jean-Pierre Verney, éd. Casterman, 2008, 70 et 69 p. 

    https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Auteurs/tardi

    Voir aussi "La seconde bataille de Verdun"

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  • On dirait qu’on fait la guerre

    Ce sont deux grands enfants qui se trouvaient ce 10 novembre sur la scène du Tivoli à Montargis pour "jouer à la guerre". Play War, créé et interprété par Alexandre Finck et Adrien Fournier, de la Compagnie Discrète, propose une revisite burlesque des films de guerre américains.

    Deux soldats, un capitaine et son subalterne de l’armée américaine, sont parachutés chez l’ennemi en pleine guerre du Vietnam. Ces deux bras cassés vont devoir user de toutes les armes pour se sortir des griffes de l’ennemi retors, échapper à leurs fourbes geôliers et prendre la poudre d’escampette.

    La Compagnie Discrète a intelligemment construit le spectacle autour de l’idée du cinéma : après un générique au graphisme soigné, les deux acteurs traversent le mur d’écran pour rejoindre la scène : effet garanti. Au passage, Play War est également une condamnation de tous les conflits, à travers une fin étonnante qui prend le public de court.

    Aucune parole (ou presque) pour ce spectacle de mimes dans lequel les deux acteurs, en treillis et rangers, jouent (à) la guerre en même temps qu’ils rendent hommage à ces films qui ont marqué l’histoire du cinéma : Apocalypse Now, Platoon, Rambo ou Voyage au Bout de l’Enfer. Alexandre Finck et Adrien Fournier délectent le public avec les poncifs du genre : le soldat surjouant l’héroïsme, le pioupiou dépassé et l’ennemi viet-cong insaisissable, cruel et forcément vaincu... On retiendra en particulier le parachutage et l’arrivée sur les terres ennemies, la scène de la roulette russe et la course en moto hilarante.

    Après plusieurs représentations au Tivoli de Montargis, Play War tournera en France en fin d’année et courant 2019. Pour retrouver notre âme d’enfant, lorsque nous lancions à nos camarades de jeu : "On dirait qu’on fait la guerre..."

    Play War, le 1er décembre 2018 au (H)AMAC / Jeux de Vilains, Lailly-en-Val (45), le 17 Janvier 2019 à Challans (85), le 27 Février 2019 à la Passerelle de Fleury-les-Aubrais (45) et en octobre 2019 au Théâtre de l'Opprimé à Paris
    http://www.compagniediscrete.com/play-war.html

    Voir aussi : "Duel pour violoncelle et piano"
    "L'apocalypse, c'est now !"

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  • Tatiana de Rosnay, ce sont ses fans qui en parlent le mieux

    Tatiana de Rosnay est une auteure qui a su fédérer autour d’elle une communauté de fans et d’admirateurs. Pour ce dossier spécial, nous avons choisi d’interroger Mathilde, une de ses nombreuses fans. Pour mieux entrer dans l’univers de Tatiana de Rosnay, nous lui avons posé quelques questions auxquelles elle a bien voulu répondre. Mathilde est également bloggeuse (http://mathytistoire.blogspot.fr) et a été une auteure récemment primée pour un concours de nouvelles organisé par le site Aufeminin.

    Mathilde, bonjour. Merci de répondre à nos questions. Bla Bla Blog a commencé il y a quelques semaines un hors-série spécial sur Tatiana de Rosnay. Qu’en penses-tu ?
    C’est une excellente idée ! J’ai été ravie d’apprendre que Bla Bla Blog se lançait dans cette aventure. Ce blog a décidément bon goût !

    Et toi, quand as-tu découvert Tatiana de Rosnay ?
    Je crois que c’était en mai 2008. Dix ans, déjà ! Et la première rencontre hors des pages, à l’automne 2010, dans une librairie du 7e arrondissement de Paris, à l’occasion de la sortie de l’adaptation d’Elle s’appelait Sarah.

    Quel livre de Tatiana de Rosnay as-tu lu pour la première fois ?
    J’ai découvert Tatiana de Rosnay par La Mémoire des murs. Il m’a été offert pour mon anniversaire. Je ne connaissais pas encore l’auteure. J’aime les livres que l’on vous offre, que l’on a choisi pour vous parmi ceux présents en librairie. Un livre, c’est aussi une rencontre. Je pense que ça en dit beaucoup à la fois sur la personne qui a fait ce choix et aussi sur soi-même. Sans ce cadeau, je me dis que j’aurais peut-être pu passer à côté quoique je pense qu’un tel titre m’aurait un jour ou l’autre interpellée. Qui ne s’est jamais dit : "Ah, si les murs pouvaient parler… ?" Je me souviens l’avoir dévoré.

    Combien de livres d’elle as-tu lu à ce jour ? Tous ?
    Presque. J’aime bien garder le dernier en date quelques temps pour patienter avant le suivant. Il me reste donc à lire Tamara par Tatiana. Les chroniques de Bla Bla Blog écrites à l’occasion du dossier spécial m’ont donné envie de tous les relire tout en sachant que l’expérience ne sera pas la même. On aimerait parfois ne jamais avoir ouvert certains livres pour pouvoir les découvrir avec le regard de la première fois.

