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Les expositions de la Rochelle ont été organisées en partenariat avec le Centre Intermondes, la Ville de La Rochelle, l’Institut français et Artsociates Indonesia.
C’est l’occasion de découvrir un artiste qui réussit à faire une synthèse remarquable entre une nouvelle abstraction lyrique occidentale et un sens de l’épure propre à la culture asiatique.
Le travail sur les textures (Froissement), le grain des toiles (Bleu de cobalt sur toile métis), la finesse des dessins (Dentrite) et les jeux d’ombres (Sans titre, acrylique) : Mathias Mareschal opte pour des créations d’une simplicité désarmante et essentielle. "Je mets en présence, dans une économie de gestes et de moyens, quelques traces d’encres au pourtour d’une zone définie, vierge, couleur du support. Je ne peins pas, ne donne pas de « coups de pinceau » mais marque le support au moyen de pliages, froissements-défroissements, déversement de la couleur directement sur le support", écrit-il.
Ces œuvres, que le public pourra découvrir tout cet été à La Rochelle, deviennent organiques grâce à ce jeu de l’épure et du geste, à l’exemple de ces très belles céramiques qui semblent nous regarder.
Exposition "À la lisière" de Mathias Mareschal La Chapelle Des Dames Blanches et le Centre Intermondes de La Rochelle Du 17 juillet au 6 septembre 2020 http://www.mathiasmareschal.com @mathiasmareschal
Place cette semaine avec Cuisine et Dépendances, tiré et adapté de la pièce de théâtre du même titre d'Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri. Une cuisine, nous dit-on ; et aussi un frigo, aurait pu nous préciser notre chroniqueur de L’Œil du frigo qui n'avait que l'embarras du choix pour sa série inimitable.
On ne présente plus Cuisine et Dépendances, un film à voir ou à revoir sans fin, tellement tout y est à sa place. Mais je ne l'avais jamais regardé avec le point de vue d'un frigo, et franchement ça change la donne. Le réalisateur d'ailleurs ne s'en cache pas : dans une cuisine il y a un frigo, et il va s'en servir. J'aurais pu vous en montrer à la pelle... j'aurais eu l'air intelligent, moins vide que le frigo du voisin. Car des séquences de frigo qui s'ouvrent et qui se ferment dans ce film, il y en pléthore.
j'ai donc choisi la première séquence car elle est nouvelle, inédite. Nous avons un champ contre champ entre frigo. Du jamais vu. Un dialogue de porte ouverte et de loupiote entre deux machines à froid. Du grand, grand art !
Le regard de Bacri se ballade au dessus des toits et tombe sur un voisin plongé dans sa solitude. Elle est tellement prégnante qu'il ouvre machinalement le frigo, dont on imagine qu'il est à moitié vide, et prend quelque chose sans grande conviction. Ceux qui se sont déjà retrouvés seuls à tourner en rond, atteints d'insomnie ou pas, savent de quoi je parle. Il arrive toujours un moment où l'on ouvre le frigo. On sait pourtant qu'il n'y a personne et qu'il n'y a pas grand chose pour vous réconforter, mais on l'ouvre, comme on ouvre son âme dans le vide. Et puis, rien. Alors, on prend un fromage moisi ou un yaourt périmé, et on le mange sans trop de conviction. Dans les moments les plus graves, on y retourne même... C'est dire si l'attraction frigoristique est grande !
Et à coté de Bacri, il y a la vie, le stress, la vie sociale... Sam Karman se ramène dans la cuisine à fond, pose et ouvre le frigo dont on voit la joie de vivre. C'est rapide, furtif, mais il y a assez dans le frigo pour nourrir tout le bâtiment. La bouteille de champagne s'extrait rapidement, et hop, la soirée va commencer.
C'est un champ contre champ subtil, vous avez une vie qui frôle le désert et une autre haute en couleur. Les deux frigos fournissent pourtant le même froid, mais c'est comme toujours : cela dépend de ce que l'on en fait. Alors, je vous le dis : ne vous laissez pas abattre quand rien ne va, que le monde s'écroule et que la vie se vide : remplissez votre frigo. Achetez des bons produits avec de la couleur, des odeurs et ouvrez votre frigo aussi souvent que vous voulez. Le moral repointera assez rapidement son nez. Pour les autres, qui ont une vie sociale bien achalandée, laissez tranquille votre frigo : Il vous le rendra dans les moments les plus sombres.
