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Olivier Peyon choisit d’introduire Tokyo Shaking par une scène étonnante, décalée et très révélatrice : un chœur de chanteuses japonaises interprète – en français – "Tout va très bien, madame la Marquise".
Voilà qui annonce d’emblée un film entendant faire d’une catastrophe réelle – le séisme de mars 2011, suivie d’un tsunami et de l’explosion nucléaire de Fukushima – un drame singulier sur fond de déclaration d’amour et de pont entre le Japon et la France.
Alexandra Pacquart vit et travaille à Tokyo dans une banque française qui s’apprête à faire un plan social et licencier une partie du personnel japonais. La manageuse est chargée de faire le sale boulot et de se débarrasser, entre autres, d’Amani Sassou, un stagiaire brillant et ambitieux.
Un récit qui fait du Japon le personnage principal du film
Survient le séisme et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Après avoir mis à l’abri sa famille, Alexandra doit gérer l’entreprise, s’occuper du personnel – et parmi eux certains et certaines dont elle devra se séparer d’ici peu –, organiser les évacuations et faire face à des ordres contradictoires. Contre toute attente, elle ne quitte pas le Japon, sous le regard incrédule de ses compatriotes expatriés mais aussi et surtout des autochtones japonais.
Tokyo Shaking revisite le film catastrophe pour en faire moins un récit survivaliste que le portrait d’une femme bien plus ancrée dans le Japon qu’on ne le soupçonnait, jusqu’à évacuer sa propre famille et privilégier le pays où elle vit et travaille. Olivier Peyron puise dans l’histoire récente (la catastrophe nucléaire de Fukushima) le cœur d’un récit qui fait du Japon le personnage principal du film. Avec une Karin Viard jamais aussi bonne lorsque est prise dans des turbulences incontrôlables, la fragilisant au point de faire de cette business woman impitoyable une femme bouleversée par ses propres employés.
Un joli film qui ravira tous les amoureux et amoureuses du Japon.
"Catharis", "Episode", "Down" ou "Poem" : Klein a fait le choix de titres brefs dans Sonder, un premier album mêlant avec bonheur jazz, rock, pop et électro. Klein c’est Jerome Klein, vibraphoniste, pianiste et batteur qui choisit une voie artistique à la fois séduisante et empruntant des chemins de traverse. Autour de Jerome Klein, il convient de citer ses acolytes : Niels Engel à la batterie, Pol Belardi au vibraphone, à la basse et aux claviers et Charles Stoltz à la programmation et au sound design.
Prenez "Catharis", le premier morceau de l’album. Ses lignes mélodiques et ses chœurs savent envelopper les notes dans des vagues synthétiques paradoxalement très jazz. Un vrai tour de force.
Klein sait se nourrir dans différentes influences, que ce soit la pop eighties ("Episode"), les sons orientaux ("Down") et bien entendu le jazz cool ("Solace" , "Introversion").
Ni tout à fait jazz, ni complètement pop, avec un son électronique surgissant en loucedé
"Catalyst" se présente comme un fascinant morceau tendu et amenant l’auditeur vers un paysage mystérieux, avec une grâce mélancolique grâce à ces envolées et ses ruptures de rythmes.
La plus grande surprise de l’album vient sans doute "Creator", un titre qui sait manier le contre-pied avec talent : ni tout à fait jazz, ni complètement pop, avec un son électronique surgissant en loucedé.
"Poem" séduit par son accent onirique et son minimalisme. Il n’est pas pour autant dénué de couleurs que l’on croirait de pastels.
L’album se termine sur le titre qui donne son nom à l’album. "Sonder" propose un jazz à la fois mélancolique et voyageur. La tête dans l’espace, le groupe de Jerome Klein utilise à plein les sonorités du piano et du vibraphone pour entreprendre un voyage intersidéral, comme si la sonde Voyager envoyait quelques notes d’adieu avant de disparaître dans l'infini de la galaxie.
C’est une anthologie à la fois étonnante et engagée que propose le contralto Théophile Alexandre, accompagné du Quatuor Zaïde. Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf et Juliette Salmona sont évidemment au cœur d’un album singulièrement titré No(s) Dames.
Le propos de l’opus est de s’intéresser aux grandes héroïnes de l’art lyrique pour qui "dames" rimaient surtout avec "drames". Parmi ces femmes fatales, figurent Carmen (Bizet), Salomé (Strauss), La Reine de la Nuit (La Flûte enchantée de Mozart), Manon (Massenet), Eurydice (Orfeo Ed Euridice, Gluck), Violetta (La Traviata de Verdi) ou Dalila (Saint-Saëns).