    Peut-on dire que tu es une inconditionnelle de cette auteure ?
    Ma bibliothèque me dit que oui ! Entre les romans, les recueils de nouvelles, les ouvrages collectifs, on peut difficilement nier les choses ! J’aime aussi dénicher d’anciennes éditions ; j’ai notamment trois éditions de Spirales, deux du Cœur d’une Autre, de La Mémoire des murs, du Voisin etc. Elles me sont très précieuses. L’ensemble occupe un niveau de ma bibliothèque. J’ai un léger problème avec les livres, impossible de me freiner. C’est à la fois une maladie et un remède. J’ai aussi une immense affiche du film Boomerang, mais quand je dis immense, je n’exagère rien. J’ai légèrement sous-estimé la taille d’une colonne Morris… Ça valide bien le côté inconditionnelle, non ?

    Qu’est-ce qui fait qu’on devient accro à Tatiana de Rosnay ?
    Comment ne pas l’être ? Pour ma part, j’ai été réellement bouleversée par Elle s’appelait Sarah. J’ai rarement autant pleuré en lisant et, pourtant je suis une vraie madeleine. Les larmes coulaient et gondolaient le papier. Ce livre fait partie de ceux que je n’oublierai jamais. Un véritable choc. C’est toutes ces émotions qui font que l’on devient accro. Au-delà de l’écrivain, il y a aussi la femme que j’admire pour son humanité, sa générosité, ses combats (Le Refuge, la ligue des auteurs professionnels, entre autres) et son humour. Tatiana occupe une grande place dans ma bibliothèque et dans mon cœur.

    "Ça ne se dit pas ça, si ?"

    Je ne connais rien sur Tatiana de Rosnay mais je voudrais la découvrir. Tu me conseillerais quel livre ?
    Comme on peut s’en douter, je parle de Tatiana de Rosnay autour de moi et on me pose alors cette question. Cela dépend bien évidemment du lecteur que vous êtes. J’ai souvent conseillé de commencer par Boomerang ou Spirales. Ce dernier est assez court et très efficace, je pense que c’est une bonne façon de découvrir l’auteure.

    Entre nous, il n’y a pas un livre qui t’a déçu chez elle ?
    Ça ne se dit pas ça, si ? Bon, j’ai tout de même une réponse à cette question. Non pas que je n’ai pas aimé Le Voisin, mais je l’ai lu au mauvais moment. Je voulais en faire mon premier livre de 2011 histoire de bien commencer l’année, mais la grippe s’est invitée et la fièvre me faisait délirer (ou alors, était-ce ce l’inquiétant Léonard Faucleroy qui agissait un peu trop ?) Étant très (trop) sensible aux bruits, cette histoire de voisin a encore fait monter la température. J’ai déjà eu envie de glisser le décret cité au début du roman dans quelques boîtes aux lettres… Je compte le relire très prochainement.

    Quels thèmes te touchent particulièrement chez Tatiana de Rosnay ?
    Je crois que ce sont les secrets et les non-dits familiaux qui me fascinent, lorsque le rideau se lève sur les ombres du passé et que les vies en sont bouleversées. Il y a aussi le fait que les personnages sont toujours très humains ; ils apparaissent avec leurs qualités, leurs forces, leurs fragilités et leurs failles.

    Y a-t-il un sujet que tu souhaiterais que Tatiana de Rosnay traite dans un de ses prochains livres ?
    J’aimerais beaucoup lire une autre biographie. Sur une célèbre actrice américaine qui ne cesse de fasciner le monde entier, par exemple. J’ai adoré celle consacrée à Daphné du Maurier dont je n’avais lu que quelques nouvelles auparavant. Il ne faut pas avoir peur d’y plonger même si l’on est plus habitué au roman. Je vois bien un roman avec une jeune héroïne très forte, un personnage proche d’Emma González. Je ne sais pas pourquoi. Et pourquoi pas un livre pour les enfants afin que les plus jeunes aient eux aussi la chance de la lire ? Ou un spin-off sur l’un des personnages rencontrés précédemment ? Un come-back d’Angèle Rouvatier [Boomerang] !

    S’il y avait un seul livre d’elle que tu emmènerais sur une île déserte, lequel serait-il ?
    Une île déserte soit, mais chaude ou froide ? Je préfère savoir, je suis météo-sensible. S’il fait chaud, j’imagine que la nostalgie de la pluie me donnerait envie de passer mon temps avec la famille Malegarde [Sentinelle de la Pluie]. Sur une langue de terre froide, je crois que Manderley For Ever serait parfait à condition d’avoir réussi à faire un feu au préalable.

    As-tu lu son dernier ouvrage sur Tamara de Lempicka ? Et si oui que pourrais-tu nous dire de lui ?
    Oui. Je n’ai pas pu m’empêcher de le parcourir sitôt acheté, mais je le lirai en profondeur plus tard. Le plaisir n’en sera que décuplé. Quelque chose me dit que ce "plus tard", ne saurait tarder… Découvrir le fruit du travail de Tatiana et de sa fille, Charlotte, est particulièrement émouvant.

    Si tu avais Tatiana de Rosnay devant toi aujourd’hui, que lui dirais-tu ?
    Comme j’ai toujours envie de dire mille choses, mais qu’à peu près 99% ne sortent pas, il ne reste souvent qu’un grand merci ce qui paraît bien peu face au bonheur de la lire !

    Merci, Mathilde, pour ces réponses.
    Avec plaisir.

    Pour illustrer cette chronique, Mathilde a choisi Drôle d'époque de Clara Luciani. Un excellent choix...

    http://www.tatianaderosnay.com
    http://mathytistoire.blogspot.fr
    Aufemin.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"

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