ODF
Cuisine et Dépendances, comédie française de Philippe Muyl avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Zabou, Sam Karmann et Jean-Pierre Darroussin, 1992, 96 mn
Je vous propose de découvrir un nouveau texte inédit de Rock'n'love. Cette fois il est question d'une dispute qui aura des conséquences non négligeables par la suite.
Je sentais toutefois que ce n’était la fin que du premier acte.
Le deuxième survint des années plus tard lorsque Max me mit devant un fait accompli : il avait accepté des responsabilités au sein de Radius, l’entreprise qui l’employait. Son N+1, Guillaume Soros, l’avait à la bonne. Contre une augmentation minime, une prime annuelle de quelques centaines d’euros et un poste de sous-directeur que ses responsables lui promettaient dans un proche avenir, Max allait avoir en charge des responsabilités auprès de la direction. Je n’avais pas été que stupéfaite de l’apprendre le jour où il avait pris ses fonctions. J’étais effarée d’apprendre les fonctions qu’il occupait, pour une rémunération à peine supérieure au poste qu’il occupait précédemment. Je pouvais encore comprendre qu’un junior tombe dans le panneau, mais pas à un homme avec l’expérience de Max. Il se faisait rouler dans la farine en beauté. Son patron, le fondateur de Radius, était trop heureux de se décharger de tâches à quelques années de la retraite, et à moindre frais.
Notre discussion au sujet de ses nouvelles fonctions de Consultant Expert Senior dégénéra un soir de décembre en dispute homérique. À l’époque, nous approchions des fêtes. Le sapin était décoré et la télévision diffusait La Traviata sur Arte. Max m’avait annoncé avec de la désinvolture qu’il avait accepté des responsabilités dans son entreprise, par amitié pour son supérieur qui lui avait fait gravir les échelons. J’eus le malheur de douter du bien fondé de sa décision. Il prit mal mes critiques et se défendit par l’attaque. Il me reprochait de mettre en doute ses choix professionnels et ses ambitions alors que pendant des années il avait tout mis entre parenthèses pour moi.
— OK, si tu veux prendre ce risque, vas-y.
Ce n’était pas un blanc-seing, mais une manière de me laver les mains : vas-y, mon chéri, prends tes responsabilités, mais ne viens pas pleurer si ça tourne au vinaigre. Ce genre de truc. C’est là où je me dis que des millénaires de patriarcat prenaient leur revanche sur notre couple que je trouvais moderne, justement parce que pour une fois c’était moi, la femme et épouse, qui mettait en avant sa carrière. Max argumentait en utilisant des termes qui fleuraient bon la frustration et les non-dits : « sacrifice », « non-choix », « suivisme », « humiliation »…
— OK.
Je le toisais avec calme, attendant qu’il vide son sac. Il n’en finissait pas. Il parlait de Nina, avec qui les relations allaient de mal en pis. Il mettait sur le tapis Janus que j’impressionnais (première nouvelle !). Il évoquait sa mère qu’il ne voyait pas suffisamment. Il citait une soirée au cours de laquelle je l’avais contredit avec une assurance qui frisait la correctionnelle.
— OK.
Je n’avais pas envie de discuter. Pendant des années, notre couple avait fonctionné correctement. Je tentais de clore la conversation par des « OK »conciliants mais il tournait en boucle ses reproches, les reprenant, les étirant, les déclinant, apportant ça et là un détail supplémentaire ou un dialogue. Les larmes me venaient aux yeux, comme si je m’apercevais que je venais de perdre une guerre et que l’ennemi me présentait mon offre de capitulation qu’il ne me restait plus qu’à signer.
— OK.
Je me retenais. Moi, l’avocate, j’étais l’accusée dans ma propre maison. Je ne voulais qu’une chose : fuir. Je regardais autour de moi : notre intérieur était si parfait, si ordonné, si bien agencé. Je n’en voulais plus. La soirée avec Jonathan avait eu lieu quelques jours plus tard, et ce n’était pas un hasard..