La principale singularité de l’opus est de "réunir 23 icônes opératiques de 17 compositeurs différents, dans un cadavre exquis musical reliant ces arias les unes aux autres, dérangeant leurs clichés de madones, de putains ou de sorcières, et dessinant en creux le portrait d’une seule et même idole masculine : la Dame, telle que fantasmée et imposée aux femmes par les hommes depuis des siècles, par-delà les cultures ou les continents."
L’auditeur pourra trouver quelques grands tubes du répertoire classique, baroque et lyrique : La Sonnambula de Bellini ("Ah! non credea", acte 2), La Force du Destin et La Traviata de Verdi, Bellini (Norma, I Capuleti E I Montecchi) ou le bouleversant "L'ho perduta" des Noces de Figaro de Mozart.
Le chef d’œuvre qu’est "Youkali"
La chanson de Solveig de Peer Gynt de Grieg sonnera doucement aux oreilles françaises qui retrouveront bien entendu la mélodie qui a inspiré "Lost Song" de Serge Gainsbourg.
Théophile Alexandre s’épanouit avec panache dans des airs baroques, que ce soit l’Orfeo Ed Euridice de Gluck ("Odio, furor, dispetto", Armida d’Haydn ou Alcina d’Haendel ("Ah! Mio Cor"). On frissonne au son de Cavalli, "Dell' antro magico" (Il Giasone), avec cette expressivité servie par la voix puissante et tourmentée de Théophile Alexandre.
Le quatuor à cordes féminin Zaïde s’attaque en instrumental à d'autres morceaux du répertoire classique : le "Barcarolle" des Contes d'Hoffmann, le prélude d'I Masnadieri de Verdi, un autre prélude, celui de Samson et Dalila de Saint-Saëns et "La Reine de la Nuit" de La Flûte enchantée.
Il faut aussi s’arrêter sur ces titres que sont l’étonnant extrait de La Pucelle d'Orléans ("Adieu, forêts") de Tchaïkovski, le tango "Yo soy María" tiré de María De Buenos Aires de Piazzolla, sans oublier, bien entendu, l’aria de l’opéra Zaïde de Mozart ("Tiger, Wetze nur die Klauen!").
Dans cet album, il faut enfin ne pas passer à côté de ce chef d’œuvre qu’est "Youkali", le bouleversant tango tiré de l’opéra Marie-Galante de Kurt Weil.
Un énorme vent de liberté souffle sur l’album de Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, avec le projet que, pour une fois, "drame" ne rime plus avec "dame".
Navigatrices, pilotes de courses, peintres, écrivaines, scientifiques, cinéastes, philosophes, ministres et même présidentes de Républiques : ces femmes brillantes et souvent oubliées sont au cœur de l’ouvrage de Benjamin Valliet, 366 Dates pour célébrer les Femmes (éd. Favre). Le choix de l’almanach sert de cadre à ce projet éditorial exemplaire et qui apporte sa pierre au combat féministe.
En préface de l’ouvrage, Louise Ebel présente ainsi ce travail : "Benjamin Valliet, qui s’est penché sur ces dates clés que les manuels continuent de dédaigner, et sur les destins inspirants qui leur sont associés. En attendant que ces exemples soient un jour enseignés à l’école".
366 Dates pour célébrer les Femmes se présente comme un almanach traditionnel, découpé en mois. Le calendrier énumère, du 1er janvier au 31 décembre, les grandes et les petites dates autour de l’histoire des femmes, du féminisme et de l’émancipation de l'autre moitié de l’humanité.
Le livre aborde la plupart des domaines publics où les femmes se sont engagées, voire imposées : les médias (la journaliste belge Janine Lambotte), les arts et la culture (Marguerite Duras, Frida Kahlo ou Elsa Triolet, la première lauréate du Goncourt en 1945), l’économie (la businesswoman Ruth Handler, la créatrice de l’emblématique – et a priori peu féministe – poupée Barbie), le sport (Nadia Comaneci ou la nageuse australienne Fanny Durack), la technologie et les sciences (Irène Joliot-Curie ou l’astronome Edmée Chandon), la politique (Samia Suluhu Hassan, la présidente de la République unie de Tanzanie) et les grandes découvertes (Alexandra David-Néel).