Mieux vaut tard que jamais : Lilie Mae toque discrètement à nos oreilles grâce à son premier album sorti il y a un an pile (Other Girls for That).
Mais qu’est-ce qui fait la singularité de cette artiste quasi inconnue en France ? Sans doute qu’elle s’approprie la country, un genre injustement boudé et moqué par le public français, à l’oreille musicale pourtant infaillible – non, je déconne…
Bref, Lillie Mae, découverte par Jack White en personne, s’impose par son choix de trousser des titres mêlant country et pop folk avec une rare sensibilité (Wash Me Clean, You’ve Got Other Girls for That).
À l’instar de Ben Harper, ses pairs ne s’y sont pas trompés qui ont fait de Lillie Mae une de ces nouvelles voix américaines à suivre.
Au public français de se débarrasser de ses préjugés pour craquer sur cette chanteuse pop-rock country, à la voix et au physique fragile et irrésistible.
"Ressusciter n’est pas une mince affaire", cette phrase qui a donné le titre à la BD de Fiamma Luzzati (éd. Florent Massot), est cité par Violette, l’une des protagonistes de ces Petites et grandes histoires du Covid-19. Cette productrice de télé à la vie trépidante, et se croyant invulnérable, revient sur sa contamination par le Covid-19 et sur son hospitalisation, jusqu’aux portes de la mort. Une vraie résurrection comme elle le dit elle-même après coup, mais une résurrection douloureuse.
Évidemment, seulement deux mois après la fin du Grand Confinement en France, il était impossible à Fiamma Luzzati de cerner tous les aspects de cette période marquante. Pour autant, l’auteure en saisit l’essentiel, avec ce caractère d’urgence jusque dans le coup de crayon.
La vie, la maladie et la mort. Tel est le cœur de ces huit chapitres, qui sont autant des tranches de vie autour du Grand Confinement : la guerre contre la maladie ("«Il faudrait dire la vérité » : une étudiante en médecine face au Covid"), la peur, la manière de vivre le confinement, les méfiances réciproques entre les politiques et les citoyens, les séparations, les enfants ("Qui a peur du grand méchant virus ? Les enfants parlent du Covid-19"), les guerres de couples ("Le coronavirus tue le couple : comment s'immuniser"), les traumatismes, le deuil ("Covid-19 : mourir seul, rester seul - Le deuil impossible") le déni, la colère, le combat ou le fatalisme d’un combat perdu d’avance.
En mandarin, "crise" se traduit aussi par "opportunité"
On ne peut être que reconnaissant à Fiamma Luzzati d’avoir évité à la fois le pathos et l’angélisme dans ces chroniques qui sont autant de témoignages plus vrais que nature. On s’arrêtera par exemple sur ces planches consacrées à la crise sanitaire en Italie, lorsque la péninsule transalpine faisait figure de banc d’essai de tout ce qui s’est passé en Europe les semaines suivantes ( "Covid-19 en Italie : Une réanimatrice témoigne du cœur de la tourmente"). Un personnage rappelle aussi au passage qu’en mandarin, "crise" se traduit aussi par "opportunité." Toujours en Italie, c’est cette fois de déconfinement dont il est question dans le tout dernier chapitre ("Syndrome de Stockholm : Le bonheur de rester confiné à Rome"). Fiamma Luzzati met en scène une conversation entre trois Italiennes se plaignant qu’une de leur amie a choisi de rester chez elle. La situation leur permet de réfléchir sur les conséquences du confinement et surtout du déconfinement : "On assiste à un autre phénomène inédit avec le déconfinement : beaucoup de gens refusent de revenir à la vie d’avant… On finit par aimer sa geôle et ses geôliers."
Un autre chapitre attirera sans doute l’attention : celui consacré à un sujet à ma connaissance jamais abordé : celui de l’autisme durant la crise sanitaire ("Si je craque tout le monde craque : l’autisme et le Covid"). Il est question d’Alima, une lycéenne qui se promène avec sa sœur autiste alors que ses parents sont tombés malades. Une poignante tranche de vie autour d’une jeune femme courageuse, se battant pour ne pas craquer.
La littérature post-covid a sûrement de beaux gestes à vivre. Avant que nous soyons submergés par la littérature post-covid-19, la BD de Fiamma Luzzati se démarque comme une œuvre à la fois fraîche, sincère et frappant en plein cœur.
Fiamma Luzzati, Ressusciter n’est pas une mince affaire, Petites et grandes histoires du Covid-19 éd. Florent Massot, 2020 https://www.lemonde.fr/blog/lavventura
Dans une rythmique pop et jazz, et chanté en mina, un dialecte qui vient du sud de ce pays africain, Amen Viana chante Brother. Ce titre à l’enthousiasme communicatif nous parle de l’amour fraternel capable de soulever bien des montagnes.
Originaire du Togo, Amen Viana monte rapidement les échelons de la scène musicale ouest-africaine, avant de traverser la Méditerranée pour s'établir en France. Sa virtuosité à la guitare rappelle celle de Jimi Hendrix, son énergie rock celle de Living Colour, et il se taille rapidement une réputation dans de nombreux événements internationaux où il est invité à jouer aux côtés d'artistes comme Black-Eyed Peas, Angélique Kidjo, Indila, Cheick Tidiane Seck, Tony Allen.
Brother est un extrait de The Afrocanalyst, nouvel album en préparation.
Il s’agit au préalable de définir ce que peut être cette publication des éditions Saint-Simon, L’œuvre sans auteur.
Évidemment, le livre de Florian Henckel von Donnersmarck renvoie au film du même nom, sorti il y a deux ans, et dont il est le réalisateur (on lui devait auparavant La Vie des Autres, archi récompensé). Une adaptation donc, et par Florian Henckel von Donnersmarck lui-même, qui a signé le scénario du long-métrage.
Scénario, roman, adaptation : en vérité, nous avons affaire ici à un objet littéraire hybride, qui échappe à la sécheresse du genre scénaristique, tout en adoptant son efficacité et la force des dialogues. Le lecteur, qui n’a pas vu le film (ou du moins les films, puisque le long-métrage allemand était en deux parties), trouvera dans la version écrite de L’œuvre sans auteur ce qui s’en rapproche le plus.
Mais il existe également une autre particularité dans L’œuvre sans auteur qui rend le roman, mais aussi le film, remarquable. En fin de livre, dans l’entretien que Florian Henckel von Donnersmarck a accordé au journaliste Thomas Schultze, l’écrivain, scénariste et cinéaste explique la genèse de cette œuvre qui est indissociable de la vie du peintre Gerhardt Richter, même si son nom n’est jamais cité. Henckel von Donnersmarck raconte que l’idée de raconter le début de sa carrière, commencée en RDA quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, n’a été rendue possible par Richter qu’à condition que les noms des personnages soient changés et que les tableaux du peintre ne soient pas utilisés. Le cinéaste précise que pour le tournage de son long-métrage, ce sont d’autres toiles qui ont été spécialement utilisées, grâce à des élèves de Richter lui-même.
Scénario, roman, adaptation : en vérité, nous avons affaire ici à un objet littéraire hybride
"Un récit inspiré de personnages réels", est-il précisé dans le roman publié par les éditions Saint-Simon. Kurt Barnety est Gerhardt Richter, l’une des plus grandes figures de la peinture du XXe et du XXIe siècle. Elizabeth May est Marianne Schönfelder, sa tante internée puis exécutée comme malade mentale pendant le IIIe Reich. Carl Seeband est Heinrich Eufinger, gynécologue, chirurgien, membre de la SS et impliqué dans le programme d’euthanasie à grande échelle mis en place par le régime nazi. Il deviendra plus tard le beau-père de Richter, après le mariage de ce dernier avec sa fille Elizabeth ou Ellie (Ema Eufinger dans la vie réelle).
Voilà pour les protagonistes de cette histoire allemande, dans lequel les grandes tragédies du XXe siècle, les traumatismes de la seconde guerre mondiale, les histoires familiales et l’art se percutent de plein fouet.