Le lecteur pourra y trouver les dates de naissance et de décès de grandes figures féminines. Citons les naissances de la résistante allemande Sophie Magdalena Scholl (le 9 mai 1921), de la politique et ancienne candidate à la Présidentielle française Christiane Taubira (le 2 février 1952) ou encore de Sarah Bernhardt le 22 octobre 1844 . Côté décès, l’auteur cite celui de Louise Weber, dite La Goulue (29 janvier 1929), celui de la Suissesse Kitty Ponse, scientifique, pionnière de la génétique et de l’endocrinologie (10 février 1982) ou de la navigatrice Florence Arthaud (9 mars 2015).
"Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu, c’est sa femme"
La plupart des dates couvrent le XXe et XXIe siècle. Cependant, l’almanach peut remonter plus loin, preuve que le féminisme est un mouvement qui vient de loin : ainsi le 13 mars 1774 voit la naissance de la femme d’affaire américaine, née de parents esclaves, Rose Fortune. Bien avant, le 14 avril 1663, Catherine Duchemin, artiste peintre française, est la première femme admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Le 7 mai 1748 voit la naissance de Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, quelques années avant celle de Jane Austen (le 16 décembre 1775).
Benjamin Viallet fait aussi une place aux "Milléniums", avec la naissance de Billie Eilish le 18 décembre 2001 et celle de Greta Thunberg le 3 janvier 2003.
L’ouvrage, bien entendu, n’oublie pas le militantisme et les grandes avancées du féminisme : le droit de vote aux citoyennes françaises le 29 avril 1945, le manifeste des 343 le 5 avril 1971, le discours de Simone Veil pour l’IVG le 26 novembre 1974, avant la promulgation de la loi dépénalisant l’avortement le 7 janvier 1975.
Des événements moins connus mais essentiels sont abordés. Ainsi, en 1930, Jane Evrard (1893 – 1984) décide de fonder elle-même son orchestre, "l’orchestre féminin de Paris". Elle devient la première femme cheffe d’orchestre professionnelle en France.Le 8 avril 1908, Madame Decourcelles obtient l’autorisation de conduire ses premiers clients en qualité de "chaufferesse", autrement dit de conductrice de taxi. Plus près de nous, le 28 février 2019, l’Académie française se prononce en faveur d’une ouverture à la féminisation des noms de métiers, de fonctions, de titres et de grades, alors qu’aux États-Unis, le 7 février 2021, Sarah Thomas devient la première femme à arbitrer le Superbowl.
Des biographies de femmes, modèles ou militantes, ponctuent l’almanach. Outre des citations mises en exergue tout au long du livre ("Il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu, c’est sa femme"), l’auteur décide de mettre en avant des figures souvent peu connues, que ce soit Kate Warne, la première femme détective aux États-Unis, la cinéaste Alice Guy ou les sportives Violette Morris et Suzanne Lenglen.
Au final, Louise Ebel commente ainsi le projet de Benjamin Valliet : "La mise en lumière des destins de femmes à travers l’histoire n’est pas seulement notre affaire, c’est une affaire universelle". L’auteur ose un clin d’œil personnel inattendu avec une mention du 25 décembre 1949, la date de "naissance de Christiane Valliet, ma mère, une femme formidable", écrit son fils et auteur de cet Almanach peu commun.
Trois ans avant le désormais cultissimeLa La Land, le réalisateur américain Damien Chazelle frappait les esprits avec Whiplash, son deuxième film, centré lui aussi sur la musique. À l’instar de son premier opus Guy and Madeline on a Park Bench sorti en 2009, il s’agit d’un film sur le jazz.
Par contre, contrairement à ce dernier (et cela vaut aussi pour La La Land), il n’est pas question d’une histoire d’amour mais d’un duel implacable sur fond de standards de jazz, dont le "Whiplash" de Hank Levy qui donne son titre au film.
Andrew Neiman est un jeune batteur de jazz. Un batteur de jazz doué, et même très doué. On pourrait ajouter qu’il est de la race de ces musiciens dont la carrière promet d’être dorée. En intégrant le conservatoire Shaffer, il rêve de rejoindre l’orchestre de Terence Fletcher ; et cela tombe bien : ce dernier, professeur intransigeant le remarque, et lui donne une chance de jouer pour lui. Sauf que l’intransigeance se transforme vite en attitude autoritaire. Andrew est tiraillé entre ses ambitions et les comportements de plus en plus violents de son professeur.
Une vraie réincarnation du sergent instructeur Hartman dans Full Metal Jacket
Il fallait un acteur investi autant qu’un musicien doué pour jouer le rôle de ce jazzman dans la fleur de l’âge. C’est Miles Teller qui s’y est collé, avec un talent salué par la critique comme le public. Dans le rôle du professeur et chef d’orchestre dictatorial, J. K. Simmons fait froid dans le dos : une vraie réincarnation du sergent instructeur Hartman dansFull Metal Jacketde Kubrick… C’est dire !
Bien que le jazz soit l’autre personnage central du film, Whiplash plaira à tous les spectateurs même non-familiers de ce genre musical. Peut-être même cela les poussera-t-il à vouloir découvrir ce répertoire...
D’où vient cependant le malaise procuré par le film de Chazelle ? D’abord au sujet : le harcèlement est montré dans une crudité et un réalisme troublant, à l’exemple du "concours" qu’organise Fletcher entre ses trois batteurs. Mais il y a aussi ce message ambigu sur les méthodes disons border-line, pour être gentil, que le professeur de jazz impose à ses musiciens : entraînements poussés jusqu’à l’épuisement, insultes, challenges impossibles à relever. Tout cela est bien connu dans le monde du travail en entreprise. Dans le monde exigeant des arts, il se trouve justifié par le résultat final de l’excellence. Que de sang, de sueur et de cris au service d’une œuvre d’art.
La conclusion de Whiplash fait figure de curieux retournement artistique et moral que l’on jugera soit logique soit déplacé. C’est en tout cas l’un des meilleurs films de 2014, à juste titre. Trois ans plus tard, Damien Chazelle allait montrer tout son talent avec le plus consensuel mais aussi plus réussi, La La Land.
Mal-aimé, faussement léger et finalement génial : Così fan tutte fait partie des œuvres majeures et tardives de Mozart (1790, soit un an avant sa mort). L’argument du livret de Lorenzo da Ponte est d’une grande simplicité : Guglielmo et Ferrando se félicitent devant le cynique Alfonso de la fidélité de leurs fiancées, Fiordiligi, la promise de Guglielmo et sa sœur Dorabella, fiancée à Ferrando. Alfonso moque la naïveté des jeunes hommes et leur propose un pari : tester la fidélité des jeunes femmes grâce à un jeu de séduction et de travestissements : Fiordiligi pourrait-elle tomber amoureuse de Ferrando et Dorabella de Guglielmo. La servante Despina accepte d’aider Alfonso à cette double supercherie.
Voilà pour l’histoire, bien connue des fans de lyrique, qui savent aussi comment Mozart a su s’emparer de ce sujet léger, pour ne pas dire dépassé, pour composer une musique d’une fluidité, d’une élégance et d’une grâce inouïes, non sans ces moments où la douleur et le pathétique peuvent surgir derrière une mesure, une note ou un accent : que l’on pense à l’ouverture, au final du premier acte ("Si mora, sì, si mora") ou aux arias de Despina.
L’Opéra de Paris en a proposé une interprétation inédite en 2017. L’orchestre était dirigé par Philippe Jordan sur une chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker. Cette version est disponible en DVD et Blu-ray chez Arthaus.
Perplexité
D’où vient cependant cette perplexité à la découverte de cette version du Così fan tutte, un opéra plus complexe que que l’on veuille bien le dire, comme le montre la fin – les noces des deux couples ?
D’abord et avant tout, moins au décor (un entrepôt sans âme ) et à la mise en scène contemporaine – ce qui est maintenant monnaie courant, y compris et surtout dans les œuvres classiques – qu’à la chorégraphie.
En faisant appel à la chorégraphe belge, l’Opéra de Paris a fat le choix d’un spectacle dans lequel le lyrisme serait étroitement lié à la danse. Et il est vrai que les danseurs et les danseuses font presque jeu également avec les chanteurs et chanteuses. C’est simple : ils fonctionnent en duo, soit muet, soit dansant.
Ce qui est une bonne idée au départ devient un spectacle déroutant qui peut séduire comme il peut rendre hermétique. L’importance de ce Così fan tutte est donné autant aux voix qu’aux corps en mouvement, sur une scène vide.
Il y a bien entendu la musique de Mozart, grâce à laquelle on pardonnera tout. Mais il faut aussi souligner l’interprétation pleine de verve de Ginger Costa-Jackson dans le rôle de Despina. Disons-le : c’est elle sans doute la vraie grande surprise de ce Così fan tutte.