Karl est un artiste jeune et très doué lorsqu’il commence à Dresde un cursus dans les beaux-arts. Nous sommes à la fin des années 40 et l’Allemagne est scindée en deux pays : la RFA occidentale et la RDA communiste, où le peintre prometteur doit s’adapter à l’académisme et au réalisme soviétique. Quelques années plus tôt, sa tante Elizabeth lui faisait découvrir l’art moderne (dit "dégénéré"), avant d’être internée et tuée en raison de sa schizophrénie. À Dresde, Kurt rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux. Elle s’appelle Elizabeth, elle aussi, et elle est la fille de Carl Seeband, l’un des responsables du programme qui a envoyé à la mort des centaines de milliers de malades mentaux. Mais ça, Kurt l’ignore. Par amour pour Ellie, il se fond bon gréé mal gréé dans cette famille au lourd passé. Et lorsque son beau-père décide de quitter la RDA pour la RFA en raison d’une enquête soviétique sur les anciens criminels de guerre nazis, Kurt le suit pour ne pas quitter Elizabeth. Il arrive dans un nouveau pays et doit trouver sa voie artistique.
Ce passionnant itinéraire personnel autant qu’artistique est aussi une histoire d’amour se heurtant aux souffrances du passé. Grâce au choix littéraire de Florian Henckel von Donnersmarck, L’œuvre sans auteur se lit d’une traite et a l’immense intérêt de pousser à découvrir l’œuvre de Gerhardt Richter. L’un des plus grand peintres vivants, sans aucun doute.
Bon, je pense qu’on sera tous d’accord pour dire que Frenchy, le dernier album de Thomas Dutronc, s’empare d’un concept imparable, pour ne pas dire archi rebattu : réadapter des grands classiques du répertoire français, mais aussi quelques standards américains. Il le fait dans une facture jazz,y largement inspirée par Django Reinhardt, d’ailleurs présent dans une reprise de deux titres : Minor Swing et Nuages (All For You).
La vie en rose, C’est si bon, Les feuilles mortes, La mer : rien que de plus classique pour le chanteur à la guitare, qui s’offre en plus le luxe de bénéficier de brillantissimes featurings : Diana Krall, Iggy Pop (C’est si bon), Billy Gibbons des ZZ Top (La vie en rose), Jeff Goldblum (La belle vie), mais aussi la chanteuse coréenne Youn Sun Nah (Playground Love), la jazz woman Stacey Kent (Un homme et une femme) et la révélation américaine Haley Reinhart (Ne me quitte pas).
Frenchy est l’album à succès de ces dernières semaines, bien que les mauvaises langues accuseront Thomas Dutronc de prendre un minimum de risque avec des tubes d’Edith, Piaf, de Charles Trenet ou d'Yves Montand.
De véritables redécouvertes
Mais c’est un peu oublier que ces adaptations font figure de véritables redécouvertes, y compris pour le public français. Alors, certes, le C’est si bon chanté par Diana Krall et un Iggy Pop a une saveur délicieusement surannée mais aussi diablement glamour, alors que La vie en rose ne surprend guère l’auditeur. Par contre, entendre (ou réentendre) le Petite fleur de Sidney Bechet ravira beaucoup d’entre nous, tant le morceau semble sortir d’un quasi oubli.
Mais Thomas Dutronc propose aussi de vraies petites surprises : les Français connaissent par cœur le Ne me quitte pas de Jacques Brel, mais beaucoup moins la version américaine, If You Go Away, rendue célèbre par Neil Diamond. Il redécouvrira avec le même plaisir la version de La belle vie de Sacha Distel (The Good Life), mais aussi Autumn Leaves – les fameuses Feuilles mortes de Jacques prévert. Moins surprenant, Comme d’habitude est ici proposée dans l’adaptation américaine de Paul Anka (le célébrissime et bouleversant My Way, que l’on est en droit de largement préférer à son original français).
Et au milieu de cet album, dont le plaisir d’écoute est irrésistible, on découvrira un joyau inattendu : Get Lucky, vieux de seulement 7 ans – pour ainsi dire, le "bébé" de cet opus. Mettre les Daft Punk au même niveau que les Piaf, Brel ou Francis Lai, il fallait oser ! Et le petit Frenchy l’a fait.
Je suis prêt à parier mon béret que les Américains vont adorer.