Un an après sa biographie sur Simone Veil, c’est sur une autre femme que s’est penchée Amandine Deslandes : Diana, que la postérité à surnommé Lady Di (Diana, éd. City). Celle qui fut princesse de Galles, mariée à Charles, héritier du trône britannique, a connu une célébrité aussi brève que flamboyante. Son décès tragique le 31 août 1997 à Paris, suite à un dramatique accident de la route, a été aussi surmédiatisé que sa vie d’altesse royale et de people.
Une abondante littérature est revenue sur l’existence de Diana. La biographie d’Amandine Deslandes déroule avec limpidité l’histoire de cette jeune femme morte à l’âge de 36 ans et qui a bousculé, comme personne avant elle, les traditions pour le moins sclérosées de la couronne britannique.
L’histoire débute pour elle comme un conte de fée : Diana Spencer est issue d’une double lignée aristocratique, avec des ascendances "impressionnantes" (avec notamment "un lien d’alliance avec Churchill", tout de même). Son histoire familiale est cependant déchirée par le divorce de ses parents. Ce scandale pour l’aristocratie britannique ne va pas pour autant empêcher son union avec le Prince désigné de la couronne : Charles de Windsor, le Prince de Galles.
À l’âge de 17 ans, Diana rencontre le fils d’Elisabeth II lors d’une partie de chasse. Celui dont la réputation de coureur de jupons n’est plus à faire jette son dévolu sur cette fille simple, "fleur bleue" et timide qui lui a tapé dans l’œil : "Elle était belle, joyeuse, amusante et pleine de vie". Le hic c’est qu’une autre femme est déjà au cœur de l’existence du Prince Charles : Camilla Parker Bowles.
Le couple Charles-Camilla aurait mérité à lui seul un chapitre entier, tant leur relation est à la fois passionnée, complexe et romanesque. La maîtresse de Charles est omniprésent dans la vie de Diana ("l’ombre au tableau"), y compris le jour de son mariage, un événement médiatisé comme jamais avant lui : le faste et la pompe royale côtoient la modernité d’une retransmission télé et d’un merchandising qui prend des proportions inédites.
Le "mariage du siècle", en juillet 1981, est le réel point de départ d’une Dianamania : le public qui se reconnaît dans la nouvelle princesse ("[Les Anglaises] veulent toutes lui ressembler") et la presse populaire sont fascinées par cette jeune femme aux cheveux bonds et courts qui va vite devenir une égérie de la mode et une people incontournable. Une nouveauté pour l’époque, qui ne va pas être sans conséquence sur sa propre existence. "Diana est devenue le membre le plus populaire de la famille royale", ce qui n’est pas sans provoquer jalousies et désapprobations, y compris chez la reine, pourtant attachée à sa belle-fille.
Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles
L’auteure revient longuement sur les aspects de sa vie privée : les relations avec le Prince Charles qui font alterner froideur, dédain, incompréhension et franche haine, y compris lors des voyages officiels. La personnalité de Lady Di peut être vilipendée ("La princesse serait capricieuse, tatillonne et difficile à vivre"), le public voue une admiration sans borne à "la prisonnière de Galles".
Les aventures et les amants de Lady Di ne sont pas oubliées (un de ses amants parle à ce sujet de "baise de protestation"). La famille princière, agrandie très vite de deux fils, William et Henry, se déchire, jusqu’à rendre public leurs affaires privées : c’est le Camillagate en 1992 puis l’interview choc de Lady Di en 1995, qui a fait scandale 25 ans plus tard en raison des méthodes douteuses du journaliste Martin Bashir.
Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles : luttes contre la pauvreté, sensibilisation au problème du Sida, mines anti-personnels. Finalement, c’est dans ce domaine que l’action de Diana a été la plus déterminante, quitte à faire de cette aristocrate anglaise une madone qui a bousculé les comportements (notamment lorsqu’elle "a touché un malade du Sida") et qui a fasciné autant qu’elle a permis de drainé des centaines de millions de dollars en faveur des plus pauvres et des plus faibles.
Avec le divorce de Diana, négocié pied à pied avec la famille royale, l’existence de celle qui ne voulait et qui ne sera pas reine prend un nouveau virage, jusqu’à l’accident du Pont de l’Alma.
Amandine Deslandes consacre un dernier chapitre sur les suites de son décès. Elle pointe du doigt la mainmise des Spencer sur sa mémoire ("Nul ne saura jamais où la princesse repose") autant que les influences de Diana sur la couronne britannique, à commencer par ces fils qui ont été les premiers marqués par leur mère, disparue trop tôt.
Nul doute que cette biographie tombe à point nommé, alors que nous fêteront en août prochain les 25 ans de sa mort.